Je vais prendre la défense de « Tagada-à-la-fraise-des-bois »
Mais si, je peux le faire. Enfin, pas sur tout, loin de là,
et même dans ces conditions, pas totalement, mais j’aime bien les contrepieds…
Puisqu’ils sont tous à sortir leurs couteaux pour
étriller les « héritiers », on peut quand même se poser la question :
Que restera-t-il de son action ?
Lui, « l’ennemi de la finance », il a quand
même eu le culot de prendre un « jeunot » comme conseiller à l’Élysée,
devenu entre-temps ministre de la phynance, tout droit adoubé par le groupe Bilderberg,
bossant auparavant pour une banque membre de la Trilatérale.
Fort !
Et qui plus est, réussir à le mettre « En marche ! »
(un logo curieux où je lis systématiquement « Et merde ! », je
ne sais pas pourquoi…) par-dessus le marché et par-dessus son propre parti.
Mieux que ça, il a aussi nommé « premier des
sinistres », « Menuet-Valse », lui aussi « invité » du
même groupe Bilderberg, mais comme l’ont été d’autres, notamment « Déesse-Khâ ».
Pas de tentative « complotiste » de ma part,
juste à noter qu’ils se mettent partout : Même « Fifi-le-vainqueur »
et « Juppette » en ont été…
Juste un club… influent, n’est-ce pas et rien d’autre
que des coïncidences, naturellement.
Alors, que restera-t-il de son action, par exemple, dans
le domaine du numérique ?
L’air de rien, là, il a un vrai bilan. « C’est sous son quinquennat que le numérique
est devenu un vrai enjeu industriel et non plus seulement télécom, et que la
transformation digitale de la société et de l’économie a été prise en compte ».
Pourtant, une succession de ratés a pesé sur l’entame
de son quinquennat.
Contrairement au « geek » « Fifi-le-vainqueur »,
qui consacre une partie de son programme présidentiel au numérique, « Tagada-à-la-fraise-des-bois »
avait très peu abordé les enjeux de la nouvelle économie dans sa campagne de
2012.
Une fois à l’Élysée, « l’adversaire de la finance »
a merdé totalement en braquant les milieux économiques en général et les
entrepreneurs en particulier.
La taxe à 75 %, le mouvement des Pigeons et ses
multiples déclinaisons, le bras de fer entre le ministre du « Dressement-reproductif »
et Dailymotion, puis la gestion calamiteuse du conflit entre Uber et les taxis,
ont donné l’image désastreuse d'une « Gauloisie » archaïque et
empêtrée dans ses blocages.
« Ces
initiatives ont effrayé les grands groupes et les fonds d’investissement
étrangers. Pire, elles révélaient que (le président) et son gouvernement ignoraient les mécanismes de l’innovation. Car une
startup en hyper-croissance a besoin d’un environnement stable (…) et il ne faut pas oublier que beaucoup ont
vocation à se faire racheter » en dit un connaisseur.
Les hésitations et les incohérences du président,
incapable de faire adopter à son gouvernement une ligne politique claire et
continue, ont pesé pendant tout le mandat, et particulièrement dans les
premières années.
Il a gouverné par paradoxes. « Pendant que la secrétaire d’État au
Numérique, envoyait des messages positifs à l’écosystème tech, Bercy s’obstinait
à alourdir la fiscalité pour les investisseurs, qui sont pourtant au cœur du
modèle de croissance de l’innovation », en dit un autre.
Il aura changé son fusil d’épaule en cours de route et
s’est transformé en véritable VRP des startups « Gauloisiennes »par
la suite. En février 2014, il a été le premier président à visiter la Silicon
Valley depuis « Mythe-errant », trente ans plus tôt.
« Il a fini
par comprendre que le numérique va façonner l’économie de demain et il a su s’entourer
de personnes compétentes, dotées d’une approche plus moderne et moins idéologue ».
Moins autiste, moins dogmatique, moins trisomique,
peut-on rajouter, plus pragmatique.
