« Poux-tine » a encore surpris son monde…
Ce qui confirme le diagnostic de la CIA : Les uns
le disent « génial » et l’encensent, d’autres restent étrangement
absents, ou semblent vouloir seulement espérer une sortie de « crise-syrienne »
par le haut, politique ou diplomatique.
Moi, je m’interrogeais et cherchais des réponses
logiques : Qu’allait-il faire dans ce merdier-là ?
1 – J’y vois d’abord la confirmation de ce qu’on
rapportait en février 2015 : Imprévisible pour le commun des mortels,
c’est un des traits logiques d’un Asperger.
Pas plus tard que le 9 mars
dernier (2016), je m’inquiétais : La situation syrienne
semblait inextricable.
« Vlad » a dû lire mon post, forcément que ce n’est pas
possible autrement, et se rendre compte de l’impasse dans laquelle il s’était
fourré sans s’en rendre compte.
Il a réagi avec intelligence ce qu’est en général un
Asperger.
D’ailleurs, je m’inquiétais également d’un
« trafic » inhabituel sur ce blog – un peu
avant – (depuis début février), qui s’est heureusement épuisé
depuis.
Eh bien, sur ces époques-là, une bonne partie des
visiteurs venaient consulter ce blog-ci depuis la
« Russie-éternelle ».
Or, depuis une semaine, ils ont mystérieusement disparu
des statistiques fournies par « Gogol » !
Et pour « Poux-tine », avec ses troupes
engagées sur ordre, sans compter les 3 millions de dollars par jour (montant
estimé) claqués en poudre et kérosène, ce n’était pas si facile que ça !
Plus d’un demi-milliard depuis le début des
opérations, pour un pays au bord de la faillite et de l’explosion sociale, ce n’est
pas forcément très confortable.
L’économie russe s’est encore contractée de – 3,3 % en
2015, subissant de plein fouet l’effondrement du prix du pétrole qui
représentait la moitié de ses recettes budgétaires et les populations s’en sont
prises plein la gueule avec l’embargo, alors que le pays importe normalement 35
% de sa consommation alimentaire, embargo qui met aussi à genoux nos
producteurs de porc et de lait !
Et qu’il a toujours sur les bras les séparatistes du
Donbass Ukrainien à gérer : La crise n’a pas faibli, même si les armes
lourdes se sont tues.
On est toujours à la recherche d’une
« sortie-politique » honorable pour tout le monde et qui soit
durable, tant à Kiev qu’à Moscou : Il va falloir que « Vlad »
dégage un peu de temps et d’astuce pour s’en préoccuper utilement.
Quelques atouts de crédibilité en plus, pour la suite
(le coup d’après des joueurs d’échecs), ne lui est donc pas tout-à-fait inutile.
2 – La presse-aux-ordres tente de vous fournir
quelques explications : On était au bord, ou encore assez proche, d’un
cataclysme nucléaire en cas d’escalade et là, depuis le cessez-le-feu, plus
rien.
Seule la livre Syrienne s’est cassée la gueule !
Même le turc s’est emmuré dans un silence étonnant au
lieu de crier victoire face à ce repli, lui qui imaginait déjà rentrer dans le
lard des russes avec l’appui de l’OTAN.
Bon d’accord, il aura obtenu quelques milliards
d’euros de « Mère-qu’elle », mais elle est restée ferme sur le
reste : « La candidature de la
Turquie dans l’UE n’est pas d’actualité ! »
Et ne le sera sans doute jamais, notamment tant que le
cas de Chypre ne sera pas réglé (on en reparlera, car avec le Liban, ce sont
les prochains « points de chaudes frictions » lourds prévisibles, mais ils
ont eu le temps de dire « Ciao » à la Troïka avec quelques avances
sur le calendrier prévisionnel !)
3 – Les « experts » restent pour l’heure
cois. Alors vous restez sur votre faim. Il n’y a pourtant aucun mystère dans
tout cela : Seule la date et l’enchaînement des événements restaient
aléatoires.
Pour le reste, tout est logique.
– a) « Poux-tine » a lui aussi ses propres « faucons »,
ses Tchétchènes et autres islamistes sur le dos.
Il a fait des pieds et des mains pour récupérer
Sébastopol en abandonnant Odessa, deux ports militaires sur la Mer Noire.
Il n’allait pas en plus laisser tomber Tartous sur les
côtes syriennes, pas plus que sa base aérienne avancée à Lattaquié : La
Syrie est un allié ancien qui a toujours offert un asile militaire aux Russes
en Méditerranée (en attendant Gibraltar : On ne sait jamais et on peut
toujours rêver !)
La Syrie et son pouvoir Alaouite est aussi l’alliée de
Téhéran. Or, l’Iran revient dans le concert des nations après d’âpres et
longues négociations à « 5 + 1 » dont la Russie, sur le nucléaire …
Tout cela est très logique et s'enchaîne bien.
– b) Par ailleurs, si les américains et leurs alliés
testent en permanence leurs nouveaux matériels militaires de pointe sur le
terrain (ils viennent de mettre à l’eau le Gérald Ford, un porte-avions de 90
appareils à 15 milliards de dollars le bout de ferraille) ce qui reste
« vendeur » – comme vous aurez pu le noter avec les ventes de Rafale
et autres – les industriels russes n’ont pas cet avantage commercial :
Même le T50, ce chasseur russe de 5ème génération, monté en
coopération offerte à l’Inde n’a plus la côte à New-Delhi qui lui préférerait
justement le Rafale…
Un comble, mais un comble qui tarde à se matérialiser.
Car, pour vendre, il faut ce label « Éprouvé au
combat ». Et l’Ukraine n’offrait pas cette possibilité.
Une bonne guerre des plus classiques sur un théâtre
d’opération sans risque pour la population permet de tester tous les nouveaux
types d’armement.
On a vendu des Exocet à l’Irak parce que les argentins
avaient dégommé un destroyer anglais au large des Malouines, vous rappelle-je…
Ici, même cause, même effet.
D’autant que ça permet d’améliorer lesdits matériels
engagés.
On nous a présenté les opérations russes comme
« glorieuses » et efficaces. 9.000 sorties de l’aviation russe et un
seul avion abattu … par deux vieux F16 turcs !
C’est dire que des progrès restent à faire !
On en a déjà parlé : http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/12/jen-sais-desormais-un-peu-plus-sur-le.html
Et presque 6 mois d’opération juste pour reprendre un
lopin de terrain, une autoroute et quelques villes-avancées, là où
souvenez-vous « la coalition » avait mis à terre la 4ème
puissance irakienne au monde en 100 heures d’opérations terrestres en 1992…
Les moyens n’étaient pas les mêmes, faut-il rajouter.
Pendant ce temps-là, les iraniens engageaient leur
très vieux F4 Phantom, une technologie de pointe en… 1968, date de la guerre du
Vietnam, et les « Gaulois » n’ont pas été capables de sortir plus de
6 avions à la fois.
Et le « Capitaine-de-pédalo-à-la-fraise-des-bois »
se permet de triompher.
Une misère : Malgré les budgets, il n’y a que 20
avions de combat engagés dans les OPEX, hors la flottille du Charles-de-Gaulle…
Par ailleurs, personne ne l’a noté mais ça transparaît
dans quelques rapports pour l’heure secrets, les russes ont des soucis à se
faire avec leurs missiles de croisière : Plusieurs se sont perdus.
Idem avec leurs drones si peu mis en avant et quelques
types de bombes « intelligentes ».
Les défenses anti-aériennes n’ont pas pu être testées,
mais on connaît l’efficacité des BUK de
la génération précédente, on ne doute donc plus de rien.
En revanche, les matériels terrestres livrés aux
militaires syriens ont su faire la différence sur le terrain : Il faut
dire que Daech et Al-Nostra n’en sont pas équipés.
