Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Elles reviennent avec quelques couleurs et quelques courbatures.
« Bon, et notre visite chez les
popovs, on y va quand alors ? »
C’est Noeline qui s’impatiente lors de cette réunion « de
reprise » où reste absent Gustave.
« Attendez, une chose à
rajouter, » intervient Dimitri qui y participe. « Vous savez ce que vous avez à faire,
Alex ? »
Bé oui : passer un message à l’adresse du capitaine Igor Valantinovich…
« Ne comptez pas qu’il réponde
immédiatement. En revanche, le logiciel que je vous ai présenté précédemment va
« tracer » le trafic téléphonique, Internet, le câble diplomatique et
les canaux radios.
Je vous rappelle qu’on n’écoute rien,
c’est interdit et on n’est pas équipé. Mais ça va nous permettre de compléter
nos données, mais pas seulement. »
Comment ça ?
« Normalement, ils vont réagir.
C’est pourquoi on veut des « visuels » avec la « sphère de sécurité »
autour de vous. Alors ne quittez pas des yeux le groupe ADN et réciproquement.
Je vous signale que votre domicile est
déjà sous surveillance et qu’on va voir combien de temps ils vont mettre à vous
identifier… »
Très instructif, finalement : elle joue le rôle de la chèvre dans
les plans du « Big boss » !
« Exactement. Ça va nous
permettre de détecter le moment idoine pour déclencher la phase II de notre
opération. »
Qui consiste en quoi ?
« Mais tu es bien curieuse,
Alex… »
Elle a le droit de savoir, puisqu’elle joue un rôle inattendu dans toute
cette affaire.
Dire qu’au démarrage, il n’était que question de retrouver son père…
C’est Dimitri qui répond posément.
« Une fois qu’on aura tracé
tous les agents « actifs » des russes sur le territoire, on libère
Charlotte et Aurélie ! »
Comment ça, à Mourmansk ? Elles ne sont donc pas rentrées ?
« Mais non ! Et toujours
pas d’activité traçable. Ce sont les russes qui nous l’amèneront sur un plateau
et nous on va juste la « cueillir » d’après le
« big-chief » ! Vous allez voir… »
Ah bé ça, pour sûr qu’elles ont envie de voir ça !
« C’est que nous avons
travaillé pendant vos « vacances ». Enfin surtout le groupe HLM. »
Le périphérique est bouché à cette heure-ci de la journée et les filles
mettent un peu de temps à rejoindre la porte d’Issy-les-Moulineaux. Mais après,
ça roule. Elles enfilent le boulevard Exelmans puis font un détour à la Muette
pour arriver par le boulevard Flandrin sur la rue Dufrenoy où elles posent leur
véhicule sur un passage piéton.
Le 45 est juste sur la droite, caché par les arbres.
« Bien c’est là. On laisse un
peu de temps à Dimitri pour nous verrouiller. Nous on te couvre à droite et à
gauche et moi, je reste au volant. Vu ? »
Vu.
Alexis sort gaillardement une fois que Noeline et Delphine textotent
qu’elles sont en place aux coins de la bâtisse au style imposant, entourée d’un
parc arboré et de doubles grilles de faible hauteur.
Tout est fait pour que rien ne filtre depuis l’intérieur du bâtiment. La
porte est étroite et le chemin qui mène à l’entrée est cerné par des caméras
bien visibles, pour déboucher sur une porte vitrée à travers de laquelle on ne
voit rien. Même pas moyen de voir les portes d’entrée du parking souterrain qui
se situe à l’arrière. Juste l’allée gravillonnée qui mène à la porte
principale.
Elle sonne à l’interphone, sous le regard muet des caméras qui l’épient.
À la seconde tentative, on lui répond. Une voix d’homme : « Da ! » et une suite de syllabes
sans signification pour Alexis.
« Je suis Alexis Dubois et je
suis envoyée par Paul de Bréveuil qui propose de rencontrer le Capitaine Igor
Valantinovich du KGB… »
Rien…
« Oh, vous avez compris ? »
« Da ! »
Et puis plus rien.
« Ah ça alors, les
goujats ! Ils ne m’ont même pas ouvert ! »
Les filles se replient en ordre dispersé pour éviter d’aller directement
vers la voiture qui va les ramener, chacune chez elle, Noeline et Alexis chez
cette dernière…
« Toi, tu as une idée derrière
la tête ! »
Quoi, elle, Noeline ?
« Pourquoi tu les as ramenées ?
Vous ne deviez pas assurer ma sécurité ? »
Parce que l’une a son gamin à occuper et à faire manger, que l’autre va
faire la cuisine pour son mec et qu’avec le logiciel et sa présence à ses
côtés, la « sphère de sécurité » est assurée du moment qu’on ne coupe
pas les portables.
Pas suffisant…
« Et toi… pas de mec à
satisfaire ? »
Il faut au moins une personne connectée pour assurer la protection
« sphère de sécurité »…
« Dis donc au fait… tu as
ramené des photos de ton séjour aux îles Maurice ? »
Ah, c’est donc ça !...