Disons qu’il a suivi le sens du vent sans pour autant
se convaincre et pleinement se convertir…
Au final, le chef de l’État pourra revendiquer un vrai
succès, celui d’avoir renforcé l’écosystème d’innovation « gauloisien ».
La Banque publique d’investissement (Bpifrance), créée en 2013, est
progressivement montée en puissance. Chose rare pour un organisme public, tous
les acteurs du secteur, y compris les fonds privés, estiment aujourd’hui que la
BPI a contribué à l’explosion du phénomène startup en créant un cercle vertueux
autour du financement.
La sanctuarisation des dispositifs d’aide à l’innovation,
comme le Crédit Impôt Recherche (CIR), est également plébiscitée.
Tout comme la French Tech. Créée par « Fleur-Pèle-rien »
en janvier 2014, l’initiative remplit parfaitement son rôle de fédérer et de
promouvoir l’innovation « gauloisienne », d’après les acteurs et
analystes. Les démonstrations de force des startups bleu-blanc-rouge aux deux
derniers CES de Las Vegas, ainsi que les multiples initiatives comme le French
Tech Ticket, les French Tech Hubs à l’international, le Pass French Tech, voire l’incubateur ouvert aux entreprises étrangères plus récent, ou inversement les
programmes d’accélération à l’étranger de Business France, contribuent à
alimenter cette dynamique.
Et puis « Tagada-à-la-fraise-des-bois » a
aussi su mener l’indispensable chantier de la modernisation des réseaux. Son
gouvernement a réussi à imposer aux opérateurs télécoms un Plan Très Haut Débit
(PTHD) ambitieux pour couvrir le territoire en fibre et répondre aux besoins de
plus en plus importants en bande-passante.
Lancé en 2013, le plan devrait s’achever en 2022. Il
coûtera environ 20 milliards d’euros, dont 7 milliards d’euros à la charge des
opérateurs télécoms.
Ne vous en faites pas, c’est vous qui payez à la fin
et par tous les bouts : Ce n’est pas bien cher pour tous les autres,
opérateurs compris…
En plus de prendre une place plus importante dans tous
les domaines de l’action publique (loi « MacRond », loi « El Khonnerie »,
plan numérique pour l’éducation, développement de l’e-administration…), le
numérique aura fait l’objet, pour la première fois, d’une loi entièrement
dédiée.
Portée par « Axe-Aile-La-maire », la « Loi
pour une République numérique » (on ne peut guère être plus pompeux) a été
adoptée à l’automne dernier. Beaucoup moins ambitieuse que prévu, considérée
comme tiède par l’opposition – qui ne s’est pas opposée à son adoption –, cette
loi inscrit tout de même dans le marbre de nombreuses avancées.
Tout d’abord, le texte met enfin sur pied un cadre
ambitieux pour l’ouverture des données publiques (open data) en vue de créer
une véritable « économie de la donnée ».
« On ne le
réalise pas forcément mais c’est un progrès majeur car l’ouverture des données
publiques aux citoyens et aux entreprises va créer de nombreuses opportunités
économiques, en plus de contribuer à la transparence de l’État ».
On rend ainsi une partie de ce qui appartient aux
citoyens qui financent, aux… citoyens.
Anticipant le Règlement européen sur la protection des
données, qui s’appliquera en mai 2018, le texte renforce les pouvoirs de
contrôle et de sanction de la CNIL et établit une série de nouveaux droits pour
protéger la vie privée des citoyens/consommateurs (droit à l’oubli, portabilité
des données, « mort- numérique »…).
Et la loi s’attaque aussi aux inégalités d’accès au
numérique, notamment en imposant le « droit
à la connexion minimale » aux opérateurs télécoms pour les obliger à ne pas
couper Internet aux populations les plus précaires.
