Elle
est autrichienne.
Raphaella est brune, la cinquantaine bien portée, telle que je
« l’utilise » sous le nom de « Birgit » dans le roman de
l’été prochain – et dont vous avez déjà eu un aperçu le 11 avril dernier – parce que je n’ai hélas aucune
imagination.
Alors, je prends ce qui existe autour de moi : Je visualise mieux et gomme
comme ça les « détails » sans importance et chronophages (pas né
Corsu pour rien…).
Et en plus, elle est francophone, a le sens de l'humour, des yeux qui brillent quand elle jette
un regard sur mon « double-quintal-double-mètre », ce qui ne gâte décidément
rien.
D’ailleurs, elle est à l’origine de mon détour à Vienne d’il y a quelques
semaines, histoire d’approfondir nos « compétences et savoir-faire réciproques ».
Elle n’avait pas tardé à se manifester à mon arrivée dans la cité des
Doges en remplacement de mon prédécesseur. C’est la directrice d’une
« agence concurrente » délocalisée elle-même à Venise, qui, cette
fois-ci (chacun son tour) invite le
directeur d’un établissement monégasque concurrent à partager un risotto au
radicchio à la couleur rosé-rouge, un tiramisù glacé, le tout arrosé d’un
chianti frais, dans un restaurant posé sur la Calle del Pestrin avant
l’inévitable expresso.
D’un côté l’exilé, de l’autre l’expatriée : Ça va jaser autour du
Grand-Canal !
Et de quoi discutent-ils en terre italienne ?
De la « tragédie » grecque !
Vive l’Europe universelle des femmes et des hommes : Tout un programme…
Je rappelle que son pays est dans la zone euro et qu’il va bientôt
« référender » sur le sujet puisqu’une pétition en ce sens, qui a recueilli
260.000 signatures d’électeur (ce qui correspond à quelques deux millions de
personnes en « Gauloisie-éclairée »), a été remise à la ministre de
l’Intérieur, Johanna Mikl-Leitner en début de ce mois.
Surprise : Vous n’en avez jamais entendu parler en
« Gauloisie-de-la-Liberté-d’expression » me semble-t-il…
L’Autriche espère surtout que le fait de quitter l’Union européenne lui
permettra d’échapper aux sinistres accords transatlantiques de libre-échange
avec les États-Unis (TTIP) et le Canada (CETA) en préparation.
Les Autrichiens estiment, preuves à l’appui, que leur appartenance à
l’Union européenne depuis vingt années ne leur a rien apporté de positif, bien
au contraire. Alors, a contrario de
la Grèce, ils espèrent en sortir volontairement et sereinement.
Car, tout comme Marino Rajoy vient d’ailleurs de le préciser pour
l’Espagne, le soutien financier de la Grèce n’est plus supportable, même pour
eux.
Les Autrichiens économiseront ainsi leurs paiements annuels aux divers
fonds de sauvetage pour l’euro. Ils supprimeront les obligations de dépôts de
quelques milliards pour le MES (Mécanisme européen de stabilité) et les énormes
garanties pour le FESF (Fonds européen de stabilité financière).
Leur adhésion à l’Union européenne leur aura fait perdre dans tous les
domaines : Chômage, surendettement, pouvoir d’achat, criminalité en
augmentation, petites exploitations agricoles qui disparaissent et politique de
paix mise en danger par les décisions prises par l’Union européenne.
Notamment la participation forcée aux sanctions économiques contre la
Russie, totalement incompatible avec leur culture de la neutralité ancrée dans
leur législation et mentalité.
Les Autrichiens veulent de nouveau vivre dans un pays libre et neutre et
n’être plus une « colonie » de Bruxelles et de Washington. Ils ne souhaitent
plus pouvoir être entraînés dans des conflits à l’étranger qui ne les
concernent en rien et représentent un réel danger pour la paix.
Bref, l’Autriche veut redevenir indépendante.
Pour en revenir à la « Tragédie Grecque » elle me signale, avec un
sourire qui en dit long, que « l'austérité » et la « mort sociale »
imposée par les eurocrates et surtout « Schlag-A-aux-bœufs » est
véritablement criminelle de son point de vue.