Et puis, mêmes les Kurdes commencent à reprendre des
positions abandonnées préalablement faute d’équipement, même légers…
Et, bien que centrée sur la défense de son territoire,
l’armée russe a montré qu’elle est aussi capable de projeter rapidement et
efficacement des forces hors de ses frontières.
Ça, c’est nouveau et il faudra en tenir compte,
d’autant que les patrouilles d’avions russes à long rayon d’action et de
navires militaires tout autour de l’Europe se sont multipliées pendant la
période.
Tout ceci reste donc logique : Après 6 mois de
tests, ayant montré et démontré quelques faiblesses, il était temps de
remballer les joujoux des « militareux ».
4 – Restait donc à trouver la bonne « fenêtre »
avant que les choses ne se dégradent trop visiblement.
Là, tout « Asperger » qu’il est, je
reconnais à « Poux-tine » un certain talent et une bonne équipe qui
l’entoure (ce qui est déjà un talent pour être « patron », sinon
l’indispensable).
– a) Il peut se déployer honorablement en fondant
officiellement sur « l’éradication du
terrorisme », à la demande de son allié qui plus est, et se replier tout
aussi honorablement, sans qu’on le lui ait demandé, après constat d’avoir « largement réalisé ses objectifs ». Même
si finalement la « mission » du
contingent russe a réservé ses frappes aux forces anti-Assad et nullement
contre l’EI, qui conserve la maîtrise d’Alep et d’une partie du territoire
syrien, même si Palmyre pourrait tomber dans quelques semaines.
Du coup, le retrait russe a répondu à plusieurs
impératifs, politiques, économiques, diplomatiques et militaires :
– Changement de rapports des forces sur le champ de
bataille. Longtemps cantonnée à la défense du réduit alaouite, à l’ouest du
pays, l’armée loyaliste a commencé la reconquête du territoire. Prêt de
s’écrouler, en septembre 2015, le régime de « Blabla-char » sort
miraculeusement indemne d’une guerre qui, au seuil de sa sixième année, a fait
près de 300.000 morts, autant de blessés, et déplacé près de 5 millions de
personnes.
6 ans… 6 mois, pourquoi ne pas être intervenu plus
tôt, SVP ?
– Sur le front politique, en montrant sa capacité d’intervention,
le Président russe peut se targuer d’avoir remis spectaculairement la Russie,
grande puissance globale, au centre de la scène internationale.
Il peut même se prévaloir désormais d’avoir « préventivement » évité l’une des causes,
selon lui, du désordre mondial : Un changement de régime déclenché par une
puissance extérieure, sans légitimité donc fragile démocratiquement et exposé à
la violence djihadiste qui émerge dans son sillage !
– b) D’où l’impératif de s’extraire d’une guerre « asymétrique »
et donc chère : Au Moyen-Orient, la promesse d’éradiquer totalement le
terrorisme est matériellement impossible à tenir.
L’engagement de fermer la frontière entre la Syrie et
la Turquie est un échec royal.
Et le souvenir de l’enlisement de l’armée rouge en
Afghanistan hante encore l’état-major russe.
Donc, mission « à moitié accomplie », la Russie peut
profiter d’un cessez-le-feu, même provisoire et partiel pour s’extraire d’une
guerre qu’elle ne gagnera jamais sans intervention au sol.
Et la conférence de Genève sous l’égide de l’ONU qui reprend
ses travaux, avec comme objectif la formation d’un gouvernement de transition, lui
en a donné l’occasion tout en espérant capitaliser sur ses acquis et peser de
tout son poids pour devenir l’ordonnateur d’une paix que l’intransigeance
d’Assad rendait impossible.
– c) Car pour Moscou, « Blabla-char » n’est
plus qu’un des paramètres d’une négociation plus large où comptent d’abord les
intérêts de la Russie qui entend être récompensée de ses bons offices par une
présence désormais incontestée dans ses deux bases militaires et dans la
région.
