Soixante-cinquième
chapitre : Coup de pouce du 15 mars 2016.
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Dans les textes, il aura fallu en fait attendre plus
de quatre ans pour voir apparaître le fameux décret relatif à « la conservation
des données des communications électroniques » qui précise quelles données de
connexions les fournisseurs d’accès internet (FAI), les opérateurs de
téléphonie fixe et mobile doivent conserver « pour les besoins de la recherche, de la constatation et de la poursuite
des infractions pénales ».
Et surtout la durée de conservation, fixée à un an « à compter du jour de l’enregistrement ».
Selon les directives européennes en la matière, les
pays membres de l’Union peuvent aller de six mois à deux ans maximum. Les
autorités Française auront donc choisi de rester sur sa ligne adoptée en 2001,
après les attentats de New-York et Washington. Le gouvernement de l’époque
avait fait adopter la loi sur la sécurité quotidienne, qui édictait déjà les
principes d’une rétention des données. Mais ce volet était resté lettre morte,
faute de décret d’application.
Depuis, la loi sur la sécurité intérieure de mars 2003
et la loi contre le terrorisme de janvier 2006 sont venues renforcer le
dispositif. Le décret du 24 mars de la même année vient en préciser la mise en
œuvre. Il définit notamment le type de données qui doivent être conservées :
les informations permettant d’identifier l’utilisateur ; les données
relatives aux équipements terminaux de communication utilisés ; les
caractéristiques techniques ainsi que la date, l’horaire et la durée de chaque
communication ; les données relatives aux services complémentaires
demandés ou utilisés et leurs fournisseurs ; les données permettant
d’identifier le ou les destinataires de la communication.
Mais rien sur les contenus proprement dits des
connexions au nom du principe de la protection de la vie privée.
Les opérateurs de téléphonie mobile doivent par ailleurs
être capables de fournir l’origine et la localisation d’une communication,
ajoute le texte : ils se contenteront de garder l’identifiant de l’antenne-relai
la plus proche qui prend en charge la connexion et celui où le message est
délivré.
Pour certains, ce décret représente toutefois l’aboutissement
d’une stratégie de contrôle toujours plus large de la population, dont la lutte
contre le terrorisme ne constitue qu’un alibi. « La rétention des données de communication révèle l’intimité des
personnes, cartographie leurs activités et identifie les réseaux de relations
tissées entre elles ».
C’est exactement ce qu’exploite le logiciel de Huyck
le hollandais polytechnicien sous l’égide de Paul.
Le décret du 24 mars introduit également le principe
d’une compensation pour dédommager les opérateurs « des surcoûts identifiables et spécifiques supportés pour la fourniture »
de ces données aux autorités judiciaires qui en font la demande. Mais les
montants les modalités devaient être précisés par un arrêté et le calcul n’a
jamais été fait.
Signalons aussi que l’article 6 de la loi antiterroriste
de 2006, ces dispositions s’appliquent non seulement aux opérateurs télécoms et
aux FAI, mais aussi à tout établissement ouvert proposant un accès internet au
public, comme les cybercafés.
Il prévoit également que l’accès aux « loggings » de connexion par les
autorités policières, à savoir l’historique des événements, « log »
pour « journal » de l’anglais « log file », ne soit plus soumis à l’autorisation d’un juge,
mais encadré par une personnalité qualifiée, nommée auprès du ministre de l’intérieur.
Un des interlocuteurs de Gustave.
Et ce n’est qu’avec ça – et les écoutes des fréquences
de police de Nathalie depuis le Kremlin-Bicêtre où les antennes sises sur le
toit-terrasse des locaux qui n’ont jamais été démontées faute de temps (cf.
l’épisode « Mains
invisibles » des enquêtes de Charlotte, publié aux éditions I3) – que
la première alerte de la CISA est déclenchée, via le ministère de l’intérieur,
qui relaye en Belgique, alors même que des pandores visitaient le site du
Kremlin-Bicêtre guidés par Gustave.
