Nous donnent-ils une leçon de flegme britannique ?
Quand je suis passé à Londres en décembre dernier, pas
vraiment remis du vol de
ma côte-flottante, j’ai pu noter une intense activité policière
autour du pont de Westminster, du pied de Big-Ben et jusqu’à Waterloo-station.
Une sorte de prolongation du dernier James Bond, mais en plein jour, avec
ballet d’hélicoptères, circulation détournée, pagaille de flics en arme.
Et … pas une ligne dans la presse du lendemain, pas un
seul reportage télévisuel, tous axés sur les inondations tempétueuses du nord
du pays et le lendemain sur l’attaque au couteau dans une station du nord-ouest
du métro.
Étonnant !
Et ce qui m’a étonné encore récemment, c’est qu’après les
attaques de Bruxelles, les commerces sont restés ouverts et la place de la
Bourse ne s'est pas vraiment remplie. Alors que les attentats de Paris avaient
provoqué une stupéfaction mondiale, ceux de Bruxelles ne semblent même pas avoir
surpris les Belges !
Frappée au cœur, prise à la gorge, ainsi
s’imaginait-on retrouver la Belgique. Comme si elle vivait à son tour notre 13
novembre, choquée, à terre, mais unie dans le chaos et la stupéfaction. On les pensait
en état de siège…, or quelques heures à peine après les attentats qui ont
touché l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et la station de métro Maelbeek,
faisant plus de trente morts et au moins 270 blessés, la capitale européenne
s’était déjà remise debout comme un robot à peine endommagé !
Il y avait bien quelques policiers masqués devant la
gare du Midi, des gens impatients de reprendre leur bus, leur train, têtes
baissées sur leurs téléphones portables.
Mais les commerces n’ont pas fermé, les restaurants
non plus.
Dans l’après-midi, deux lignes de métro ont été bien
vite rétablies. À 17 heures, le quartier Schuman où se trouve la station
Maelbeek ciblée par les bombes, était accessible.
Comme rapidement nettoyé, parce que l’Europe doit
tourner.
Et au-delà du quartier Schuman, cœur froid de
l’Europe, ni panique, ni chaos.
Les attentats n’ont pas surpris les Belges !
« On s’y
attendait, en réalité », raconte un passant sous-titré en rital, dans
le centre-ville. « Depuis le 13
novembre, on savait que nous serions les prochains. On était presque préparés. »
Un autre : « On
sentait ce truc venir… On a presque été plus surpris en fait par le 13 novembre
en France. »
C’est vrai, les autorités et secours belges, en alerte
maximum depuis la fin de l’année 2015, novembre ayant été marqué par une
journée « ville-interdite », ont su très vite prendre les victimes en
charge, les orienter en peu de temps vers les hôpitaux, eux-mêmes mobilisés en
deux temps trois mouvements.
Le dispositif s’est mis en place comme une mécanique
bien rôdée.
Alors que ça été le boxon à Paris, paraît-il, malgré
la répétition générale ayant eu lieu peu avant.
L’émotion n’a pas surgi parce qu’elle « suinte »
en fait depuis de longs mois.
Des gens ont bien ouvert les portes de leurs maisons
pour offrir un thé, des mots, cette « solidarité », cette « unité »,
auxquelles le Premier ministre belge, qui a décrété trois jours de deuil
national, appelait. « Mais ça n’a
pas pris », raconte une autre. « Tout le monde pensait à partir, rentrer chez soi. Pas à partager, ni à
se mobiliser… C’est le surréalisme à la belge ! On essaie de faire comme vous,
les Français, mais on n’est pas comme vous. Nous, on s’excuse un peu d’exister,
en fait. »
La Belgique traîne son histoire, celle d’un pays qui
était il y a quelques années encore au bord de l’explosion, déchiré par des
tensions communautaires entre Wallons et Flamands. Ici, l’unité est « un mot qui court les bouches des politiques,
mais qui n’est pas un réflexe pour la population », confie une étudiante.
