Soixante-neuvième chapitre
: « Caméléon 2.0 ».
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Gustave en
dira que c’est l’effet de notoriété, car de son côté il est également harcelé
de demandes de sociétés privées qui se font accompagner par « les
autorités » qui elles-mêmes cherchent des financements.
« Ça va se
débloquer… » résume-t-il, toujours optimiste, mais cette fois-ci, il a
raison : les adhésions vont affluer à compter du second semestre 2016,
notamment après le coup des attentats de juillet en France.
Et ce d’autant mieux que fin avril, le « premier
client » de la boutique, Paul, va piquer un coup de sang.
« – Moi, je
vois surtout trois informations importantes : il a confirmé sans le savoir
qu’un second tueur a débarqué pour me faire la peau. « Requin ». Il
faut qu’on le débusque avant qu’il ne m’aligne…
–
D’accord. Évidemment, mais comment ?
– On en
est où pour loger les mouvements de citoyens baladeurs autour des frontières du
pays ? Il est forcément venu en train, en avion, en bateau ou en voiture,
avec arrêt pipi à une station-service, un péage, un restaurant en centre-ville,
dans un hôtel.
Enfin
flûte, les télépéages vous identifient à coup sûr en lisant votre plaque à
distance ! Même Eurotunnel sait faire ça depuis l’origine dans ses terminaux…
– On
avance dans l’accès aux fichiers d’anthropométrie, figurez-vous. Ils envisagent
même de monter un vaste fichier télémétrique unique, pour faire des papiers
qu’ils disent. Le TES ou quelque chose comme ça pour des décrets à attendre
avant l’hiver.
– Mais de
notre côté ?
– On aura
un accès, à seulement sécuriser à notre charge. Huyck s’en occupe. On va avoir
les images des caméras de télésurveillance à la demande, automatiquement d’ici
sous peu : les textes sont à la signature des cabinets ministériels. Un
peu de patience, que diantre !
– Et pour
mes déplacements, on fait comment ? On n’a toujours pas d’équipage prêt à
faire feu.
– Il n’en
a jamais été question jusque-là : vous savez bien que l’autorité ne
délivre jamais de permis de port d’arme. Il faut être estampillé personnel
diplomatique de sécurité pour en avoir un à titre exceptionnel. »
S’il n’y a que ça, avec sa fausse identité britannique
et ses appuis au MI5, ça ne devrait pas poser de problème. Mais Gustave ne
capte pas.
« – J’en ai
bien un…
– Un
permis de détention, ce n’est pas pareil. Et vous êtes un officier supérieur de
l’aéronavale, en plus. Bon, il faut reconnaître qu’on a aussi un peu de mal à recruter
des « équipages » qui tiennent la distance. Pour les chauffeurs de
maître, ce n’est pas un problème, puisqu’on peut piocher dans l’offre
disponible des VTC, mais pour les « G-men », c’est plus compliqué. D’autant
qu’on mettait la priorité sur l’embauche de Dimitri pour suppléer Huyck. Peut-être
qu’il nous faudra sous-traiter cette partie-là à l’occasion.
–
Pourquoi pas, si nécessaire et si ça n’ampute pas trop nos marges opérationnelles.
– Et puis
vous avez de toute façon Shirley et Matilda en Normandie. Sur Paris ma fille
est disponible en cas d’urgence et on peut mobiliser le ministère, s’il n’y a
que ça pour vous rassurer.
– Je
serai rassuré quand on aura mis Requin sous les verrous.
– Si ce
n’est que ça, c’est juste une question de temps. Quels sont vos autres
points ? »
Gustave en avait marre de tourner autour du pot
sur ce sujet-là : ça pouvait durer des heures comme ça et personne n’aime se
faire houspiller sur ses propres faiblesses.
« – On sait
maintenant que River est en Europe. Là encore, il faut qu’on le trouve pour le
faire arrêter et l’empêcher de nuire.
Et enfin,
que la mère de mes gamins va commencer à me faire chier… Ça, c’est à la fois
une bonne et une mauvaise nouvelle.
– Comment
ça ?
–
Mauvaise parce que si je me pointe la gueule enfarinée aux states, je vais me
retrouver retenu devant un juge pour un délit imaginaire : c’est elle qui
séquestre mes gosses dans une situation apatride. Ils sont nés en France, de
parents tous les deux français et je ne les vois pas, exilés qu’ils sont à
cause d’elle.
