Soixante-douzième chapitre
: Le décès de William.
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Les deux hommes se dirigent vers le bar. « Je te conseille un bon verre, c’est moi qui
régale ce soir et si tu fais la moindre tentative de connerie, ce sera ton
dernier : alors, vas-y, fais-toi plaisir ! »
Ils commandent l’un un double Chivas Regal, 25 ans
d’âge et Paul un Apérol bien appétissant où flottent un tonneau de glaçons.
« – Comment
as-tu fait pour introduire une arme jusqu’ici sans déclencher une avalanche
d’alarmes, toi ?
– Tu ne
le sais peut-être pas, mais je suis un agent très secret habilité-défense des
services de renseignements de nos armées, la DRM. Tu es en France et j’y ai
tous les droits. Y compris celui de t’abattre… » bluffe-t-il. « Mais ce n’est pas ce qui me
motive : si ça avait été le cas, je l’aurai déjà fait avant que tu ne
mettes les pieds dans cet auguste établissement.
– On est
collègue alors ! Je suis un agent de la DIA… Mais… qu’est-ce que tu
foutais au Koweït en 90 ? En mission, toi aussi ?
– On peut
dire ça comme ça, mais en fait tu n’étais pas un agent en mission, à l’époque.
Tout juste un petit journaliste puni pour le WP. En revanche, moi je n’y étais pas
par hasard…
– En
mission ?
–
Oui ! » et Paul de ressortir sa vieille histoire du logiciel
d’analyse hypothético-déductive.
Son vis-à-vis siffle son verre d’un trait et en
commande un autre : il est stressé, là, en conclue Paul.
« –
C’est quoi ça ?
– C’est
secret défense. Nous savions ce qui allait se passer en ce mois d’août là.
Comme la suite d’ailleurs, la coalition, l’opération militaire de reconquête,
etc.
– Et
alors ? Vous n’avez rien fait pour empêcher quoique ce soit…
– Tu as pourtant
été témoin que j’ai essayé avec le Général Ali… Mais en vain. En revanche, ce
qui nous intéressait, c’était de savoir qui des irakiens ou des koweïtiens
allaient piller le trésor royal. Ça, la machine n’a pas été foutu de nous le
dire. D’où ma présence sur place.
– Et
maintenant, tu sais ?
– Dès le
premier jour, en effet ! Je t’ai vu abattre le cheikh Fahd al-Ahmad
al-Sabah et t’en débarrasser au palais princier avant de prendre la route pour
Doha avec tout ton chargement.
Et puis
je t’ai vu abattre le général Ali à proximité de la frontière, en Arabie
saoudite…
– Tu
étais là-bas aussi ?
– Eh
oui ! Je conduisais même le camion avec lequel il est arrivé à ta
rencontre dans le snack où tu es allé pisser. Tu es un double assassin, alors
si tu tentes d’échapper à tes juges, figure-toi que je te truffe de plomb…
– Et tu
as mis tout ce temps pour venir me cueillir ici ?
– Oh tu
sais, ça, c’est une mission plus récente. Les koweïtiens se foutent pas mal de
leur or et de leurs dollars depuis le temps : et ce sont les irakiens qui
remboursent via la CINUD encore aujourd’hui, là, de l’autre côté du Léman.
Ils
savent très bien que nous avons été tous les deux des acteurs prépondérants
dans le détournement de leur fortune du moment, toi pour tes services secrets,
moi pour les miens et d’autres pour les anglais. Et puis ils ont de nouveau
rempli leurs coffres plus que largement.
Tout cela
a été officiellement acté, soldé, compensé depuis un quart de siècle.
Sauf… les
morts d’homme de la famille royale. Là, c’est toi qu’ils cherchent depuis tout
ce temps.
–
Évidemment, tu as bavé sur mon compte, je suppose.
–
Évidemment. Même si je n’ai pas eu à en rajouter.
