Deuxième
chapitre : Les « petits flacons »
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Jeudi matin, Paul est au Kremlin-Bicêtre, à faire sa
réunion de rentrée avec ses équipes sur place après que chacun ait pu échanger
sur ses vacances : Barbara, sa secrétaire générale qui tient le chéquier,
Jean-Charles, l’acheteur/approvisionneur qui tient aussi la comptabilité et
l’ensemble des formulaires administratifs, Loïc et son équipe étiolée.
C’est que les fêtes de fin de promos n’ont pas été une
totale réussite et qu’il s’agit de récupérer l’année avec les fêtes de fin
d’année.
On a bien une croissance à deux chiffres depuis 2012,
50 % même de 2012 à 2013, beaucoup moins en 2014, et plus du tout début 2015,
comme si on avait atteint un étiage, un plafond de verre : la faute à
quelques désorganisations et au manque de motivation des
« stagiaires » (cf. épisode « Au
nom du père », publié aux éditions I-Cube).
Jusque-là, c’est grâce à l’initiative de Loïc, le
gérant opérationnel et associé de Paul, d’aller démarcher à peu près tous les
campus d’Europe avec les cuvées impériales et royales millésimées (un mélange
de ratafia issu de mauvais vin sarde, distillé à 45 ou 65° par Jean Vecchia sur
sa chaloupe de pêcheur en méditerranée, préparé avec une pointe de sirop de
cédrat, une culture typiquement cap-corsine), d’Irlande et de Berlin jusqu’à
Varsovie et en passant par les péninsules ibérique et italienne à qui l’on
devait les croissances enregistrées.
Toutefois, la démultiplication des sites de
préparation des commandes récoltées par les stagiaires recrutés auprès des BDE
locaux a démultiplié les coûts.
Et les risques d’impayés et de retours de
marchandises : résultat, la trésorerie souffre à nouveau et les stocks
d’invendus commencent à devenir encombrants.
Si rien n’est fait, ils vont même atteindre un niveau
alarmant.
D’autant que l’élargissement de la gamme, pour des
produits sur mesure avec l’impression des étiquettes (ils ont acheté une
machine offset d’occasion à 5 bains, bleu, rouge, jaune, noir et or que sert à
l’occasion un graphiste dédié qui fabrique les typons), mais aussi les
« gadgets » monogrammés, ça tue le produit.
Les stylos, tee-shirts, médaillions, porte-clés, sacs,
pochettes gravés aux armes des écoles avec en plus le nom de la promo de chaque
école ou campus, ou sa date, imprimés ou brodés, les rendent impropres à la
revente ultérieurement, même à la casse et sauf à des soldeurs dont c’est le
métier. Bref, une perte de marge importante.
Et une étiquette, encore, ça se recouvre par une
autre, mais ça fait dégueulasse.
Résultat, si les équipes de saisonniers locaux sont à
reconstituer comme à chaque fois pour n’avoir pas à les fidéliser, l’équipe
d’origine s’est disloquée.
Il ne reste plus que Claire et Bertrand, lui le faux
portugais, le sympa, le déluré, vif mais … poilus avec sa barre bien fournie en
sourcil au-dessus des yeux, qui a épaissi avec le temps. Il a toujours la queue
de son emprunt à rembourser, mais il indique tout de suite qu’il n’est pas sûr
de faire toute la saison ni encore moins de rempiler.
Idem pour Loïc, le breton à l’humour corrosif, qui
aspire à autre chose si Paul veut bien valoriser ses parts.
Une façon comme une autre de demander une
augmentation.
Julie la petite brune toute mignonne, avec des yeux
bizarrement en amende qui lui donnait un air asiatique prononcé, alors qu’elle
ne l’est pas du tout, est partie à l’université de Vancouver.
Et n’est pas revenue cette année, sans même essaimer
sur place …
Il faut dire que les canadiens, et pire encore les
américains, c’est compliqué.
Fabienne, la belle plante issue d’Audencia à Paris 15ème,
la chevelure et les formes généreuses qu’elle sait mettre en valeur sans faire
trop pute a finalement trouvé à se marier avec un type qui travaille dans une
ONG environnementale qui lui fout une paix royale à courir le monde par monts
et par vaux, après une rencontre sur un campus lyonnais qui forme à ce genre de
délire.