En revanche si la méthode de « co-création »,
via une plateforme internet de propositions citoyennes, a insufflé un
indéniable vent de fraîcheur démocratique, ses résultats divisent. « Le gouvernement n’a intégré que cinq
articles sur des sujets consensuels comme l’e-sport, mais a cédé au lobby des
télécoms sur la neutralité du net et à ceux des ayant-droits sur les biens communs »,
déplore-t-on.
Effectivement, la « notion des communs »,
qui désigne des biens dont tout le monde peut profiter sans en détenir la
propriété comme les logiciels libres, devait être promue et mieux encadrée dans
la « loi pour une République numérique ». La secrétaire d’État au
Numérique et à l’Innovation s’est battue pour cela, mais elle n’a guère pesé
lourd face aux ténors du gouvernement.
Dans ce cas, c’est Matignon qui a apposé son véto pour
ne pas froisser l’industrie de la culture, qui considère les communs comme une
menace pour les ayant-droits.
Clap de fin ? Même pas !
De manière paradoxale, le sujet est revenu sur la
table en septembre dernier, lorsque « Tagada-à-la-fraise-des-bois » a
désigné les « biens communs numériques » comme une priorité du pays
lors de sa présidence du Partenariat pour un gouvernement ouvert (PGO), une
organisation internationale que le pays dirigera en 2017…
Ce genre de reculades et d’annonces contradictoires en
fonction de l’actualité ou de la pression des lobbys ont eu lieu dans plusieurs
autres dossiers, du conflit taxis/VTC à la gestion de la loi « El-Konnerie »,
lointaine cousine de l’avortée loi « McRond II » sur les « nouvelles
opportunités économiques ».
L’un des exemples les plus révélateurs est la position
de la « Gauloisie-numérique » par rapport au chiffrement des données.
Cette méthode consiste à rendre illisible,
indéchiffrable, le contenu des échanges sur internet, pour protéger les données
de l’espionnage étranger et du piratage par les cybercriminels. Pilier de la
confiance dans les services numériques, un bon chiffrement garantit qu’on n’interceptera
pas vos données bancaires et protège votre vie privée, mais aussi les messages
et fichiers postés sur le Web, le Cloud ou à vos correspondants, le chiffrement
a été soutenu dans la loi.
Mais depuis les attentats de novembre 2015 et de
juillet 2016, deux lignes s’affrontent au sein même du gouvernement : Celle de
la secrétaire d’État, qui veut protéger le chiffrement coûte que coûte (et elle
a raison : On n’en a pas besoin, c’est seulement une « facilité »),
et celle de « Menuet-Valse » et du ministre de l’Intérieur qui ne
veulent rien entraver du travail de fourmi des enquêteurs.
Ces derniers souhaitent que les services de
renseignement bénéficient de brèches dans le système pour accéder aux contenus
chiffrés, notamment les données contenues dans les smartphones et les
messageries instantanées, pour mieux enquêter sur les terroristes.
Mais il est impossible de s’assurer que ces
vulnérabilités, si elles étaient créées, ne bénéficieraient pas aussi aux
cybercriminels et aux espions étrangers…
Coincé entre deux impératifs, la lutte contre le
terrorisme par tous les moyens d’un côté, la nécessaire protection de la vie
privée et de la sécurité informatique de l’autre, « Tagada-à-la-fraise-des-bois »,
comme à son habitude a louvoyé, fidèle en cela à sa fameuse « synthèse »,
il a laissé s’exprimer ces deux points de vue irréconciliables et a… refilé la
patate chaude à l’Union européenne.
Le point noir, mais noir anthracite, du quinquennat qui
s’achève, parce que même quand on tente de lui jeter des fleurs, tout n’est pas
très réussi, même dans ce domaine, c’est que pour les défenseurs des libertés, ce
quinquennat restera à jamais comme celui qui a fait entrer le pays dans l’ère
de la surveillance de masse…
La Loi Renseignement (2015), la loi antiterrorisme
(2016), l’État d’urgence et ses nombreuses mesures sécuritaires transposées
ensuite dans le l’état de droit-commun, ont donné aux services de renseignement
et aux forces de l’ordre un arsenal inédit d’outils numériques pour surveiller
l’ensemble de la population.
