Et comme annoncé,
Je ne cause pas encore du scrutin d’hier…
Eh, dites donc, 2.700 km pour 28 heures au volant sous
la pluie, la neige, juste pour payer 2 euros et avoir le droit de voter pour
« Juppette », le tout entre jeudi après-midi et hier soir, faut le
faire, hein !
Et je remets ça la semaine prochaine…
Je sens que la « grosse-fatigue » me guette
– je n’ai plus 20 ans non plus, le temps où j’allai casser le mur de Berlin
avec mon petit-marteau et mon burin et retour le lendemain – d’autant que j’ai
un déplacement prévu en Hongrie dans la semaine qui suit !
1.400 km à se coltiner aller-retour…
Mais là, c’est pour m’en mettre plein la vue à travers
la Slovénie, faire des repérages pour le prochain « roman d’été » et
« activer » quelques correspondants de « mon boss-à-moi »
sis sur place.
En attendant, je suis reparti moins kon du Rocher des
Grimaldi que je ne suis arrivé.
Bé oui, « mon Boss-à-moi », il tenté de m’expliquer
deux ou trois choses qui me dépassaient jusque-là. Tout le monde se posait la
question de savoir pour quelle raison les bourses américaines enflaient, le
dollar pérorait, l’or baissait, les taux d’intérêt explosaient et quelques autres
billevesées du même bois.
Et il peut en effet sembler paradoxal que celui qui
avait fustigé durant la campagne les liens entre « Pine-tonne » et
Wall-Street devienne, à peine élu, le champion de la finance.
C’est que dans les couloirs, les avis divergeaient,
entre les étages également, dans les rues aussi et je ne vous cause même
pas du bistroquet du coin !
Les mieux informés remarquaient que les femmes
doivent finalement retourner derrière leurs fourneaux, raison pour laquelle elles
ont voté pour lui à 48 %…
Non mais ne rigolez pas, je l’ai entendu !
Ils en disent que tous les Mexicains vont être virés,
raison pour laquelle ils ont voté pour lui à 38 %…
Que finalement, c’est normal, « les Américains sont tous des bourrins trop
bêtes, au QI d’un pétoncle. »
« Trompe » est un monstre, c’est entendu. Il
est un raciste, fasciste, xénophobe, sexiste, grossier et gouailleur. Mal
éduqué, plouc comme tous les américains qui n’apprécient pas un bon camembert,
bien affiné, arrosé d’un verre de vin-fin.
« Qui se
ressemble s’assemble ! »
Ce qu’il dit pourtant c’est qu’il faut en finir avec
la mondialisation qui appauvrit et qui n’enrichit plus personne.
Qu’il faut en finir avec l’immigration y compris
syrienne mais que l’on est généreux et humain et qu’on ne va pas laisser mourir
les gens, mais qu’on les protégera chez eux !
Pas aux USA !
Pas aux USA !
Qu’il faut en finir avec la corruption massive…
Qu’il faut en finir avec la trahison d’une caste
corrompue qui a oublié de servir le peuple pour se servir d’abord elle-même.
Qu’il faut faire revenir les usines aux États-Unis.
Qu’il faut évidemment refuser les traités de
libre-échange !
Bref, il est « antisystème ».
Il dénonce le système, qui a soumis les démocraties,
dompté les peuples, corrompu les élites. Un totalitarisme-mafieux qui ne
connaît ni couleur, ni religion, ni nationalité.
Qui est la conjonction d’intérêts privés financiers et
monumentaux incarnés à travers les grandes multinationales dont le seul objet
est le profit maximum même au détriment de l’intérêt général quitte à corrompre
tout le monde avec les marges ainsi dégagées.
Et de noter que finalement, les peuples de la planète
n’ont jamais été aussi peu ennemis les uns des autres depuis la
« globalisation ». Simplement, ils se sont laissé confisquer leur
souveraineté. Leur droit de décider de leur avenir, de leur économie, de leurs
modèles nationaux et aussi de la paix ou de la guerre.
Comme les anglais avec leur « Brexit ».
Pas comme les grecs ou les chypriotes et leur soumission totale aux
diktats financiers européens et supranationaux !
Ça, c’était pour les plus avertis et les plus rapides
à retourner leur veste prestement.
Mais il y a un autre niveau de compréhension de
la situation : Pour mon « Boss-à-moi », les Américains ne sont finalement
pas aussi stupides qu’on veut bien nous le dire. Ils ont bien vu le chômage
monter, la paupérisation se répandre, la disparition de leurs usines comme de
leurs classes moyennes, le nivellement par le bas, l’invasion migratoire qui,
sous des atours de générosité, ne sert en réalité que le système en exerçant
une pression terrible à la baisse des salaires. Ils ont vu tout cela. Et ils ont voté « Trompe »
car le système, dans sa totalité, protégeait « Pine-tonne » qui
protégeait le système.
