Franchement,
je rigole doucement…
La semaine dernière, le « premier des sinistres » aura dévoilé
son Plan d’action contre le terrorisme (PACT) en 40 mesures, dont 8 gardés au chaud du « secret-défense ».
Et ça aura été « sans surprise ».
Comme vous le savez, j’ai « inventé » le
logiciel « BBR » en
2016 pour les besoins du « roman d’été » alors en cours de mise en
ligne : « Laudato si… ». Des « informations
orphelines » m’étaient parvenues de plusieurs sources disparates (contrôlées
et recoupées), notamment celle-là :
C’était avant l’attentat sur la promenade des anglais à Nice.
Naturellement, je ne savais pas combien cette
« invention-romanesque » allait être utile par la suite, notamment
pour le « roman-d’été » de cet
été…
D’autant qu’à l’époque il s’agissait seulement de « chasser les
tueurs à gage » lancés aux trousses de « Charlotte ».
Et voilà « qu’Ed-Fil-Lippe », depuis les locaux de la Direction
générale de la sécurité intérieure (DGSI) vous aura annoncé confier à la même
boutique le pilotage opérationnel de la lutte antiterroriste. « Un nouvel état-major sera créé au sein de la
direction dans lequel travailleront des agents recrutés dans 14 services
différents, indique une source judiciaire. Toutes les informations remonteront
à cette structure qui se chargera ensuite de réfléchir au meilleur traitement à
leur donner » qui se réunira tous les jours. Objectif : qu’aucun signal,
même faible, n’échappe au renseignement intérieur.
Ah « les signaux-faibles » !!!
Les « sources orphelines », que deviendrai-je sans elles ?…
Et d’annoncer la création d’une « cellule
de profilage des auteurs d’actes terroristes et d’identifications des facteurs
de passage à l’acte ».
Exactement le fonctionnement de « mon invention » BBR.
Sauf que la mienne repose sur les échanges électroniques mais sera
implémentée avec des « Z » (pour zombie), des gusses qui courent dans
la nature mais ne laissent aucune trace, ne téléphonant jamais, n’utilisant ni
ordinateur, ni tablette, ni carte bancaire, mais qui passent par intermittence
dans « les radars » des caméras de surveillance qui équipent tout le
territoire…
Dans la manœuvre du gouvernement, c’est à la direction centrale de la
police judiciaire (DCPJ) à qui il incombera de mettre en œuvre ce nouveau
dispositif. « Il s’agit de conduire un
travail sur les caractéristiques communes aux auteurs d’attentats ou de
tentatives d’attentats pour dégager des critères objectifs de dangerosité chez
les individus radicalisés », l’objectif étant, « à partir de cas concrets de personnes déjà condamnées, de mieux
comprendre les processus de basculement vers le terrorisme ». Et,
ainsi, de mieux les anticiper.
Eux, ils disposent de tous les fichiers, tous, y compris le STIC,
l’Urssaf, les compensations bancaires et… les images et rapports d’observations
instantanées (les « OI ») des services pénitentiaires !
Matignon indique également la mise en place d’une unité permanente de
suivi administratif des sortants de prison (condamnés dans des dossiers
terroristes ou bien radicalisés)…
Mais il n’y a pas que ça : Ce « PACT » sera articulé autour de 32 «
actions » dont certaines déjà connues, il est censé orienter l’action de l’État
en matière de détection, d’entrave, ou encore de répression d’ici 2020. Soit
l’année où un nouveau débat au Parlement doit avoir lieu pour décider du renouvellement
– ou non – du texte ayant transposé l’État d’urgence dans la loi, en octobre
2017.
Ne vous en faites pas, il sera reconduit, amendé et renforcé, bien
entendu.
On compte plus d’une cinquantaine d’attentats déjoués depuis juillet 2016…
Deux par mois : Il n’y a pas de hasard.
Et il y en a eu au moins un (mais vous n’en entendrez jamais parler),
celui du 11 juillet 2017 (vous lirez ça cet été…) qui aura déclenché la fureur
de « Jupiter » (et accessoirement démissionné le CEMA de
l’époque : À suivre, n’est-ce pas !)
Avec ce PACT, le gouvernement ne cherche toutefois pas le branle-bas de
combat. Du moins pas dans sa partie déclassifiée, le reste étant soumis au « secret-défense ».
Alors que les plans précédents (2014 et 2016), imposés par les événements,
avaient été l’occasion d’une refondation de la lutte antiterroriste, il s’agit
plutôt là « d’offrir une nouvelle
visibilité à l’action déterminée du gouvernement » dixit les auteurs de
communiqués.