Les coïncidences hasardeuses…
De néant, on passe en quelques heures à
« alerte-bleue », le lendemain à « jaune », puis quelques
heures plus tard à « orange », plus précisément autour de Bruxelles. Puis
à « rouge » avant de devenir « noire » quelques heures avant
les attentats de Bruxelles : l’écheveau de connexions courtes, cryptées de
quelques IP repérés préalablement dans plusieurs « groupes » et forums
de l’historique chargé en janvier et février, s’anime brutalement alors qu’ils
auraient été restés silencieux et inertes après les attentats de novembre à
Paris.
Une « cellule » suspectée de terrorisme,
déjà plus ou moins cernée par l’enquête policière qui dispose ex-post des mêmes
données téléphonique de novembre et en remonte les fils depuis, vient de se
rallumer : trop beau pour ne pas être « signifiant ». !
Plus tard, il y aura des niveaux intermédiaires
d’alerte, comme « vert » entre la bleue et la jaune,
« blanche » et « bleue-pale » signalant l’existence
d’anomalies récurrentes sur les réseaux.
Il faut rappeler le contexte du moment pour mieux
comprendre.
Tout d’abord, ça se passe en Belgique où il y a trois
opérateurs de réseaux mobiles (BASE, Orange (ex-Mobistar), Proximus) mais aussi
un certain nombre important d’opérateurs mobiles virtuels MVNO, ou encore par
des partenaires commerciaux qui transitent par les mêmes antennes.
BASE, travaille ainsi pour Allo RTL, Turk Telekom
Mobile, Aldi, Carrefour Mobile, Contact Mobile, Digiweb, Ello Mobile, JIM
Mobile, Join Experience, Nextel Mobile, Ortel Mobile, Simyo, Sudpresse Mobile,
United Telecom, Mobile Vikings, SFR, Transatel, Vectone Mobile.
Orange (ex-Mobistar) porte les réseaux du 1617, de Galaxy
Mobile Solutions, de Lycamobile, Plug Mobile, Red Bull Mobile, Telenet,
Tellink, Transatel, Voo.
Et Proximus travaille avec La Poste, Scarlet Mobile,
Schedom/Dommel.
BASE, Orange et Proximus sont les seuls à avoir déployé
des infrastructures radioélectriques en Belgique et exploitent des réseaux qui
correspondent à différentes générations technologiques : 2G/GSM, 3G/UMTS/HSPA
et 4G/LTE.
Le GSM (système 2G) avait été conçu pour n’offrir que
le service de téléphonie mobile et des services de messagerie comme les SMS.
Par la suite, les réseaux 2G ont évolué pour offrir des
services de transmissions de données appelés GPRS ou EDGE.
Les systèmes 3G (UMTS) et 4G (LTE) visent à fournir
aux utilisateurs des services performants de transmission de données pour
accéder à Internet, à partir de terminaux mobiles comme les smartphones et les
tablettes. La principale différence pour l’utilisateur entre les systèmes 3G et
4G est la vitesse de transmission qui est de l’ordre de six à sept fois plus
élevée avec le 4G. Par exemple, la transmission d’une photo dure typiquement
une dizaine de secondes sur un réseau 3G, alors qu’elle peut s’effectuer en
seulement une à deux secondes sur un réseau 4G.
Selon les enquêtes de
satisfaction dans le royaume, c’est toujours Proximus qui mène la danse. Mais
les autres opérateurs ne sont pas en reste et rattrapent progressivement le
leader. Mobistar a augmenté le nombre d’antennes émettrices d’un tiers alors
que Base est carrément en hausse de 50 % !
Globalement, la
couverture 4G n’est pas encore au rendez-vous, se limitant bien souvent aux
centres des villes et disparaît rapidement dès que l’on s’éloigne de plus d’un
kilomètre du centre. C’est Mobistar qui sort vainqueur de ce test-là avec une
disponibilité de 53 % du territoire visité par les testeurs contre 37 % pour
Proximus et 41 % pour Base.