Mais bon, c’est son ressenti personnel, une opinion
comme une autre et tout ceci n’explique pas pour quelle raison les financiers
lui tressent des lauriers.
Alors, il « dépasse ».
Une économie moins mondialisée, c’est nettement moins
de profits, de ce que je lui en dis !
Nettement moins de profits pour les grandes
multinationales, celles qui produisent là-bas à pas cher en nous revendant très
cher ici.
« C’est plus
de bénéfices pour d’autres » me répond-il.
Et c’est ça que la Bourse, qui est sans idéologie, a
très bien compris en allant de records en records depuis l’élection du 8, alors
que l’on nous avait prédit le chaos.
Eh oui, « Trompe » n’est pas un communiste,
c’est même un milliardaire !
Un pragmatique : Il vient même de refuser son
salaire de président US parce qu’il est suffisamment riche et que c’est un
salop de milliardaire qui ne veut pas de l’aumône publique, alors que « Tagada-à-la-fraise-des-bois »,
le bon « soce » propre sur lui mais qui n’aime pas les « sans-dents »,
bloque les augmentations des minimas-sociaux, se gave de sa solde
présidentielle et de son coiffeur après avoir critiqué « Bling-bling »
qui s’était augmenté, en nous expliquant qu’il ne pouvait pas juridiquement se
« diminuer ».
Du coup, l’autre aura été élu président des États-Unis
d’Amérique…
Vous commencez à saisir la nuance ?
Ce n’est pas un idéologue dogmatique, « autiste
et trisomique », il n’est ni contre la richesse, ni contre le business.
Bien au contraire.
En revanche, il est contre la corruption et le
totalitarisme financier et mafieux.
Pire même, il va « dérégulariser » les
marchés : Il n’y aura plus de passe-droit, de racket à l’entrée, que des
risques à prendre en toute intelligence et les bulles financières vont pouvoir
prospérer comme avant 2008…
Le programme à venir, c’est moins de contrôle
budgétaire, plus de déficit et une relance par les « grands travaux »
d’infrastructures… donc c’est bon pour la Bourse.
Un milliardaire profondément pro-business à la
Maison-Blanche, c’est bon pour la Bourse, m’explique mon
« Boss-à-moi ».
Le programme de « Trompe » est
inflationniste, d’où la montée des taux par anticipation. Du coup, les valeurs faiblement
endettées augmentent. C’est bon pour la Bourse.
Après, si les taux montent trop vite et trop fort, ce
sera mauvais pour la Bourse mais pour le moment, cela permet aux banques de
regonfler leurs marges donc c’est bon pour l’ensemble des valeurs financières
qui tirent les marchés vers le haut… C’est donc bon pour les Bourses !
Il me dit que le pari des marchés financiers est le
suivant : Il va relancer l’économie US sans casser pour autant toute la
mondialisation… Il va dépenser plus, creuser le déficit public, et ça, c’est bon pour
la Bourse. Doublement bon même !
La démondialisation sera très « soft » et les marchés
vont gagner de tous les côtés.
Mais attention au krach, là vers la fin de l’année si
ce mouvement de hausse se poursuit sans correction, ou le début de l’année
prochaine plus précisément.
Parce que traditionnellement, les marchés aiment bien les «
rallyes » de fin d’année qui permettent d’avoir de beaux bilans, d’afficher de
superbes performances et accessoirement de se gaver de beaux-gros bonus.
Cette année, le rallye risque d’être d’anthologie !
Le krach qui le suivra aussi.
Pourquoi est-il inflationniste ? Moins d’usines en
Chine et au Mexique et plus aux USA, c’est plus d’emplois aux États-Unis, moins
de chômage et des salaires qui finissent par augmenter.
En clair, moins d’immigrés c’est également moins de
main-d’œuvre à occuper, plus de chômeurs qui retrouvent du travail et….
évidemment des salaires qui, là encore, vont augmenter.
Enfin, plus de dépenses publiques et des grands
travaux, c’est plus d’ouvriers sur les routes à travailler, moins de chômeurs
et au bout du compte, encore une fois, des salaires qui montent.
Des salaires qui montent, cela donne de l’inflation.
Or, de quoi se meurent nos économies occidentales ?
Justement de la déflation !
D’où l’euphorie des marchés…
Jusque-là, j’ai pigé d’un trait.
D’ailleurs, officiellement toutes les autorités
monétaires, comme la FED, luttent contre… la déflation et cherchent à relancer…
l’inflation contre laquelle elles voudront lutter après en montant les taux !
Les marchés anticipent donc une inflation et qui dit
inflation dit relèvement des taux… donc les taux montent et se tendent.