– J’ai
bien fait de me méfier…
– Pas
assez. Je ne comprends pas pourquoi tu n’es pas resté planqué dans le pacifique
au lieu de venir jusqu’à moi. Ici, tu ne pouvais pas m’échapper, tu le sais
bien.
– Disons
que ce n’est pas tout-à-fait comme ça que ça a été vécu.
–
Explique-moi. On en a encore le temps. »
Il vide son second verre et fait signe d’être
resservi… Et le voilà qui déballe son histoire :
« – À
l’époque, j’avais demandé une couverture à mon gouvernement. Vu que je leur
apportais 23 milliards de dollars sur un plateau, ils n’ont pas pu faire
autrement que de me la fournir.
– Une vie
peinarde de retraité. Pourquoi et comment tu en es venu à faire milliardaire
sur la côte ouest ? Ce n’est pas ton gouvernement qui pu te payer ta boite
de perle, tes yachts et avions, tout de même.
– Non,
ça, je les ai achetés avec ma part…
– Quelle
part ?
– Ah
parce que tu ne sais pas tout, mon cher Gérard… À moins qu’il faille que je
t’appelle Paul. Le cher Paul de Bréveuil, ton vrai nom…
– En
mission, je suis « Charlotte », pas ton « cher-Paul » ni
même Gérard Dupont.
– J’avais
oublié ! Charlotte, le multi-médaillé pour services rendus à transpays, tel
que même eux ne veulent pas toucher au moindre de tes cheveux.
– Eh oui,
c’est ça que de savoir se rendre indispensable. Et si tu savais combien… Même
le pape !
– Le
pape ?
– Oui, je
ne plaisante pas du tout. La salle est truffée d’agents de leur service secret,
le SIV. Il y a aussi des gens de la DGSI et même un observateur des SIS
britanniques. On attend les gars du FBI, mais ils n'arriveront que demain. Tu vois, tu n’as pas grand-chose à espérer. Si tu es sage, tu
seras arrêté et peut-être jugé, ici ou au Koweït, je n’en sais rien. Peut-être
aussi qu’ils te foutront la paix, peut-être pas, ça ne me regarde pas. Si tu
fais le con, je t’ai prévenu, je te descends sans autre forme de procès. Bois
donc ton verre tant que tu peux encore en profiter…
– Un
autre ne serait pas pour me déplaire, si notre conversation doit durer encore
un peu.
– Tu
exagères. Un adepte du « speed-drinking » ? Ce n’est pas bon
pour les neurones. Tu transpires déjà… »
Il a chaud, mal à l’aise, visiblement stressé et Paul fait signe de la main au barman de remettre la
même chose.
« Alors
raconte, puisque je suis là pour t’écouter. »
William River le toise en attendant son nouveau double-whisky.
« – Moi
aussi j’ai des questions à te poser. On échange ? On dialogue entre collègues,
ou c’est un interrogatoire ?
– Ce
n’est pas un interrogatoire. Et ça restera entre nous si c’est possible et ne
met pas en danger la sécurité des autorités. Vas-y, dis-moi tout ! Quelle
part ?
– Oh
c’est très simple. Le cheikh Fahd al-Ahmad al-Sabah avait avec lui plusieurs
litres de diamants. Je les lui ai piqués dès le début et je les ai dissimulés
dans mes portes-objectifs. Pas plus difficile que ça.
– C’est
pour ça qu’il est mort…
–
Exactement ! Cet imbécile, au moment de démarrer, il s’est saisi d’une
petite pincée qu’il me promettait si je roulais vers Riyad. Il ne fallait pas
faire ça, de façon aussi … odieuse et mesquine ! Je n’étais pas son
serviteur et je serai allé à Ryad à l’œil, ne serait-ce que pour faire quelques
clichés. Mais là…
J’ai
tendu le cou. Ça ne lui a pas plu. Il a sorti son flingue. Je l’ai retourné
contre lui. Tout simplement. Il est mort et j’ai roulé vers le sud et Doha. À
mes autorités les billets, à moi les diamants.
– Et
depuis ?
