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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

mardi 5 septembre 2023

Opération Juliette-Siéra (19/33)

Dix-neuvième chapitre : Le rapt
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
C’était en 2006. Après la récupération des bijoux de la guilde des orfèvres[1].
Paul venait de regagner ses galons d’officier de l’aéronavale d’active avant de se mettre en réserve après le coup d’avoir débusqué « la taupe » de la MAPEA[2], dont il était ensuite devenu le dirigeant social exclusif aux côtés de « l’héritière ». C’était donc à l’automne. 
Les alliés avaient fait appel à ses talents de pilote : une mission de fou ! 
Pour comprendre, il faut savoir que début 2006, les Nord-Coréens avaient de leur côté établi dans leurs eaux territoriales une nouvelle zone d’exclusion aérienne de 0 à 100.000 pieds, en plein mer du Japon, au Nord de l’archipel et au large de Wonsan. 
Immédiatement, elle fut mise en observation satellitaire, mais sans succès. 
Quelques mois après, il y avait eu, stationnée à demeure, une vedette anti-aérienne, soutenue par plusieurs navires type « patrouilleur ». 
Dans les états-majors de la région, on s’interrogeait bien sûr sur la nature de ce lieu de faible fond. 
Y avait-il un lien avec le programme nucléaire des Coréens ? 
Était-ce seulement un espace-cible de tirs de missile ? Mais alors pourquoi y avoir placé des marins en surveillance au risque d’accident ? 
À moins qu’il ne se trame sous la surface de l’eau des projets inaccessibles aux détecteurs d’altitude habituels ? 
Une ou deux tentatives d’approche avaient pu être menées, mais sans grands résultats, puisqu’apparemment, à Washington ils avaient été contraints de décider d’envisager de neutraliser l’endroit, un grand quadrilatère de plusieurs miles, orienté NE/SO, quitte à provoquer encore un incident de frontière supplémentaire qui pouvait une nouvelle fois dégénérer en futiles batailles diplomatiques. 
De toute façon, l’administration Bush avait désigné l’État Nord-coréen comme un suppôt de Satan, le mal dans toute son horreur, depuis 5 ans déjà ! 
Avait donc germé l’idée idiote de rendre non-opérationnelle toute installation électronique dans le coin, et sans tirer un coup de feu, en créant un champ électromagnétique puissant et explosif avec un dispositif ad hoc à concevoir, traîné par un avion en vol supersonique.
Le principe de la bombe électromagnétique-nucléaire magnétique (BENM), découvert un peu par hasard lors d’essais atmosphériques passés. 
 
La fission de l’atome dans une bombe nucléaire et le grand dégagement d’énergie qui s’en suit provoquent non seulement un souffle mécanique dévastateur, mais un rayonnement puissant de radiations diverses, neutrons rapides, rayonnement alpha, plus la formation d’un plasma à très haute température, la « boule de feu », qui rayonne à son tour en perturbations électromagnétiques aux alentours. 
C’est d’ailleurs une des hypothèses du déclenchement de l’explosion de l’usine AZF de Toulouse en septembre 2001.
Dans ce type d’attaque, tous les appareils électriques et électroniques sous tension, dans un rayon de 30 à 50 km selon la puissance du champ, sautent définitivement. 
Avec pour conséquence recherchée de rendre aveugles, sourds et paralytiques tous les équipements militaires actifs dans ce rayon… 
On a ainsi calculé qu’une bombe H d’une puissance de 100 mégatonnes explosant au-dessus de l’Europe à 70 kilomètre d’altitude, tirée d’un missile « venu de nulle part », rendrait tous les ordinateurs et leur mémoire « dure », tous les moyens de communications, tous les moteurs d’avions, de voitures, tous les équipements ménagers, toutes les centrales électriques, les ascenseurs, tout absolument tout qui est sous tension ou en marche à ce moment-là, définitivement hors-service de l’Écosse à la Sicile, de Gibraltar à Varsovie ! 
L’arme absolue et sans faire le moindre mort en plus ! 
C’était d’ailleurs un des projets de Ford et du président « Giclard » dans les années 70 : la fameuse « bombe à neutron », abandonnée depuis, justement parce qu’on n’en savait pas trop les effets et les avantages sur le plan tactique en cas de conflit sur le théâtre européen… 
Et puis les allemands non réunifiés râlaient de devoir encore servir de glacis aux français et aux Américains de l’Otan, en cas d’attaque des troupes de l’Armée Rouge de Brejnev… 
  
Pour en revenir aux Nord-Coréens et à leur nouvelle zone d’exclusion dont on ne savait pas à quoi elle allait servir[3], il a donc été conçu un plan d’action de neutralisation, où un avion venant de la Corée du Nord, axe Ouest/Est, traverse ladite zone interdite à vitesse transsonique en vol plané et en rase-motte, en même temps qu’il anime son dispositif « BENM » idoine, puis pique vers le Japon avant de revenir sous la couverture radar nord-coréenne vers la base d’Osan. 
Seulement voilà, les problèmes « techniques » n’ont fait que s’accumuler tout au long du programme. 
Un, il fallait d’abord trouver un avion aux couleurs nord-coréennes ou chinoises. 
Pas trop compliqué : si les Mig 21 n’étaient pas assez puissant ni ne pouvaient emporter de charges assez lourdes avec le carburant nécessaire pour ce périple, le Mig 23 pouvait faire l’affaire… à condition de le repeindre. 
D’autant mieux qu’ils y en avaient encore quelques exemplaires, choyés-entretenus, chez les « agresseurs[4] » des bases secrètes du Nevada. 
On pouvait donc en démonter au moins un, l’envoyer par C5 « Galaxie » à Osan, le remonter sur place, et le repeindre comme il fallait pour donner le change. 
Avec des bidons supplémentaires, il était capable d’avaler les milles miles du parcours prévu. 
Deux, il fallait aussi former un équipage : donc un avion biplace… 
Le navigateur devait également être assez « pointus » pour armer et tirer la « BENM » au bon moment, question de secondes sinon de dixièmes de seconde, et le pilote assez costaud pour voler sur 90 % du parcours à moins de 100 pieds d’altitude (30 mètres au-dessus de la mer) sans perdre ses nerfs. 
De plus, il lui fallait être « qualifié » sur Mig 23, donc un militaire de préférence (ce qui allait de pair, en principe).
Là, les difficultés commençaient à devenir irréalistes. 
Trois, il fallait mettre au point un dispositif « BENM » assez puissant, compact et pas trop lourd pour être soulevé par le Mig 23 sans le déstabiliser. 
Et amener le tout à Osan, la grande base militaire du Sud de la Corée… du sud, toujours dans le plus grand secret de l’objectif final de la mission… 
 
Les labos de l’US Air-force ont su faire et dans les temps en plus. 
Un essai a même été réalisé en « statique » dans un désert texan, avec succès, en juin ou juillet 2006, semble-t-il, qui a eu le mérite de préciser le cahier des charges techniques de la mission pour s’assurer de son succès.
Le premier point a également été rapidement réglé, mais avec un avion trafiqué pour installer le siège du navigateur derrière et sous le siège du pilote, les jambes autour du caisson du train d’atterrissage avant, à la place des instruments de détection des menaces adverses, c’était jouable à condition de trouver le volontaire pour appuyer sur le bouton, qui lui ne pouvait disposer d’un siège éjectable en cas de problème. Et à 30 mètres d’altitude au-dessus de la mer, il n’y avait rien d’évident… 
Par ailleurs, il s’agissait alors d’un avion aveugle et ne disposant pas de moyen de contre-mesure. Du coup, il est apparu intelligent de remplacer ses équipements par un poste radiorécepteur multi-bande avec un navigateur capable aussi de comprendre le Coréen, qui soit bilingue anglais pour informer le pilote de l’environnement tactique et des menaces susceptibles de contrarier la mission, avec, en renfort des Awacs qui patrouilleraient plus au Sud au-dessus de la mer. 
La composition de l’équipage a donc fait trainer l’affaire tout au long de l’été. 
 
