Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
À la suite de la Révolution bolchévique de 1917 est d’abord fondée la
« Tcheka » (commission extraordinaire panrusse de lutte contre la
contre-révolution et le sabotage), chargée du renseignement intérieur,
extérieur, de la sécurité et de la lutte contre les opposants.
Le 9 octobre 1917, Lénine revient clandestinement à Petrograd : le Comité
central vote le projet d’une insurrection par dix voix contre deux et un bureau
politique est créé pour conduire l’insurrection prévue du 27 octobre.
Deux jours après la prise de pouvoir, Lénine supprime par décret la
liberté de presse.
Puis, en bon élève des Révolutionnaire français du XVIIIème
siècle dont il s’inspire et qu’il admire, l’utilisation de la terreur et de la
force politique oppressive prend un caractère systématique.
Rappelons que dès 1901, Lénine avait averti : « Nous n’avons jamais renoncé à la terreur et nous ne pourrons pas y
renoncer », ou encore : « Nous
demandons à un homme, où vous placez-vous par rapport à l’idée de révolution ?
Êtes-vous pour ou contre ? S’il est contre, nous le plaçons contre un mur
».
Peu après sa prise de pouvoir, il précise : « Est-il impossible de trouver parmi nous un Fouquier-Tinville qui
dompterait la violence des contre-révolutionnaires ? »
La première force armée bolchevique fut le comité révolutionnaire du
soviet de Petrograd, animé par Trotski qui déclare : « Nous n’entrerons pas dans le royaume du socialisme gantés de blanc sur
un parquet verni ».
Une semaine avant la création de la Tcheka celui-ci justifie le nombre
grandissant des arrestations et perquisitions : « Vouloir renoncer à toutes les répressions en pleine guerre civile
signifie renoncer à la guerre civile ».
Dès les 26-27 octobre, le comité révolutionnaire du soviet de Petrograd
devient un sous-comité du Comité central exécutif et assure les emplois de
sécurité comme la « lutte contre les
actions contre-révolutionnaires » définies comme « le sabotage, le recel de vivres, le pillage délibéré des cargaisons
».
Chargé d’interroger les suspects, une section spéciale est créée sous la
responsabilité de Félix Dzerjinski, qui était chargé de la sécurité à Smolny.
Puis la section se transforme en « Commission extraordinaire de toutes les
Russies », la Tcheka, dont la mission est de combattre la contre-révolution et
le sabotage.
Le 7/20 décembre 1917, le Conseil des commissaires du peuple, après avoir
examiné le projet de Dzerjinski écrit dans sa décision : « Donner à la commission le nom de « Commission extraordinaire panrusse
près le Conseil des commissaires du peuple pour combattre la contre-révolution
et le sabotage », et ratifier cette commission. Mesures à appliquer :
confiscation, expulsion des lieux, retrait des cartes d’alimentation,
publication des listes des ennemis du peuple, etc. »
Le 1er novembre 1918, un des chefs de la Tcheka donnait l’instruction
suivante : « La Commission extraordinaire
n’est ni une commission d’enquête, ni un tribunal. C’est un organe de combat
dont l’action se situe sur le front intérieur de la guerre civile. Il ne juge
pas l’ennemi : il le frappe. Nous ne faisons pas la guerre contre des personnes
en particulier. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas,
dans l’enquête, des documents et des preuves sur ce que l’accusé a fait, en
acte et en paroles, contre le pouvoir soviétique. La première question que vous
devez lui poser, c’est à quelle classe il appartient, quelle est son origine,
son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent
décider de son sort. Voilà la signification et l’essence de la Terreur rouge.
»
Un peu plus tard, Dzerjinski proclamait que « la contrainte prolétarienne sous toutes ses formes, en commençant par
les exécutions capitales, constitue une méthode en vue de créer l’homme
communiste ».
Et contrairement à ce qu’on aurait pu supposer, la Révolution russe ne
bouleverse finalement pas les services. La continuité des méthodes et des
spécialistes, dont les compétences sont trop précieuses pour être éradiquées,
est forte entre l’Okhrana tsariste et ses réincarnations bolcheviques, jusqu’à
ce que l’épuration stalinienne décime aussi les plus sanguinaires serviteurs de
la Loubianka.
La profession obtient néanmoins son adoubement idéologique avec la
création en 1938 d’une école des cadres du renseignement.
La bipolarité entre les services militaires (GRU) et policiers (Tcheka
successivement rebaptisée Guépéou, NKVD, MGB, KGB et aujourd’hui FSB) est
maintenue.
Le Komintern constitue par ailleurs un précieux « faux-nez »
pour les actions extérieures et un outil de déstabilisation révolutionnaire.
Les opérations à l’étranger ciblent d’abord le milieu des réfugiés russes
blancs, puis se polarisent sur le péril trotskiste à partir de la Guerre
d’Espagne, parvenant à éliminer Trotski lui-même dans son refuge mexicain.
Les années Trente sont un âge d’or de l’infiltration et du recrutement
idéologique aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Japon.
En revanche, l’Allemagne nazie est négligée, en conformité avec la cécité
obstinée de Staline, qui rejette les informations pourtant nombreuses et
concordantes l’avertissant de l’imminence de l’opération « Barbarossa ».
Durant la Seconde Guerre Mondiale, l’URSS ne cesse pas d’espionner ses
alliés anglo-saxons : outre le renseignement militaire, ses oreilles
paranoïaques épient de chimériques indices de paix séparée entre les
occidentaux et l’Allemagne.
Elles sont aussi aux aguets pour dérober les secrets du programme atomique
américain.
L’action des services se planétarise avec la Guerre Froide et s’accommode
des purges intensives qui renouvellent largement leurs rangs après la guerre.
La chute des Cinq de Cambridge, caractérisée par la fuite à l’Est de Burgess,
Maclean et Philby et l’effacement de leurs deux comparses plus discrets, signe
la fin de l’âge d’or de l’espionnage soviétique.
Pourtant, l’effort se poursuit à travers une multitude d’opérations,
notamment celles dites « mouillées » ou « actives ».
La confrontation feutrée avec l’Occident faiblit d’autant moins que, comme
le rappelle Brejnev, la Détente « n’abolit
en aucune manière les lois de la lutte des classes ».
Si les puissances anglo-saxonnes verrouillent désormais mieux leurs
secrets, la France aurait été une véritable « passoire » pour les agents russes
dans les années 1960 et 1970.
Prenant la mesure des retards de l’URSS, les dirigeants soviétiques
mettent alors l’accent sur la quête du renseignement scientifique. On découvre
ainsi avec stupéfaction la création par Khrouchtchev, dans la banlieue de
Moscou, d’une Silicon Valley secrète dont les travaux étaient alimentés par les
fruits de l’espionnage technologique !
Iouri Andropov, administrateur policé et modernisateur efficace qui
dirigea pendant quinze ans le KGB avant d’accéder au pouvoir suprême, ajoute la
lutte contre les dissidents à la palette des missions de ses services.
Dans la guerre de la désinformation, le coup le plus réussi du KGB serait
la diffusion de la rumeur, largement reprise dans les pays d’Afrique, de la
fabrication et de la propagation du virus du SIDA par un laboratoire américain.
Tout au long de cette période, Andreï Kozovoï consigne scrupuleusement
l’intarissable chronique des traitres démasqués et des transfuges mutuels.
Mais le flux des défections émanant de la maison Russie s’amplifie après
1989, les hommes de l’ombre y étant en proie au désenchantement, au doute, au
discrédit et aux difficultés matérielles.
La reconversion post-soviétique des « services » passe par le triptyque
désidéologisation, redéploiement et amaigrissement.
Un rapprochement s’opère avec l’ennemi d’hier pour traiter des dossiers
d’intérêt commun.
Mais les égoïsmes et les appétits de puissance de la Russie demeurent, et
c’est à leur service que la dynamique poutinienne revitalise l’action du FSB.
La découverte des activités d’espionnage d’un haut-responsable estonien à
l’OTAN en 2008 et le démantèlement d’un réseau d’infiltrés aux États-Unis
témoignent pleinement de la capacité des descendants post-soviétiques du grand
KGB à perpétuer une culture performante de la subversion et du renseignement.
En dépit d’une collecte d’informations abondante et de résultats ponctuels
remarquables, l’espionnage russe n’a finalement pas de meilleur ennemi que
lui-même, en raison de l’aveuglement paranoïaque qui faussa, tout au long de
l’ère soviétique, le travail d’interprétation et d’analyse des éléments
recueillis.
Richard Sorge, Rudolf Abel, Julius et Ethel Rosenberg, sans omettre bien
entendu les flamboyants « Cinq de Cambridge », le répertoire de ces célèbres
maîtres espions atteste de l’efficacité redoutable des services secrets russes
à la haute époque soviétique.
À l’actif de ces derniers s’inscrit, en particulier, la légendaire
opération « Enormoz » qui permit à Staline de se procurer le feu nucléaire.
Moins installée dans la légende, la relève ne fut pas moins redoutable :
John Walker, Aldrich Ames ou Robert Hanssen, traitres vénaux et non plus
idéologiques, contrairement à leurs devanciers, n’en furent pas moins en mesure
de divulguer au pouvoir russe des secrets d’une importance considérable.
Rappelons que la Tcheka est dissoute en février 1922 et laisse place à la
GPU.
En contrepartie, l’Armée rouge se dote en octobre 1918 de son propre
service de renseignement, la IVème direction principale de
l’état-major général de l’Armée rouge. Après la Seconde Guerre mondiale, ce
service est par la suite renommé le GRU, direction principale du renseignement.
La Tcheka aura changé plusieurs fois de nom : « Tcheka », OGPU,
NKVD, NKGB, MGB, MVD. Mais ses tâches restent les mêmes.
Toutefois, lorsque l’ancienne Tcheka devint le NKVD, les services de
sécurité soviétiques perdirent en autonomie : ils n’étaient plus alors qu’une
branche des différents services de police d’URSS, le NKVD englobant aussi bien
le contre-espionnage que la police, les pompiers ou les Goulags.
Les services de sécurité et de renseignement extérieurs, au sein du NKVD,
sont alors réunis dans le GUGB (Direction Principale de la Sécurité d'État) du
NKVD. Pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est le GRU qui crée « l’Orchestre
rouge », un réseau d’informateurs spécialisés dans l’espionnage militaire et
industriel.
Au début de la guerre froide, Staline avait décidé de s’inspirer du modèle
de la CIA. Est alors créé le KI, le Comité d’information, qui regroupe le
renseignement extérieur politique et le GRU.
Mais l’expérience échoue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire