Aux
plaisirs du palais – (Comédie dramatique en
3 actes et en prose !)
Avertissement : Ceci est une œuvre de totale
fiction. Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé, a fortiori à naître, ne peut qu’être
pure coïncidence totalement fortuite, fruit de l’aléa propre au pur hasard.
Tout rapprochement incongru relèverait donc de la plus haute fantaisie et son
auteur se verrait impitoyablement poursuivi en justice pour répondre du
préjudice qu’il aurait pu ainsi créer.
Acte I – Scène V
(Entrée de JM).
JM – Bonjour Jacques !
JC – Salut Jéjé. Une biscotte ?
JM – Non merci. J’ai déjà mangé. Tu voulais me voir, mais j’ai peur de
n’avoir pas compris si c’était ce matin ou à l’heure de la sieste ?
JC – Moi non plus. Comme tu étais là, je n’allais pas te laisser faire
tapisserie dans l’antichambre. Juste 5 minutes. J’ai « Conseil ». Le temps de
me préparer un sandwich… Au camembert ou au saucisson à l’ail, à ton avis ?
JM – Tu es dégueulasse ! Je ne saurai jamais comment tu arrives à avaler
ça entre deux repas.
JC – Bon, trêve de gourmandises.
JM – Si tu veux me voir en coup de vent c’est que tu n’as toujours pas
pris ta décision.
JC – Exact. Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer.
JM – Alors juste une piqûre de rappel. Nous en avons déjà discuté depuis
des mois.
JC – Je sais. Tu vois, je me disais qu’il me manquait encore un an ! J’ai
un gouvernement qui ne récoltera pas les fruits de son travail. Jean-Pierre était
bien, mais j’aurai dû le virer sur l’histoire de la canicule et pas après. Dominique
aurait eu le temps de faire de l’or avec ses doigts et de nous casser NS.
Quoiqu’à ce jeu-là, je ne sais pas s’il est si adroit que ça, finalement.
JM – Il est toujours temps de le casser. Je résume : nous le tenons et les
dossiers sont prêts à sortir.
JC – N’empêche, pour Clearstream, nous avons bien fait d’enterrer… Nous
ignorions que Dominique s’était mis en avant aussi bêtement. Et puis il fallait
protéger MAM.
JM – Il n’y a pas que ça, tu le sais bien.
JC – Bof, les photos compromettantes ? Cécilia a failli tout faire rater
en découvrant les frasques de son mec trop tôt. C’est un pétard mouillé.
JM – Il y a tout le reste. Et pour les deux camps, mon ami !
JC – Je sais. Mais pour le moment, ça doit rester dans les cartons. On les
utilisera plus tard. Je ne veux pas finir en « Pasqua bis ».
JM – Alors, tout ce que tu as à faire, c’est de répondre à deux questions,
Jacques.
JC – Lesquelles ? Je m’en pose assez comme ça, tu sais.
JM – Toi qui es ici depuis 12 ans après avoir ramé pendant 20 ans pour y
arriver, tu es le seul à savoir si c’est un cadeau empoisonné ou non.
JC – Ça l’est. Une belle machine à broyer, bien huilée. Et imparable.
JM – Qui veux-tu broyer ? NS ou la gauche ? Quel est ton pire ennemi ?
JC – Pas la gauche. SR est nulle et ne mérite pas d’entrer dans mon
sillage, mais ses équipes ne le sont pas. Et puis de toute façon, ici c’est
comme un pétrolier doté d’un moteur de solex, sans frein à main et sans guidon…
Tout court sur son erre ! Alors avant d’arriver à changer de cap du pays tout
entier, faudrait d’abord le torpiller.
JM – Ce qu’a failli faire Mauroy…
JC – Et puis il a explosé en vol. Non je ne crois pas qu’ils puissent
repasser le couvert deux fois. Mais si c’est la gauche qui me succède, il y a
toutes les chances que ce soit l’un d’entre nous qui y revienne en 2012. Alors
que si c’est NS, il est loin d’être sûr qu’il puisse doubler la mise. Or, c’est
à cette époque-là que tous les régimes sociaux seront en faillite, sans compter
que l’État ne pourra plus les financer. Que le pays qui sera exsangue à force
de faire fuir ses œuvres vives, ses cerveaux, ses capitaux et ses entreprises…
Nous serons aux mains des fonds de pensions américains.