Ainsi la place de la Bourse, qui se voulait un lieu de
recueillement pour le peuple belge, peinait-elle mardi soir dernier à se
remplir… Quelques bougies, des mots de soutien grattés à la craie sur le
bitume, le début d’un chant entonné, il y a à peine deux cents personnes
rassemblées là, finalement presque autant de journalistes circonspects en quête
d’émotions que de Bruxellois venus pleurer leurs morts.
C’est vrai que les autorités ont appelé les habitants
à rester chez eux immédiatement après les attaques. La ville, qui compte 1,3
millions d’habitants, accuse donc le coup sans bruit.
« En même
temps, vous l’entendez… On ne dit pas que c’est la Belgique qui aurait été
touchée, mais Bruxelles, capitale de l’Europe », explique un autre.
L’Europe, cette institution qu’il juge « peu humaine, abstraite et bien lointaine malgré sa situation au cœur de
notre ville ».
« Le
quartier Schuman ? Loin… »
« Vous
pensez sérieusement que les Belges occupent une place importante dans l’Europe
? C’est plutôt l’Europe qui nous occupe sans nous voir ! »
Il oublie aussi l’imposant siège de l’Otan, en banlieue…
Et pendant ce temps-là, à Strasbourg les députés
européens refusent de voter la directive sur le PNR, pour « Passenger name
record », ce fichier des passagers en Europe contesté par une partie de la
classe politique.
Pourtant l'exécutif ne cesse d'accroître la pression
sur les eurodéputés récalcitrants, qui bloquent le projet depuis 2011.
Mercredi, alors que « Gras-nul-laid », le « Capitaine-de-pédalo-à-la-fraise-des-bois »
demandait « fermement » à l'Europe
d'agir, et « Menuet-Valse » se fendrait d’un déplacement, en avril, devant
ledit Parlement européen, au moment où les eurodéputés seront censés se
prononcer définitivement sur le PNR.
Mais les élus visés refusent de céder à la pression. À
commencer par les écologistes, qui combattent ce projet de fichier depuis
plusieurs mois.
« On ne va pas
obéir », a déclaré jeudi un député européen EELV sur RTL. Il pointe
notamment du doigt le coût de la mise en place du PNR, estimé à un milliard
d'euros, et le déficit de moyens sur la coordination européenne en matière de
renseignement.
« Quand vous
allez mettre un milliard d'euros sur la table pour juste mettre en place ce
PNR, (…) ce sont des moyens que vous
ne donnerez pas aux policiers, aux juges, aux services de renseignements, ce sont
des moyens que vous ne donnez pas à la coopération européenne qui est
totalement défaillante » a-t-il affirmé.
Autres opposants au projet, les eurodéputés frontistes
refusent de baisser les armes. « Quand
Monsieur Valls évoque le renforcement des frontières extérieures de l'UE et le
PNR comme seules réponses à la menace terroriste, il trompe les Français et
démontre son impuissance tant il n'a absolument rien à proposer » en dit « Floflo-Fil-lipo ».
Les frontistes pointent du doigt un dispositif « liberticide », mais oui, eux-mêmes !
« Le PNR
européen sera en effet un registre des données personnelles, conservées cinq
ans, des centaines de millions de passagers aériens entrant dans l'espace
européen ou sortant de celui-ci. Sa conception repose sur une ‘‘suspicion
généralisée’’ des passagers ».
« Plutôt que de
perdre son temps à ficher et à surveiller des centaines de millions de
passagers dont on sait qu'au moins 99 % n'ont rien à se reprocher, mieux
vaudrait privilégier une surveillance ciblée des terroristes et des suspects
fichés S » propose un autre euro-frontiste, cet oxymore-politique…
Certes, mais alors pourquoi ne pas abroger tous les
contrôles dans les aéroports, au juste, à l’entrée de l’Eurostar et partout aux
frontières ?