Il faut
que je mobilise mon frère, l’avocat, sur le sujet, pour une contre-attaque :
elle l’aura cherchée.
Pour le
bon côté des choses, si elle en est réduite à faire ça, c’est qu’elle est en manque
d’argent. À mon avis, elle s’est faite larguée d’une façon ou d’une autre par
« n° 5 ».
Il faut
que je reprenne contact avec la famille d’Harrison pour en savoir plus. »
Peut-être, en pense Gustave.
Ce qui sera fait.
Il apprend comme ça par Vanessa, la seconde épouse de
« n° 4 », que « n° 5 » a renoncé à divorcer vu le coût que
ça allait représenter pour lui…
Du coup, c’est elle qui demande le divorce :
échange de bon procédé, n’est-ce pas ?
La miss en profite pour s’inviter en Europe, sauf que toutes
ces « no-go-zones » l’effraient un peu, tous ces terroristes, là, qui
circulent librement…
La seconde cliente particulière de la CISA ? Et
c’est encore Paul qui paye, mais ça permettra à cellule « BCG » (Barbara-Charlie-Gustave)
de tester les nouvelles recrues.
Quant à Jacques, il est ravi que son
« petit-frère » lui demande enfin un service.
Service facturé, naturellement.
Ils en parleront à l’occasion d’un passage de Paul au
cabinet, dans les locaux du grand-père de la rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Effectivement, il analyse, en grand spécialiste des
affaires de droit de la famille qu’il n’est pas, même à titre personnel, que
c’est Florence qui a initié l’abandon du domicile commun parisien. Ce qui va
permettre à Paul de récupérer au moins une garde-partagée des enfants, sinon
quelques indemnités, voire une pension alimentaire s’il justifie d’être au
chômage, sans les moyens de s’occuper des enfants en séjour en France puisqu’il
est ruiné…
En effet, il lui explique rapidement le schéma de la
« fondation-patrimoniale », tel qu’il n’a officiellement plus rien
hors son logement parisien et quelques parts de SCI déficitaires et qu’il a été
licencié de la MAPEA.
Le fat de frangin, en ricane sous cape, sans se rendre
compte que tout ça, c’est du vent.
La situation de Paul, présentée comme ça, se
résumerait à cumuler quand même de maigrichons salaires provenant de « Prestige spirits »
et de la « CISA », rien encore des « Collines de Cabourg »
ou du « Cuisine de filles ».
Il ne dit rien d’Eurydice, qui de toute façon
appartient désormais à sa fondation-patrimoniale, ni du système d’avance en
compte-courant mis au point par Anjo, en qualité de bénéficiaire de la
fondation.
« Well :
Très bien ça on va finir par la ruiner », s’exclame l’associé
« américain » obligé qui vient s’adjoindre à ce nouveau dossier…
Qu’est-ce que Paul va faire de deux
« nains » sur les bras et à scolariser, au fait ?
Surtout compte tenu des menaces qui planent sur sa tête…
si par hasard la procédure aboutit plus vite que « les affaires » en
cours ?
Le mieux serait d’initier une action en restitution de
paternité devant le même juge, puis de lier les deux affaires.
Charmant procédé également…
Si ça permet accessoirement de ne pas avoir le FBI
accroché à ses fesses s’il bouge, tant mieux. Quoique là encore, depuis le
décès de « n° 4 », ils lui avaient dit qu’ils prenaient soin de sa
sécurité sur le territoire américain.
En prendre soin en le jetant dans une de leurs
geôles ?
Une solution à éviter.
C’est dans ce contexte que Paul se fait tirer dessus
une nouvelle fois.
Ça se passe en fin de semaine, au moment où il rumine
dans le « Bunker » les tableaux de bord d’activité du serveur, les
nouvelles lignes de programmation d’Huyck le hollandais et le travail de la
semaine de Dimitri et de Nathalie.
Et puis il jette un œil sur les trafics des réseaux et
plus particulièrement autour des endroits où il se promène : Le
Kremlin-Bicêtre, d’où il anime un peu la saison des « flacons de fin d’année »
des grandes écoles et les équipes de Loïc, aide Jean-Charles dans sa recherche
de liqueurs et alcools-forts, et Paris-plage, autrement dit les antennes du
centre et du sud de Paris.
Et ceux d’un quadrilatère coincé entre la côte et
Lisieux du nord au sud en Normandie et Caen et sa banlieue à l’ouest, la Dives
à l’est.