Sa figure ovale avec un nez court et fin en bec de
rapace, son décolleté vertigineux qui donnait un aperçu irremplaçable sur son
110-bonnet double-D qui flottait harmonieusement sous des vêtements en
mousseline semi-transparente du meilleur effet manqueront.
Quant à Claire, la kick-boxeuse culturiste
marseillaise, elle n’a jamais repris sa formation, trop heureuse de vivre le
« grand-bonheur » avec sa colocataire parigote.
Alors, elle est encore volontaire pour rempiler.
Paul la voit bien devenir l’adjointe de Bertrand pour
recruter, animer, motiver de nouvelles équipes, ce vers quoi elle pourrait
évoluer au fil du temps.
Déjà, régler le problème de Loïc.
« Écoute,
je te remercie infiniment d’en parler ouvertement. Mais soyons sérieux. Tu as
déjà un fixe, plus une commission et en plus tu as d’éventuels dividendes à
encaisser depuis l’Irlande, quasiment en exonération d’impôt. Bon, pas cette
année si on persiste à perdre de l’argent, j’en conviens.
Alors je
comprends bien que ce boulot soit éreintant et que tu ne feras pas ça toute ta
vie. Mais franchement, tu te vois quitter ce business qui te balade à travers
toute l’Europe, avec les responsabilités que tu assumes pour devenir
fonctionnaire dans une banque où il va te pousser des racines aux pieds, ou
faire 70 heures par semaine d’audit chez un fat-four ?
Je te
pensais plus ambitieux et mieux dans tes pompes, jusque-là ! »
Ébranlé, le Loïc, parce que ce n’est pas faux…
« Bon, par
ailleurs, tes parts, si tu te casses, ça ne vaut plus rien parce que je n’ai
pas trop le choix. Ou tu t’en vas et on plante le business, tout le monde fout
le camp et c’est terminé. Ça ne vaut plus rien.
Ou Bertrand
ou Claire reprennent tes parts et tes fonctions, au prix qu’ils voudront bien te
consentir et on redémarre, mais sans toi ! »
Et l’un de se figer à l’idée de devoir « payer
pour travailler » alors que l’autre ouvre des yeux gourmands grands comme
des raquettes de tennis, à en faire palpiter ses pectoraux sous les deux petits
« machins » qui lui servent de seins.
« Si tu
veux, je lui balance une mandale et le passe par la fenêtre tout de suite,
comme ça il sera HS ! », fait-elle pour en rajouter.
Aurait-elle déjà compris où Paul veut en venir ?
« Essaye
d’être un peu diplomate avec ton patron, stp, Claire. On n’en est pas encore
là !
Je
continue : je peux aussi recruter ton remplaçant, mais ça va être court
pour la saison de fin d’année. Toutefois, en réduisant les frais fixes et en
gardant le principe du stage ouvrier recruté dans les BDE de nos futurs
clients, comme au démarrage, on peut y arriver : je ne suis pas inquiet.
Ou alors
tu restes quitte à revoir ton statut, tes modes de rémunération et tes
fonctions, là je veux bien. L’avantage, je ne te le cache pas, c’est que tu
connais sur le bout des doigts le fonctionnement de la boutique et notre façon
de faire face à la demande des clients.
C’est toi
qui vois ».
Du grand art encore une fois.
Il « ne dit pas non » à un fixe réévalué sur
13 mois plus des commissions, les congés-payés, la mutuelle et la voiture de
fonction.
« Et pas
les tickets-restaurants ? » comme d’un rappel de l’époque où
l’amiral Gustave Morthe-de-l’Argentière venait négocier l’embauche de sa fille
naturelle pour son comité « Libecciu » (cf. l’épisode « Mains
invisibles » publié aux éditions I-Cube).
Une bonne rigolade sise chez Maxim’s entre la poire et
le fromage…
« Pas de
problème : on coupe la poire en deux. Moitié fixe sur 13 mois, moitié commissionnée
à compter des chiffres de la saison, mais pas sur ton chiffre d’affaires
direct, plutôt sur la marge brute dégagée, c’est-à-dire déduction faites des
commissions de tes équipes et de leur frais de mission. Ça te va ?
