Vous vous souvenez sans doute,
Que dans une de mes « vies d’avant », j’avais
une activité bénévole intense de redressement d’associations, mettant mes
compétences de « redresseur d’entreprises » au service des structures
en difficulté.
Et elles sont nombreuses à flirter avec le dépôt de bilan.
Ma spécialité première, c’était la « petite-enfance »,
mais j’ai accompagné « mon gardien » pour des associations dites « sociales ».
Un truc compliqué dans la mesure où il faut être agréé
par les services de la CAF, qui ne finance pas grand-chose mais a droit de « vie
ou de mort » sur l’avenir des structures associatives qui viennent l’épauler
dans ses missions « sociales », et aller chercher des subventions
auprès des mairies, départements, régions, l’Europe, les ministères de la
femme, des affaires sociales, de la justice, les bailleurs sociaux, les « entreprises-mécènes »
(dans le cadre des crédits d’impôts attachés), voire même de « Paul-en-ploie »
quand il voulait bien vous conventionner pour vous occuper des « cas
désespérés » encore au chômage.
Et quelques autres, dont des fondations, encore plus
compliqués à motiver, suivre, gérer, administrer, sans compter les redditions
de comptes de gestion aux « tutelles », toujours effectués sur le
mode « suspicion » invasif…
Pas l’enfer au quotidien, mais totalement kafkaïen, le tout pour un boulot à plein-temps !
Même qu’il a fini par renoncer…
Moi aussi d’ailleurs !
Et le problème c’est que quand on a les financements,
on peut engager des frais, notamment des « embauches ». Et quand on
embauche les compétences que l’autorité de tutelle vous impose sans avoir les
financements, c’est justement la cessation des paiements qui conduit au dépôt
de bilan et à la destruction de « l’outil ».
Même problème quand les financements n’arrivent plus,
notamment quand vous perdez l’agrément pour une raison ou une autre, parfois
seulement fondée sur le manque de budget du subventionneur.
Vous faites quoi dans ces cas-là ?
Vous fermez l’activité à regret et vous collez au chômage
le personnel y attaché, logique.
Même si c’est parfois difficile, parce que payer des
indemnités de cessation de contrat de travail, même minimisées au plus-près, ce
n’est pas de toute façon financé en amont et vous n’avez même pas le droit,
selon les règles comptables en vigueur, de provisionner un petit pécule pour
faire face.
Une démarche de précaution que « la tutelle »
vous interdit bien dans tous les cas : Pas de gras !
Elle vous le reprend sur la subvention suivante.
Même la Mairie de Paris, en finance l’activité des
associations à la « petite-enfance » au plus juste, voire même moins
que ça parce qu’elle n’a pas les moyens de financer ses propres crèches municipales
tellement celles-là sont couteuses avec le statut des personnels devenant « fonctionnaires
territoriaux » tel qu’il faut 1 adulte pour trois bambins (les
absentéismes à compenser) alors que la norme est de 1 pour 8 (c’est dans le décret),
et en jette pour 45 K€/an/place dans ses structures, mais à peine 5 K€/an/place
dans les structures associatives…
Et débauche intensément autant que faire se peut.
S’en est d’ailleurs devenu un sport local sensationnel :
Ils assèchent l’association en lui refusant des pans entiers de ses
financements municipaux, tel qu’elle finit par ne plus pouvoir faire les
échéances et te reprennent le personnel qualifié une fois la déconfiture actée.
Les autres, fume mon gars, c’est selon les besoins.
Une escroquerie manifeste, à la fois des structures,
mais également du konnard de kon-contribuable local, car c’est lui qui paye au
final, utilisateur ou non.
Les familles financent à peine un tiers des coûts, la Caf
imposant un tarif où elle paye un autre tiers.
Avec un dernier tiers aléatoire assumé par les
mairies, vous voyez donc qu’on est en plein régime léonin, ce qui permet des
pré-bandes de toutes sortes à l’adresse des familles qui n’ont pas d’autres
solutions que de lécher le kul des élus quand elles veulent à la fois assumer
leurs gosses (l’avenir) et leurs vies professionnelles (le présent).
C’est comme ça et j’ai fini par me tirer de cet enfer
soviétique en « votant avec les pieds ».
Et ce petit-arrêt-là, déjà ancien et conforté depuis, vient d'en rajouter subrepticement
à la dictature économique ambiante qu’impose la puissance publique dans notre pays
soi-disant « ultra-libéral » et avancé :
Cour de cassation ; Chambre sociale ; n° de
pourvoi : 13-27072
Audience publique du jeudi 15 janvier 2015
Non publié au bulletin
Cassation partielle
Mme Lambremon (conseiller le plus ancien faisant
fonction de président), président
SCP Fabiani et Luc-Thaler, SCP Hémery et
Thomas-Raquin, avocat(s)
REPUBLIQUE
FRANCAISE
AU NOM DU
PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt
suivant :
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme X..., engagée
le 15 mai 2001 en qualité de chargée de médiation familiale selon un contrat
conclu dans le cadre d'une convention programme Adultes relais par
l'association Femmes initiatives, a été licenciée pour motif économique par
lettre reçue le 21 mai 2007 ;
Sur le premier moyen :
Vu l'article L. 3171-4 du code du travail ;
Attendu que pour rejeter la demande de la salariée,
l'arrêt retient qu'elle ne verse pas aux débats un décompte hebdomadaire des
heures sollicitées mais seulement des courriels envoyés de chez elle et des
captures d'écran qui ne permettent pas à eux-seuls d'établir l'exactitude de
l'heure effective qui y est mentionnée, qu'en effet, l'heure d'envoi d'un
courriel peut se révéler inexacte en cas de réglage inadapté de l'horloge de
l'ordinateur, qu'aucun autre élément ne vient corroborer que les courriels ont
été envoyés au milieu de la nuit ou tard le soir, qu'il en est de même en ce
qui concerne les captures d'écran qui ne permettent pas d'établir la réalité
des heures supplémentaires alléguées ;
Qu'en statuant ainsi, alors qu'il n'appartient pas à
la salariée d'apporter la preuve des heures supplémentaires mais seulement
d'étayer sa demande, la cour d'appel, qui aurait dû vérifier si les courriels
et les captures d'écran produits par la salariée permettaient de déterminer
quelles étaient les heures supplémentaires dont elle demandait le paiement et
mettaient ainsi l'employeur en mesure de répondre en fournissant ses propres
éléments, a violé le texte susvisé ;
Et sur le second moyen :
Vu les articles L. 1233-3 et L. 1233-16 du code du
travail ;
Attendu que pour dire le licenciement fondé sur une
cause réelle et sérieuse, la cour d'appel retient que la salarié a été
licenciée au motif de la fin et du non renouvellement de l'aide de l'État pour
le poste Adulte Relais dont elle était bénéficiaire depuis le 15 mai 2001,
qu'aucune faute de gestion de l'employeur n'est démontrée dans la gestion de
cette aide publique, que le compte de résultat de l'association pour l'année
2006 a été déficitaire et ce en aggravation par rapport au déficit déjà
constaté lors de l'exercice 2005, que l'absence de tout renouvellement de la
subvention, qui n'est pas contestée, a obéré les capacités financières de l'association
laquelle ne disposait plus des capacités financières suffisantes pour faire
face à ses charges et en particulier celles afférentes au contrat de travail de
la salariée, qu'il n'est pas contesté que la situation de l'association a
continué à se dégrader postérieurement au licenciement puisque seuls deux
salariés étaient présents dans l'association au moment des plaidoiries et en
première instance sur les neuf salariés présents à la date du licenciement ;
Qu'en statuant ainsi, alors que la lettre de
licenciement qui se borne à invoquer la fin et le non renouvellement de l'aide
de l'État pour le poste Adulte relais dont la salariée était bénéficiaire ne
satisfait pas aux exigences de l'article L. 1233-16 du code du travail, et sans
vérifier, comme elle y était invitée, si l'employeur avait satisfait à son
obligation de reclassement, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il condamne
l'association Femmes initiatives à payer à Mme X... la somme de 500 euros à
titre de dommages-intérêts et déboute l'association Femmes initiatives de ses
demandes reconventionnelles, l'arrêt rendu le 21 mars 2013, entre les parties,
par la cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, sur les autres points, la
cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et,
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrement
composée ;
Condamne l'association Femmes initiatives aux dépens ;
Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne l'association Femmes initiatives à payer à la SCP Fabiani et Luc-Thaler la somme de 2.500 euros ;
Dit que sur diligences du procureur général près de la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;
Ainsi en fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son audience publique du quinze janvier deux mille quinze.
Condamne l'association Femmes initiatives aux dépens ;
Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne l'association Femmes initiatives à payer à la SCP Fabiani et Luc-Thaler la somme de 2.500 euros ;
Dit que sur diligences du procureur général près de la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;
Ainsi en fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son audience publique du quinze janvier deux mille quinze.
Voilà comment on pousse à mettre la clé sous la porte !
La lettre de licenciement qui se borne à invoquer la
fin d'une aide de l'État pour un poste adulte relais ne satisfait pas aux
exigences de l'article L. 1233-16 du Code du travail.
Vive le Code du travail et ses lois afférentes !
Même si une association engage une salariée en qualité
de chargée de médiation familiale dans le cadre d'une convention adultes relais
et que six ans plus tard, l'État met fin à la convention, le motif économique n’est
pas valablement retenu.
Car pour la cour d'appel de « Paris-sur-la-Seine »,
le licenciement était fondé sur une cause réelle et sérieuse puisque la
situation financière de l'association était dégradée depuis la fin des aides de
l'État.
Censure de la Cour de cassation : L’association ne
pouvait se contenter d'invoquer, dans sa lettre de licenciement, la perte d'une
partie de ses ressources pour justifier la rupture du contrat pour motif
économique !
De plus, les juges n'ont pas vérifié si l'association
avait cherché à reclasser la salariée.
En pratique, l'association aurait dû mieux motiver sa
lettre en détaillant les motifs économiques du licenciement (C. trav. art. L
1233-16).
Des précisions sur ses difficultés financières et sur
la nécessité de supprimer le poste de la médiatrice étaient nécessaires.
Comme si l’absence de subvention n’était pas
suffisante en soi…
Quant aux tentatives de reclassement, en externe manifestement,
on n’en sait rien.
Les juges semblent vouloir imposer qu’ils auraient dû
être faits en interne : Je ne raconte pas le défi pour une « boutique »
de 9 salariés, soit 1/11ème des effectifs et budget.
On ne critique pas une décision de justice, c’est
interdit.
En revanche, si vous avez encore le loisir de critiquer des
lois aussi mal faites, par un législateur aveuglé par ses dogmes dépassés et
autres « sachants » en activité, qui écrasent « l’initiative-privée » et
même la « bénévole », sans esprit de lucre, voilà de la matière à
vous régaler.
Sur ce, je n’ai rien dit : Je constate seulement les
dégâts.
I3
Eh bien, moi, j'ai à dire que la Cour de Cassation a raison! L'association devait apporter la preuve de ses difficultés économiques et du déséquilibre structurel de ses finances la mettant dans l'impossibilité de maintenir le contrat et donc de procéder à sa rupture.
RépondreSupprimerNe pas retenir ce raisonnement reviendrait à permettre à n'importe quelle entreprise de procéder à n'importe quel licenciement sans avoir à JUSTIFIER de la cause réelle et sérieuse au motif que "un client a résilié sa commande", "un client n'a pas payé sa facture", etc ... En droit du travail, la charge de la preuve incombe de plus en plus souvent à l'employeur car, contrairement à ce que certains affirment, le rapport de force pèse largement en faveur de l'employeur qui, par définition, a accès à SA comptabilité alors que cet accès est évidemment fermé au salarié.
En outre, il devient urgent de mettre un terme à cette économie subventionnée qui ressemble à s'y méprendre à une économie soviétisée dont on a pu mesurer la nocivité chronique. Il est beaucoup plus simple de ne pas taxer "à la va comme je te pousse" les entreprises ... Le plus simple, c'est la suppression de l'impôt sur les bénéfices de l'entreprise et l'imposition des revenus de l'actionnaire (bénéfices distribués) comme n'importe quel autre revenu de n'importe quelle personne physique. Ces puissants moyens doivent conduire à faire disparaitre la plupart des sociétés filiales et autres "holding" dont la présence a conduit à la construction d'un phénoménal maquis duquel le fisc a les plus grandes difficultés à s'extraire pour pouvoir taxer raisonnablement. La conséquence en est la multiplication des "impôts" et "taxes" de toute nature afin de permettre au fisc de récupérer de la matière taxable.
Pour une fois, nous sommes d'accord !
Supprimer1 - On ne critique pas une décision de justice passée en force de "chose jugée" ;
2 - On licencie selon les règles communément établies, ou on change les règles !
En notant que de toute façon, quand les clients ne payent pas, la boîte va au dépôt de bilan et, curieusement, le mandataire-liquidateur peut licencier tout le monde sans en justifier plus que ça, dans la mesure où il est déjà sous contrôle du juge-liquidateur et mandaté pour ce faire.
3 - Y'en a marre de la soviétisation de l'économie, 57 % du PIB quand même, dont on sait que ça mène à la faillite générale !
L'Etat n'a pas à subventionner tout et n'importe quoi : Le "client", il paye le juste prix d'un bien ou d'un service, ou il ne le consomme pas, aussi simple que ça.
Et si on lui rend ses cotisations et impôts, il en aura tellement plus pour "consommer" qu'il y retrouvera ses billes.
4 - L'IS réduit à un taux unique sur les seules distributions, en droit et en fait, c'est une de mes propositions !
Je ne savais pas que vous laviez reprise...
Au moins c'est "lisible", c'est facile (2 millions de "redevables" au lieu d'aller chercher le pognon sur 33 millions de foyers) et ça peut fonctionner comme d'un prélèvement libératoire, sans prébende ni passe-droit !
Pour le reste, notez que j'ai un jour été DAF d'une boutique de 450 personnes qui devait perdre 60 % de son CA en 6 mois : C'était marqué comme ça avec des clients regroupés en centrale d'achat (une konnerie de mon Dégé).
Sur 450 personnes concernées, je n'en ai licencié que 4, dont 2 qui le souhaitaient absolument, des vieux salariés à qui mon boss ne voulait rien refuser...
C'était une époque où il fallait demander l'autorisation à l'inspecteur du travail au-delà de 10 licenciements.
Eh bien j'ai réduit les effectifs à 250 sans aucune procédure !
Et je me suis même mis dedans et là, "mon boss" de l'époque m'a fait un tel numéro de vierge-violée, que je suis resté deux ans de plus pour lui doubler les volumes d'activité : Un sacré challenge !
Mais je n'ai pas doublé les effectifs, tout juste une quarantaine d'embauches !
Comme quoi, ça reste possible !
Bien à vous !
I-Cube
Mais nous sommes souvent d'accord! Je suis un libéral, moi aussi ... sauf que je ne veux pas que l'on détruise le caractère collectif de la protection sociale! Pas question de permettre aux personnes qui s'estiment "en bonne santé" de ne pas souscrire à la Sécurité Sociale! Que voit-on actuellement ? Des centaines de "mutuelles" qui se font concurrence pour capter le marché des assurés sociaux! Il est beaucoup moins onéreux de revenir à la couverture maladie telle qu'avant 1967! Voire même beaucoup mieux : frais de médecins remboursés à 90% sur la base de la consultation à 40 euros ... Le matériel des spécialistes (qui n'est quand même pas "donné", il faut le reconnaitre!) pris en charge directement par la Sécu ... Mais ... les "mutuelles" n'en veulent pas! Le marché est juteux!
SupprimerPour cela, c'est très simple à faire : On déplafonne les cotisations sociales, toutes les cotisations, du premier euro jusqu'aux sommets extravagants, quitte à en fiscaliser (comme la CSG) une bonne partie ET, on déplafonne pareillement toutes les prestations sociales.
RépondreSupprimerC'est la mort assurée de toutes les complémentaires (y compris retraite) qu'il faudra absorber (ainsi que leurs réserves financières et patrimoines) et réduira le champ de l'assurance privée à une peau de chagrin (quand même nécessaires).
Vous n'y aviez pas pensé dans vos "propositions fulgurantes" ?
C'est pourtant la seule voie du retour "aux origines"...
Bien à vous !
I-Cube