Soixante-seizième chapitre : Requin !
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Il débarque à Orly avec la ferme intention de rentrer
en Normandie le soir même. Par acquis de conscience, il décide de faire un tour
au Kremlin-Bicêtre saluer Barbara et Nathalie, leur faire un petit compte-rendu
du passage au Vatican et pour relever les avancées des travaux des équipes de
Loïc, le gérant de « Prestige spirits ».
À l’approche de la fin de session des universités et
grandes-écoles prestigieuses en cette mi-mai, normalement les commandes
engrangées en sont au stade de leur préparation en vue de leur expédition et
livraison : tout un boulot de logistique finale qu’il convient de ne pas
rater.
Et effectivement, ça a l’air de bien se passer avec la
nouvelle organisation faisant massivement appel à des
prestataires-transporteurs : on est désormais loin de la pagaille des
premières années de l’activité !…
Comme il est tard, il repasse par son logement de
« quai-sur-Seine », histoire de ranger un peu le désordre récurrent et
de faire tourner une machine de linge sale.
Pour ne redémarrer qu’au lendemain matin, le linge
étendu à sécher au-dessus de la baignoire.
Cette fois-ci, il fera la route en moto, son hydravion
étant resté à Carpiquet, situé à l’ouest de Caen, pour une révision générale
depuis trop longtemps repoussée.
Ce qui avait d’ailleurs un peu bousculé son départ
précipité pour Rome : un détail d’intendance, rien de plus.
Partir vendredi soir ou samedi matin, c’est
immanquablement se coltiner un trafic « dense » sur l’A13. Partir
vendredi matin, à moins que ce soit tôt en matinée, c’était affronter la
circulation des camions à dépasser, depuis le pont de Saint-Cloud et jusqu’à la
traversée de la forêt de Marly, puis au moins jusqu’à Mantes-la-Jolie. En
voiture, ça ne se ressent pas trop, mais en moto, il s’agit d’être prudent sur le
parcours à deux voies, notamment si le vent est un peu fort, pour cause de
turbulences dans le sillage des routiers et justement, la météo est aux
perturbations.
C’est pour cette raison qu’il opte pour la fin de
matinée en espérant arriver sur « Les collines de Cabourg », l’hôtel-résidence
où il compte passer le week-end, pour le déjeuner et goûter le menu du jour du
restaurant de la « Cuisine de filles ».
Il n’en sera pas ainsi…
Tout se passe correctement jusqu’à Morainvilliers où
Paul fait une halte à la station-service pour faire un plein. Et il reprend sa
route tranquillement.
Sans se douter une seule seconde qu’il est suivi par
une voiture grise, une BMW, qui roule « peinard » comme lui, loin dans ses
rétroviseurs, mais autour de 140/150 Km/heure, sauf à l’approche des radars tout
de même, qui s’était rapprochée aux abords de la sortie qui va vers Giverny.
Une fois dépassée la sortie vers le pont de
Tancarville, la chaussée aborde la traversée de la forêt de Saint-Mards de
Blacarville en un large tournant sur la gauche, puis à droite pour une descente
vers Pont-Audemer.
Le radar fixe est annoncé avant de franchir le pont de
la D 100 et se situe au « PK 153 + 700 », flashant par l’arrière
tout ce qui dépasse 130 Km/h générant bon an/mal an plus de 10.000 PV. Il
faut se méfier : ça descend ! Un vrai piège à points…
Paul à l’habitude et ralentit à l’approche d’un
gros-cul qui enchaîne les virages au frein moteur.
La BM approche soudain à plus vive allure sur cette
portion bien dégagée de « l’autoroute des estuaires » : le conducteur
n’aurait-il pas vu le panneau indicateur limitant la vitesse et l’annonce
du radar ?
Peu importe : Paul a encore de la marge pour
changer de conduite et de passer devant l’appareil à flasher : il lance
son moteur d’un petit coup de poignet, double le camion le précédant afin
d’éviter de se retrouver coincé derrière. Et ralentit suffisamment ensuite pour
passer le radar.
La BM le rattrape alors et se rabat sur sa droite
avant d’être sur lui !
Le con !
