Pour ceux qui ne comprennent décidément rien à rien.
Je ne vise personne, mais nous avons tous appris comme tout le monde la
démission, à froid, du premier-ministre Nouvelle-Zélandais, John Key, quasi assuré d’être
réélu pour un quatrième mandat en 2017.
Fort, très fort !
Ce n’était pas son devoir, ni civique même ni politique
et d’autres en traduisent la démarche par un « incompréhensible hara-kiri » pour celui qui a été le « plus populaire de l’histoire » du pays :
C’était juste son choix d’homme-libre et il en avait parfaitement le droit !
L’homme-clé du pays annonce ainsi sa démission après
huit années à la tête de la nation, et une popularité jamais entamée.
La raison ? « Cela
me semble être le bon moment pour partir », a simplement expliqué le chef
du parti national depuis dix ans.
Personnellement, j’adore ce genre de lucidité-discrète.
Et lui rends hommage !
On est assez loin du marigot européen et plus
particulièrement « Gauloisien », où tout le monde se déchire le
fauteuil de Calife, du Calife qui n’en finit pas de sortir, et de celui de « Grand-Vizir »
devenu vacant de l’autre côté de la « Seine-sur-Parigot ».
Peut-être que finalement la cantine n’était plus au
goût du néo-zélandais, allez donc savoir… !
Et si beaucoup s’interrogent sur cette décision, tous
respectent le choix (légitime) de ce premier ministre-là, qui a expliqué tout
simplement vouloir « accorder plus de
temps à sa famille ».
Un homme droit et de droâte-libérale : Après une
carrière d’homme d’affaires jusqu’en 2001, il fait alors son entrée en
politique au sein du Parti national.
Élu député pour la première fois en 2002, il est réélu
en 2005 et prend la tête du Parti en 2007.
En 2002, il déclare qu’il est favorable à un « degré
de privatisation » des secteurs de la santé, de l’éducation et des retraites,
pas tout-à-fait comme « Fifi-le-vainqueur », mais en tout cas en
avance sur notre époque-gauloisienne.
En tant que député, il vote contre un projet de loi
visant à créer des unions civiles pour personnes de même sexe, mais également
contre un projet de loi qui vise à définir le mariage comme l’union d'un homme
et d’une femme.
Il changera son fusil d’épaule en avril 2013, alors qu’il
est au pouvoir, en soutenant une proposition de loi autorisant le mariage
homosexuel.
Proposition déposée par la députée travailliste Louisa
Wall, et John Key y avait publiquement apporté son soutien.
La Nouvelle-Zélande devient ainsi le treizième pays au
monde (et le premier en Asie-Pacifique) à légaliser le mariage pour les couples
de même sexe…
Il vote pour un projet de loi qui cherche (en vain) à
interdire la vente d’alcool aux personnes de moins de vingt ans.
Et affirme que la Nouvelle-Zélande doit combattre le
réchauffement climatique en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.
En 2003, il se prononce pour la participation de la
Nouvelle-Zélande à la guerre en Irak aux côtés des États-Unis, Helen Clark,
alors premier ministre, s’y oppose, et le pays ne participe donc pas à la
guerre.
Il dirige alors l’opposition officielle au
gouvernement de centre-gôche de la travailliste Helen Clark de 2006 à 2008
puis, et après les élections législatives de 2008, il devient le 38ème
Premier ministre de Nouvelle-Zélande le 19 novembre 2008.
Il forme alors une coalition gouvernementale de
centre-droâte avec les partis libéral « ACT New Zealand », centriste « United
Future » et le « Parti māori » pour disposer d’une majorité de
70 sièges sur 122 à la Chambre des représentants.
En 2011, il est reconduit à la tête du gouvernement
après la victoire de son parti et de ses alliés aux élections législatives de
novembre.
Au moment de la révolution égyptienne de 2011, John
Key se positionne comme favorable au gouvernement Moubarak. Cette prise de
position crée une polémique dans tout le pays.
En septembre 2014, son parti remporte tout seul une
majorité absolue des sièges, et Key conserve la tête du gouvernement.
Favorable à l’adoption d’un nouveau drapeau national,
il lance la même un processus participatif qui mène à un référendum en deux temps
à partir de décembre 2015 au terme duquel le drapeau actuel est conservé.