Et pour y parvenir « Poux-Tine » veut
imposer « ses » interlocuteurs valables à la table des négociations (avec
peut-être les kurdes, évincés des pourparlers et une fraction seulement des
représentants de l’ASL-Armée syrienne libre, armée par Washington qui s’est
aussi refusé à intervenir sur le terrain : Eux aussi
« savent »).
Conclusion toute aussi logique : La télévision d’État
pouvait montrer dès lundi des soldats russes embarquant dans des Iliouchine 76
transporteurs de troupes et accueillis en fanfare sur les aéroports de
destination.
La désescalade peut commencer.
En revanche, la catastrophe humanitaire subsiste.
Quant à la question kurde, elle va être un test majeur
pour la diplomatie iranienne. Les iraniens ont appuyé leurs dirigeants
« modérés » à l’occasion des dernières élections et il est fort à
parier que, sous l’influence de l’axe diplomatique Moscou-Téhéran, nous allons
assister à une stabilisation de la région du fait du recul des nuisances
occidentales.
En cas d’échec, il sera toujours temps d’y
revenir : Mais l’échec est interdit à Moscou, même si ses troupes
casernent sur place.
Ce serait l’occasion d’une perte de crédibilité
mondiale de la diplomatie russe entrainant probablement le retour des occidentaux,
notamment au Liban si la situation dégénérait une nouvelle fois dans ce
pays-là.
Et le seul cocu de l’affaire, c’est Ankara.
En en attendant d’autres.
Rien que de très logique, finalement d’autant qu’on
reconnaît la patte du joueur d’échecs pour garder toujours « un coup
d’avance ».
On aura au moins appris à le mieux connaître :
Bravo !
Réfléchissons ... Les ennemis de Poutine ne crient pas victoire ... C'est donc qu'il s'agit, pour eux, d'une défaite! Al Nosra a fanfaronné. On va bien voir la suite! Combien de temps faut-il pour ramener les avions sur le lieu des combats? Moins de deux jours ... Pendant ce temps, il réapprovisionne tous les stocks et il fait la maintenance ...
RépondreSupprimerLes avions de combat et les navires restent sur place : Ils peuvent reprendre leurs activités guerrières à tout moment (si jamais elle a cessé, mais ça on n'en sait encore rien).
SupprimerLes livraisons de matériels à l'armée syrienne se poursuivent : Une véritable armada.
Ce n'est donc pas une question de stocks d'autant que les "usines" ne sont jamais qu'à 2.500 kilomètres de là, même pas 3 heures de vol...
Non, il faut chercher une autre raison, notamment, à mon sens, la peur de l'enlisement, ce qui aurait été parfaitement contre-productif pour les enjeux politiques et diplomatiques.
En bref, c'était le "bon moment".
Mais à suivre, bien sûr : "Poux-tine" a un coup (ou plus) d'avance, c'est lui qui reste à avoir "l'initiative" : Tous les autres sont obligés de suivre.
Bien à vous !
I-cube
Deux p'tits lien : http://www.voltairenet.org/article190771.html - http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=150&id=1464&content=synopsis
RépondreSupprimercdt
Belle remise en perspective : Merci !
SupprimerNotamment le billet de Boulevard Voltaire pour toutes celles et tous ceux qui veulent comprendre ce qui se passe.
Bien à vous !
I-Cube
A noter que pour faire contrepoids aux derniers matériels russes, Les USA annonce vouloir quadrupler ses budgets militaires en Europe...
RépondreSupprimerEt je rappelle que la semaine prochaine, "Haut-Bas-Mât" va faire une visite de politesse à "Vlad-Poux-tine" jusqu'à Moscou.
Après leur aparté commune en décembre dernier au Bourget à l'occasion de la COP21 !
Plus que temps que de suivre le cours des événements pour mieux décrypter ce qui va suivre...
Bien à toutes et tous !
I-Cube