Attendu que…
… aujourd’hui je voulais causer de la composition du
gouvernement du havrais ;
Mais
attendu qu’ils n’ont
pas été foutus d’en faire l’annonce avant-hier, et que je suis en déplacement
aujourd’hui et par ailleurs « ravitaillé par les corbeaux » en ce qui
concerne les nouvelles de mon pays à moi (que j’aime tant et me le rend si mal…)
là où je suis cantonné ;
Par ces
motifs :
Décide : D’y revenir seulement lundi prochain ;
Et de parler d’autre chose aujourd’hui.
D’ailleurs, c’est la dernière « pilule-empoisonnée »
du gouvernement « Case-neuve » et de « Tagada-à-la-fraise-des
bois » : Une véritable honte.
Et pourquoi donc ?
Eh bien il s’agit d’enseignement supérieur !
Vous le savez, pur produit de l’enseignement public
(de la maternelle aux formations d’élite) j’ai été invité, sollicité, pressé
de « restituer » ce que j’ai pu recevoir de mon pays à un moment donné de ma vie. Et pendant une bonne décennie,
parce que je n’étais pas mauvais en fiscalité – mais aussi en droit de la
sécurité sociale – j’ai donc bourlingué de facultés en facultés, de formations
professionnelles en formations professionnelles, de grands ékoles en grandes
ékoles, pour initier – voire plus – des post-adolescents aux délices des
mécanismes des prélèvements obligatoires.
Avant de lâcher prise au moment de « mon exil ».
Un boulot très mal payé, très prenant, mais tellement « jouissif »
que j’y ai pris un réel plaisir.
Donc, de mon époque, l’enseignement était constitué de
strates : On te prenait des gamins issus du collège (et son enseignement
obligatoire), pour te les orienter à l’entrée du lycée dans des « grandes
catégories » du « bac-à-lauréats ». Les scientifiques, les
littéraires, les bio, les technologiques, etc.
Une fois le bac obtenu et ce n’est désormais pas trop
difficile – il suffit seulement de ne pas rendre copie blanche – l’inscription
en enseignement supérieur est de droit.
Les meilleurs sont sélectionnés pour intégrer une « prépa »,
sur dossier et entretien individuel en vue d’accéder dans les meilleures « sup-de-co » ou
ékoles d’ingénieurs, d’administrateurs du bien public, etc.
Il est vrai que dans celles du public, il s’agit d’un
concours. Dans les autres aussi, mais également d’une histoire de pognon :
Les droits coûtent un blinde et entre les bourses à obtenir et les
prêts-étudiants qui font le bonheur des banquiers (et plus rarement des mécènes),
c’est un véritable business assez lucratif.
Les autres vont en faculté.
Là, pas de sélection en L1 : Il y a normalement
de la place pour tout le monde, quelle que part. Il suffit de chercher.
En revanche, la sélection intervient à la fin de la L1 :
Faut s’accrocher et parfois s’arracher pour passer en L2.
Après, ça va tout seul jusqu’en fin de M1.
Là, si l’étudiant poursuit en M2, il s’agit de se
faire prendre dans une des filières proposées : J’y ai participé dans plusieurs
facs. Examen du dossier, lecture des lettres de motivation, analyse du CV et du
parcours de l’impétrant.
Puis entretien oral : On jauge le candidat, sa
réelle motivation, on tente d’estimer son potentiel, son niveau, ce qu’il peut
encore avoir dans le ventre en une demi-heure.
Pas facile, très chronophage et il arrive qu’on se trompe.
Là encore, une fois entrés, globalement ils ressortent
tous diplômés. Pour échouer, il faut vraiment faire « copie-blanche »
ou taper un prof.
Mais l’objectif, outre de ne pas trop faire « flancher »
le niveau général et donc la réputation du Master, c’est de détecter durant
toute l’année de cours, les « potentiels » qu’on ira pousser jusqu’en
doctorat.
C’est que la machine « enseignement-supérieur »
a besoin de main-d’œuvre qualifiée pour s’auto-entretenir et propose aux
doctorants de participer aux enseignements dispensés moyennant l’encadrement
des recherches indispensables à une thèse qui se tient…
Dès lors, tout est imbriqué et notamment la « réputation »
d’une filière qui la rend « attractive », à partir de cette « sélection d’entrée
».
Bing : Les meks en charge de tout ce boulot vont
pouvoir désormais jouer aux dés et faire des choix aléatoires avec l’avenir
professionnel de vos petiots.
J’admire.
La sélection à l’université par tirage au sort a en
effet été décidée en catimini entre les deux tours des élections présidentielles,
alors que tout le monde avait les yeux tourné ailleurs.
Une décision scandaleuse et grave qui a été prise par
le gouvernement sortant le 27 avril. Scandaleuse sur la forme : Une simple
circulaire ministérielle et une date choisie pour que le texte passe inaperçu !