Proximus est donc
étonnamment dernier sur ce seul critère.
Là où le bât blesse en Belgique, c’est que Mobistar
est encore victime de nombreuses coupures de connexion : deux connexions sur
trois seulement n’ont pas connu de coupures contre 84 % pour Proximus et 81 %
pour Base.
De toute façon, les opérateurs sont soumis peu ou prou
aux mêmes réglementations qu’en France et la présence à la fois d’Orange et de
nombreuses connexions vers ce pays ou d’autres fait qu’une partie des fichiers
téléchargés sans distinction par la CISA provient de Belgique.
A priori peu exploitables par la
base de données du fichier de l’état-civil français, mais le trafic des
messageries et appels cryptés semble être le fait des administrations sis sur
place, en isolant assez facilement les administrations européennes (trafic
Bruxelles/Strasbourg ou d’autres capitales européennes) et états-uniennes
depuis le siège de l’Otan et jusqu’à Washington où les autorités avérées des
pays membres.
Or, depuis les attentats de novembre 2015, la
coopération anti-terroriste avec la Belgique s’est amplifiée : tout le
monde sait les connexions entre les terroristes et leur base arrière en
banlieue de Bruxelles et « la machine » surveille indistinctement
tout ce qu’elle télécharge.
Et Nathalie voit passer les flux quasiment en direct…
La traque anti-terroriste se prolonge donc jusqu’aux
abords de la capitale du plat-pays, ce qui la met en éveil.
Le 15 mars 2016, une opération policière à Forest, situé
dans la région de Bruxelles-Capitale en Belgique, a lieu à la suite des
attentats islamistes qui sont survenus quatre mois plus tôt à Paris dans les 10ème
et 11ème arrondissements, ainsi qu'à Saint-Denis aux abords du Stade
de France, et qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés.
L’opération, menée par les services de police belge,
appuyés par des membres des forces de l’ordre françaises, a tout d’abord pour
but de mener une perquisition dans le cadre de l’enquête sur ces attentats.
Elle se déroule dans un immeuble à appartements situé
à la rue du Dries n° 60, sur la commune de Forest où, à 14 h 15, les six
enquêteurs se rendent sur place, en vue d’y mener leur perquisition. Dès
l'ouverture de la porte, ils font face à un tir nourri d’armes à feu de type
kalachnikov et riot-gun. Trois des six intervenants, dont une policière
française, sont légèrement blessés par l’attaque à laquelle ils font face. Un
quatrième policier situé à l'extérieur est également blessé.
Mohammed Belkaid, qui a joué un rôle notable de
coordinateur à distance dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris sous le
faux nom de Samir Bouzid, est tué en protégeant la fuite de Salah Abdeslam et
d’un complice, qui seront retrouvés et arrêtés trois jours plus tard à
Molenbeek.
Là, les compteurs de Nathalie ne tardent pas à
s’affoler.
Un périmètre de sécurité est directement établi et la
rue du Dries est fermée à la circulation. Les enfants présents dans les crèches
et écoles situées à proximité, sont confinés dans les bâtiments.
Ce n’est qu’ensuite qu’interviennent les membres des
unités spéciales belges, lesquels lancent l’assaut contre l’appartement
concerné. Deux auteurs prennent la fuite par des toits situés à l’arrière de l’immeuble
à ce moment-là. Ils ne sont pas interceptés.
À 18 h 15, un tireur d’élite de la police fédérale tue
un suspect présent dans l’appartement, lequel s’apprêtait à faire feu de
manière imminente sur des policiers présents dans la rue.
L’assaut prend fin à 18 h 50 et les médias mondiaux se
seront précipités.