Le risque, ici, c’est évidemment le krach obligataire
qui serait absolument désastreux pour l’ensemble des épargnants qui
termineraient ruinés.
Mais pour le moment, ils restent encore historiquement
bas et il sera toujours temps de lancer un énième QE.
Pourquoi l’or baisse ? Parce que les taux montent et
les Bourses aussi ! Pourquoi se faire suer à stocker de l’or physique qui ne
rapporte rien quand on peut gagner 15 % en Bourse en 2 semaines, ou avoir des
taux dits « sans risque » qui sont à la hausse ?
Donc logiquement, l’or baisse parce qu’il est moins
attractif sur le très court terme.
Et puis, soit en janvier il commence à appliquer son
programme réellement et alors les taux monteront, la mondialisation régressera et
il y a aura de très gros problèmes puisque pour des pays endettés à plus de 100
% du PIB, 1 % de taux c’est plus de 1 % de PIB en plus à trouver pour financer
les intérêts de la dette et c’est la faillite au bout du chemin qui tuera la
croissance.
Si les taux ne montent pas par décision «
gouvernementale » avec l’appui de la FED qui injectera les liquidités
nécessaires, alors… ce sera l’inflation et même le retour de l’hyperinflation.
Si de surcroît le système, ou « l’establishment » veut
jouer contre lui, alors le marché va jouer justement le krach obligataire,
faire monter les taux de marché jusqu’à l’explosion de la plus grosse bulle
obligataire qui, de toute façon aurait explosé à la moindre remontée de taux,
et accuser la politique catastrophique de « Trompe » qui ruinera tous
les épargnants de la planète.
Les marchés ? Gagnants à tous les coups…
Donc l’or baisse parce que le marché joue le court
terme et les réactions « prévisibles
» ainsi que « logiques ».
En résumé, l’or baisse parce que les taux montent mais
si les taux montent trop, ce sera la ruine généralisée et il ne restera plus que
l’or.
Si les taux ne montent pas assez, il y aura de
l’inflation et ce sera également bon pour l’or.
Ces anticipations des marchés, c’est que le programme
inflationniste de « Trompe » devrait pousser la FED à relever les
taux alors qu’avant l'élection on disait que ce serait l’inverse, ce qui les pousse les « grosses-mains » et les autres par suivisme, à se défaire de leur portefeuille obligataire, qu’elles vendent au rabais, ce qui fait mécaniquement monter les taux puisque la rémunération promise est fixe et contractuelle, ce qui
favorise dès maintenant la hausse du dollar et poussera la FED à faire monter celles de ses émissions.
Les promesses d’une déréglementation du secteur
bancaire, une mesure confirmée par son équipe de transition, profitent également
aux valeurs financières.
Donc les inquiétudes laissent place à l’euphorie sur
les marchés sur ces anticipations d’inflation, laquelle sera alimentée par le
programme de relance prévu et annoncé.
Du coup « mon Boss-à-moi » passe son temps à
spéculer à terme et à se couvrir au comptant : Un sacré sport.
« Oui mais
attendez, Boss, vous savez bien que ça ne va durer éternellement comme ça »,
objecte-je. « Il va se planter et
avec lui, tout le monde… »
Probablement, mais d’ici la fin de l’année, il s’agit
de gonfler les résultats de la boutique.
Le court-termisme…
D’après lui, il y aura une seconde phase de correction,
plus ou moins brutale, selon la façon dont la FED pilote la remontée des taux
(désormais acquise dans son esprit, alors que j’étais le seul à l’anticiper
encore en début de mois annonçant depuis le mois de juin dernier l’échéance de
décembre…).
Et je le contrarie, comme souvent (à croire que je
suis payé rien que pour ça) et développe : Pour moi, il aura du mal à financer
par les déficits ses projets de relance. Le Congrès n’acceptera de nouveaux
déficits que s’ils financent une baisse des impôts, et encore…
On rappelle à l’occasion qu’il a été élu contre son propre
parti.
Réplique : Vendredi 11 novembre dans un entretien
au Wall Street Journal il a effectivement évoqué des modifications
substantielles à la loi Dodd-Frank, cette loi qui a établi des régulations en
2010 au secteur financier pour tirer les leçons de la crise de 2007-2008.
En revanche, le plan de relance des infrastructures de
1.000 milliards de dollars devra effectivement et probablement attendre un peu. Il ne s’en est
d’ailleurs pas caché : Ce programme doit être financé par les recettes supplémentaires
récoltées par l’accélération des forages pétroliers et par la réduction fiscale
accordée aux entreprises qui rapatrient leurs bénéfices aux États-Unis (là, je
demande à voir…).
Répartie de ma part : « Tout ceci promet donc d’être encore plus lent et pas forcément utile ».
Et puis, dans ce type de plan, les investissements se
concentrent sur les projets les plus rentables qui auraient pu être financés
par l’argent privé.