JM – Nous le sommes déjà.
JC – Mais ils restent. C’est quand ils s’en iront que ça n’ira plus du
tout, mon ami.
JM – Ne va pas me dire que tu te préoccupes de l’avenir du pays,
maintenant ?
JC – Non ! Naturellement. C’est juste une question de calendrier. Ou on
enfonce NS et c’est un boulevard royal offert à Royal, ou on le laisse faire et
il n’aura même pas d’état de grâce pour lui. Il va merder pendant 5 ans, avant
de refiler le « bébé à la gauche » qui criera au scandale et coulera le pays
encore plus vite après. Adieu l’Europe, notre leadership et tout le bastringue.
Moi, je n’y serai de toute façon plus pour voir la cata !
JM – Pour ça, il suffit que tu te présentes.
JC – C’est aussi ce que je me dis. Mais non ! Même pas ! Tout ce que ça
aura pour conséquence c’est de faire exploser le parti. Et là on est mal pour
un retour aux affaires 5 ans plus tard. Tu as vu combien d’énergie il a fallu,
même pour moi pour arriver jusqu’ici ? Et puis NS est capable de se retirer,
dans cette hypothèse. Il est jeune, il peut encore attendre son tour. Et moi je
n’y serai plus pour lui barrer la route au tour suivant ! Donc si je fais ça,
c’est lui qui viendra ici en 2012 et pas Alain. Ou un autre. Si je ne le fais
pas, il arrive tout de suite puisque Alain n’est pas prêt. Pour plus tard, il
faudra qu’il marche d’abord à le piétiner, le
NS. Tu imagines le bordel ? On tourne en rond !
JM – Et les juges, ils ne te font plus peur ?
JC – Ils n’ont rien à me reprocher. Tu verras, ça fera pschhhhhit ! Pour le
reste Jean-Louis a déjà les solutions, si ça devient trop chaud. Je l’ai mis en
place au cas où… Non décidément, ce n’est pas la bonne façon de faire. J’aurai
dû partir plus tôt en campagne, occuper la place ! Mais ça aurait empêché
d’avoir un bilan acceptable en mettant en plus la rue à feu et à sang ! On
aurait été obligé de reculer sur tout, comme pour le CPE.
JM – Nous l’avions analysé. Il n’empêche que sauf miracle, tu t’es laissé
enfermer dans un piège institutionnel de calendrier. Nos plans de « terre
brûlée » ne fonctionnaient qu’avec un délai de mise en œuvre de plusieurs
semaines. Une dizaine. C’est désormais trop court. Qui n’avance pas recule dans
un monde qui bouge tout le temps, tu le sais bien !
JC – Je sais. On s’est fait avoir. Quoiqu’en politique rien n’est joué
jusqu’au dernier moment. Il fallait quand même bien du temps pour faire les
réformes que nous avions envisagé. Et du calme.
JM – Il n’est donc pas trop tard encore. Il faut que tu répondes à la
deuxième question. Où les nuisibles sont-ils les moins nuisibles pour toi ?
JC – Je ne sais pas. Ici, c’est quand même une formidable tour
d’observation. Bien utilisée, elle peut faire souffrir. Dehors, l’air y est
plus sain et il suffit de se glisser entre les orages.
JM – Donc tu restes !
JC – Aucune idée encore !… Je ne sais pas… Tout ce que je sais, c’est que
je ne veux pas faire de cadeau à NS ! Il en va de l’avenir.
JM – Tu n’imagines pas qu’il puisse réussir ?
JC – Tu rêves ? Tu le connais comme moi ! Il n’a rien dans la tête et
n’est arrivé en politique que par la promotion canapé ! C’est son truc à lui,
ça ! Sauter sur la fille du patron ! Tu parles d’une vision politique du pays !
On peut trouver mieux, non ?
JM – Alors c’est simple ! Dès qu’il sort de son ministère, tu n’as qu’à le
soutenir. J’écoutais l’autre jour Maurice Druon lui dire qu’il était son fils
spirituel. Que s’il n’y avait plus qu’un seul gaulliste, c’était lui ! Et
l’autre andouille de bicher comme une vierge effarouchée qui vient de goûter le
délice d’une main aux fesses, jusqu’à en avoir le rouge au front, dis donc !