– J’ai
d’abord usé de ma seconde identité, toute trouvée, et je me suis réfugié aux
îles Hawaï. Là-bas j’ai marié, enfin pas vraiment, la fille d’un pêcheur de
perles, une locale. J’ai racheté son affaire avec le personnel et j’ai claqué
une partie du reste en affaires.
– Et l’autre
partie du reste ?
– Ah ça,
tu ne sauras pas, désolé. C’est mon assurance-vie…
– Note
que je sais déjà.
–
C’est-à-dire ? Tu sais quoi au juste, Gérard… Pardon :
Charlotte ?
– Que ton
butin était planqué chez toi à Waialua et que tu le liquidais par petits bouts
à Anvers, New-York et encore ces jours-ci à Genève !
– Ah
oui ! Bien renseigné, le Charlotte.
– Mais
qu’est-ce que tu crois, William ? Quand je te dis que tu es cerné, je ne
plaisante pas, figure-toi…
– Oui, oui.
Peut-être. Il y a quand même des trous… Je peux te poser une question ?
–
Vas-y ! »
River fait montre au barman que son verre est vide…
Le quatrième double en partance alors que Paul n’a pas
encore touché au second verre d’Apérol tel que les glaçons commencent à
disparaître affreusement.
« –
Globalement, à San Francisco, c’était un hasard ou tu étais déjà, toi et le
FBI, sur ma piste ?
– Tu ne
vas pas me croire. Le FBI ne s’intéressait pas du tout à toi et en ce qui me
concerne, il s’agit d’un hasard. Il y en a eu deux d’ailleurs. La première fois
à San Francisco, effectivement, et la deuxième fois dans les caraïbes.
Moi, la
première fois, je me tapais Harry Harrison…
– Ah
celui-là !
– … pour
avoir accompagné ma femme se faire opérer de sa jambe. La deuxième fois,
j’étais en affaire avec mon banquier spécial après avoir convoyé mon voilier
aux îles et m’être tapé la première femme de « n° 4 » et sa belle-fille. Tu vois, il n’était
pas si ignoble que cela.
– Et même
pas sa seconde épouse ? Elle n’est pas mal, tu sais.
– Elle
est absolument délicieuse, en effet. Un peu plus tard seulement.
– T’aime
la mer et les jolies femmes ? Comme moi, dis-donc !
– Je suis
plutôt voileux. Pas toi !
– Et aujourd’hui ?
– En
fait, au démarrage ce n’est pas toi que je cherchais, mais
« Requin » !
– Ah
oui ! « Requin », un type épatant. Cher, très cher même, mais
épatant paraît-il. Sauf qu’il arrive trop tard en ce qui me concerne,
semble-t-il. Mais peut-être qu’il dans la salle, va savoir.
– Aucune
chance : il aurait fait sonner les alarmes avec tout l’acier dont il se
sert. Tu sais, les machettes, les coupecoupes dont il raffole pour commettre
ses forfaits. Et puis il y a trop de monde : il ne laisse jamais de témoin
derrière lui.
– Tu me
ferais presque peur…
– Bé dis
donc, c’est toi qui l’a payé, non ? Et pour me faire la peau, à ce que je
sache. Pourquoi d’ailleurs ?
– Tu n’as
répondu qu’à moitié, à ma première question, Charlotte. À San Francisco, tu me
cherchais déjà ou non ?
– Je t’ai
dit que non. Pour tout te dire, je ne savais même pas que tu existais.
– Comment
ça ? On s’était rencontré 25 ans plus tôt ! Et je savais que tu
savais pour cheikh Fahd al-Ahmad al-Sabah. En plus, tu étais avec ce fouineur
de Harrison et le surlendemain, vous embarquiez avec une pourriture d’agent du
FBI sur son yacht. Je sais, j’avais un micro-canon et j’ai pu suivre une partie
de votre conversation.
–
Ah ? C’était donc ça…
– Ça
quoi ?
– Le lien
entre la mort de Jenkings, celle de « n° 4 » et les tentatives dont
j’ai été victime.