Les « commentateurs » relèvent donc deux mesures-clés : La
première concerne le rôle de « chef de file » (premier de cordée) accordé par l’exécutif à la
direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en matière de lutte contre
le terrorisme. Pas vraiment une surprise.
La seconde, plus inattendue, car rajoutée au dernier moment lors des
arbitrages sur ce nouveau plan, concerne la création d’un parquet national
antiterroriste (PNAT), distinct du parquet de Paris. Un projet qui avait
pourtant été abandonné il y a plusieurs mois, faute de consensus.
Le rôle de « chef de file » de la DGSI – expression choisie par l’exécutif
– est le signal politique le plus fort voulu par le gouvernement dans ce plan.
L’annonce surprise de la création d’un nouveau parquet national
antiterroriste pourrait, elle, susciter moins de consensus, en tout cas
publiquement. L’ambition de Matignon est aujourd’hui de retirer cette
compétence nationale au procureur de Paris (qui n’aura pourtant pas démérité) en
la confiant à une structure autonome « renforcée ».
L’idée est de créer un parquet spécialisé de 25 à 30 personnes, soit
quatre à cinq magistrats supplémentaires par rapport à aujourd’hui. Logé au
sein du nouveau palais de justice, ce PNAT aura un « droit de tirage » sur les
effectifs du parquet de Paris si besoin. Il absorbera au passage le pôle « crime
contre l’humanité » (ils sont tellement nombreux sur le territoire de la
République…) du tribunal de grande instance. Et il sera censé aussi bénéficier
d’un « maillage territorial » consolidé.
Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’avec les progrès de l’intelligence
artificielle, les logiciels de police prédictive (notamment ceux mis au point
par l’entreprise « Palentir », identifiée dans « mes
romans » comme « Pamentir »… un petit jeu-de-mot indolore) se
répandent depuis plusieurs années dans les polices du monde entier, mais ils ne
sont pas sans poser de nombreuses questions méthodologiques et éthiques.
Jadis, dans une gendarmerie, il y avait une carte affichée au mur
recouverte de punaises. Elles représentaient le secteur et les infractions
enregistrées durant le mois écoulé. C’était une manière de garder un œil sur
les « points chauds », ceux où il y avait eu plus de délits ou de crimes.
Seulement, aujourd’hui, numérique oblige, plus besoin de ce procédé du siècle
dernier : Vos gendarmeries ont créé un logiciel qui recense les
cambriolages et les atteintes aux véhicules sur les six dernières années pour
toute la « Gauloisie-des-libertés ». Il n’a pas de nom officiel, mais
il est souvent désigné par « Paved ». Il n’a rien coûté d’autre que le salaire
des développeurs du Service central de renseignement criminel (SCRC) à
Pontoise. Le logiciel donne ensuite des prévisions sur les potentiels lieux de
cambriolages et d’atteintes aux véhicules, et il n’utilise pour cela que les données
liées à ces infractions. C’est une sorte de bulletin météo de la délinquance.
Testé pendant six mois, il sera diffusé dans les gendarmeries à partir de
la rentrée.
Mais c'est loin d’être le premier logiciel du genre, de « police
prédictive ».
Dans un premier temps, les forces de l’ordre nationales, police et
gendarmerie, avaient ainsi expérimenté PredVol dans l’Oise. Celui-ci prenait en
compte plus de 600 variables, dont des
données sociologiques, et couvrait plus d’infractions. Seulement, il n’a pas
donné satisfaction – les cartes restaient figées – et il a été mis en sommeil.
Développé par l’État, il tire son nom de la star de sa catégorie :
PredPol.
Aux États-Unis, il est très populaire, même si certaines municipalités,
comme la ville de Richmond, en Virginie, ont préféré s’en passer au profit d’analyses
effectuées par des humains.
L’uberisation de la police, pas pour eux…
La ville de Chicago, dans l’Illinois, a poussé le concept encore plus loin
en établissant des prédictions de récidives par individu. Quand une personne
dépasse un certain score, des agents viennent lui rendre visite pour lui signifier
qu’ils gardent un œil sur lui.
En « Gauloisie-sécuritaire », ce n’est pas à l'étude et cela ne
se ferait pas sans de fortes contraintes. Il n’en reste pas moins que « Twister »
collabore avec le ministère de l’Intérieur pour repérer et fermer des comptes
suspectés d’avoir l’intention de publier des messages faisant l’apologie du
terrorisme avant même leur premier « twist » (ce qui rend aveugle et sourd le logiciel BBR).
Ces logiciels, qui utilisent souvent de l’intelligence artificielle,
reposent sur des estimations en fonction de ce qui est déjà connu : Ils ne
disent pas ce qui va arriver, mais ce qui peut arriver.