« Personne ne manifeste en
faveur de budgets publics stables et d'une économie saine. L'exemple le plus
curieux est celui des États-Unis : Le pays vivant depuis des années au-dessus
de ses moyens et les dépenses publiques dépassant constamment les revenus, le
déficit public a atteint 18.152 milliards (103 % du PIB) faisant de lui le pays le plus endetté
nominal du monde ».
Parallèlement, dans la zone euro, la dette publique s'élève actuellement à
près de 8.000 milliards d'euros. Ce chiffre, comparativement plus faible à bien
des égards, comprend non seulement les dettes gouvernementales mais aussi les
dettes des départements, des communes et de quelques autres organismes paraétatiques.
« Et seulement 13.114 milliards
de dollars (74 % du PIB) sont détenus
par des créanciers privés » aux USA.
« L'institut américain CBO
(Congressional Budget Office) a publié
des prévisions à long terme sur l'évolution de la dette du gouvernement. Bien
que le taux des nouveaux emprunts devrait se stabiliser à moins de 3 % dans les
prochaines années, il prévoit, à moyen terme, une augmentation significative.
Selon le CBO, le
vieillissement de la population et une plus large aide sociale auront pour
conséquence une augmentation de la dette d'environ 7.400 milliards de dollars
dans les 10 prochaines années. »
En 2040, le ratio devrait largement dépasser les 103 % du PIB pour la
seule dette fédérale, à laquelle il faudra rajouter les dettes des 51
États-fédérés déjà considérables et pour la plupart insolvables. « Les investisseurs pourraient être amenés à
émettre des doutes sur la capacité du gouvernement à s'acquitter de ses
obligations de paiement. Leur conclusion pourrait être que la ‘‘tragédie grecque’’ aura son pendant
outre-Atlantique. »
À la fin de la présidence d'Obama, on estime que la dette publique sera
proche de 22.000 milliards de dollars ; dans 10 ans 25.000 milliards et 30.000
milliards en 2030. « L'an dernier,
le gouvernement américain a payé des intérêts débiteurs à hauteur de 220
milliards de dollars et en 2023 le montant sera de 823 milliards de dollars. »
Or, en 2014, le taux d'épargne des particuliers aura été de seulement 4,9 % du
revenu disponible, près du plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale.
Alors même qu’au Japon, la dette publique, de plus de 175 % du PIB, est
détenue quasi-exclusivement par les particuliers…
Dans le cas d'une hausse des taux à 4 %, « le paiement des intérêts pourrait atteindre environ 1.000 milliards en
2025. Le déficit budgétaire en 2014 a été de 484 milliards de dollars. Un tel
niveau d'intérêts débiteurs à payer est insoutenable. »
La tragicomédie du surendettement des États-Unis deviendra de plus en plus
grotesque, battant chaque année son record d'endettement établi l'année
précédente. « Il y a longtemps que
la note de solvabilité des États-Unis aurait dû être revue à la baisse par les
agences de notation. »
« Pas d’affolement »,
lui réponds-je. « Ils ont la planche
à billets de la monnaie mondiale et finiront par rembourser avec de la monnaie
de singe rongée par l’inflation ! »
Ce n’est pas tout : L'Espagne s'en sort-elle vraiment mieux que la
Grèce ?
Mariano Rajoy n'en finit plus de se réjouir. Chiffres à l'appui, le chef
du gouvernement espagnol explique à qui veut l'entendre que la quatrième
économie de la zone euro en a fini avec la récession.
La preuve ? « Le taux de
croissance qui devrait s'élever à 3,3 % de PIB l'année prochaine. Un record,
après sept années de crise ! Pourtant, si le tableau dressé par Madrid
semble idyllique, la Commission européenne est plus prudente : Bruxelles pronostique
une croissance de 2,8 %, dopée pour l'essentiel par des facteurs extérieurs – baisse
de l'euro, baisse du prix du pétrole, baisse des taux d'emprunt pour l'État.
Alors qu’ils se paupérisent un peu plus tous, tous le jours… »
De fait, si tous les indicateurs économiques s'améliorent, la population
ne ressent aucun progrès. « Selon
l'Institut national de la statistique, 25 % des Espagnols vivent en dessous du
seuil de pauvreté. Première explication à un tel chiffre : le taux de chômage.
Si ce dernier est en baisse, il frôle tout de même les 23 %, un chiffre proche de
celui enregistré en Grèce, où le chômage très élevé touche plus d'un quart de
la population active. »
À cela s'ajoute la baisse constante des revenus moyens des ménages.
