… que le monde entier nous envie !
À travers la récente grève des pilotes « d’Air-Transe », il convient de faire quelques éclaircissements utiles quant aux « charges sociales » sur les hauts-revenus.
Je vous le dis tout de suite : Personnellement,
ça ne me gêne absolument pas que des personnes hautement qualifiées, soumises à
des contraintes horaires difficiles (travail de nuit et des week-ends, en décalage horaire
total) et sanitaires hors du commun (parfaite santé physique et mentale,
régulièrement contrôlée, hygiène de vie draconienne, et j’en passe), puissent
gagner 10, 20, trente fois et plus le smic des prolos plantés aux 35 heures
ouvrables sans heures supplémentaires…
C’est même plutôt rassurant :
On peut encore gagner superlativement bien sa vie sans être patron du CAC 40,
ni lécher le kul desdits patrons ou des pouvoirs politiques qui ont le
privilège des destinées des grandes entreprises étatiques de
« Gauloisie-ultra-libérale », juste avec quelques talents et
compétences, et beaucoup de travail ;
Et puis au moins, ça leur donne
envie d’arriver à destination en un seul morceau, avec tous leurs passagers en
soute, pour pouvoir recommencer, et non pas aller percuter les 40ème
rugissants au milieu de l’océan indien ou quelques tours new-yorkaises causant
plusieurs milliers de morts et des centaines de millions de dollar de dégâts en
quelques instants…
Alors commençons par le régime
général de la branche maladie, c’est-à-dire hors les régimes spéciaux tels que
les régimes des marins et inscrits maritimes (ENIM), des Mines, de la SNCF, de
la RATP, des Industries Électriques & Gazières, de la Banque de France, de
l'Assemblée Nationale, du Sénat, des clercs et employés de notaire, des
ministres et j’en passe…
Il accuse 11,7 Md€ de déficit sur
globalement 144.488 Md€ de dépenses.
Il est prévu que ce déficit soit de
quelques 15 Md€ fin 2015…
La caisse nationale de l'assurance
maladie des travailleurs salariés (CNAM) considère en effet que le rythme de
croissance annuelle des vingt-cinq dernières années (1,3 point supérieur au
produit intérieur brut) devrait progresser autour de 1,9 % de différentiel.
Par ailleurs, selon les projections,
le taux de croissance des dépenses pour les assurés en maladie de longue durée,
ou affection de longue durée (ALD) et les autres assurés seraient
respectivement de + 21 % et de + 20 % entre 2005 et 2015.
Au point que les dépenses liées aux
affections de longue durée constituent un véritable enjeu pour le système de
santé.
Attention : L’assurance maladie
estime que 70 % des remboursements seraient concentrés sur les ALD en 2015.
La croissance des dépenses dues aux
ALD représenterait plus de 80 % de la hausse tendancielle des dépenses,
principalement en médicament et hospitalisation.
La dernière « tendance »
annuelle étant de l’ordre de 1,9 % en données brutes, 2,1 % en données
corrigées des variations mensuelles en date de fin juillet 2014…
Conclusion, plus tu es vieux, plus
tes maladies sont onéreuses.
Des effets dévastateurs de la
progression de la longévité…
Et pourtant, on nous raconte aussi
que le temps du « vivre en bonne santé » raccourcit, malgré tout ce
pognon…
Selon la CNAM, 73 % des dépenses de
soins de ville (+ de 1.000 euros par an et par assuré) étaient, en 2005,
concentrées sur 20 % des assurés sociaux, soit 7,4 millions de patients
atteints d'une des maladies reconnues en ALD couverte à 100 % pour la partie
spécifique de leur traitement.
Un grand pays de grands malades et
de trop nombreux chômeurs…
Et vu le faible taux des « prestations
monétaires » (essentiellement les Indemnités Journalières (IJ) qui
viennent compenser le manque à gagner des temps d’arrêts-maladie, incapacité et
invalidité), 8.964 M€/an sur les 144.488 M€ mesuré à la fin du mois de juillet 2014, on
peut constater que l’essentiel est consommé par les « prestations en
nature ».