Pour l’éviter, Paul aurait dû accélérer, mais la perspective
d’arriver sur le radar l’en empêche : au contraire, il se déboîte sur la
bande d’arrêt d’urgence, presque le long des glissières et freine.
Tant pis pour le camion qui arrive derrière : le
routier aura vu la manœuvre et saura éviter un choc.
Ce n’est pas suffisant : la BMW fait une vraie
« queue de poisson » à Paul qui ne peut éviter de la toucher !
« Bousculée », la moto devient incontrôlable
et il se retrouve à terre glissant sans retenue vers le piège que représente
pour lui – et tout autre motard – la glissière de sécurité !
Au moins, sur un massif de béton, on peut rebondir,
glisser tout du long…
Il en tamponne du casque la partie haute et est arrêté
sévèrement au niveau des jambes par le solide pied posé en retrait de la dite
glissière, col du fémur brisés.
Oh putain, le craquement fait un bruit sinistre et le choc fait mal !
Il en voit au moins 36 chandelles sous le choc,
tétanisé d’effroi…
Pas seulement : on relèvera une double fracture
du tibia et du péroné.
Mais quelle douleur : une horreur !
La moto rebondit au milieu de la chaussée après avoir
percuté ladite barrière de sécurité. Le camion déboîte à son tour sur la gauche
de la chaussée pour l’éviter, faisant « fumer le bitume » debout sur
ses freins, klaxon hurlant alors que la voiture incriminée s’est arrêtée
rapidement en aval et remonte en marche arrière à vive allure vers Paul qui a
du mal à se relever.
Il en a des tourbillons plein la tête qui le font
chavirer.
Le camion fait une embardée pour éviter la voiture qui
recule et stoppe plus loin.
Des voitures arrivent à hauteur par l’arrière en mode « freinage
d’urgence », celles remontant d’en face ralentissent pour
« admirer » ce qui se passe, alertées par le nuage de fumée du coup
de patins du camionneur qui s’élève au-dessus de la chaussée.
L’occupant de la BM saute sur l’asphalte, avec à la
main ce qui ressemble à une sorte de cric.
Vient-il vraiment à son secours, se demande Paul, les
idées pas encore très bien rangées, hagard, à moitié assommé par le triple choc,
abruti par la douleur qui lui foudroie la jambe ?
Pas du tout : arrivé à hauteur de Paul, il lève
son arme, une longue machette que Paul ne peut pas esquiver en totalité quand elle s’abat dans sa direction dans un mouvement rapide. Il a
eu beau de se jeter en arrière et sur le côté dans un sursaut déséquilibré, le
coup porte de traviole sur le côté, au niveau des reins, à gauche et ce malgré
le cuir du blouson : Paul hurle de la douloureuse morsure de la lame
affûtée.
Ce gars-là est complètement fou !
Un vrai timbré ! Un dingue !
Mais qu’est-ce qui lui prend ?
Dans un réflexe de survie et emporté par son élan,
Paul se laisse basculer de l’autre côté de la glissière de sécurité dans un mouvement
qui lui arrache un autre cri de douleur, en espérant prendre la fuite dans les
fourrés.
Peine perdue avec sa « jambe-molle », la
patte-folle toute ensanglantée, qui peine à suivre le mouvement en provoquant
d’horribles tortures absolument insupportables qui lui vrillent le cerveau.
Le chauffard se précipite de nouveau sur sa victime,
machette au-dessus de la tête pour mieux armer le coup suivant qui s’écrase sur
le casque de Paul, qui en ressort sévèrement cabossé.
En état de stress-total, quasi-panique, Paul réussit
toutefois à déstabiliser son agresseur, il ne sait pas trop comment, probablement
en s’accrochant d’un mouvement réflexe au poignet qui tient la lame démesurée,
pour dévier le coup.
Le gars ripe sur le côté, chancelle, mais se redresse
et renouvelle son assaut.
C’est seulement à ce moment-là que Paul réalise que
lui aussi est armé : il dégaine son 11,43 coincé dans son dos dans la
ceinture de son pantalon, fait jouer le cran de sécurité avec le pouce dans le
même mouvement et cisaille son adversaire de deux coups à bout touchant au
niveau du ventre : pas eu besoin de viser !