« Évalués en 2008 à plus de
30.000 euros, ils seraient aujourd'hui de 26.000 euros environ. »
Moins 13 % en 7 ans… L’effet des politiques « déclinistes » et de la crise des subprimes.
Une évolution qui touche des familles entières : Selon plusieurs
associations, 1 enfant sur 3 vit sous le seuil de pauvreté.
« La réforme du marché du
travail, menée en 2012 par le gouvernement de Rajoy, a introduit plus de
flexibilité, certes, mais elle serait responsable de la précarisation des
conditions de travail. Par ailleurs, si le chômage baisse, les nouveaux emplois
n'ont de guère de rapport avec ceux du passé : Plus de 90 % des contrats signés
en mai dernier étaient des CDD. Et beaucoup ont accepté des baisses de salaire
pour contracter ou garder un emploi, parfois pas en rapport avec leur niveau de
compétences. »
Une configuration qui ressort également dans les statistiques Gauloises.
Par ailleurs, certains indicateurs macroéconomiques continuent à se
dégrader.
Ainsi « selon la Banque
d'Espagne, la dette publique a atteint les 1.033 milliards d'euros en 2014,
soit 97,7 % du PIB ! C'est certes moins que la Grèce, où la dette représente
entre 175 et 177 % du PIB, mais avec un PIB qui a perdu 25 % en 5 ans, le
record à l'échelle européenne. »
Le gouvernement s'attend d'ailleurs à ce que la barre symbolique des 100 %
soit atteinte en 2015, preuve supplémentaire que la sortie de crise n'est pas
pour demain en Espagne.
En « Gauloisie-richissime », on vient d’en rajouter 48 milliards
de « potentiel » à travers l’accord grec en début de semaine… pour
désormais dépasser allègrement les 100 % promis pour la fin d’année.
Il n’y a vraiment que « François III » qui affirme encore, dans
sa « trisomie-autiste » attitude, que la croissance « est là » !
Un diagnostic que les faits relevés ne peuvent hélas que confirmer.
Quant au pronostic, c’est elle qui « attaque ».
« Depuis lundi matin, on sait
désormais que l’Euro, la monnaie unique qui devait lier les peuples d’Europe,
n’est plus irréversible, comme il a pu être affirmé ! Même la Chancelière
allemande a menacé les grecs d’expulsion de la zone-euro. C’est la fin
programmée. »
J’en suis bien d’accord : Un
suicide de la monnaie unique par ceux-là mêmes qui affirment encore, haut
et fort, l’avoir sauvé !
Quel cynisme…
Notons que « Tsi-tsi-passe » ne voulait pas de
« Grexit ».
« Justement ! Il ne l’a
pas préparé. Il n’était pas crédible. Il ne voulait pas en prendre la responsabilité historique. Il l’a
dit et redit. Du coup, il a suffi qu’elle en agite la menace pour le faire
plier. Surtout après le concours des finlandais : Elle était devenue crédible. »
Mais il a eu ce qu’il voulait : Plus de 80 milliards pour remettre du
sang-neuf dans les tuyaux bancaires !
« Mon cher
« Ice-Cube », est-il raisonnable de prêter de l’argent à un panier
percé ? »
Ils sont déjà exsangues, effectivement, et les échéances seront peut-être
reculées, « adoucies », mais il n’y aura aucune « remise »
de dettes.
Comme chacun le sait, le kon-tribuable allemand n’a jusque-là jamais versé
aucun euro à la Grèce !
Nous ne le savions pas alors, mais même l’ancien Chancelier Schmidt l’a
confirmé depuis.
Pas un seul pfennig…
Rien, nada, eux qui sont engagés à hauteur de quelques 60 milliards à
travers leurs banques…
48 pour les « Gaulois ».
« Tu vois quoi, très
chère ? »
Et alors là, elle décoiffe tel que je me sens d'un coup moins isolé dans mon exil.
« Après la Grèce, l’Italie,
puis l’Espagne, Chypre au prochain « bail-in », le Portugal, et enfin
la France, ton pays et mon pays, l’Autriche. Ils sortiront tous les uns après
les autres dans les prochaines années.
