Réfugié dans le carré…
Je parcours mes notes, quelques fiches de lecture,
divers documents et les dossiers ramenés de Monaco : Je pense que si la
météo m’empêche de sortir, je vais rentrer plus tôt que prévu, quitte à passer
la soirée de lundi à Vintimille (toujours à la recherche du meilleur
scénario-fiscal).
En bref, je vous résume mes cogitations du moment ci-après, qui ont d'ailleurs fait l'objet d'un dossier récent dans un hebdomadaire francophone, mais sans poser les bonnes questions.
En bref, je vous résume mes cogitations du moment ci-après, qui ont d'ailleurs fait l'objet d'un dossier récent dans un hebdomadaire francophone, mais sans poser les bonnes questions.
En un peu plus d’un demi-siècle, l’agriculture a perdu
9 millions d’emplois (depuis 1945) et l’industrie 2 millions (depuis 1975) en « Gauloisie
des labours et pâturages ».
La part des services y a explosé et cette tendance « lourde »
ne se renversera pas.
D’autant que depuis quelques années, les gains de
productivité contribuent de plus en plus à réduire l’emploi industriel en « Gauloisie
du labeur » et n’engendreront finalement aucun accroissement de production
« solvable », ou si peu.
D’autant qu’on tourne le dos ostensiblement à l’exploitation
de nouvelles richesses, telles que les « gaz de schiste », les
pétroles-bitumeux, et même peut-être demain, à l’énergie nucléaire, après le « flop »
des autres énergies nouvelles (éolien bien trop cher à exploiter
raisonnablement, solaire encore microscopique pour des investissements fastueux
qui pillent encore plus et plus les ressources de la planète).
C’est aussi parce que l’industrie se transforme et que
la valeur ajoutée n’est plus dans la « production » elle-même, mais dans les
services liés, de la conception à la distribution.
Un auteur prend le cas de l’iPhone-bidule (qui ne fait
toujours pas la vaisselle, alors que bientôt le lave-vaisselle téléphonera à
votre « I-Bidule »).
La phase d’assemblage en Chine ne représente que 1 %
du prix final.
Les autres éléments à monter, les « intrants »,
même pas 30 % du bidule, alors que les « services liés » le sont pour
près de 70 %.
J’ai lu dans un rapport ce fait divers nouveau : Aux États-Unis,
toutes les voitures de General Motors seront équipées de 4G d’ici 2015, afin
que le consommateur puisse télécharger une série d’applications sur
l’ordinateur de bord (musique, localisation du véhicule, ajustement de la prime
d’assurance, etc.).
Demain, la valeur ajoutée ne sera plus dans le
véhicule lui-même, mais dans les services qu’il offrira, comme c’est déjà le
cas pour les I-phones.
De là à ce que votre voiture fasse aussi la vaisselle…
on peut tout espérer.
Par ailleurs, avec le progrès technologique, la
production industrielle va devenir de plus en plus flexible et globale : Le
designer d’un vêtement pourra accéder au marché de la production en ligne et
choisir le producteur le mieux offrant pour sa commande, sans se soucier du
lieu de production.
C’est ce qui existe déjà pour les consommateurs, à
l’autre bout du spectre, avec les comparateurs de prix.
Faut-il alors s’acharner à claquer des subventions
monstrueuses pour le maintien de « la production », notamment en « Gauloisie-industrieuse »,
pour le seul 1 % de la création valeur ajoutée ?
Pis que ça : Une autre étude retient mon
attention quant à ce que certains appellent la « Singularité technologique ».
« Jetez un
œil à la tendance exponentielle. Nous atteindrons la singularité technologique
à la date prévue par la plupart des experts. À partir de là vous constaterez
que l'espèce dominante ne sera plus l'homme mais la machine. »
Date prévue pour 2040 à 2045.
Demain : Trois décennies, tout au plus…
La « singularité », c’est quand la machine
ne surpassera pas uniquement votre propre intelligence, votre seule créativité,
mais l'intelligence de tous les êtres humains de la planète réunis.