Gustave demande à sa fille comment on peut prévenir
une récidive : instinctivement, il comprend que s’il y a des fuyards, ce
n’est que le début des opérations…
Huyck Maartje est mobilisé par Paul : peut-il ou
non déployer un dispositif de filature télécom en Belgique, sachant qu’on a les
fichiers d’un des trois opérateurs de relais.
« Là comme
ça, au pied levé, juste après la sieste ? »
Sieste pour le moins tardive, mais comme dit l’autre,
s’il ne la fait pas avant d’aller se coucher, il va être « fatigué »
le lendemain.
Oui, rapidement et sans autorisation…
« Ah, bé alors,
si c’est sans autorisation, il fallait le dire tout de suite. Je te rappelle ce
soir après avoir hacké leurs serveurs ! »
Le soir était définitivement installé depuis un moment
et jusqu’à l’aube suivante : pas décalé pour un sou, le jeune-homme…
Il rappellera le lendemain soir, après avoir décuité…
Sur place, une fouille des lieux s’en suit, un drapeau
de l’État islamique, une kalachnikov, onze chargeurs, de nombreuses munitions
et un livre sur le salafisme sont découverts à proximité de la dépouille. Le
corps est formellement identifié comme étant celui de Mohamed Belkaid. Il s’agit
d’un individu de nationalité algérienne, âgé de 35 ans, en séjour illégal sur
le territoire belge, qui aurait reçu en 2014 un ordre de quitter le territoire,
non-exécuté. Il est uniquement connu de la justice pour un fait de vol simple.
Son nom figurerait pourtant sur une liste de 22.000 combattants de l’État
islamique, obtenue par la chaîne de télévision Sky5.
Toutefois, l’enquête démontrera qu’il a joué un rôle
notable, si ce n’est important, dans les attentats du 13 novembre 2015 en
région parisienne, en utilisant la fausse identité de Samir Bouzid. Il aurait
coordonné les terroristes par téléphone depuis Bruxelles, étant notamment le
destinataire du dernier SMS envoyé par les assaillants du Bataclan.
C’est aussi « Samir Bouzid » qui a effectué un
virement de 750 euros à Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud
que ce dernier avait chargé de lui trouver une cache.
Deux autres personnes sont interpellées, elles sont rapidement
libérées par le juge d’instruction, sans être inculpées, hors du coup, pendant
que se met en place la surveillance des réseaux belges, à l’arrache.
À la suite de cette première opération, d’autres
perquisitions sont menées dans la commune de Forest, notamment à la chaussée de
Neerstalle. Mais également une vers 21 h 25 à la rue de l’eau, à la suite du
fait que des chargeurs de Kalachnikov ont été découverts à proximité.
Une arme de ce même type y est trouvée. Une trentaine
de box de garages et un hangar sont également fouillés.
Le mercredi 16 mars 2016 une perquisition est
également menée sur la commune de Sint-Pieters-Leeuw.
L’organe de coordination pour l’analyse de la menace,
maintient pourtant le niveau de menace à 3, à la suite de ces événements. Soit
que la menace est possible et vraisemblable, mais pas immédiate. Cela sera confirmé
par le premier ministre belge Charles Michel.
La découverte d’empreintes digitales et de traces ADN
de Salah Abdeslam aide à conduire à sa capture à Molenbeek-Saint-Jean, trois
jours plus tard, le 18 mars 2016, alors que l’opération initiale ne le visait
pas.
Cette opération policière s’est déroulée dans l’après-midi.
Y sont interpelées cinq personnes, dont Amine Choukri et Salah Abdeslam, en
cavale depuis le 14 novembre 2015.
Salah Abdeslam est suspecté alors d’avoir conduit
trois des dix terroristes au Stade de France, qui s’y sont fait exploser, à
bord d’une Renault Clio noire. L’automobile en question est plus tard retrouvée
place Albert-Kahn. Il prend ensuite la direction de Montrouge (Hauts-de-Seine),
via le métro parisien. Puis, une ceinture d'explosifs lui appartenant est
retrouvée non loin de Montrouge, rue Chopin à Châtillon.