J’en fais d’ailleurs « mon beurre » dans les
actuels chapitres de « Laudato
si… » (ce qui n’était pas prévu à l’origine) car, n’ayant
aucune imagination (je le répétais encore à un lecteur qui semblait me féliciter…),
je suis « bien » documenté, c’est l’essentiel…
Enfin j’essaye et du coup je n’invente rien :
Tout au plus, « je brode » sur ce qui est déjà acté et fais quelques
rapprochements logiques.
D’ailleurs, ça va bien au-delà de ce que j’utilise
comme « matériel », puisque des « IMSI-catchers », des fausses
antennes-relais qui captent toutes les conversations téléphoniques dans un
périmètre donné, à l'algorithme de détection des comportements présumés
suspects sur la Toile, en passant par les fameuses « boîtes noires »
pour aspirer les données directement sur les réseaux, les outils numériques mis
à disposition des agents du renseignement sont nombreux et les « systèmes-experts »
mis en œuvre particulièrement puissants.
Vous êtes tous fliqués et si vous dépassez la moindre
borne « habituelle » pour votre profil, vous déclenchez sans le
savoir une « anomalie » qui va recevoir « un traitement », vous ne savez pas quand, pas par qui, ni comment et peu importe.
Et même si les finalités de cette surveillance sont
censées concerner uniquement la lutte contre le terrorisme, les textes restent
vagues, notamment sur la notion « d’atteinte
aux intérêts fondamentaux de la Nation », qui justifie de nombreuses
intrusions.
Alors que les contre-pouvoirs sont bien trop faibles :
« La régression des libertés publiques
sous (« Tagada-à-la-fraise-des-bois ») est spectaculaire. L'état d’urgence et la réforme pénale de juin
dernier ont même étendu aux forces de police des pratiques jusqu’alors
réservées au renseignement. L’équilibre des pouvoirs a été mis à mal avec un
affaiblissement du juge judiciaire et des recours d’un côté, et un renforcement
du juge administratif de l’autre. (Il) a
attaqué les libertés (très) au-delà
de ce qu’aurait pu faire (n’importe quel) gouvernement de droite » !
« La
Commission nationale de contrôle (CNRT),
créé en guise de contre-pouvoir dans la
Loi Renseignement, a été un peu renforcée suite aux polémiques, mais son existence
est plus symbolique qu’autre chose. La réalité est que l’État s’est octroyé un
pouvoir considérable sur nos données personnelles ».
Alors bon, même en voulant lui adresser des louanges,
lui tresser de « glorieux-lauriers », on finit par retomber sur les
réalités : Quelle que soit la pièce de monnaie, elle a toujours deux
côtés.
Le pire et le meilleur.
Le numérique, c’est bien, c’est même très bien.
La nouvelle économie des start-up, ce n’est pas plus
mal, c’est même mieux.
Mais ça poursuit des objectifs qui ne sont pas les
vôtres, ni les siens : D’ailleurs, il ne s’est pas fait élire pour ça.
En revanche, il a su laisser faire le lit d’autres
puissances occultes, renonçant à terrasser « l’ennemi qui ne vote pas » !
Celui-là, chapeau, il fait très fort et ce n’est d’ailleurs
pas fini…
Excellentissime !
RépondreSupprimerUn applaudissement + une ovation = cela rééquilibre, non ?
En français pas de genre neutre, mais que fait Belkacine ?.
Comtesse Ô Pied Nu
Elle réfléchit à se recaser, non ?
SupprimerCa ne va pas êtes simple, mais on m'a dit que déjà, "El-Konnerie" sait où se poser...
Alors pourquoi pas ?
Pour le reste, ça "rééquilibre", mais je reste très critique malgré tout...
Bien à vous charmant comtesse au pied dénudé...
I-Cube