« Je vais te dire, c’est un
pays magnifique et j’ai des tas de photos sur mon téléphone. Je vais te montrer
quand tu auras fini de conduire. Mais si c’est ce que tu cherches, je n’en ai
prise aucune de ton boss ! »
Pas possible ?
« Ce n’est pas croyable !
Tu le vois, tu lui parles, tu le touches, tu lui fais la bise et tu ne penses
même pas à faire un selfie ? Non mais tu n’es pas possible, toi !
Allo quoi ! Tu vis dans quel monde ? »
C’est qu’elle serait presqu’en colère, la Neoline.
« T’es sa biographe, il
t’envoie en pigeon devant l’ambassade russe, et toi tu ne te poses aucune
question, pas même un cliché pour souvenir ou t’inspirer ! »
Vénère…
Effectivement, alors qu’Alexis va faire pipi après avoir remis son GMS à
Noeline, elle constate qu’il n’y a pas une seule photo de mec !
Incroyable…
Une vraie nonne !
En fin d’après-midi, Dimitri laisse un message : « RAS pour la SdS d’A et N. Pensons qu’ils ont
mordu à l’hameçon ! »
C’est un SMS commun à toute l’équipe ADN, copie à Gustave et à Paul.
En fait, l’analyse des archives de la data-base du logiciel BBR permet
d’identifier le trafic-communication cryptée de tout ce qui réseaute en France.
Les Russes ont un trafic habituel « entrant » tous les jours à heures
fixes, codé, crypté. Une routine.
Eux-mêmes émettent trois fois par jour, matin, midi et soir selon le même
mode et plusieurs canaux habituels.
De vrais messages mélangés à plein de faux pour mieux brouiller les pistes
d’un espionnage éventuel.
Mais là, le volume est sensiblement un peu plus important dans
l’envoi du soir : probablement des images vidéos compressées prises par une des
caméras, probablement pour identification d’Alexis.
Et le câble aura été distribué jusqu’au FSB dès le lendemain.
« Ah ça, c’est nouveau ! »
s’exclame le capitaine Igor quand il reçoit l’information de son colonel.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? »
Que « la cible » prend les devants. Elle devient active.
« Il aurait compris, là, tout
de suite ? Ce n’est pas possible ! »
Et comment il l’aurait identifié si directement ?
« On n’a même pas repéré la
moindre tentative d’intrusion dans nos fichiers. »
Il est vraiment très fort, le « Charlotte » !
« J’en réfère à notre
directeur. Ça contrarie nos plans ! »
Et comment…
Normalement, c’était à Igor de prendre contact dès que Paul de Bréveuil
était signalé en Europe, pas l’inverse.
« Remarquez que notre rencontre
n’en sera que plus facilitée. S’il se jette lui-même directement entre mes
pattes, c’est qu’il ne se méfie pas. »
Ou au contraire qu’il contre-attaque d’une façon imprévisible.
« Qu’est-ce qu’on a à risquer
le coup ? »
Que le « plan A » est éventé…
« Reste le « B ». On
détient toujours la fille ! Et elle est bien planquée. »
En est-on si sûr ?
« Je pencherai pour que vous alliez
coordonner son exfiltration. Ce n’est peut-être pas une si bonne idée que de
l’avoir mise dans « la baignoire ». »
Mais on ne pouvait pas faire autrement au moment où il a fallu improviser et
prendre plus de risques qu’il n’a déjà été pris avec la diplomatie française…
L’effet des « autres dossiers » en cours qui nécessitent tant de
« doigté ».
« Bon, c’est fait, c’est fait.
Ça a été validé et l’exécution s’est passée sans difficulté : il n’y a
même pas d’avis de recherche lancée par les policiers français. Black-out total
sur sa disparition. »
Justement, ça, ce n’est pas normal. Ça devait inquiéter Paul de Bréveuil
et son personnel, or là, rien, jusqu’à cette invitation improbable.
Et on fait comment pour y répondre ?
« Vous avez raison, capitaine.
Je n’aime pas ça. Je prends langue avec la hiérarchie. Vous, de votre côté,
préparez une escapade en France ou ailleurs dans les meilleures conditions de
sécurité. Moi, j’envoie des instructions et du personnel sur place pour vous
fournir un support technique. »
Il se peut qu’il en ait besoin, effectivement.
Parce que pour un « dérapage » dans le scénario originel, s’en
est un et tout-à-fait imprévu.
Mais qui est-ce donc que cette fille sans forme qui passe par là en venant
à pied de nulle part et en repartant de la même façon ?
C’est qui cette Alexis Dubois ? Elle n’est même pas fichée dans le
dossier « Charlotte »…
Un piège ! Mais alors il est grossier…
Igor obéit aux instructions reçues et se prépare avec de nouveaux papiers
pour le premier vol de la matinée pour Munich. De là, il louera une voiture
« entrée de gamme » pour finir le chemin vers Paris par la route…
Arrivée probable en milieu d’après-midi à son hôtel du quartier
Saint-Germain dans l’après-midi.
Il a l’avantage de se situer à proximité d’un parking sous-terrain où il
réserve une place par Internet.
Un détail qui n’échappera pas Dimitri et son logiciel BBR, mais qui reste
pour l’heure noyé dans le reste de l’immense trafic du Web.
De toute façon, l’heure est plutôt à la phase de libération de Charlotte
et Aurélie.
L’équipe des garçons ne s’est pas faite repérer à desceller durant l’été
les cloisons de parpaing qui relie les égouts, dans lesquels ils ont pataugé
plusieurs jours, pour s’ouvrir un passage praticable dans les sous-sols bétonnés
de la cathédrale de la Sainte-Trinité.
À la lance à plasma : une chaude épreuve, même si la lance était « miniaturisée ».
Un projet lancé en 2007 par les présidents Krasosky et Vladimir Poutine,
et par le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II de Moscou.
L’église-cathédrale inclut un complexe culturel orthodoxe russe, une
maison paroissiale, un auditorium, un centre culturel, une école bilingue
franco-russe, une librairie, des salles d’exposition, une cafétéria, et se
situe sur les quais de Seine du quartier du Gros-Caillou, entre le palais de
l’Alma et l’ambassade de Bulgarie, aux angles du quai Branly, de l’avenue Rapp
et de la rue de l’Université.
La Russie achète le terrain de 4.000 m² en février 2010, situé dans un
secteur protégé qui est également convoité par l’Arabie saoudite qui y aurait
prévu l’édification d’une imposante mosquée.
Le 15 octobre 2010, Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France,
donne le coup d’envoi du concours international d’architectes lancé pour la
construction d’un nouveau centre spirituel et culturel orthodoxe russe.
Ce n’est que le 17 mars 2011 que le jury composé à parité de Russes et de Français
couronne l’architecte espagnol Manuel Núñez Yanowsky devant ses homologues
français Jean-Michel Wilmotte et Frédéric Borel. Le projet, audacieux si ce
n’est exubérant, déplaît fortement au maire de Paris du moment qui le considère
inadapté aux rives de la Seine, classées au patrimoine mondial de l’humanité depuis
1991.
Il s’oppose fermement au projet, allant jusqu’à faire appel à l’UNESCO et
en invoquant un risque de « sécurité
nationale ».
Ce qui n’empêche pas, dès que Météo-France quitte les lieux, de commencer
à déblayer le terrain, à faire de profondes excavations pour préparer le
terrain à recevoir des fondations.
Devant la polémique, le ministre de la culture Fred Tiersmirant confessera
avoir « laissé pourrir » le dossier
jusqu’à l’élection présidentielle de 2012.
Dès septembre, une fois le Président Landau élu, le service territorial de
l’architecture et du patrimoine (STAP) rend un avis défavorable au projet
initial et la Russie finit par retirer sa demande de permis de construire deux
mois plus tard. Or, pendant une visite du président français à Moscou en
février 2013, engagement est pris de faire avancer le sujet, cher aux yeux de
Poutine.
Le dauphin du concours de 2011, Jean-Michel Wilmotte, apparaît comme la
solution de compromis idéale et il est chargé du projet, dont le permis de
construire est délivré le 24 décembre 2013 et les travaux commencent presque
immédiatement.
Le 19 mars 2016, l’évêque russe de Chersonèse, Nestor Sirotenko, procède à
la bénédiction de la croix du dôme principal, accompagné par la chorale du
séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève d’Épinay-sous-Sénart.
Les 23 et 24 août 2016, les quatre petites coupoles sont mises en place et
elle est inaugurée en octobre de la même année en pleine
« tourmentes » diplomatiques…
Pour autant, si le projet retenu ne fait pas l’unanimité, on parle ici et
là d’un outil de propagande qui contribue à un large projet « d’embrigadement des diasporas russes »,
l’ouvrage fera même l’objet d’une tentative de saisie-judiciaire, il est
parfois surnommé par ses détracteurs le « Kremlin-sur-Seine », « Saint-Vladimir
» ou encore la « cathédrale Poutine ».
Tout autant, l’architecture s’inspire de la cathédrale de la Dormition de
Moscou de 1475, la plus ancienne, la plus grande et la plus imposante cathédrale
du Kremlin, mais avec des façades en empilement horizontal de pierres de
différents tons blanc. Le bâtiment principal mesure finalement 450 m². Il y en
a quatre. Une rue piétonnière, bordée d’arbres, permet l’accès au palais depuis
l’Alma et le bâtiment cultuel est surmonté de cinq bulbes fabriqués à Vannes
(Morbihan) constitués de vingt pétales de fibre de verre, recouverts de 90.000
feuilles d’un alliage d’or et de palladium, ce qui leur confère un aspect
relativement mat.
Ces cinq bulbes symbolisent le Christ et les quatre Évangélistes du
Nouveau Testament : Jean, Luc, Marc et Matthieu. Le plus grand mesure 17 m de
circonférence et pèse 8 tonnes.
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