Devant les caméras !
JC – Ah oui ?… Je ne peux pas en dire autant…
JM – Vierge ? Tu es né dépucelé au berceau, toi ?
JC – Non ! Quel con tu fais ! Je n’ai jamais été gaulliste. Pompidolien
peut-être, mais gaulliste, jamais !
JM – Je sais. Il n’empêche, raconter qu’il a été le meilleur, que tu es
fier de lui passer le relais non seulement tu fais plaisir au parti, dont tu
sais bien que ce ne sont pas non plus des gaullistes pour les avoir tous
éliminés, mais juste des hommes de pouvoir, et en plus c’est facile : tu n’as
qu’à vanter ses grandes qualités et sa volonté de bien faire coûte que coûte,
quels que soient les moyens. Les gens comprendront que ce sera avec une armée
de CRS, la continuité en plus… C’est tout son thème de campagne sur la «
rupture douce » qui s’effondre. Et trop tard pour en trouver un autre !
JC – Quelles qualités ? À part niquer tout ce qui passe en travers de son
chemin, je ne vois pas bien.
JM – Mais d’avoir su tenir, contre vents et marées et contre toi ! D’avoir
fait sa traversée du désert et te prendre à revers. C’est pas mal pour un jeune
con ! Et sans coucher avec la fille du patron, cette fois ci !
JC – Arrête ! Ça m’écœure rien que d’y penser !… Cette idée-là est bonne.
Il faut que j’y réfléchisse. S’il résiste à ça, c’est que vraiment il y a un
dieu pour les ordures !
JM – Je te prépare ça !
JC – Si tu veux. Un, je ne sais pas si tu ne vas pas avoir une autre idée
d’ici là, ni ce qui va se passer dans ce cas-là ! Deux, je n’ai pas encore
décidé s’il fallait le tuer autrement, en reprenant la main, par exemple.
JM – Ce que je remarque, c’est que dans les deux cas, c’est Royal ton
successeur !
JC – Pas si l’autre con fait une ânerie monstrueuse…
JM – Il n’en a pas fait et tu peux même l’en féliciter à l’occasion.
JC – Ou si il se passe quelque chose façon Zapatero !
JM – J’espère que tu plaisantes ! Ça ne ferait que le renforcer.
JC – Non ! Pas du tout. Il aura été le ministre de l’intérieur qui n’aura
pas su prévoir ni avertir. Déjà que son bilan sur la délinquance s’effiloche au
fil du temps… Même si la suite sera de la faute de son remplaçant intérimaire,
le peuple saura qu’il a été nul sur ce coup-là, manquant totalement et
définitivement de vision de l’avenir. Le successeur n’aura qu’à affirmer que le
sujet de la menace terroriste n’a jamais été abordé avec lui au moment du
passage de témoin, voire de se taire pour jouer au fusible, et c’est gagné. Et
là, je peux reprendre la main en me disant trahi. Comme le peuple, quand il a
peur, vote à droite, je n’ai plus de souci. Et lui est mort.
JM – Ne me dis pas que tu attends ce genre de délire pour te décider ?
JC – J’ai jusqu’au 16 mars pour rendre mes 500 signatures. En fait, je
vais devoir annoncer ma position très vite. Faut pas que je prenne le peuple en
otage de mon silence. Et, puis d’ici après, un attentat anodin contre une
centrale nucléaire perdue en pleine campagne, c’est à la fois suffisamment
grave et ça ne mange pas de pain.
JM – Ah non, Jacques ! Ne joue pas avec ça !
JC – On verra. Mais tu as raison : ça n’arrivera pas ! Faut pas non plus
parier sur le pire. Bon, faut que j’y aille. On réfléchit à mon discours
d’adoubement chacun de son côté et on se revoit tout à l’heure. Sandwich à
l’ail alors, pour le « Conseil » ? Ah ! Et puis une petite cannette, tant qu’on
y est !
JM – N’importe quoi ! À tout à l’heure.
(JC sort).
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