–
Peut-être. Je t’explique, mais avant, répond enfin à ma question :
pourquoi tu as fait semblant de m’ignorer à San Francisco ?
– Mais
William, je ne savais même pas que tu existais !
- Ne
me prends pas pour un con : on s’est croisé et recroisé au Koweït.
– Oui,
c’est vrai, mais moi, je n’ai été propulsé à Koweït-City version été 1990
qu’après notre première rencontre à San Francisco.
– Tu
déconnes. Ce n’est pas possible !
– Et comment crois-tu que je n'ai pas vieilli au tant que toi dans le même intervalle de temps ?
– Exact. Beau comme au premier jour. Tu fais comment ? Une potion magique ?
– Garde-le
pour toi : c’est une arme archi-secrète de mon gouvernement. Même moi, je
ne savais pas que ça pouvait exister », fait Paul avec un clin d’œil complice.
L’autre en reste comme deux ronds de flan, tout imbibé
qu’il est déjà.
Et il se contente en réaction de commander son cinquième-double
Regal : il va finir par siffler toute un bouteille.
« – Je ne
te crois pas.
– Il vaut
mieux pour ta peau. Déjà, te révéler l’existence d’un logiciel d’intelligence
artificielle hypothético-déductif, c’est de la haute trahison de ma part, mais
tu étais au courant depuis août 1990. La machine à projeter des hologrammes interactifs
à n’importe quelle époque, de toute façon, on te prendrait pour un fou-furieux.
Alors laisse tomber.
Quand je
te dis que je ne savais pas en septembre dernier que tu existais, c’est une
réalité. Et c’était justement le but de ma mission, postérieure pour moi, au
Koweït. Celui de découvrir ton implication dans les meurtres de sang-froid que
tu as commis 25 ans plus tôt. Plus exactement, leurs circonstances.
Tu
imagines la tête d’un juge quand je devrais lui expliquer que c’était à titre
purement crapuleux…
Bon
passons ! »
River ne percute toujours pas.
« – Dis-moi
plutôt ce qui t’a pris de payer les triades pour te débarrasser des témoins de
mes révélations sur le yacht de « n° 4 » ?
– Je suis
un membre d’une de ces triades. C’est indispensable dans le métier de la perle.
Mais tout ça c’est loin, maintenant.
–
Peut-être, mais ça n’explique pas ton comportement…
–
Jenkings, c’était un coup facile, il était sur place à ma recherche… Je n’ai
rien demandé, on me l’a proposé. En revanche pour Harrison, j’ai fait piéger
son yacht par des galopins San franciscains et ça a foiré.
Alors
comme mes autorités ne voulaient pas aller plus loin, tu penses, un
milliardaire et « Charlotte » l’homme intouchable, même avec des
commandos-marine du SEAL, il a bien fallu craquer quelques millions de dollars
pour avoir ta peau et être débarrassé de la menace que tu représentes pour moi.
Comme
Jenkings n’était plus de ce monde, autant éliminer tout le monde, non ?
– Là, je
suis au courant : « Scorpion » le 13 novembre en Normandie pour
moi. « Caméléon » le 4 décembre à Londres. Et encore plus récemment
en Normandie.
–
« Requin » t’a raté ?
– C’était
le jumeau, la jumelle de « Caméléon ». C’est « Requin » que
je cherche et c’est comme ça que je suis tombé sur toi, William.
Tu vois,
pour conclure, cet entretien, tu n’aurais pas fait le con en restant bien
tranquillement à la maison à faire tes petites affaires, peinard, tu aurais pu
continuer jusqu’à la fin de ta vie et vieillir tranquillement.
Mais non,
tu n’es qu’un gros trouillard, doublé d’un crétin d’assassin multirécidiviste.
Et là, sauf si tu te tires en courant pour me permettre de t’abattre, tu vas
probablement finir ta vie de minable dans une prison bien dégueulasse, je ne
sais pas trop où. Je te l’ai dit, ça ne me regarde pas.