« Au
commencement d'une ère « post-singulière », les machines tenteront de
transformer les humains en cyborgs (…). C'est
quasiment ce qui a lieu actuellement, puisqu'on substitue des membres et organes artificiels
à ceux qui sont déficients. »
Le monde d'après...
« Nous
considérons les machines comme des outils pratiques. La productivité basée sur
l'automatisation augmentera de façon géométrique dans de nombreux pays.
Basée sur le PIB de chaque employé, elle l’a déjà doublé en Chine, suite à la robotisation. »
Basée sur le PIB de chaque employé, elle l’a déjà doublé en Chine, suite à la robotisation. »
« D'ici la
fin du siècle, la majorité des êtres humains seront des cyborgs (mi humain
mi machine). La tendance sera à
l'immortalité. Les machines progresseront dans le domaine médical, la plupart
des hommes auront davantage de temps libre et nous penserons que notre
situation n'aura jamais été aussi appréciable. »
L'intelligence artificielle acquiert de plus en plus
de capacités et nous les adoptons aussi rapidement qu'elles apparaissent.
Une opération cardiaque « constitue presque une banalité, mais elle nécessite des capteurs et
l'intelligence artificielle pour réguler le cœur. »
Plus fort, en 2009, une expérience aurait démontré que les
robots sont même capables de se mentir les uns aux autres.
Menée dans le Laboratoire des Systèmes Intelligents de
l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse, elle employait des robots
programmés pour trouver des ressources bénéfiques comme l'énergie et éviter
celles qui seraient dangereuses.
Ce qui est incroyable, c'est que les robots ont appris
à mentir en essayant d'accumuler ces ressources pour eux-mêmes.
« Par
conséquent, ils (les robots) développent
également un instinct de survie. Qu'ils en aient conscience ou non est sujet à
controverses. »
Nos machines deviendront-elles conscientes et capables
de se défendre ?
Elles pourraient alors « risquer de nous comparer à des insectes nuisibles » parce que
l’être humain est une espèce « instable,
qui engendre des guerres et des armes capables de raser la terre à plusieurs
reprises, et qui produit des virus informatiques ».
Ça, c’est pour l’aspect « science-fiction »…
Revenons à notre croissance de PIB (après-tout, dans
40 ans, je serai mort).
La croissance mesure l’évolution de la richesse
nationale, qui est la somme des valeurs ajoutées.
Mais comment mesurer la valeur ajoutée dans une
économie de plus en plus virtuelle et collaborative ?
Où chacun aurait son quota de robots multifonction ?
(Et il ne s’agit pas seulement du robot culinaire Seb
ou de la cocotte-minute de Moulinex…)
Jusque-là, l’e-commerce n’était, par exemple, qu’une
version moderne du commerce traditionnel, avec un vendeur, un acheteur, un
produit et leur contrepartie monétaire avec des profits bien identifiés.
En revanche, le co-voiturage, la finance
collaborative, l’hébergement chez l’habitant via internet, les autres formes de
troc en ligne ou de voisinage, comme d’aller chercher les médicaments de sa
vieille voisine, ou de ramener les gosses de sa nouvelle voisine, suppriment tous
intermédiaires.
Et la valeur ajoutée des sites collaboratifs est plus
difficilement mesurée et taxée que celle des compagnies de transports, banques,
hôtels, etc.
Il en va de même des différentes « monnaies-molles »,
les « SEL » (Société d’Échanges Libres ») qui n’ont cours qu’entre
« membres » d’un même club-associatif.
Alors, je ne vous dis pas le sort de tous ceux qui seront en situation d'exclusion-subie.
Tout l’enjeu est de faire participer cette nouvelle
économie collaborative à la recette publique et la redistribution sociale, et
d’arrêter de surtaxer l’économie traditionnelle ou les « pigeons », dont seuls
les bénéfices sont visibles.