C’est dire le choc des Néo-Zélandais, patrie des « Blacks »,
accoutumés plutôt à une certaine routine politique bien huilée et rassurante.
« Nom de dieu,
ce n’est pas comme ça que ça doit se passer », titrait lundi
l’éditorialiste du site The Spinoff, Toby Manhire, qui voit dans l’acte du
libéral une transgression de l’une des règles de base de la politique : On ne
quitterait jamais de soi-même un poste.
Le kon-dogmatique !
Mais si, la preuve, enfin voyons…
« Il est
difficile de décrire à quel point ce qui vient de se produire est tout
simplement hors du commun – rares sont les dirigeants qui ont choisi de prendre
cette voie de sortie », conclut le journaliste.
Rare ne veut pas dire impossible ni même interdit…
Il paraît qu’en quelques heures, la page Facebook de
John Key s’est transformée en un mausolée où de nombreux citoyens sont venus
exprimer leur déception après cet « hara-kiri
politique incompréhensible ».
Partout, ce ne sont que remerciements et mots de
sympathie, témoignages de « profonde
tristesse » et encouragements pour la suite de la carrière de ce « dirigeant merveilleux », du « premier ministre simple et proche des gens
», de « celui qui a redonné à la
Nouvelle-Zélande confiance en elle-même », ou encore du « Dr Feelgood (se sentir bien) du pays ».
« Vous avez été
un dirigeant calme, imperturbable, à la tête d’un parti stable et avec des
objectifs clairs. Je n’ai jamais été de votre bord politique, mais je sais reconnaître
du bon boulot, surtout à un poste difficile », en dit une vendeuse dans une
entreprise textile.
Pour un politologue local à l’université d’Auckland,
John Key « restera dans la postérité
comme le premier ministre le plus populaire de l’histoire moderne du pays
».
Voilà qui nous ferait du bien…
Un succès qui s’explique selon lui par « sa « normalité », sa capacité à
communiquer facilement avec les gens, à être sympathique ».
Y’en a qui disent, et y’en a qui font…
John Key, qui a pourtant toujours dit qu’il « ne s’était jamais senti fait pour une
carrière politique », a réussi à s’imposer comme une « personnalité affable, d’une grande sagacité politique, qui a été le
moteur de son parti et de son pays pendant de longues années », analyse un
prof’ en sciences politiques à l’université Victoria de Wellington, la capitale.
« Même à la tête
du pays, il était l’un des nôtres », résume cet observateur de la scène
politique new-Zélandaise.
Il paraît qu’il n’était pas rare de croiser le premier
ministre dans les rassemblements populaires, sur des marchés ou en visite dans
des entreprises florissantes du pays.
À Christchurch, sa ville natale dévastée en 2011 par
un violent séisme qui avait fait 185 morts, alors qu’un autre a encore secoué l’île
la semaine dernière, on l’avait encore croisé il y a quelques mois dans une rue
des rues piétonnes, une poignée de journalistes à ses côtés.
Fidèle à sa promesse faite au lendemain du drame de « faire revivre » l’agglomération, il
annonçait le déblocage de nouveaux fonds de réhabilitation pour cette ville que
l’État a dû porter à bout de bras pour reconstruire plus de 80 % du centre.
À une centaine de mètres, deux policiers riaient
d’entendre les touristes s’enquérir de l’identité de la silhouette en costume :
« Lui ? On ne le connaît pas. Ah si,
c’est notre premier ministre. Mais comme il ne fait aucune polémique, on a
tendance à oublier… ».
Une réputation qui lui avait valu le surnom de « Mister Teflon », sur qui toutes les
controverses glissaient.
J’en connais d’autres qui devraient en prendre des leçons…
Passons, chez nous, ils font buzz uniquement à coup de
polémiques parfois totalement déplacées : Et ils persistent ayant noté que
le ridicule ne les tuent même pas !
Il y avait pourtant eu quelques entailles dans le
mythe. La reconstruction de Christchurch, tout d’abord, qui n’allait pas assez
vite au goût de nombre de ses habitants, malgré un budget de plus de 50
milliards de dollars néo-zélandais (33 milliards d’euros) en cinq ans. Plus
récemment, il y avait surtout eu le camouflet du référendum sur le drapeau
national.