C’est d’ailleurs assez curieux : si on retrouve
facilement les habituels « bleus » pour les VIP en promenade sur la
côte et ceux des gendarmes, il y a en plus deux « roses » inhabituels
qui viennent s’incrémenter depuis une petite semaine, probablement des
portables prépayés. Ou alors un smartphone et une tablette qui de temps à autre
naviguent sur le web en mode crypté, puis sont déconnectés rapidement.
Là encore, probablement une personne qui va lire ses
courriels et puis replonge dans le néant internetique.
En soi, rien d’alarmant, sinon que ce sont toujours
les mêmes à des horaires aléatoires, d’après « la machine ».
Étonnamment, l’un des d’eux borne d’ailleurs sur
l’antenne-relais voisine du site du « Bunker »…
Curieux : il n’y a rien, d’habitude, que du
trafic « blanc » dans la classification « BBR ».
C’est en remontant l’historique des bornages que Paul
est de plus en plus intrigué.
Il y a dix jours, un des deux IP borne soudain à
l’aéroport de Bruxelles. Puis en centre-ville.
Il est perdu par « la machine » quelques
heures et elle le retrouve deux jours plus tard à Lesquin, avec
le second en connexion, manifestement embarqué dans le TGV compte tenu de la
fréquence des changements de relais.
Pour arriver du côté de la gare du Nord et se
retrouver dans un hôtel proche de la porte de Pantin. Le lendemain, on peut
retrouver l’un des deux à Paris sud, puis du côté de la porte d’Italie, proche
du bâtiment du Kremlin-Bicêtre de Paul, en journée et en soirée : pas un
touriste, manifestement pas, il n’y a rien à visiter dans le coin.
Peut-être un homme d’affaires qui fait ses affaires…
Puis, sans jamais se séparer, les deux finissent par
se déplacer autour de Paris et empruntent l’autoroute A 13 jusqu’à Deauville, à
proximité du casino municipal.
Dès lors et plusieurs jours d’affilé, l’un borne le
soir et le matin, l’autre toute la journée autour du bocage normand, pour venir
se fixer autour du « Cuisine de filles » !
Étonnant, n’est-ce pas ? Caen, son mémorial, son
château de Guillaume le Conquérant, son Musée de Normandie, le site du CID, les
Planches, le Casino de Deauville encore, même si aucune manifestation n’est au
programme, ça peut passer. Mais le « Cuisine de filles » et
maintenant l’antenne située dans l’arrière-pays du « Bunker », Paul
décide de passer les deux IP en « rouge ».
Il a tout juste le temps de terminer sa manœuvre « manuelle »
que l’alarme incendie se déclenche au-dessus de sa tête, dans le local-guérite,
immédiatement inondé par les sprinklers de protection dont les têtes éclatent
sous la pression d’une explosion ou la température des flammes.
La caméra de surveillance du local est mise hors
service et il découvre qu’une autre qui a vue sur la clôture du bord de route
est également hors d’usage affichant un écran « No signal » depuis un
moment, semble-t-il compte-tenu de l’affichage du chronomètre.
Il est tard, mais vite fait, il déclenche une alarme
noire au QG du Kremlin-Bicêtre, sur les portables de toute l’équipe avant
d’aller voir ce qui se passe au-dessus, armé d’un extincteur.
Il enfile les escaliers à vive allure et s’arrête :
il fait soudain le rapprochement avec l’attentat de Londres qui a coûté la vie
à « n° 4 ».
Même procédé ? Une attaque à l’explosif pour
faire évacuer le bâtiment, et un type, venu de nulle part qui l’attendait sur
le trottoir pour le descendre à bout portant…
Il redescend faire un tour devant les caméras et
autres détecteurs dans son sous-sol. Au passage, il se saisit de son 11,43 posé
dans l’armurerie et répond à un appel de Gustave.
« –
Qu’est-ce se passe ?
– Un
incendie et des alarmes partout. Je remonte voir ce que c’est !
– N’en
faites rien, je vous envoie les gendarmes et j’arrive. »
Et il raccroche donnant ses ordres à la va-vite à
Shirley.
Tu parles, les gendarmes seront là dans la demi-heure,
précédés des pompiers et lui pas avant 2 heures de route et moyennant le
retrait de tous les points lui restant sur son permis !