Et puis on apprenait encore que la Direction générale
de la sécurité intérieure (DGSI), déjà mobilisée à retrouver les derniers
membres de la cellule qui a frappé la capitale puis Bruxelles, avait neutralisé
une nouvelle équipée terroriste fomentée à Argenteuil, dans le Val-d'Oise.
« Nanar-Case-neuve » a indiqué que les
policiers ont effectué une « interpellation
importante » qui a permis de « mettre
en échec un projet d'attentat en France conduit à un stade avancé ».
On ne sait pas encore quelle était la cible.
Peu avant minuit, une perquisition était menée par la
DGSI avec l'appui des policiers d'élite du RAID dans un immeuble d'habitation
sur commission rogatoire d'un juge d'instruction du pôle antiterroriste de
Paris dans le cadre de « l’état d’urgence ».
« Cette arrestation
est le fruit d'une enquête minutieuse conduite depuis plusieurs semaines, qui a
mobilisé d'importants moyens de surveillance physique et technique, ainsi
qu'une coopération étroite et constante entre services européens ».
Bon alors, le PNR se justifie-t-il ou non, au juste ?
Il s'agirait de la douzième tentative déjouée en
quinze mois puisque, comme l'avait prétendu fin janvier le ministre, les
services ont déjà tué dans l'œuf pas moins de « onze attentats dans le courant de l'année 2015, dont six depuis le
printemps ».
À la mi-décembre dernier, une équipée sanglante,
visant le commissariat d'Orléans avait notamment été stoppée par la DGSI. Deux gaulois
de 24 et 25 ans avaient été interpellés dans le Loiret.
Ils avaient déjà récupéré près de 4.000 euros envoyés
par mandat depuis la Syrie pour acheter des fusils d'assaut et passer à l'acte.
Le 29 octobre, les hommes de la Sécurité intérieure
avaient appréhendé Hakim, un gaulois de 25 ans, alors qu'il venait lui aussi de
tenter de se procurer des armes pour attaquer la base navale de la ville afin
d'assassiner des militaires de la marine nationale.
À la veille du 14 juillet, la DGSI avait neutralisé un
commando de trois hommes visant le Centre national d'entraînement du fort Béar,
près de Collioure (Pyrénées-Orientales). Le groupe, dans lequel figurait un
matelot révoqué, voulait décapiter un officier. Et il était lui aussi relié
avec un combattant de Daech en Syrie.
Depuis le début de l'année 2016, quelque 75 individus
en lien avec des activités terroristes ont déjà été interpellés à travers le
pays.
Ces interpellations ont donné lieu à 37 mises en
examen et 28 incarcérations.
Jamais le spectre du terrorisme n'a été aussi
menaçant :Il y aura bien tôt ou tard une tentative qui ne sera pas arrêtée à temps.
Le pays se doit de vivre avec la permanence de la
menace, lui aussi !
Et pour tout dire, tout le monde flippe pour la
prochaine coupe d’Europe de foot qui débute le 10 juin prochain.
Couverture médiatique mondiale assurée pour tous les
candidats au « divorce d’avec la vie » terrestres, pressés par
les 70 vierges qui les attendent impatiemment au paradis salafiste !
Vous avez noté d’ailleurs : On vous pète et
répète à longueur d’antenne le nom des terroristes, heureux élus d’Allah,
suspects et recherchés, alors même qu’on n’a toujours pas l’identité des
victimes, que ce soit pour le 13 novembre ou le 22 mars !
Deviendrons-nous « des belges », déjà
vaccinés par l’inéluctable ?
Répétitions générales les 13, 14 et 15 mai à
Monaco, pour le « Grand prix des historiques » et des 26 au 29 suivant
pour le « Grand-prix » des formules 1.
On prend les paris ?
Il n’y aura pas le moindre attentat, vous verrez,
tellement les effectifs et les moyens vidéo de sécurité sont intenses et bien
gérés.
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