Et gravissime sur le fond : Le refus idéologique,
dogmatique même, de toute sélection sur des critères de compétence conduit à un
arbitraire absurde du tirage au sort !
L’origine du problème est archi-connue : Le bac est
considéré comme le premier grade universitaire, car les jurys sont présidés par
un universitaire qui, de facto, n’a aucun
pouvoir, les consignes de correction étant données par le rectorat.
Cette « fiction » permet à tout bachelier d’accéder,
comme je viens de le dire, librement à
l’université. Ce principe connait des exceptions, puisqu’il existe des filières
sélectives dès le départ (comme les IUT) ou au bout d’un an (comme la médecine
avec son numerus clausus).
En outre, la liberté est partielle, le droit à
l’inscription n’étant automatique que « dans
un établissement ayant son siège dans le ressort de l’académie où il a obtenu
le baccalauréat ou son équivalent ou dans l’académie où est située sa résidence
».
Critère totalement idiot de la « sectorisation »
certes, parce qu’on peut aller faire des études dans un pays étranger, si le
dossier est jugé de qualité, mais, à l’intérieur de l’hexagone, il existe des
barrières d’une académie à l’autre, qui ne peuvent être franchies que par des
critères arbitraires !
Mais bon…
Car il arrive souvent – surtout avec l’afflux
croissant d’étudiants – que la capacité d’accueil ne permette pas d’admettre
tous les candidats, comme en Staps-activités physiques et sportives, sciences de
l’éducation, Arts du spectacle, mais aussi parfois en LEA, Droit ou Psycho,
comme je viens de vous l’expliquer.
La logique et les exemples étrangers indiquent une
solution équitable : Le choix en fonction des compétences et de la qualité des
candidats, suivant ses mentions au bac ou un concours d’entrée (comme dans les
grands écoles ou les IEP), ou des prérequis, ou un examen du dossier, … et c’est
du boulot.
Mais en « Gauloisie-des-élites », la
sélection est un mot tabou à l’université et, au nom d’une égalité confondue
avec l’égalitarisme, tout le monde a le droit de s’inscrire partout, alors que
chacun sait qu’il n’est de pire injustice que de traiter également de choses
inégales.
On confond encore allègrement dans ce foutu pays des
lumières « égalité » en droit avec la notion d’équité. On croit
encore dogmatiquement que le juste repose sur l’égalité alors que le juste est plus
proche de l’équité que du reste, à savoir de traiter différemment des choses
inégales.
On retrouve pourtant même cette notion d’équité – qui ne
se nomme pas – en droit pénal notamment : Un même crime trouvera des sanctions
pénales différentes en fonction de la situation des protagonistes à l’affaire.
Chacune des affaires pénales est différentes des
autres et c’est pour cette seule raison que nous avons des juges du fond dans l’appareil
judiciaire.
Sans ça, on les remplacerait séance tenante par des
logiciels et des robots…
Ceci étant pour en revenir à nos facultés, faute de
vraie sélection, on a mis en place une usine à gaz qui coûte à la finance publique avec des filtres successifs
qui pouvaient se terminer par un tirage au sort.
Celui-ci n’ayant pas de bases légales, les tribunaux
ont souvent annulé ces décisions.
Le gouvernement, n’ayant pas le courage de proposer
une sélection sur critères universitaires, a voulu redonner sa base légale à ce
système en présentant au CNESER un texte en janvier dernier.
Sujet particulièrement sensible : Des représentants
étudiants aux élus enseignants, en passant par les présidents d’université,
tout le monde s’opposait à cette pratique jugée absurde et barbare.
Face à la levée de boucliers des opposants au projet,
le gouvernement a retiré son texte pour ne plus en parler… et le publier, sous
forme d’une circulaire adressée aux recteurs et présidents, au BO de « les-duc-à-Sion »
nationale ce 27 avril 2017.
Une date qui fait écho à la fin de la campagne de
l’entre-deux-tours, et les lycéens et étudiants, dont certains étaient en
vacances ou se préparaient à leurs examens, soit n’ont rien vu, soit étaient
occupés à manifester contre le capitalisme !
Le sujet a été vite et totalement occulté.
Passons sur le fait que l’on a remplacé un projet
d’arrêté par une simple circulaire : Cela pourrait être juridiquement discuté,
car une circulaire de ce type (« réglementaire », puisque « créant du droit »)
peut entrainer des recours devant un tribunal administratif.
L’examen du texte montre à quelle usine à gaz conduit
le refus d’une authentique sélection : Les nouveaux bacheliers expriment
des choix via le Portail admission-Post-Bac. S’il y a plus de candidats que de
capacités d’accueil, on tient compte successivement de plusieurs critères : Le
domicile, dont on vient de souligner l’absurdité, puis l’ordre des choix par le
candidat, en fonction donc de la priorité parmi l’ensemble de ses vœux.
S’il reste alors des candidats ayant le même rang de
classement, on accorde la priorité aux étudiants mariés, pacsés ou concubins.