Si John Key avait fait campagne pour le changement en
défendant l’oriflamme ornée de la fougère des All Blacks, l’équipe nationale de
rugby, les Néo-Zélandais avaient choisi de garder leur Union Jack orné de la
croix du Sud, pourtant qualifié de « relique
coloniale » par le premier ministre.
Il paraît aussi que depuis plusieurs mois, John Key,
toujours adepte de l’autocritique, multipliait les blagues sur le désamour de
ses compatriotes, déplorant les files qui « deviennent
de plus en plus courtes et clairsemées quand il s’agit de prendre un selfie
avec moi ».
Un constat qui ne trouvait pourtant aucun écho dans les
sondages d’opinion, qui donnaient toujours une confortable majorité à l’élu
libéral de 55 ans seulement, à qui tous promettaient de longues années à la
tête du pays.
Alors comment expliquer ce départ d’une situation si enviable
?
Certains médias néo-zélandais croient déceler une
certaine lassitude dans l’exercice de la fonction, incarnée notamment par le
choix du nouveau président américain, « MacDonald Trompe » de se
retirer de l’accord de partenariat Trans-pacifique, dont John Key avait été
l’un des fervents artisans.
Le premier ministre kiwi (équipe de rugby à XIII
néo-zélandaise) avait d’ailleurs décliné récemment un appel téléphonique de son
homologue américain, prétextant « être
trop occupé par les dégâts du dernier tremblement de terre pour discuter »,
illustrant une nouvelle fois sa préférence pour l’action plutôt que pour la
diplomatie, flanquant au passage un camouflet à l’ego-hypertrophié du nouvel élu
américain.
D’autres y lisent encore une certaine usure du petit
jeu politique, notamment après un épisode fratricide au sein de son parti lors
du choix d’un candidat pour les législatives dans la circonscription de Mt
Roskill.
John Key avait lâché à la dernière minute le candidat
Parmjeet Parmar, après des pressions d’une frange de son parti.
Un épisode qui lui avait valu des critiques, et le
retour en force d’un surnom qu’il avait gagné lorsqu’il multipliait les
licenciements au début de sa carrière dans le privé, « the smiling assassin » (le « tueur souriant »).
En clin d’œil, John Key a d’ailleurs souligné lundi
lors de sa conférence de presse qu’il « avait
dû au cours de sa carrière poignarder plusieurs personnes. Il est temps de me
poignarder moi-même ».
De son côté, le site parodique australien « The
Betoota advocate » n’a pas manqué de faire un parallèle entre le destin de
John Key et celui de l’équipe nationale de rugby, les légendaires All Blacks
sur laquelle le 15 des « bleus » venait de se casser les dents, défaits eux-mêmes
à Chicago contre les irlandais.
Bon-bon… un match arbitré par un « Gauloisien »
alors que celui contre les « bleus » l’était par un anglais, double
raison pour laquelle c’était donc loin d’être gagné, jaloux de leur « Union-Jack »
qu’ils sont tous en Albion-perfide…
Alors que tous les observateurs qualifiaient le
collectif, à la tête d’un record de dix-huit victoires consécutives, de « meilleure équipe de l’histoire du pays
», les demi-dieux du pays étaient tombés lourdement de leur piédestal le mois
dernier, en s’inclinant face à l’Irlande avant de se racheter au match suivant,
lavant ainsi l’affront.
« Et si John Key
avait tout simplement voulu se retirer avant de rencontrer sa propre équipe
d’Irlande ? » concluait le site.
En bref, ce que je voulais dire à « ceux-ce »
qui n’ont jamais connu de la vie que le contrat de travail et le statut de « salarié-esclave »
(où il y a un terme pré-convenu et prédéfini pour des raisons soi-disant de
protection… de l’organisation des tâches à effectuer et attachées à un poste),
c’est qu’on démissionne d’un mandat, comme on veut, quand on veut, à effet
immédiat (ou différé).
Dans certains cas rares, à condition de respecter les
termes d’un contrat de gestion associé sous peine de nullité relative (résiliation
de celui-ci).
Même le « Pape des papistes » sait ça !
La preuve : « B16 »…
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