–
Pourquoi dégueulasse ? Aux USA, je peux acheter une prison toute entière,
voire même chacun des jurés d’une cour pénale !
– Je vais
t’expliquer deux trucs. Tu connais la blague, toi qui les aime bien pour être totalement
nulles, celle de ces deux jeunes piqués par les flics à dealer ?
– Non.
– Comme
ils sont bien jeunes, le juge de bonne humeur ce jour-là leur propose de les
mettre à l’épreuve : libre pendant un mois, mais pendant un mois, ils
doivent convaincre un maximum de drogués d’arrêter de se piquer.
– Oui. Et
alors ?
– Au bout
d’un mois, ils reviennent devant le juge qui leur demande leurs résultats. Le
premier affirme avoir réussi à convertir trois de ses potes. Le juge lui
demande comment il a fait. « J’ai dessiné deux cercles sur une feuille de
papier. Un grand et un petit. Et je leur ai dit que le plus grand, c’était leur
cerveau avant la drogue. Et le petit, le même cerveau s’ils n’arrêtaient
pas la drogue !
Ah très
bien fait le juge. » Et il
s’adresse au second jeune :
« –
Et toi ?
– Moi,
j’ai réussi à convaincre une vingtaine de drogués.
– Ah oui,
très bien ! Et comment tu as fait ?
– J’ai
fait pareil. J’ai dessiné deux cercles sur une feuille de papier un grand et un
petit.
– Très
bien et alors ?
– Eh bien
je leur ai dit que le petit, c’était leur trou du cul de drogué, et le plus grand,
leur trou du cul après qu’ils aient purgé leur peine de prison… »
Tu vois,
Williams bien dégueulasse. Je suis sûr que tu vas apprécier.
Quant à
ta supposer fortune en diamant, figure-toi que je sais où elle est. Je veux
dire dans quelle banque. Tu y as été vu la semaine dernière. Ça ne va pas être
trop difficile de la perquisitionner… »
Là, William blêmit, en sueur. Instinctivement, il porte sa main
à sa chemise comme pour se rassurer.
« – Mais tu
n’as pas le numéro du coffre, ni la clé, ni la combinaison… Je ne pourrais
peut-être pas acheter un juge, mais quand je ressortirais, je serai tout de
même immensément riche…
– Oh ça,
le numéro du coffre, ce ne sera pas difficile à dénicher juste en consultant le
livre des visites. La clé, je sais où elle est. Et quant à ta combinaison, elle
ne sera pas trop difficile à trouver. Intelligent comme tu es, c’est au moins
ta date de naissance, rien de plus. »
Là, il a les yeux grand-ouverts « qui tournent »
dans leurs orbites et il devient blanc comme un linge javellisé.
La faute aux whiskies, à la fatigue, à la tension, il
n’empêche qu’il flanche et manque de se rétamer par terre si Paul ne l’avait
pas soutenu.
Shirley qui suivait la scène rapplique suivie de près
de Matilda.
« Il est
mort ? » questionne l’une d’elle alors que le barman commence à
se rapprocher, l’air interrogatif.
« – Je ne
crois pas. Ou alors il a une santé vraiment fragile.
– On fait
quoi maintenant ?
– On le
ramène chez lui. Faut payez, je vous rejoins. »
Sitôt allongé sur son lit, William sans
« t », toujours inconscient décuitant doucement, est solidement
ligoté par les filles qui te lui font des nuées de nœuds pas croyables.
Paul transfert la conversation enregistrée sur son
smartphone à Gustave pour archivage et s’enquiert de ce qu’il a sous sa
chemise, quand se sentant piégé sur ses diamants, il y avait porté
instinctivement la main.
C’est bien une clé de coffre-fort, plutôt antique mais non-reproductible, portée en pendentif
autour du cou.
Chose absolument amusante, on y retrouve le logo de la
banque et le numéro du coffre. Il ne restera plus qu’à composer la combinaison
de ce coffre pour l’ouvrir.