Confirmation : Plus tu
vieillis, plus tu coûtes !
Ça c’est le volet dépenses.
Côté recettes, il faut savoir que l’essentiel
provient, au moins jusqu’en 2009, des cotisations sociales (48 % des recettes
totales) et de la contribution sociale généralisée (CSG, 36 %).
Les autres prélèvements (impôts et
taxes divers) concernant les taxes sur l’alcool, le tabac, les contributions de
l’industrie pharmaceutique (11 % des recettes) et depuis peu l’huile palme
et les boissons-« dopées ».
Autrement dit, plus tu fumes, plus
tu bois, de préférence des alcools forts (> 50°), meilleur c’est pour la
santé financière du régime des maladies !
Et Dieu seul sait combien j’ai pu y
contribuer pendant presque 40 ans…
C’est un système de
« protection sociale », décliné à peu près partout et peu ou prou à
travers l’univers connu, et notamment sur la planète Terre, même si le sort des
« Gaulois de Gauloisie » serait particulièrement enviable, en dit-on.
Notons, que d’une part les
« accidents du travail » (hé oui, c’est dangereux de bosser !) sont
à la charge exclusive des employeurs.
Que d’autre part et pour fixer les
idées, presque les trois quart des recettes sont assises sur la masse salariale
du pays effectivement due aux « travailleurs » et autres prolos. Et que pour le quart restant, la
CSG et la CRDS, plus en l’occurrence les cotisations sociales sur les revenus
des patrimoines, pèse sur les « choses », même celles qui ne tombent jamais
malades ni se mettent en grève, en contribuant et « cotisant » à des
taux plus fort que les revenus du « labeur »…
Qui eux peuvent tomber malade,
chômer, ou « grèver ».
Il s’agit donc d’un vaste système de
mutualisation à double vocation de solidarité nationale et de redistribution
des richesses.
Parce que bon, quand on est payé
cher, on cotise « cher » sur la totalité des salaires et ça ne veut
pas dire qu’on est plus souvent malade.
Quoique… ça finit par fatiguer de
« bosser-fort » !
En revanche, les IJ à recevoir, par
exemple, sont limitées au revenu du plafond de la SS (3.129 €/mois), même si tu
cotises.
Qu’il faut donc souscrire une
assurance complémentaire et supplémentaire (payer deux fois) dite de
« prévoyance » pour assumer les « manquants » et faire la
différence, tellement le système ressemble à du racket-obligé.
Notez qu’il en va de même pour les
soins afin de financer le ticket modérateur, sur les consultations, les
médicaments prescrits, les examens et analyses qu’on ne manquera pas de vous
prescrire, et même les forfaits hospitaliers.
Je ne cause pas, bien sûr, des
prothèses et autres orthèses diverses…
Là encore, à 13,85 % de taux
patronal et salarial, plus 7,86 % de CSG/CRDS le tout sur la totalité du
salaire (21,71 % quand même), en limite de tranche C (8 fois le plafond de la
SS, soit autour de 300 K€/an), vous avez vite compris que les 65 K€ de
cotisations obligatoires annuelles (soit 2,6 M€ sur 40 ans d’affliction), vous
n’en reverrez jamais totalement la couleur…
Surtout si vous buvez trop et fumez
beaucoup : Dans cette hypothèse, même vos cotisations obligatoires ou
volontaires à la retraite, vous pouvez vous asseoir dessus !
C’est pour la Patrie.
Mais c’est une autre histoire, sur
laquelle on reviendra peut-être…
À signaler qu’en tranche D et
au-delà, il n’y a plus rien d’autre à payer que la cotisation de base et les CSG/CRDS sur tout le reste.
Sauf à signaler aussi que le 1-1°
quater (et le 1-2°) de l’article 83 du Code Général des Impôts refuse la
déductibilité des « cotisations sociales » en ces termes :
« dans la limite d'un montant égal à
la somme de 5 % du montant annuel du plafond mentionné à l'article L. 241-3 du
code de la sécurité sociale et de 2 % de la rémunération annuelle brute, sans
que le total ainsi obtenu puisse excéder 2 % de huit fois le montant annuel du
plafond précité. En cas d'excédent, celui-ci est ajouté à la rémunération »
à déduire chez l’employeur et imposable chez le salarié.
Le 1-2° du 83 du CGI vous explique
que : « Les cotisations ou les
primes mentionnées à l'alinéa précédent sont déductibles dans la limite, y
compris les versements de l'employeur, de 8 % de la rémunération annuelle brute
retenue à concurrence de huit fois le montant annuel du plafond mentionné à
l'article L. 241-3 du code de la sécurité sociale. En cas d'excédent, celui-ci
est ajouté à la rémunération ». Même cause, même effet superlatif.
Ou l’art de payer l’impôt sur des
charges sociales, parce que 8 % de 8 plafonds avec des taux de 13,85 % de
cotisation, on y est dès l’entrée dans la tranche C.
Alors quand on cause de 30 fois le
SMIC, on est déjà autour de 15 fois le plafond, en pleine tranche D…
Et quand on sait que nos
« pilotes +++ » rentrent parfois et en fin de carrière dans la taxe
spécifique sur les hauts revenus…
Enfin … passons : Je ne prends
plus l’avion.
Ne vous en faites pas non plus, la
sécurité sociale, pareillement au code des impôts, elle considère qu’au-dessus
de certains seuils de … « cotisations sociales », c’est un revenu
supplémentaire soumis à cotisations … sociales !
Mais si ! Il n’y a pas de petit
profit.
Idem d’ailleurs de la taxation de 8
% due sur les contrats d’assurance prévoyance complémentaire.
Un vrai déluge !
Les « cotisations » dites
sociales, ce ne sont jamais que des « rémunérations-différées » (le
titre même d’un de mes cours sur le sujet qui en faisait l’inventaire et
tentait d’en donner quelques pistes « d’optimisation » à de futurs
DRH européens).
Il y en a plein des comme ça :
La maladie et risques liés (y compris la maternité qui est traitée comme d’une
maladie), ça reste aléatoire dans le temps et la quotité, mais personne ne peut
dire qu’il ne tombera jamais malade (ou ses gosses et ayants-droits).
Pourtant, quand ça vous tombe sur le
« nerf-honteux », vous pouvez espérer ne pas finir ruiné, parce que
les caisses compensent votre perte de revenu.
Au moins partiellement.
En revanche, la retraite, si ça
reste aléatoire, parce qu’il faut être vivant ce jour-là, les quotités restent incertaines
jusqu’au calcul de l’ouverture des droits, alors que tout le reste est déjà
fixé dans le marbre dès la première paye : Paiement… beaucoup plus
tard !
Donc rémunération … très différée.
Pour toutes les autres, les délais
sont plus courts, donc plus certains quant à leur recouvrement effectif et
parfois plus attractifs d’un point de vue fiscal, même si la plupart supporte
aussi un « forfait social » de 20 % pour être exonérée de l’avalanche
de cotisations.
Pour en revenir à l’économie du
système, on peut considérer que 21,71 % sur les 2/3 du PIB, ça commence à faire
beaucoup… alors même que le système reste déficitaire depuis des décennies,
autour de 8 à 9 % de ses volumes.
Parce que, et c’est là où je veux en
venir, à savoir comment font par exemple les « Hollandais » (pas le
nôtre, mais les bataves) avec un système de soins équivalent et des taux de
cotisation de 12,45 % (plus une forfait de 1.141 €/an part salariale) sur un
plafond annuel de seulement … 51.414 € ?