Les logiciels de notre monde ne donnent que des probabilités qui peuvent
être comprises entre 0 % et 100 %. Mais, même quand la machine indique 100 %,
ça ne veut pas dire que quelque chose va nécessairement se produire, parce que
l’informatique calcule en vase clos alors que notre réalité comporte une telle
quantité de variables qu’il serait vain de penser un jour toutes les
embrasser : Ce n’est pas encore une science exacte. En sciences sociales,
« les lois ne peuvent pas être
considérées comme analogues à celles de la physique », écrit un physicien
spécialiste des modèles statistiques, dans « Comprendre sans prévoir, prévoir
sans comprendre » (Cassini, 2018).
Peut-être aussi que les individus ont parfois la liberté de ne pas se
comporter comme les statistiques s’y attendent (contrairement à l’hypothèse de « Z », le film de
Costa-Gavras, dernière séquence si mes souvenirs sont bons), même si
l’usage qui aura pu être fait en matière électorale des logiciels
« Cambridge-Analytica » permet d’en douter.
Mais là, on reste dans « le grand-nombre », le domaine
d’excellence de la statistique…
Notez également que la machine ne va jamais raisonner qu’avec ce qu’elle
connaît. Quand cela concerne des cambriolages ou des atteintes aux véhicules,
qui sont très souvent reportés aux autorités, l’algorithme peut avoir une
vision assez complète de ces infractions. Mais quid des autres dont la police
n’a pas toujours connaissance : Viols, violences conjugales, bizutages ? Quid
aussi de la consommation de drogues dures dans des lieux privés, quand un
fumeur de cannabis au coin d’une rue se fera plus facilement arrêter ?
L’algorithme peut très bien en conclure que ce qui lui échappe n’existe
pas et insister sur les faits qui sont reportés.
S’il suggère d’aller patrouiller dans un quartier parce qu’il risque d’y
avoir un vol et que les forces de l’ordre constatent une autre infraction, qui
n’aurait pas été comptabilisée autrement (conduite sans permis, vente d’alcool
après 22 heures, etc.), alors l’algorithme peut se dire qu’il avait en partie
vu juste, et ainsi renforcer la représentation qu’il donne de ce quartier comme
d’un endroit à surveiller. Il va ainsi amener les forces de l’ordre systématiquement
dans les mêmes zones, créant une « boucle de renforcement ».
« Les agents des forces de l’ordre
ont une connaissance empirique du terrain », explique le chef de la
Division des systèmes d’information opérationnelle à la DSCP. « Ils regardent les mains courantes et les
procédures ; ils sont déjà orientés vers des secteurs. »
L’enjeu est donc de savoir faire la part des choses, avec ou sans la
machine, de ne pas confondre la carte et le terrain, ni estimation et
suspicion. Des questions qui ne manqueront pas d’intéresser le nouveau préfet
chargé d’étudier les potentiels apports de l’intelligence artificielle dans la
police place Beauvau.
Mais vous, vous aurez déjà noté deux choses :
– La première est que le rythme des attentats aura considérablement diminué.
C’est un point pour le moins très positif, mais ça n’augure rien de
« l’adaptation » qu’en font les
« apprentis-terroristes » : Ils s’adapteront tôt ou tard (effet
de « boucle de renforcement » inversé ou « feedback »).
Je me souviens parfaitement que du jour au lendemain, tous mes
« cousins-natio » Corsi avaient jeté leur portable après l’arrestation
du commando Érignac, trahi par leur textos.
Depuis, ils en ont racheté, mais ils restent à la maison… et ils
apprennent par cœur les numéros de leurs « chauds-copains ».
– La seconde, c’est l’extraordinaire réaction des forces de l’ordre à
l’occasion des émeutes du 1er mai dernier : Elles avaient
anticipé et étaient pré-positionnées pour circonscrire les « Black Blocs »
attendus dans une petite poche autour du « Jardin des Plantes » et le
pont d’Austerlitz.
Quoiqu’on ait pu en dire, ça aura limité les dégâts…
Désormais, pour réussir à « dépasser » les mailles d’un filet de
plus en plus étroit, il faudra donc « surprendre ». Or, l’EI perd des
positions en Syrie et en Irak. Il perd des capacités de financement. Il perd
des « combattants ».
Et ceux qui reviennent dans leur pays d’origine ne seront pas lâchés d’une
semelle avant des années, après purge de leurs peines…
Une époque passe probablement et c’est tant mieux.
Même si… même si ça passe par le « fichage-généralisé » de tous
vos mouvements : Un outil indispensable pour la prochaine
« démocrature ».
Et, comme je vous le répète assez souvent, vous finirez par leur dire
« MERCI ! »
C’est déjà marqué comme ça dans les livres d’Histoire…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire