Surveiller, c’est bien, exploiter, c’est mieux !
La fin présumée du logiciel d’espionnage de masse « Promis », dont il a été question récemment sur ce blog,
a naturellement fait des petits au fil du temps.
Ils se nomment par
exemple, PRISM, Levitation, Muscular, Optic Nerve, Tempora, ont plusieurs nationalités,
sont parfois partagés, et/ou associés à des logiciels tels que Bullrun ou Boundless
conçus pour « casser » les codes voire « forer » des « portes-cachées »
dans les bases de données et/ou le trafic électronique planétaire.
Les moyens pour vous surveiller sont immenses,
gigantesques. Sans limite.
XKeyscore est un de ces programmes de surveillance de
masse créé par le NSA qui a la particularité d’opérer conjointement avec les
services de renseignements britanniques, canadiens, australiens et
néo-zélandais, services dont la coopération historique en matière de partage de
l'information a entraîné le surnom des « Five Eyes », mais plusieurs autres
pays participent à ce programme.
Il permettrait une « collecte quasi-systématique des activités de tout utilisateur sur
Internet », utilisant plus de 700 serveurs XKeyscore, déployés dans plus de
150 sites au sein de dizaines de pays, incluant la majeure partie des pays
européens, la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie.
Le fonctionnement et les capacités du programme
XKeyscore ont été révélées successivement en juillet 2013 par les journaux The
Sydney Morning Herald, Der Spiegel, O Globo, et The Guardian, sur la base des
informations communiquées par le lanceur d'alerte Edward Snowden.
Selon O Globo, XKeyscore détecte la nationalité des
utilisateurs en analysant la langue utilisée dans les courriels interceptés, et
affirme que cette technique a été utilisée pour l'Amérique latine, spécialement
en Colombie, en Équateur, au Venezuela et au Mexique.
Selon Der Spiegel, XKeyscore a également la
possibilité d'importer rétroactivement plusieurs jours de métadonnées
échangées, ainsi que le contenu de communications. L'article dresse une liste
des termes utilisés dans un moteur de recherche comme un exemple des possibilités
d'interception de XKeyscore.
Le 31 juillet 2013, le journaliste Glenn Greenwald
publie dans le journal The Guardian un article détaillant les fonctionnalités
du programme, ainsi qu'un dossier de présentation (32 planches) du NSA du
programme Xkeyscore daté du 25 février 2008.
Selon les documents publiés par le journal Der Spiegel
et obtenus par Snowden, les agences de renseignements allemandes BND
(renseignement étranger) et BfV (renseignement intérieur) ont eu accès à
XKeyscore et l'ont utilisé.
Dans ces documents, l'agence BND fut décrite par le
NSA comme le partenaire le plus prolifique en recherche d'information.
En Australie, le programme est centré sur quatre bases
: Pine Gap près d'Alice Springs, Shoal Bay près de Darwin, ADSCS à Geraldton,
HMAS Harman à l'extérieur de Canberra. En Nouvelle-Zélande, un site se trouve
au GCSB Waihopai.
De nombreuses entreprises privées, principalement
américaines, comme L-3 Communications, Tasc, Cytech Services, SAIC, Raytheon ou
BAE Systems contribuent au développement du programme et continuent de le faire évoluer.
Le programme XKeyscore permet une collecte
quasi-systématique des activités de tout utilisateur sur Internet (notamment en
interceptant le protocole HTTP) :
– Les courriels, adresse émettrice, adresses
destinataires, date et heure, objet, contenu et pièces jointes ;
– Les activités sur les réseaux sociaux. Et avec
l'aide d'un outil complémentaire appelé « DNI Presenter », les
analystes de la NSA sont en mesure de lire les messages privés échangés sur les
réseaux sociaux, comme « Fesse-book », par un internaute donné, à partir
d'un simple nom d'utilisateur ;
– L'historique de navigation d'un utilisateur, des
sites visités ou recherches effectuées sur les moteurs de recherche comme
Google ;
– Et, d'une manière générale, tout formulaire rempli
par l'internaute, contenu, identifiant et vraisemblablement les mots de passe.
Le NSA est ainsi capable d'intercepter l'ensemble des
informations d'une session de navigation sur Internet (adresse Internet des sites
visités, paramètres, cookies).
L'agence est également capable d'obtenir les adresses
IP de toute personne qui visite un site défini par l'analyste.
Les analystes de la NSA peuvent ainsi intercepter en
temps réel les informations, sauf si la communication est réalisée dans un «
tunnel chiffré » (VPN).
Dans ce cas, le déchiffrement se fait a posteriori.
Mais on ne sait rien encore de l'impact du recours à
des connexions sécurisées de type SSL.
Cette surveillance de masse est dans le périmètre de
Boundless Informant.
L'article détaillé publié dans The Guardian, sur la
base des informations datant de 2008, affirme que XKeyscore collecte
simultanément tellement de données qu'elles ne peuvent être enregistrées que
pour une courte période.
Le contenu reste sur le système pour seulement 3 à 5
jours, pendant que les métadonnées restent enregistrées durant 30 jours. Le
même article indique, sur certains sites, « les
quantités de données que nous recevons par jour (+ de 20 téraoctets) peuvent
seulement être enregistrées pour 24 heures au plus ».
En revanche, les données identifiées comme « intéressantes »
sont ensuite stockées pour une durée de 5 ans.
Glenn Greenwald précise que les bases de données du
NSA ont collecté au fil des années des communications permettent aux analystes
de rechercher et d'écouter « les appels
ou les courriels de tout ce que le NSA a sauvegardé, ou regarder les
historiques de navigation ou les termes que vous avez utilisé lors de
recherches Google, et ça les alerte pour toute activité qu'une personne connectée
avec telle adresse courriel ou telle adresse IP fait dans le futur ».
Toujours selon Glenn Greenwald du journal The Guardian,
même les analyses de bas-niveau sont autorisées par le NSA, ce qui permet de
chercher et d'écouter des communications d'Américains et autres sans
l'approbation ou la supervision de la cour.
Greenwald a déclaré que les analyses de « bas-niveau »
peuvent, à l'aide du système XKeyscore, « lire
n'importe quel courriel désiré, écouter n'importe quel appel téléphonique,
historique de navigation Web, documents Word. Et tout cela est fait sans
demander à une cour, sans demander l'approbation d'un superviseur pour cette
part d'analyse ».
Le 3 juillet 2014, le site web tagesschau.de a indiqué
qu'après analyse du code source de XKeyscore par Lena Kampf, Jacob Appelbaum et
John Goetz, il apparait que le NSA considère comme « extrémiste » potentiel
toute personne (exceptées les personnes américaines, britanniques, canadiennes,
australiennes et néo-zélandaises) qui s'est intéressée au réseau « Tor »
ou à la distribution « linux Tails », même sans les avoir installés.
Ainsi le site officiel de Tor est observé ainsi que
les serveurs racines de Tor et les connexions vers bridges.torproject.org.
Par ailleurs, XKeyscore semble capable de lire
l'ensemble du contenu des emails envoyés à bridges@torproject.org et pas
uniquement les métadonnées.
L'analyse du code source aurait également révélé que
toutes les données relatives à un des pays des « Five Eyes » sont
traitées de manières différentes de celles provenant d'autres pays.
XKeyscore aurait la plus grande base de données avec
près de 42 milliards d'entrées déjà en 2012.
Tout cela n’est pas du pipeau : Dans un
communiqué de presse du 30 juillet 2013, le NSA confirmait l'existence du
programme et indiquait que « Les
affirmations selon lesquelles la collecte d'informations par la NSA est
arbitraire et sans contrainte est fausse. Les activités de l'Agence sont
déployées contre, et seulement contre, les cibles légitimes et étrangères (…)
afin de protéger (les États-Unis d'Amérique) et (leurs) intérêts.
Les
allégations d'un accès large, sans contrôle des analystes aux données de la NSA
sont tout simplement fausses. L'accès à Xkeyscore est limité aux personnels qui
en ont besoin dans le cadre de leurs tâches. (…)
Il
existe de nombreux contrôles techniques, manuels et hiérarchiques pour éviter
les abus. »
C’est évidemment certain :
– Suite aux révélations du Guardian, Jimmy Wales, le
cofondateur de Wikipédia, a annoncé que l'encyclopédie collaborative mettrait
en place un renforcement de sa sécurité. Il a ainsi indiqué sur son compte
Twitter : « Le fait que le NSA surveille
ce que VOUS lisez sur Wikipedia me pousse à vouloir accélérer le passage au SSL
».
La fondation Wikimedia a annoncé que la solution de
sécurité HTTPS sera activée par défaut pour l'ensemble de ses utilisateurs
authentifiés, à partir du 21 août 2013.
– Le 30 juillet 2013, « Fesse-book » a lui
aussi annoncé la généralisation de la connexion en HTTPS de ses utilisateurs.
Tout va bien et personne n’échappe à « Big-Brother » !
Et pourquoi croyez-vous que les « GAFA »,
dont « Gogol » en premier s’intéressent tant à vos requêtes ?
Pour vous donner satisfaction le plus rapidement
possible ?
Bien sûr, mais pour aussi anticiper vos besoins,
cibler ses publicités et surtout prévenir vos « petits-bobos » et
autres maladies douteuses, vos besoins de cash, vos compétences quand vous êtes
à la recherche d’un nouveau boulot ou d’un nouveau partenaire de jeu-sexuel…
XKeyscore sait déjà tout ça sur vous. A priori, ça ne sert à rien, mais sait-on jamais, ça peut toujours être utile quand la base de données aura fait une relation quelconque à l'occasion d'une conversation sur l'heure qu'il est avec un type rencontré dans le métro qui se révélera plus tard être un terroriste ou une personne recherchée pour une raison pas encore dans la presse.
Je vous le dis, non seulement on sait déjà tout de
vous, de vos habitudes et déplacements, de votre porte-monnaie, mais si le
moteur de recherche n’a pas encore compris que mon « ange-gardien » m’a
inventé un diabète léger Type 2 pour des raisons qui lui sont personnelles, avec
mes recherches de produits alimentaires sans sucre, il va avoir la surprise de
me voir « ouvrir boutique » dans un lieu dédié : Je ne vais pas
passer à côté d’un marché de 285 millions de personnes atteintes du diabète
dans le monde en 2010 et 438 millions d’ici 2030, d’après l’OMS !
D’ailleurs, je cherche des recettes (et des cuisiniers)…
sans sucre…
Voilà qui est clair, non ?
Avis aux « grandes oreilles » !
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