Message subliminal : « Pour obtenir la filière de votre choix, concubinez, zouquez, baisez,
quoi » !
On procède de même pour ceux qui viennent d’une autre
académie.
In fine, si l’on
manque toujours de place, pour choisir entre ceux qui ont un même ordre de
priorité « il est recouru à un tirage au
sort entre ceux-ci ».
Rappelons que l’ex-secrétaire d’État aux universités, « Titi-Man-t-on »,
avait déclaré que le tirage au sort « est
le plus bête des systèmes ».
Il a raison… mais il est, avec « Nagea-Va-l’Eau-Belle-qui-sème »,
à l’origine de ce texte.
Cette situation est typique des blocages à la gauloisienne
:
– Refus des solutions qui existent ailleurs (ici refus
d’une sélection sur critères universitaires) ;
– Construction d’une usine à gaz pour faire face à la
réalité qu’un refus dogmatique n’a pas fait disparaître ;
– Arbitraire le plus total et donc injuste (ici le
tirage au sort, qui peut conduire à prendre un candidat incompétent à la place
de celui qui pourrait suivre facilement la filière).
Mais la réalité se vengera et une autre sélection se
fera ensuite, par l’échec à la fin de la première année, conduisant les
étudiants à des frustrations et ruinant le contribuable, en raison du coût de
l’encadrement (les TD notamment) d’étudiants voués à l’échec.
Ajoutons le manque de courage des politiques, qui
refusent d’affronter la réalité et camouflent leurs décisions entre les deux
tours d’une élection.
On se fout ainsi de l’avenir de la jeunesse, on se
moque de l’argent du kon-tribuable et en plus on n’assume pas !
Merveilleux…
« Manu-Mak-Rond » avait, dans son programme,
sans utiliser le mot de sélection, envisagé des prérequis à l’inscription dans
chaque filière « pour enrayer la
sélection par l’échec ».
Mais quels prérequis ? Comment vérifier que l’étudiant
les possède bien ?
Les universités seront-elles autonomes (donc libres de
leurs critères) pour les recrutements ?
Cette circulaire ne suffira de toute façon pas à
sécuriser juridiquement la situation pour ceux qui portent une dizaine
d’affaires de pratiques déjà existantes sur le sujet devant les tribunaux. « Si le gouvernement a initialement préparé un
arrêté, c’est qu’il est bien conscient que ce vide juridique ne peut être
comblé par une simple circulaire. Elle pourra facilement être attaquée ».
Si le tirage au sort ne concernerait qu’un tout petit
nombre de bacheliers à l’entrée de l’enseignement supérieur – moins de 1 % –,
il ne devrait pas diminuer dans les quelques filières concernées cette année :
40.000 candidats supplémentaires sont inscrits sur APB, d’après les chiffres
provisoires publiés en mars. « Nous avons
actuellement 33.000 premiers vœux de candidats en STAPS, soit 5.000 de plus que
l’an dernier, pour toujours environ 15.000 places », constate le patron de
la Conférence des directeurs et doyens
de STAPS, qui alerte une fois encore sur la situation des facs de sport, qui ne
peuvent plus pousser les murs alors qu’elles sont touchées par cet afflux
depuis plusieurs années, sans moyens supplémentaires.
Si le ministère estime qu’en première année commune
aux études de santé (Paces) il ne devrait pas y avoir de problème, en droit,
l’incertitude demeure, selon la stabilisation des vœux à venir – les candidats
peuvent encore en modifier l’ordre jusqu’au 31 mai – et les choix de chacun
pendant les différentes phases d’affectation cet été. Pour l’heure, les doyens
des facs de droit ne voient pas venir une explosion des candidats.
« C’est un joli
cadeau de fin de quinquennat » en
dit en revanche la présidente de l’UNEF.
« Autoriser
ainsi le tirage au sort, c’est un premier pas vers la sélection à l’université,
alors que l’urgence est de lui donner les moyens financiers d’accueillir tous
les bacheliers, et de développer des cursus plus progressifs afin d’éviter ces
engorgements et de lutter contre l’échec. »
Pour l’étudiante, c’est donc un joli cadeau au
prochain gouvernement : « Tout le monde
est contre le tirage au sort, donc certains pourront d’autant plus facilement
défendre une sélection sur dossier, sur examen, sur prérequis… »
Probablement…
De mon temps, c’était assez simple : Premier arrivé aux inscriptions (donc bac avec mention), premier servi et jusqu'à épuisement des places disponibles (donc les plus motivés) !
Perso, j’y vois un héritage-catastrophique du
quinquennat de « Tagada-à-la-fraise-des-bois », un de plus.
Alors que lui estime qu’il rend le pays dans un
meilleur état qu’au début du quinquennat.
Si vous êtes d’accord avec son propos, dites le moi.
Parce que moi, je ne sais pas où et en tout cas pas dans le monde de l’enseignement
supérieur…
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