En revanche, Matilde et Shirley débarqueront dans le
quart d’heure qui suit par le chemin du « petit-bois » depuis l’hôtel,
juste après la bataille qui s’engage.
Très prudemment, Paul remonte et se rend compte que
l’incendie est étouffé. Que faire ?
Sortir ? Sûrement pas tant que les abords ne sont
pas sécurisés.
Pénétrer dans les bureaux supérieurs ? C’est
prendre le risque de se faire truffer de plomb par « Requin », si
c’est bien lui qui est à l’œuvre.
Fuir par le puisard qui mène à l’hôtel, ne serait-ce
que pour avoir une meilleure vue de la situation extérieure ?
Il a une meilleure idée : faire croire qu’il
décampe en moto puisque ce serait l’objectif de son éventuel assaillant, parce
que pour l’heure, ça peut paraître ridicule. Il se peut très bien que la panne
caméra soit accidentelle et que l’incendie ait été provoqué par un
court-circuit.
Toutefois, il faut reconnaître objectivement que tous
ces faits alignés les uns derrière les autres sont plus que préoccupants.
S’il n’y avait pas eu l’alerte « rouge » sur
les deux IP suspects du voisinage, on resterait encore dans une succession de
faits plausibles, sans rapport les uns avec les autres, même si un
court-circuit sur une installation neuve, ça reste peu probable.
Et les IP suspects n’ont été découverts que par hasard
et son « analyse-fine » ex-post.
La moto est garée dans la zone de déchargement, à côté
du quai prévu à cet effet, derrière la porte du hangar alors qu’il se cache
dans une zone d’ombre reculée.
Porte qu’il ouvre avec sa télécommande : on va
bien voir ce qui va se passer.
Immédiatement, le point rouge d’un viseur laser balaye
la salle ouverte, l’explorant, pour s’arrêter à plusieurs reprises sur la moto.
Plus de doute ! Il y a un tireur embusqué, là à
quelques mètres, caché dans les fourrés ou derrière un arbre, juste au-dessus
de l’aire de manœuvre prévue pour les camions.
Mais où exactement, ça reste imprécis et Paul sait
n’avoir aucune chance s’il se découvre avec son arme de poing contre un tireur
expérimenté doté d’une arme de précision.
Ce serait courir au massacre.
Là, c’est à celui qui aura les nerfs les plus solides…
Il se recule et textote rapidement à Shirley et
Gustave : « Au moins 1 tireur embusqué à
l’aplomb devant le quai de déchargement. Silence radio SVP. »
Shirley et Matilda rebroussent chemin : 15 mètres
d’échelle à se payer en montée pour prendre à revers l’assaillant, puisqu’elles
avaient atteint le point bas du puits d’accès et commençaient à galoper dans la
coursive souterraine. Paul revient se positionner dans son recoin d’observation
initial, couché derrière des sacs de ciment surnuméraires et qui n’ont pas encore
été évacués.
Le pointeur rouge d’un laser de visée refait rapidement un tour d’horizon,
mais le tireur n’est pas dans l’alignement d’avec Paul.
Ils sont finalement tous les deux mal placés l’un par
rapport à l’autre.
On entend désormais au loin le deux-tons des pompiers
et gendarmes qui rappliquent.
Il ne s’agirait pas que « Requin » s’éloigne
vers un base de repli préparée-à-l’avance pour leur échapper. Bien sûr que la
région peut être bouclée rapidement, mais le gars peut très bien se planquer
quelle que part pendant des semaines sans qu’il ne mette le nez dehors.
Quant à la triangulation de ses objets connectés, s’il
ne les met pas en marche ou s’en débarrasse, c’est foutu !
Il doit se rendre compte que son plan ne marche pas et
qu’il perd le bénéfice de la surprise.
Alors autant lui donner le change.
Paul se recule une fois de plus et va allumer les
lampadaires du hall. Normalement ça se voit dans la nuit qui tombe, à travers
mille fentes et les carreaux de la seconde porte qui donne accès à la grande
salle.
Il les ferme et claque une porte. Faire un peu de
bruit comme s’il ne se méfiait pas…
Mais toujours pas de réaction du tueur.
Subrepticement, tous les sens en alerte, il
grimpe à l’étage vers les ruines du local dévasté : normalement, si
l’agresseur est au-dessus de la plateforme de déchargement, c’est qu’il
s’attendait à ce que quelqu’un se précipite pour combattre l’incendie et en
profiter pour l’allumer en tir direct et à un même niveau, sans dénivelé, après
l’avoir identifié d’une façon ou d’une autre.
Le faire descendre de son propre perchoir n’est pas
gagné d’avance ni la meilleure idée du siècle, mais Paul, depuis la guérite
aura une meilleure vue sur les abords immédiats.
C’est ce qui le décide à
bouger.
Et là, chose extraordinaire, quand l’un monte, l’autre
descend !
Tel que Paul arrivé à proximité des fenêtres,
pataugeant sous les douches des sprinklers qui sont en train de se vider et
dégouliner de plus en plus bruyamment en cataractes dans l’aire de déchargement
située en-dessous et jusque dans la cour de manœuvre, aperçoit une silhouette
furtive armée d’un canon d’arme d’assaut qui s’avance vers la porte béante de
l’entrepôt.
Ce n’est pas le gabarit ni de Shirley, ni de Matilda.
Mais pour en être sûr, il inonde la cour de lumière d’un
clic d’interrupteur. Surprise, la silhouette se fige un bref instant : c’est
une attaque nocturne, il est en état de légitime défense. Assez d’éléments pour
que Paul vide une partie de son chargeur sur elle en une multiple explosion de
balles tirées.
Elle s’effondre dans un cri de douleur et de surprise.
Y’a plus qu’à redescendre prudemment.
Paul retrouve Shirley qui s’est approchée de la chose
inerte, la désarmant du bout du pied avec mille précautions.
Matilda rapplique à son tour en convergence depuis le
talus.
Et là surprise, énorme surprise, telle qu’elle en
arrache une exclamation à Paul.
Il reconnaît son rouquin, celui qui a abattu « n°
4 » sous ses yeux à Londres il y a plusieurs mois !
Même teinte carotte de cheveux, même taille, même
gabarit, même costume, seules le pompes diffèrent pour être plus adaptées à la
crapahute que des souliers de ville.
« Ce n’est
pas possible ! »
Ce gars-là a été abattu par les flics de Londres. Tout
le monde en était sûr.
« C’est
Caméléon ! C’est impossible ! »
Et pourtant, pour la seconde fois, il rend son dernier
souffle sous les yeux du trio…
Le téléphone de Shirley vibre : c’est Gustave qui
vient de passer le tunnel de Saint-Cloud et s’enquiert de nouvelles fraîches.
Il a fait vite depuis son loft de l’avenue Mozart avec son deux-tons en mode hurlant, là en pleine curée
d’embouteillages des départs en week-end, sous le tunnel de Boulogne…
Elle lui explique que la situation est désormais sous
contrôle et prend un cliché du cadavre qu’elle envoie à ses chefs pour une
demande d’identification urgente.
Paul n’en revient toujours pas : il a du mal à
s’en remettre, même une fois que les flics sont enfin sur place, alors que les
pompiers s’occupent de fermer les vannes des sprinklers et commencent à évacuer
la flotte à la raclette vers les talus : les pelouses seront bien arrosées.
Les gendarmes bouclent le périmètre, font venir la
scientifique de Rouen, une ambulance évacuera le cadavre en matinée.
Ils arraisonnent tout le monde, confisquent les armes,
prennent les dépositions et les embarquent tous jusqu’à Lisieux : ils
connaissent leur bonhomme pour se rappeler de l’intervention du mois de
novembre dernier et avoir vu débarquer nombre de collègues étrangers comparer
leurs dossiers sur « Scorpion ».
En revanche, ils découvrent les installations du « Bunker »
qu’ils ne connaissaient pas, alors que les pompiers avaient déjà fait une
visite de « réception des travaux », pour avis de conformité.
« Vous êtes
un drôle de citoyen, vous. Ça nous change des contrôles d’alcoolémie ! »
Et Gustave arrivera au milieu de la nuit pour aplanir
les difficultés et ramener tout le monde à l’hôtel, pendant que le MI5 confirme
de son côté à Shirley qu’il s’agit bien de « Caméléon ».
Totalement invraisemblable, pourtant leur machine de reconnaissance faciale « matche »
à tous les coups.
Il sera toujours temps de comprendre ce qui s’est
passé, demain.
Et lever le mystère de la résurrection invraisemblable
de « Caméléon », un tueur à gage recherché par toutes les polices du
monde depuis des décennies, FBI compris, et qui avait été enterré à Londres en
décembre 2015 tout le monde en paraît certain…
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