Ce qu’ils feront dès le lendemain.
Pour l’heure, l’urgence est de prévenir la
maréchaussée locale et de laisser un message au contact du FBI, qu’il se
démoule un peu : il tient son témoin, s’il veut l’interroger, il faudrait
qu’il s’en occupe.
En fait, ce n’est pas comme ça que ça se passera.
Comme il fait nuit et qu’une perquisition de domicile n’est pas légalement
possible avant l’aube, les gendarmes laisseront se mourir chez lui,
victime d’un AVC attribué à un coup de surtension, à son taux d’alcoolémie élevé, 3,2 grammes/litre
de sang, compte tenu de ce que Paul lui avait offert et des deux Gin qu’il
avait ingurgité après son repas arrosé d’un excellent bordeaux resté au trois-quarts vide sur la
table de sa cuisine et de ses médicaments…
Les pompiers et le SAMU local n’auront pas pu le
réanimer : ils l’ont transporté en urgence à l’hôpital où ils n’ont pas pu le sortir de son coma éthylique et en milieu de matinée il a été transféré, bon pour une autopsie en
règle, à l’institut médico-légal de Grenoble.
L’enquête judiciaire est d’ailleurs rapidement
bouclée : pas de trace de violence, hors l’entortillage abracadabrant des
filles qui trouveront une explication quand l’enregistrement, dont le contenu leur posera bien des questions que Paul éludera habilement, sera saisi pour
duplication par les flics et dont le FBI demandera copie pour clore ce
dossier-là.
Juste un point resté un peu nébuleux sur le moment :
quid du contenu du coffre de William ?
Paul, de retour de Genève expliquera qu’il en a porté
la totalité des quatre petits sacs, au consulat général du Koweït, situé entre
l’avenue de l’Ariana et la route de Ferney, à proximité immédiate de l’Office
des Nations-Unies de Genève, avenue de la paix qui confirmera de son côté…
Une opération vite menée, accompagné de Shirley,
alors qu’ils ne savent pas encore son décès. Il s’agit d’être plus rapide que
lui, tout simplement. Pour l’occasion ils s’équipent juste d’un sac, pas trop gros,
avec de la quincaillerie dedans histoire de faire crédible, des papiers
d’identité de Sir Archibald Kingsland – ça en jette – pour l’ouverture d’un
compte de plus avec RIB international, paiement avec remise d’un chèque à cinq
chiffres à encaisser sur le compte de la fondation patrimoniale, et la location
d’un coffre.
Il est situé en sous-sol bétonné, ferraillé, un peu désuet des années 50 ou avant-guerre, dans une vaste chambre-forte
qui fait impression de par la lourde porte d’entrée blindée qui en obstrue
l’accès, plus une série de deux grilles avec un type en uniforme enfermé entre
deux dans une sorte de sas avec son sandwich, son thermos et ses sudokus posés
sur une petite table, le tout sous la surveillance de caméras vidéos…
Un petit coup d’œil alentour, le coffre nouvellement
loué est ouvert avec la clé du gardien, qui la laisse dans la serrure en quittant ses visiteurs
après avoir expliqué comment la serrure fonctionne et comment on modifie son
code avec la seconde clé remise au guichet et va refermer la seconde grille
derrière lui.
Simple : cinq chiffres, droite puis gauche, puis
droite, etc. Une date de naissance suffit, d’autant que River est du mois de
mai.
Pendant que Paul joue avec sa combinaison, Shirley
qui use de la clé du gardien trouve le coffre de William et commence à composer une première combinaison sur
les indications de Paul.
Clac ! C’est la bonne et du premier coup.
Le coffre s’ouvre sans difficulté, est vidé de ses
sacs, est refermé dans le même mouvement et le tour est joué…
Ils n’ont plus qu’à ressortir à l’air libre où les
attend Matilda au volant de la voiture immatriculée en Normandie : c’est
que parmi ses nombreuses qualités, elle est aussi un peu claustrophobe sur les
bords !
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