Une arme semi-automatique d’environ 1 kg pour presque
22 cm de long, créée en 1911 pour la cavalerie américaine, assez solide et
« rustique » pour avoir fait deux guerres mondiales, qui tire des
balles de 15,16 g pour 7 cartouches de 21,18 g dans le chargeur, à la vitesse
initiale de 262 m/s, délivrant ainsi 477 joules par projectile, elle était déjà
très appréciée sur les champs de bataille pour sa « puissance
d'arrêt » (la capacité à mettre un individu hors d’état de nuire, ce qui
ne signifie pas forcément le tuer) jusqu’à 50 mètres.
Elle doit son surnom de « Colt 11,43 »,
alors qu’il s’agit d’un colt 45, aux 0,45 pouces (45 centièmes de pouce) de
calibre, ce qui correspond à un diamètre de balle de 11,43 mm, la désignation
métrique de la munition étant alors 11,43 pour 23 mm.
En bref, elle fait de gros trous, même s’il existe des
munitions bien plus puissance depuis toujours…
L’homme s’effondre à ses pieds, sans un cri, les yeux
écarquillés, la bouche ouverte, comme pour crier à son tour, mais sans qu’aucun
son ne sorte jamais plus de son orifice buccal.
« Requin » vient de mourir : son denier
contrat est définitivement un échec !
Le routier parvient en courant à hauteur du carnage,
totalement essoufflé. Il y a du sang partout par terre et sur les vêtements des
deux protagonistes, un type à terre et un autre, manifestement le motard
agressé, couvert de blessures, son casque portant la trace d’un large coup, avec
une jambe pendouillante, un blouson déchiré, un flingue fumant à la main, qui
se tient debout comme il peut d’une main sur la glissière et qui hurle
d’appeler les flics.
Il aurait plutôt besoin d’une ambulance…
« J’ai tout
vu ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Les flics ! « S’il vous plait, appelez les flics… dépêchez-vous ! »
Et il s’effondre soudain devenu inconscient après
avoir tenté de s’assoir sur le rebord de la glissière.
Les secours s’organisent très vite depuis la station
d’essence sise à proximité, la patrouille de la barrière de péage de Beuzeville
et les entrées de service de Pont-Audemer : c’est qu’il s’agit de protéger
et rétablir le trafic très vite, prodiguer les premiers soins au motard,
l’évacuer vers un hôpital, dégager les épaves, nettoyer la chaussée des débris
de l’accident, effacer les traces d’huile, recueillir les premiers témoignages,
faire les constats. Dans quelques heures, ce sera la ruée des parisiens vers la
côte-Normande, pour leur week-end !
Quoique le week-end précédent était celui du pont de
l’ascension et il avait été chargé.
Mais là, il va faire doux avec des éclaircis entre les
ondées prévues alors que le pays est envahi par une dépression océanique :
il serait préférable de ne pas provoquer de bouchons avec des matériels barrant
la route et d’éviter les répliques de carambolages en amont des trafics
déboulant dans les deux sens.
Le SDIS 27, territorialement compétent, ramène Paul vers le centre hospitalier
de Pont-Audemer dans un état pas très frais, même s’il a repris connaissance à
coup de pompe à oxygèbe, où il est pris en charge… le temps de réunir une
équipe d’intervention.
Et réduire les fractures, poser des broches, plâtrer
l’ensemble de l’aine à la cheville, mais aussi de le « recoudre » sur
près d’un quart de mètre sur le côté : 27 agrafes, plus autant de
points de suture « dans la boîte » pour permettre aux tissus
musculaires sectionnés de se reformer !
Ce qui a protégé les organes internes, poumon, rein et
intestin du coup de sabre, c’est une des côtes flottantes qu’il aura fallu extraire
ainsi que ses morceaux pour éviter qu’ils ne perforent d’autres tissus sis à
proximité !
Une opération chirurgicale délicate qui aura
finalement duré une paire d’heures.
Et la première personne que voit Paul entre deux eaux
à son réveil, c’est le sourire de Matilda qui, si tôt réveillé, textote à
Gustave qui lui-même rapplique en urgence de Rome.
Sympa la fille…
« Comment
vas-tu ? »
Elle plaisante, là ?
Pas au mieux : il a connu des jours meilleurs.
« As-tu besoin
de quelque chose ? »
Il aurait bien une idée, mais il n’est pas en état
d’en profiter comme il se devrait.