L’organisation État islamique aura revendiqué ces
attentats, mais également une attaque dans le 18ème arrondissement,
qui ne s’est pas produite. Salah Abdeslam est soupçonné d’avoir renoncé à
commettre cette attaque.
S’ensuivra une cavale de 126 jours, au cours de
laquelle Salah Abdeslam passe à travers plusieurs contrôles et reste introuvable.
Le 15 mars 2016, lors de cette perquisition à Forest, on retrouve ses
empreintes digitales sur un verre dans l’appartement perquisitionné.
Plusieurs appartements de Molenbeek-Saint-Jean sont
mis sous surveillance dès le mardi, après un témoignage reçu qui apprend à la
police que Salah Abdeslam est en mauvaise posture et qu’il cherchae activement
un refuge. L’opération a été avancée, car les découvertes récentes de l’enquête
avaient fuité dans les médias.
Les forces de l’ordre belge évacuent d’abord les
riverains, avant d’ouvrir le feu à 16 h 47 précises sur une maison de deux
étages, au 79 de la rue des Quatre Vents.
À 18 h 15, Salah Abdeslam est appréhendé. Il est
blessé au genou et transporté à l'hôpital Saint-Pierre pour y être soigné.
Des déflagrations ont par la suite été entendues vers
18 h 40 et 19 h 10.
L’opération s'achève à 20 h 30 et le plan d'urgence
est levé à 22 h 04.
L’opération policière donne lieu à l’interpellation de
trois personnes, dont Salah Abdeslam, une femme et Amine Choukri, qui
accompagnait Abdeslam à Ulm en octobre 2015.
Ceci dit, les logiciels Huyck Maartje et ses bases de
données constituées et ingurgitées à la hâte des historiques belges auront détecté entre-temps
plusieurs « groupes » suspects (cryptés et à connexions vers des
sites réputés djihadistes) qui redeviennent inactifs, conformément aux schémas
présumés annonçant une série d’attentats, comme l’avait indiqué Sir Oliver John,
le sous-directeur du MI5 rencontré par Paul lors de son passage à Londres, de
retour des Antilles-néerlandaises après les fêtes de fin d’année.
Alors que tout le monde pense que cette fois-ci, c’est
bien terminé pour cet épisode-là.
Même Morthe-de-l’Argentière qui rentre, déçu d’avoir
mis en transe tout le monde, sans résultat probant.
Car après la série d’arrestations des derniers jours,
c’est logique.
Sauf que, Nathalie note des communications courtes et
des SMS de 5 participants à ces forums fermés qui redeviennent actifs, contre
toute logique : soit il s’agit de quidams qui n’ont rien à voir avec les
personnes interpelées et reforment un groupe « d’idiots-de-Lénine »,
qui ne fait que passer pour prendre des nouvelles, soit c’est déjà plus grave.
Gustave, immédiatement alerté prend alors sur lui de lancer
une alerte rouge sur Bruxelles, aussitôt transmise aux autorités locales par
son correspondant au ministère de l’intérieur.
Il en dira plus tard qu’il n’avait rien à perdre et
tout à gagner…
La nouvelle parvient au soir à Bruxelles et n’est
exploitée qu’au lendemain matin : le pays est déjà en alerte niveau 3, pas
la peine d’affoler les populations.
Ce jour-là, le 22 mars 2016, à 7 h 58, deux explosions
se produisent dans le hall des départs de l’aéroport international de Bruxelles
situé à Zaventem dans le Brabant flamand, l’une près de l'accueil de Brussels
Airlines et l’autre près de celui d’American Airlines, où de nombreux passagers
enregistraient leurs bagages pour un vol à destination de New York.