Pour les pays des
Balkans, (Slovénie et Slovaquie), Malte, je ne sais pas encore. Les Irlandais, peut-être pas, mais pour d’autres
raisons. »
Il ne restera plus autour de l’Allemagne que le Bénélux, la Finlande un
temps et les pays Baltes.
« Ni la Turquie, ni la Pologne,
ni la Grande-Bretagne, ni la Croatie, ni la Hongrie, ni la Roumanie, n’entreront
et ne s’en porteront pas plus mal.
Très cher, c’est la
régression, l’échec ! Il faut que tu en sois conscient. L’Euro n’a jamais
voulu dire la mise en place d’un protectorat asphyxiant, totalitaire,
dictatorial ! »
Elle est charmante la Raphaella quand elle se mêle de convaincre un
convaincu !
Parce que c’est un peu ce que je
vous en disais encore hier, mais sur un texte qui date de lundi dernier en
matinée…
« Et tu vois quoi, en ce qui
concerne les conseils que l’on se doit de donner à nos clients
réciproques ? »
Son « établissement » trade de l’or, des devises, des matières
premières, zinc, bauxite, acier, lingot de cuivre et d’argent, platine et
autres, pétroliers en mer, fèves de cacao, sacs de café sur pied, tourteaux
de soja, boisseaux de blé, stère de bois, mètre-cube de gaz, coton et laine sur
pied, et des options sur les mêmes. Tout ce qui se vend, se revend, s’assure, hors
les biens dits « exceptionnels » (châteaux, œuvres d’art et Cie).
« Acheter du dollar, comptant,
à terme court, moyen et long, et des biens consomptibles, du yuan ou de la bourse
asiatique et de l’or : C’est le moment. »
Le yuan, je considère que c’est encore très risqué. Les actions, je m’en
méfie, pareil pour les obligations, sauf à la marge, et l’or qui ne sert à rien qu’à rassurer le
chaland qu’il est propriétaire de titres à valoir à Pékin ou en Suisse, c'est nul.
Et c’est pourtant un des aspects de mon métier actuel.
Je préfère que « mes clients » achètent « du long »,
des entreprises non-cotées pour leur redonner une seconde jeunesse, et au pire
de la pierre réelle, par petit-lots pour diviser les risques, des terrains
agricoles, ou de l’habitation, de préférence sur plan, afin de pouvoir revendre
pas trop difficilement en cas de besoin.
« La pierre » ne peut pas durablement faire perdre de l’argent.
Mais bon, c’est de la gestion de fortune « pépère », pas très
rentable pour l’intermédiaire que je suis devenu, sauf coups exceptionnels
(et il y en a qui paye tout le reste) : C’est une façon de fidéliser le client
et de faire faire du yo-yo aux résultats
de « la boutique » de mon patron, le seul risque de « ma mission ».
On diffère donc largement entre nos deux stratégies et surtout en fonction des attentes des clients, les payeurs.
« Je t’avoue que dans tous les
pays que j’ai pu visiter et ayant une économie en déroute, Russie, Israël,
Argentine, Brésil, y compris la Grèce au temps de la Drachme, la devise
étrangère, le dollar, reste roi !
Tu as peut-être raison. »
Même en Angleterre, c’est dire.
« Demain il n’y aura plus
qu’une seule monnaie, après la déculottée assénée par
« Mère-Qu’elle » à « Tsi-tsi-Passe » : Le billet vert. »
Une grande victoire du « monde d’avant ».
Décidément dommage.
Je ne l’espère pas, naturellement, pensant encore qu'une sortie de l'euro peut être provisoire même si je sais que n'est jamais plus définitif que le provisoire, mais je voulais vous dire cette
« convergence » d’analyses entre une
« hérétique-huguenote » et un « papiste » en terre d’exil
(ou de détachement) tous les deux.
Et puis on va passer à autre chose en attendant le prochain « hold-up
Grec » : Ils ont trois ans pour le préparer correctement, cette
fois-ci !
Donc ils le feront.
À suivre, SVP.
Signalons qu'hier soir, lors d'une intervention télévisuelle du PM grec, celui-ci a déclaré qu'il ne croyait pas du tout à la réussite du plan proposé par l'UE.
RépondreSupprimerMais qu'il a été obligé de le signer pour préserver les salaires et les retraites.
On est bien dans un plan triennal de Grexit "choisi".
Bonne journée à tous !
I-Cube