Toute transaction sur Internet devrait être taxée à la
source, dans le cadre de l’e-commerce traditionnel comme dans celui de
l’économie collaborative.
Or, c’est matériellement impossible…
Ce dilemme de la valeur ajoutée et de la recette
publique sera encore exacerbé avec le développement de la production
contributive et de « l’Internet des objets ».
Par exemple, on peut pleurer le départ en Chine de nos
fabriques de jouets et de vêtements, mais imaginons le futur : Demain, n’importe
qui pourra créer ses objets sur sa tablette à ses propres mesures et l’imprimer
en 3D.
La valeur ajoutée imposable de l’objet aura disparu
et l’usine de production avec !
Cette évolution est inévitable. La valeur ajoutée sera
intégrée dans l’application téléchargée de l’Internet.
Une compagnie comme Ikea a déjà fait disparaître une
partie de la valeur ajoutée en poussant les consommateurs à construire
eux-mêmes leurs meubles. Dans le futur, les pièces standardisées pour
l’assemblage des meubles pourront être imprimées en 3D depuis une application
Ikea.
Finis les pièces manquantes et le service après-vente…
Votre voiture équipée en 4G peut déjà créer de la
valeur ajoutée en faisant un autodiagnostic mécanique, prenant rendez-vous avec
le garagiste, et transmettant directement au constructeur la commande des
pièces nécessaires.
Votre imprimante en ligne en fait de même en
commandant les cartouches d’encre lorsque celles-ci se vident.
Dans un supermarché, c’est vous qui remplissez votre
caddie, pas l’épicière qui vous fournit le bout de gras de vos convoitises
comme sur un marché traditionnel.
Dans un self-service, vous vous servez-vous-même…
D’ailleurs, j’attends avec gourmandise le premier McDo
automatique, la première sandwicherie, le premier sushi, la première pizzeria
automatique, puisque nous avons déjà des distributeurs de boissons, froides,
chaudes, d’essence automatique, accessibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et
sans contact et presque sans emploi !
Cette croissance industrielle ne reviendra donc jamais.
Alors, cessons de prétendre que les emplois perdus
hier réapparaîtront demain, ou que la croissance viendra rétablir les
équilibres budgétaires : C’est pur délire de « sachants »
qui ignorent jusqu’à l’étendue de leur propre ignorance.
En revanche, rien n’interdit de réfléchir à d’autres
possibilités d’équilibre : Puisque la machine supplantera l’homme dans quasiment
toutes ses activités (même faire des gamins à madame peut se faire par PMA
depuis des décennies), comment se fait-il que personne n’ait jamais anticipé
que c’est autant de labeur en moins pour satisfaire les besoins de plus en plus
de monde et toujours plus riches en diversification ?
Et donc autant de matière taxable qui vont faire
défaut…
Dit autrement, c’est dire toute l’urgence qu’il y a à
revoir totalement et en profondeur le rôle régulateur de la puissance publique,
donc ses dimensions, parce que ses coûts sont incontrôlables.
Comment se fait-il qu’il est encore prévu une
augmentation des effectifs de fonctionnaire alors qu’il y aura moins de travail
à fournir, y compris dans l'enseignement avec l'e-learning ?
Comment se fait-il qu’on cause toujours d’une liberté
du travail, alors qu’il n’y en aura de moins en moins ?
Accessoirement, quid de ces guignols qui causent de
durée du travail à augmenter, alors que chacun aspirera à toujours plus de
loisir pour être « hors système » de production ?
Je suis ressorti de mes lectures en me disant que
décidément, nous étions gouvernés par des « autistes », sourds et
aveugles, qui n’ont aucune idée de la façon de nous conduire vers des futurs qu’ils
ignorent totalement.
Et puis j’ai eu l’idée de vous en faire un « petit-billet »,
pour éveiller vos consciences au moins autant que la mienne, avant d’aller
faire la sieste matinale (et réparatrice) sur une bannette du bord.
Que c’est si bon de ne rien faire, sauf à se reposer et attendre ainsi l'heure de l'apéro !
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