Je te
préviens tout de suite que si tu dis oui, j’en fais autant pour Claire et
Bertrand avec qui tu partageras et qu’il va falloir que vous cravachiez tous les trois, parce que pour
être équitable, on va diviser l’Europe en deux en te réservant les majors pour
que tu puisses te balader partout et venir épauler les deux autres à l’occasion.
Tout ce
qui est au nord de la Seine et jusqu’en Ecosse, c’est pour Bertrand, tout ce
qui est rive gauche et jusqu’en Sicile, c’est pour elle ! »
Et pourquoi moi le sud, en demande Claire ?
« Parce que
l’idée du siège à Dublin, c’est de Loïc et qu’il est toujours le patron
exécutif de l’ensemble et que Bertrand est bilingue anglais accompli. Mais bon,
comme il va avoir du mal à être partout à la fois, faudra que tu t’organises à
partir de Marseille. Ta région, je crois ? »
« – Je peux
te donner ma réponse un peu plus tard ?
– Bien
sûr, mais ça veut dire que tu n’y crois pas, donc je sais déjà que c’est
non ! Et puis on va rentrer dans le vif du sujet, à savoir notre plan de
bataille pour sauver la saison…
– Moi, je
dis oui tout de suite », intervient Claire.
« – Toi, je
sais déjà comment tu vas faire. Appuies-toi sur Barbara pour tout ce qui est
intendance.
– Et si
je dis non, tu feras comment pour assumer l’Europe du Nord ?
– Il y a
Bertrand et je suis encore capable d’y consacrer du temps. Et puis j’ai déjà
mes contacts sur place : souviens-toi de notre première saison, celle où
tu n’étais pas. Le whisky, il n’est pas arrivé tout seul.
– Ok, et
c’est quoi ce « plan de bataille » ? »
C’est donc oui.
« Eh, moi
je veux bien me diviser, mais je ne vais pas y arriver sans une assistante, »
la ramène alors Barbara.
« Parce que
Jean-Charles ne t’aidais pas ? Ok pour une assistante, mais vois ça avec
Claire, parce qu’à elle, il lui en faudra une alors que Loïc a déjà des locaux
à Dublin. Dans l’idéal, il faudrait qu’elle soit bilingue italien/espagnol et
anglais… »
Ce n’est plus bilingue, ça, en pense tout haut
Jean-Charles.
Chacun sera reparti avec ce qu’il voulait, les
nouvelles conditions les ayant remontés à bloc : Loïc toujours gérant
opérationnel, déchargé du plus chronophage, patron des deux autres ce qu’il n’aurait
pas vraiment pu assumer sans déléguer, avec une paye assurée qui va lui
permettre de calmer sa dulcinée qui doit tenir les comptes et échéances du
ménage ; Claire devenue « autonome » sur le sud qu’elle connaît comme
sa poche et donc potentiellement augmentée ; Bertrand qui devient
responsable de toute la « zone-nord » à fort pouvoir d’achat ce qu’il
n’espérait pas vraiment pour envisager de ne pas rester ; Barbara ayant senti
le boulet du dépôt de bilan passer pas très loin qui se retrouve
« dupliquée » ; Jean-Charles qui va pouvoir continuer à se promener
aux frais de la princesse à la recherche de lots pas trop dégueulasses ;
et Paul qui reprend l’organisation de « sa » boutique, en gardant le
chéquier, déléguant tout le reste aux uns et aux autres et mettant en
compétition deux proto-équipes déjà formées…
Magnifique.
« Et ce
plan d’action, tu vois ça comment, patron ? ». Paul aime bien quand on
le désigne comme ça : ça veut dire que la piqûre est assimilée, qu’il
n’est plus contesté.
« – Écoute,
moi, les vins fins et de haut de gamme, je veux bien, mais c’est que pour
dépanner : on ne sera jamais aussi bon que les revendeurs dont c’est le
métier. Pareil, les textiles, les fanfreluches, les gadgets, je pense que ce
n’est pas non plus notre métier. D’une part ça plombe la trésorerie et vu les
stocks accumulés, c’est autant de moins dans le résultat de l’activité.
D’autre
part on accumule les emmerdements dessus. Alors qu’avec les alcools, on sait
faire.
– Oui,
mais c’était aussi pour faire une offre aux dames. Elles sont moins attirées
par les alcools forts que les gars, même si elles boivent autant, mais juste
pour boire et s’amuser, pas collectionner les étiquettes.
– Certes.