Une autre explosion se produit à 9 h 11 dans le métro
bruxellois sur la rame qui quittait la station Maelbeek, rue de la Loi, dans le
quartier européen, vers le centre-ville.
Le bilan provisoire fait état de quinze morts et
cinquante-cinq blessés pour cette troisième attaque.
Les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, originaires
de la commune de Schaerbeek, proches de Salah Abdeslam, viennent de se faire
exploser, le premier à l'aéroport de Bruxelles et le second dans la station de
métro de Maelbeek.
Najim Laachraoui, également de Schaerbeek qui apparaît
avoir tenu un rôle notable dans l’organisation des attentats de Paris le 13
novembre 2015 sous le faux nom de Soufiane Kayal, est identifié comme l’autre
terroriste kamikaze qui s’est fait exploser dans le hall d’enregistrement de l’aéroport
bruxellois.
Mohamed Abrini, lui aussi impliqué dans les attentats de
Paris, est identifié comme l’« homme au chapeau », le troisième terroriste de
l’aéroport de Zaventem qui s’est enfui et qui a finalement été arrêté le 8
avril à Anderlecht.
Le « plan catastrophe » est enfin déclenché
à la suite de cette double explosion.
L’ensemble du trafic aérien de l’aéroport est alors
suspendu et le niveau d’alerte est remonté au niveau 4 pour toute la Belgique,
cette décision ayant été prise par l’organe de coordination pour l’analyse de
la menace.
Via l’agence Amaq, l’organisation terroriste État
islamique revendique, dans l’après-midi du 22 mars 2016, la responsabilité de
ces attentats.
L’enquête démontrera plus tard que c’est la même
cellule terroriste islamiste franco-belge, constituée au départ autour d’Abdelhamid
Abaaoud, qui a préparé, coordonné et commis les attentats de Paris le 13
novembre 2015 et ceux de Bruxelles le 22 mars 2016.
Il semble que les auteurs prévoyaient initialement de seulement
frapper le quartier de La Défense et l’institut catholique Civitas en France et
pas du tout la Belgique, leur base de repli.
Ils auraient changé de cible en raison de la pression
policière et de l’arrestation d’Abdeslam.
Un conducteur de taxi reconnaît les trois suspects et
indique qu’il les a pris en charge en bas d’un immeuble à Schaerbeek. La police
perquisitionne un appartement et découvrent un engin explosif contenant des
clous, ainsi que des produits chimiques et un drapeau de l’État islamique.
Le responsable de la lutte antiterroriste de la police
de New York, John Miller, annonce lors d’une conférence de presse que des
enquêteurs américains du FBI, accompagnés de membres de la police new-yorkaise,
allaient se joindre à l’enquête en cours, menée par la Belgique, du fait que
parmi les victimes des attentats on dénombre aussi des Américains.
L’heure de gloire approche pour l’amiral : ils
passeront aussi tous en délégations serrées au Kremlin-Bicêtre !
On confirmera par la suite que les frères Ibrahim et
Khalid El Bakraoui, des proches de Salah Abdeslam avait été précédemment
condamnés par la justice pour grand banditisme, étaient liés aux attentats de
Paris du 13 novembre 2015 dans la mesure où Khalid El Bakraoui serait l’homme
qui aurait loué la « planque » de Charleroi d’où était parti un des commandos
des attaques de Paris, et également l’appartement à Forest où se trouvaient d’autres
terroristes dont Salah Abdeslam qui avaient échangé des coups de feu avec la
police venue le perquisitionner ce qui avait entraîné la mort de Mohamed
Belkaid alias Samir Bouzid, et la fuite d’Abdeslam interpellé trois jours plus
tard à Molenbeek.
Le jeudi 24 mars 2016 en début de soirée, trois
personnes sont arrêtées à bord de leur véhicule face au bâtiment du parquet
fédéral à Bruxelles.