L’impact sur la croissance de ce plan s’annonce donc
faible, du moins en début de mandat.
Or, il aura besoin de croissance pour remplir les
caisses de l’État et asseoir son pouvoir sur le Congrès et dans l’opinion. Son
modèle, de ce point de vue, pour créer rapidement de la croissance, c’est une
formule utilisée par « Bou-bouche », la même que dans les années 2000
: Déréguler la finance, favoriser le crédit, notamment envers les plus
fragiles.
Et c’est exactement la logique qui a conduit à la
crise des subprimes. Le crédit a été utilisé comme levier de croissance de
substitution au creusement des inégalités.
La logique est belle sur le papier et on comprend l’engouement
des opérateurs boursiers qui rêvent tous d’un retour au printemps 2007, lorsque
la bulle financière était à son apogée et qui correspond à leur âge d'or.
Mais est-elle réaliste ? Rien n'est moins sûr.
L’Histoire montre que le développement tiré par le
secteur financier ne réduit guère les inégalités, tant sociales que
géographiques. Surtout, elle ne conduit guère à des investissements raisonnés,
mais souvent au contraire à un sous-investissement dans le domaine productif à long-terme.
Et puis l’essor de la dérégulation financière dans les
pays développés s’est accompagné d’un ralentissement de l’investissement et de
la productivité, fais-je remarquer.
Je résume : Lorsque la finance est le moteur de
la croissance, on évite effectivement tout ce qui peut la freiner, mais par voie de conséquence, tout ce qui pourrait
favoriser l’investissement dans l’économie réelle, l’objectif initial.
Car les rendements financiers détournent
l’épargne de l’investissement, comme avant 2007.
Or, pendant sa campagne, « MacDonald-Trompe »
avait évoqué le retour du Glas-Steagall Act, cette loi, supprimée par Bill
Clinton en 1999, qui interdisait la fusion des activités de banque d’investissement
et de banque de détail.
La logique était alors précisément de pouvoir diriger
l’épargne vers l’économie réelle et non vers les produits spéculatifs.
Ce projet semble devoir être enterré : On ne fait
pas entrer dans son équipe la fine fleur de la banque d’investissement et on ne
se donne pas comme priorité la dérégulation financière pour revenir au
Glas-Steagall Act…
C’est contradictoire.
Donc il choisira forcément la facilité : Doper la
croissance par la finance dérégulée plutôt que de construire une vraie
politique industrielle, sociale et territoriale.
D’ailleurs, dans cette politique économique, la
question du protectionnisme se pose immédiatement. La force de la finance
étasunienne repose avant tout sur le « recyclage » des excédents des pays
gagnants de la mondialisation des échanges.
Pour prospérer, Wall Street, comme la City
londonienne, a besoin d’une certaine liberté de circulation des capitaux. Or,
cette liberté est le miroir de la liberté de circulation des biens.
Du coup, en misant sur la finance, il ne pourra se
permettre de vrai retour au protectionnisme…
Établir des droits de douane prohibitifs sur les
produits chinois pourrait conduire à des représailles sur les investissements
financiers chinois. Il devrait donc se contenter de mesures symboliques sur
quelques produits trop ouvertement subventionnés par Pékin et, peut-être, sur
le gel des projets de traités de libre-échange.
Mais tout retour en arrière semble impossible.
Et les premiers choix du futur président sont très
significatifs, y compris pour les Européens. Le mouvement anti-mondialisation
mené par un courant xénophobe conservateur est souvent incapable de sortir d’une
logique de dérégulation et de libéralisation qui, in fine, l’empêche de traiter les inégalités et de mettre en place
une véritable stratégie d’investissement public. Autrement dit de mener
réellement le changement promis.
Il ne leur reste alors plus pour « tenir leurs
engagements » que l’action autoritaire et répressive, notamment sur les
populations étrangères.
Des actions qui, évidemment, ne règlent aucun problème
économique.
Autrement dit, sur ce coup-là, je reste un pessimiste
raisonnable : Il ne peut pas réussir. En revanche, s’il chute, il va
entraîner beaucoup de monde avec lui.
Alors oui, une nouvelle ère s’ouvre, certainement, contre la
corruption espère-je, les totalitarismes mafieux qui prospèrent tout autour de
la planète, mais à quel prix ?
Si ça ruine le plus grand nombre, les gens auront de
nouveau le goût d’être des soumis et regretteront « l’avant-Trompe ».
Ce n’est évidemment pas l’objectif recherché.
En revanche, ça arrangera bien celui des « maîtres du
monde » : C’est sans doute la raison qui les a poussés à laisser
faire, voire encourager cette élection-là.
C’est la raison pour laquelle je me suis senti
« moins kon » en repartant aux aurores samedi matin…
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