Et j’avais pensé que c’était une bonne idée quand tu nous en as parlé. Mais
regarde : on fait quoi de tout ce bordel entassé dans le hall et les
sous-sols ?
Les
dames, il faudrait que Jean-Charles aille jusqu’à l’île d’Elbe et ramasse de
l’Acqua-dell’-Elba en eau de toilette. Un truc léger, inconnu ailleurs que dans
la région et pas très cher.
On n’est
bon que sur une chose sur laquelle il faut appuyer : notre métier, c’est
de trouver des liqueurs classiques, whisky, bourbon, vodka, éventuellement
aquavit, pas trop médiocres, en surplus, déjà embouteillées et en carton,
vierge d’étiquette, en magnum, 75 cl, demi-bouteille et mignonette pour les
échantillons et « cadeaux », de coller une étiquette unique et
personnalisée dessus, d’emballer et de livrer.
Notre
valeur ajoutée, ce sont les étiquettes personnalisées : là, personne ne
peut nous suivre.
–
Oui ! Et les cuvées « impériale » et « royale » aussi…
– Absolument,
là nous sommes les seuls à savoir faire !
– On
pourrait élargir la gamme avec d’autres saveurs que celle du cédrat ?
–
Peut-être. Quoique… La cédratine, vendue en Corse, titre 18 à 24° et est très
sucrée, alors que nos liqueurs titrent 43 et 62°. C’est autre chose. Si on
remplace le cédrat par de l’orange avec ce niveau d’alcool, on aura du
triple-sec ou du Cointreau selon la dose de sucre. Si on y met de l’anis, on
aura du pastis, si on y met de la cerise, ça risque d’être infect et si on y
met des herbes genre menthe, on va se retrouver avec de la Chartreuse ou de
l’Izarra. Bref, que des breuvages qui existent déjà. Pas pour nous !
Mais on
peut essayer avec de l’amende douce, je ne sais pas, ou autre chose, style orgeat
ou melon… »
Paul continue en roue libre.
« Sur le
plan des innovations, personnellement, je préférerai envoyer Jean-Charles en
Chine, nous ramener du Maotai qui titre entre 35 et 53°. C’est un truc fort en
bouche, à base de sorgho, une céréale, et de blé, qui nécessite jusqu’à sept
fermentations et huit distillations étalées sur sept mois. C’est fort et on
pourrait le présenter en test.
J’ai
découvert ça cette année.
Mais bon,
pour l’heure, je ne désespère pas d’accrocher quelques universités du continent
nord-américain avec quelques fûts de cognac ou d’armagnac, même si c’est une
autre histoire que je vais tester dans les prochains mois, si ici ça roule
convenablement. »
Les têtes commencent à rêver en parlant d’avenir…
Mais comme ailleurs, replongent assez vite dans les
« petits-problèmes » du quotidien.
Tout d’abord, la proposition de logos, pour visualiser
la société. « Prestige spirits » est déjà un jeu de mots. « Prestige »
s’impose dans toutes les langues comme quelques choses d’élitiste et c’est très
bien pour des clients qui se croient être le « centre de l’univers ».
Et « spirit » peut se traduire par
« alcool » ou « spiritueux », ce qui convient bien, mais
aussi par « esprit ». Et des esprits d’élite, c’est justement la
cible des « flacons de liqueur » démarchés dans les grandes écoles
d’Europe.
Or, la bande voulait rajouter les « vins
fins », « fine wines in english ».
Et les « créatifs » avaient planché sur des
bouteilles de vin… Comme Paul venait de dire, que c’était une activité
accessoire et seulement pour dépanner, le tout tombe à l’eau !
« Si on doit payer des créatifs, je préférai qu'on le fasse pour se faire un site vendeur sur Internet, avec au moins une présentation de nos produits et conditions. Ce serait plus intelligent ! » en conclut Paul.
C'était déjà dans les tuyaux, mais n'avait pas avancé compte tenu du manque de perspectives du moment, d'autant que ce sera compliqué à mettre en œuvre : ça devrait changer, désormais.
« Si on doit payer des créatifs, je préférai qu'on le fasse pour se faire un site vendeur sur Internet, avec au moins une présentation de nos produits et conditions. Ce serait plus intelligent ! » en conclut Paul.
C'était déjà dans les tuyaux, mais n'avait pas avancé compte tenu du manque de perspectives du moment, d'autant que ce sera compliqué à mettre en œuvre : ça devrait changer, désormais.
Et plus sérieux : « D’accord, on pêche dans
l’intendance et les livraisons : ça ne coûtera pas plus cher de passer par
des professionnels dont c’est le métier : UPS, TNT, FedEx, DHL. Ils sont
partout autour du monde sous 48 heures ! Qu’est-ce qu’on a à se faire
chier avec nos propres véhicules ? »
Tout le monde en est bien d’accord, tellement ça reste
chronophage.
« D’autant
qu’à ce moment-là, on peut tout démarrer d’ici, ça éviterait d’avoir des locaux
à Dublin, Berlin ou ailleurs » en pense Loïc.
Il réfléchit déjà « marge-brute » et
dividende, lui.
Reste les paiements.
« Eh bien,
il s’agira d’être plus dur. Y’a la précommande qui permet à Jean-Charles de
donner une côte et de réserver les quantités.
Ensuite,
il s’agit de relancer le prospect et de lui faire passer commande, par
téléphone ou à l’occasion d’une deuxième visite sur place. Mais là, désormais,
commande = paiement. Virement, Paypal, chèque, mais plus d’achat de
marchandise, de papier, de cartonnage sans paiement préalable. »
On va perdre des clients !
« Ok, alors
la moitié à la commande, l’autre en attente de livraison en cas de difficulté,
mais comme d’une grande faveur commerciale. Si ça ne colle pas, vous laissez
votre carte et vous n’y revenez que sur appel téléphonique.
Il va
falloir arriver à ce que le client finance nos achats. S’il flambe, on n’aura
plus qu’à virer les étiquettes et on n’aura pas tout perdu.
Parce que
livrer des rigolos qui ne payent pas, là franchement, c’est des coups à tuer le
business et la boîte.
On ne
déclenche la livraison qu’une fois notre facture totalement encaissée. »
Oui mais les retours pour non-conformité ou les
livraisons refusées ?
« Pas
grave : ça se règle à l’amiable puisque de toute façon, on aura déjà le
premier acompte. On a un coût horaire direct d’étiquetage, de manutention,
d’emballage et de transport, on est capable d’imputer cette partie-là, sans
notre marge, sur les arrhes reçues en acompte.
C’est d’ailleurs à ça que ça sert juridiquement. »
Apparemment, ça devient
plus clair pour tout le monde : à croire qu’ils n’attendaient tous que ça.
Et en fait, ça ne se
passera pas tout-à-fait comme ça.
Jean-Charles ira bien en
Italie et en Chine « aux frais de la princesse » avant de parcourir
le pays à la recherche de lots.
Barbara bataillera pour
embaucher son assistante et celles de Claire, alors que Bertrand s’en débrouillera
parfaitement tout seul.
Claire ira en Espagne
puis en Italie et fera tous les campus de la France rive-droite, mais sans
l’Île-de-France, plus ou moins réservée à Loïc, la Bretagne, la Normandie et le
grand-Est repris par Bertrand, le malin.
« La ligne » de
partage sera presque repoussée à la Loire, en somme.
Tout simplement parce que
Bertrand ouvrira aussi une « antenne » à Berlin avec ses contrats à 3
euros où il va recruter des « correspondantes » qui l’aideront à
sillonner la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Serbie, la Tchéquie et
surtout l’Autriche et la Suisse.
Et depuis Londres et ses
contrats « zéro-heure », aidé de Loïc, il fera le Benelux, un peu la
Scandinavie et le nord du pays.
Compliqué, tel qu’il
faudra de nouveau subdiviser les « partenariats » locaux quand il
s’agira d’aller essaimer les pays Baltes et la Russie, l’Ukraine.
C’est que c’est vaste
l’Europe continentale, « nord de la Seine ».
Quant à Claire, elle aura
deux « comptoirs », à Madrid et Bologne, où elle ira prospecter
jusqu’en Grèce avec une réussite insolente.
Justement, avec l’appui
de Barbara et sur le modèle peaufiné par Bertrand.
Qu’il faudra d’ailleurs
remplacer à terme, tellement il aura pris la grosse-tête.
Mais c’est une autre
histoire.
En attendant, les voilà
repartis pour une nouvelle croissance à venir…
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