On apprend le 26 mars 2016 qu’une des personnes
arrêtées est le nommé Fayçal Cheffou. Ce dernier est présenté devant le juge d’instruction
le vendredi 25 mars 2016, lequel l’inculpe et le place sous mandat d’arrêt du
chef de participation aux activités d’un groupe terroriste, assassinats
terroristes et tentative d’assassinats terroristes.
Son domicile est également perquisitionné, sans qu’aucune
arme ou explosif ne soit retrouvé. Le chauffeur de taxi qui avait convoyé les
trois terroristes de leur planque de Schaerbeek à l’aéroport, et qui avait par la
suite mené les enquêteurs vers cet appartement conspiratif rempli d’armes
lourdes et de matériel explosif, reconnaît le troisième terroriste, surnommé
par la presse « l’homme au chapeau », comme étant Fayçal Cheffou.
Fayçal Cheffou connu des autorités judiciaires, aurait
notamment été arrêté administrativement à plusieurs reprises pour avoir tenté
de recruter des personnes en séjour illégal dans le parc Maximilien à
Bruxelles, lors de la crise migratoire en Europe.
Par le passé, il se présentait également comme étant un
« journaliste indépendant ».
Il est libéré le 28 mars, sans être poursuivi par la
justice. Il est cependant interpellé de nouveau le lendemain à Merchtem par la
police pour soupçon d’intrusion dans une habitation privée, qui avait par ailleurs
fait l’objet d'une perquisition plus tôt dans la journée dans le cadre d’un
autre dossier d'enquête pour terrorisme.
« L’homme au chapeau » est finalement identifié comme
étant Mohamed Abrini, interpellé le 8 avril à Anderlecht. Le même jour, les autorités
belges arrêtent Osama Krayem, un jeune Suédois qui aurait assisté les kamikazes
en achetant les sacs utilisés lors des attentats de l’aéroport et du métro.
Ses traces ADN sont retrouvées dans la planque de rue
Henri-Bergé, à Schaerbeek, utilisée par Salah Abdeslam au début de sa cavale en
novembre 2015. Krayem se serait enregistré sous une fausse identité, le 20
septembre, sur l’île grecque de Leros tout comme un de ses complices Sofiane
Ayari arrêté en compagnie de Salah Abdeslam le 18 mars.
L’ensemble des transports en commun de Bruxelles seront
mis à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre. Le 23 mars, la STIB met en place un système
de réseau ultra-sécurisé avec l’aide de militaires qui inspectent chaque
voyageur, les lignes de métro 2 et 6 ainsi que le tram 81 restent à l’arrêt
alors que le reste des infrastructures fonctionnent de manière limitées. La
ligne de métro reliant les stations Herrmann-Debroux et Stockel à Érasme ne s’arrête
que sur les principales stations.
Les gares ferroviaires de Bruxelles-Midi,
Bruxelles-Nord, Bruxelles-Central, Bruxelles-Schuman, Bruxelles-Luxembourg,
Delta, et Schaerbeek sont évacuées et fermées jusqu’à nouvel ordre, de même
pour les tunnels routiers, eux aussi provisoirement bloqués.
Le 22 mars, vers 17 h, les gares de Bruxelles-Midi,
Bruxelles-Nord, Bruxelles-Central, Bruxelles-Luxembourg rouvraient leurs portes
avec un contrôle systématique de tous les voyageurs, mené par les militaires
déployés depuis 14 h dans le centre-ville. Les gares de
Bruxelles-National-Aéroport, Bruxelles-Congrès, Bruxelles-Chapelle, Mérode,
Simonis, Delta et Bruxelles-Schuman restent inaccessibles aux voyageurs.
Un grand traumatisme pour les belges et les bruxellois,
qui aura reçu un immense écho à travers le monde et trois jours de deuil
national au royaume.
Par la suite, des réunions de crise à Paris, à Londres,
et même à Amsterdam alors que les sièges des ministères concernés se trouvent à
La Haye, auront eu lieu à la suite de ces attentats.
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