Et je ne vous raconte pas à
Monaco (où je bosse depuis peu) : 15,60 % sur un plafond de 8.050 €/mois,
seulement… Et trois cartes d’affiliation dont la couleur (verte, rose et « à bulle »)
détermine le prix de la consultation médicale à l’hôpital « Grace
de Monaco » !
Ni les italiens à 2,68 % sur un
plafond de 100.222 €/an (mais ils ne comptent pas l’invalidité et tout le reste
est taxé à 33 % sur la totalité des salaires, en plus du chômage…) : Un
système très favorable pour les faibles salaires, qui explique aussi le succès
de Corsica-Ferries…
Comment font les Irlandais avec des
taux maximaux de 14,75 % ?
Régime, pour ce dernier pays, des
« pilotes de Ryanair », ou de Transavia Europe pour le premier…
7 point de différentiel pour
l’Irlande, sur la totalité des salaires, 9 points sur 136 % de notre plafond de
SS seulement et, 21 points sur tout le reste aux Pays-Bas, on comprend un peu
mieux que :
– Le pédégé
« d’Air-Transe » veuille délocaliser sa filiale « low
cost » pour fournir enfin un avantage compétitif à ses pilotes ;
– Que le ministre ait pu dire
« niet » parce qu’il dogmatiquement « autiste-soce » ;
Mais on ne comprend pas que :
– Les personnels concernés aient
préféré couler leur « boutique à eux » dans une guerre de
positions incompréhensible ;
– Et qu’ils sortent d’une
« grève dure » et longue sans même obtenir le moindre accord
signé !
Fabuleux d’une situation
de « perdant-perdant »…
Le symptôme de la
« Gauloisie-tétanisée » ?
Parce qu’au dumping fiscal
irlandais, il faut aussi compter avec l’optimisation sociale qui va devenir un
point clé de notre « modèle social » que le monde entier nous envie tant !
Jusqu’à son effondrement prochain…
C’est dire aussi si j’ai bien fait
de mettre les voiles et d’aller planter mon « espace professionnel »
ailleurs, finalement !
J’ai repris votre ῝billet῝ en y apportant une touche personnelle :
RépondreSupprimerLa grève des pilotes d’Air France a débuté le 14 octobre pour se terminer deux semaines plus tard par un échec total de part et d’autre : aucun accord n’a été signé ; la direction a abandonné son projet de créer une compagnie Transavia Europe à l’étranger tandis que les syndicats n’ont pas obtenu la suppression d’un deuxième type de contrat pour Transavia France.
Ils ont réussi une opération « perdant-perdant » ce qui est assez exceptionnel, et même une première, dans l’Histoire du transport aérien national.
Cela vient du fait que le problème de fond n’a jamais été évoqué, par aucune des parties, dans les négociations.
C’est celui du différentiel de charges sociales entre la compagnie nationale et les compagnies étrangères.
La suite est là :
http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/2014/10/gr%C3%A8ve-des-pilotes-le-diff%C3%A9rentiel-de-charges-sociales-avec-lallemagne-et-les-pays-bas.html
J'ai vu, mais sur Médiapart...
SupprimerJe vais de ce pas aller vous rendre hommage pour cette "pub"...
Bien à vous
J'ai décidé de quitter Mediapart...
SupprimerC'était mon dernier billet.
Quatre ans de mutisme, de complicité avec les mafieux, c'est trop !...
C'est vrai qu'on ne peut pas commenter sous vos billets sans être soi-même abonné...
SupprimerC'est la limite du modèle économique proposé par votre pote.
Internet, c'est gratuit ou ça n'est pas : C'est même comme ça que le minitel a été tué.
Lui, il vit sur une niche qui va disparaître tôt ou tard : Il s'en fout, il aura sa quotité de trimestres/payés pour prendre une retraite à taux plein et avoir encaissé ses dividendes.
Quoique.
Et puis il trouvera bien un kouillon quelconque pour faire des plus-values, finalement : J'en ai bien croisés moi-même.