« Pour le
moment, dormir. Excuse-moi, mais j’ai l’impression qu’ils m’ont drogué ».
Pour sûr d’ailleurs, puisqu’il ne souffre pas trop, même si sa jambe pèse un
âne-mort malgré le fait qu’elle soit suspendue à une tringlerie installée au-dessus
du lit.
La seconde, c’est l’infirmière, alertée par le
monitoring cardiaque qui indique une activité d’éveil : mignonne la fille,
avec ses taches de rousseur qui se confondent avec son acné rosacée prononcée…
Puis une autre en col roulé sous sa blouse. Les
légendes se meurent : aucune n’est nue sous sa blouse !
Gustave fera son apparition le lendemain après les
équipes de soins matinaux, encadré par deux sous-officiers de gendarmerie. L’un
vient d’Évreux et l’autre est une vieille connaissance de Lisieux, qui en
profite pour visiter son « meilleur-client ».
Et en profitent pour le sermonner pour un « port
d’arme » prohibé…
Il n’empêche, quand Paul sera rentré sur les collines
de Cabourg à occuper une des chambres « médicalisées », le même
reviendra lui rapporter son flingue et un permis en bonne et due forme signé
par le préfet du Calvados, avec des tampons tout plein partout.
Après les explications « techniques » et une
déposition en règle ils laisseront un planton devant sa porte et une équipe
devant l’établissement, par sécurité…
Paul aurait dû circuler « comme tout le
monde », en voiture.
Avec des « si »…
À quoi ça sert d’avoir mis au point le principe de la
« sphère de sécurité » si c’est pour ne pas en profiter soi-même,
en affirme Gustave ?
Le gars abattu est un asiatique au profil inconnu, pas
fiché. La flicaille tente de faire des recoupements de fichiers d’empreinte et
d’ADN, mais pour l’heure, ça ne donne rien.
« Et son
parcours ces dernières semaines ? »
Pas facile : le véhicule a été acheté d’occasion
dans une concession parisienne il y a à peine trois semaines, payé en espèce,
et la carte grise est toujours au nom de l’ancien propriétaire…
Normal, il faut environ quatre semaines pour en
obtenir une valide et encore, quand on fait les démarches idoines… Ce qui n’est
même pas le cas.
« Bé voilà
du boulot pour une des équipes de la CISA. Vous y pensez, amiral ? »
Dimitri et « les garçons », l’équipe
nouvellement constituée, « HLM » pour Henri, Laurent et Marion, sont
déjà dessus.
Une fois les pandores repartis, Matilda, Gustave et
Paul restent un moment ensemble.
« – On a
vraiment loupé quelque chose avec ce gars-là ! Comment se fait-il que
notre logiciel ne l’ait pas repéré avant ?
–
Probablement parce qu’il n’avait aucune connexion électronique. Même pas un
téléphone portable sur lui. En plus, pour l’heure on ne sait même pas où il
créchait. »
Paul sent la moutarde lui monter au nez…
« –
Attendez, pour me filocher comme il l’a fait durant trois semaines, il a bien
fallu qu’il se fasse une idée très précise de mes allers et venues jusque chez
moi. Et forcément découvrir que l’hydravion était en indisponibilité et que
donc je circulerais à moto, ce qui est assez rare, hors les parcours vers les
aérodromes et entre Paris et le siège ! Ce n’est quand même pas un
hasard ! Il a profité du seul moment où je me balade les deux mains prises
par le guidon, m’empêchant de riposter avec mon flingue en cas d’attaque, hors
ma descente sur Paris pour aller frimer au Vatican…
– S’il
s’agit bien du tueur à gage envoyé à votre poursuite par River, et là il n’y a
pas de doute puisqu’on a retrouvé un tampon encreur à l’effigie d’un requin
dans sa poche, il aurait pu vous descendre n’importe quand avec une arme de
précision, partout où vous vous promenez, façon « Caméléon-bis ». Je
ne comprends pas.
– Non,
souvenez-vous ! Les gars du FBI nous avaient prévenus qu’il ne laissait
aucune trace, hors sa signature, pour être un spécialiste des armes blanches.
En tout cas, s’il s’agit bien de lui, ça veut dire que les menaces qui pesaient
sur ma tête auront désormais disparu.
– Comment
ça ? Un « contrat », ça reste un « contrat » !
– À
condition d’être payé. Or, un tueur se fait payer d’avance, comme les putes.
Avec quels sous pour un second puisque River n’est plus de ce
monde ? »
Il faut bien l’admettre… Ce n’est pas avec le reliquat
des « commissions » de l’intermédiaire, fusse-t-il un triade hongkongaise,
que l’on peut armer un cinglé pour tenter le coup alors que Paul a déjà
« consommé » trois pointures de haut calibre international…
« – Il
n’empêche, on ne sait jamais : il faut prendre des précautions.
– Ça va
se tasser. Je vais surtout disparaître, comme ça, plus de souci à l’horizon.
–
Disparaître où ?
– J’ai
mon idée. Dès que je serai sur pied. » Là, ce jour-là, il se voit bien se réfugier
sur Eurydice, sous les tropiques. C’est joli, les caraïbes… après un séjour de convalescence
à Cabourg.
« – Et vous
faites comment pour gérer nos affaires ?
– Gérer,
gérer… d’abord vous êtes là pour ça et vous vous y entendez plutôt pas trop mal
pour la CISA. Quoique pour le coup de « Requin », vous vous êtes
laissé surprendre et moi aussi.
Pour les
autres affaires, il y a Anjo, Jean-Charles, Barbara (de la cellule
« BCG ») et des responsables
opérationnels compétents, ça ne devrait pas poser de problème. Et puis, il y a
internet pour communiquer en direct. Faut que Huyck me tuyaute utilement sur le
darknet, que je sache l’utiliser pour qu’on ne remonte pas jusqu’à moi, là où
je me serai planqué.
Il
n’empêche, cette affaire du zombie qui sort de nulle part, qui passe à travers
les mailles de notre filet sécuritaire, c’est très inquiétant pour la
suite : on a un trou béant à colmater en urgence dans les prestations que
tout le monde veut nous acheter. Il faut y remédier rapidement.
–
D’abord, comprendre comment ce gars-là a pu nous échapper depuis son arrivée en
France. »
Sur l’heure, il y a autre chose, un détail qui
préoccupe Gustave Morthe-de-l’Argentière.
« Dites-moi
comment ce gars-là comptait s’en sortir. »
Comment ça ?
« – Une
autoroute à péage, c’est une vraie prison. On n’en sort que par les barrières
de péages et avec un ticket…
– Elles
sont parsemées d’entrée de service. Avec un flingue ou un outil, il n’est pas
difficile de les ouvrir et de s’évaporer dans la nature à la recherche d’un
véhicule de substitution à voler ou à louer…
– Ah
oui…. Ça doit être ça. Il n’avait pas de flingue mais une pince Monseigneur
dans le coffre de sa voiture. »
Parfois… on se demande.
« Je vous le
répète, l’urgence, c’est de colmater notre brèche dans notre système de
surveillance généralisée.
Et tant
qu’à faire, rassurez nos commanditaires et clients…
– Oh là,
ça va être simple : c’était le dernier vendredi 13 de l’année. Le seul
d’ailleurs. Vous ne risquez plus rien avant janvier 2017 ! », s’exclame-t-il
en faisant référence à la fois au vendredi 13 novembre, date mémorable pour
avoir été marqué par l’attaque du Bataclan et du Stade de France, mais aussi la
bataille rangée « Chez Charles » qui a mis fin aux jours de
« Scorpion ».
Paul se souvient alors de son MIB californien,
George : celui-là connaissait bien l’avenir, sauf qu’il ne lui avait pas
dit que la dizaine de millions d’euros accumulés sur les titres de BKR devaient
financer la CISA : il avait parlé du prototype « Nivelle 003 »…
Une erreur faite sciemment pour le dérouter ? Ne
pas en dire trop ?
« Oui,
c’est ça : je m’en occupe derechef » fait-il en prenant congé
avec Matilda, chargée quant à elle de son rapatriement à Cabourg.
C’est comme ça, sur un coin de lit d’hôpital, qu’est
né le fichier « Z », l’ultime lettre de l’alphabet latin, moderne et
normalisé.
« Z » pour « zombie ».
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