Il y avait bien deux douzaines de pilotes qualifiés « Mig 23 » dans les rangs de l’OTAN, dont seulement une petite vingtaine d’américains, les autres étant canadiens, mexicains, britanniques et un français. 
Le français, c’était Paul qui avait fait forte impression en 1997 lors de son stage étranger, avec la double casquette de polytechnicien et de pilote de chasse breveté de l’aéronavale. 
En deux saisons Paul avait piloté des dizaines d’avions de chasse de toute nationalité à raison de 2 vols quotidiens et s’était qualifié avec aisance sur presque tout ce qui volait dans les chasses du moment. 
Sur la vingtaine de pilotes américains, la plupart étaient devenus réservistes et travaillaient désormais dans le civil : pas commode à mobiliser. 
D’autant que tous, sauf trois dont un colonel de l’Air-force, n’étaient pas capables de maintenir leur zinc à moins de 100 pieds durant plus d’une heure sans broncher… 
Quant aux américains d’active, ils n’étaient « pas très chauds » pour tenter l’expérience. 
Les canadiens et mexicains non plus. 
Le britannique aurait bien voulu, mais l’état-major de sa très gracieuse majesté y était opposé. 
Quant à Paul, détaché de la DRM, pas encore tout-à-fait en odeur de sainteté ni à Balard, ni à l’amirauté place de la Concorde après « ses frasques » en Afghanistan qui lui avaient valu une interdiction de vol, c’était plus un « joker » pour les américains, mais une bonne façon de « l’éloigner utilement », à se rendre… utile ailleurs qu’en France pour les français. 
Pourquoi pas au bénéfice de l’US Air-Force ? 
De toute façon, il ne pouvait pas refuser et des polytechniciens-Sup-Aéro, le pays en comptaient plusieurs : à cette époque-là, il était « sacrifiable ». 
 
Quant au navigateur, c’était un peu plus compliqué : ils étaient peu nombreux dès l’origine, mais alors parler à en être parfaitement bilingue anglais-coréen, ça n’avait rien d’évident… 
La première tentative aurait dû été tentée par un équipage binational, le « colon » et un navigateur coréen travaillant sur le site de la base militaire de Gozan. 
Les essais préliminaires en mer du Japon n’ont pas été très concluants. À deux reprises, le zinc a tiré une chandelle d’urgence se laissant détecter par les radars de surface et « shooté » virtuellement par la cible avant de parvenir sur son objectif. 
À la troisième tentative, c’est le navigateur qui a piqué une crise de nerfs à vouloir s’extraire à travers la canopée du cockpit à grand coup de casque en plein vol, malgré sa position pour le moins… « difficile ». 
Le temps passait et les volontaires devenaient rares pour une opération de plus en plus urgente – le Pentagone s’impatientait après les millions de dollars dépensés à faire une « BENM » sur mesure sans le moindre résultat probant – dont la rumeur grandissante indiquait qu’elle était impossible.    
C’est à ce moment-là que Paul fut envoyé à Séoul, comme le « joker » devenu indispensable. 
Vite briefé par l’état-major, il a commencé ses vols d’essai sans navigateur : il n’y en avait pas et on envisageait alors un regroupement des commandes de « tir » dans le cockpit du pilote. 
Le Mig 23 est un bon avion, rustique, mais plaisant à piloter. À condition de ne pas faire trop confiance ni à l’altimètre ni au pilote automatique. 
Pour plus de sûreté, Paul avait demandé à ce qu’on lui installe un appareillage d’altimétrie-radio précis sous le fuselage, et là, en prenant son temps, il pouvait descendre à moins de 100 pieds, si l’atmosphère était calme. 
Le temps vint des ultimes répétitions, mais toujours sans navigateur. 
Le vol devait partir d’Osan, se passer à 300 nœuds vers le Nord-est à 400 pieds au-dessus du territoire Sud-coréen, le tout surveillé par un Awacs en haute altitude, devant prévenir en cas de décollage de la chasse adverse et ordre d’annuler l’opération dans cette hypothèse, plus, en soutien, deux patrouilles de routine de Tomcat et de F 15 aux limites de l’espace aérien Nord-coréen, armés jusqu’aux dents, prêt à venir soutenir le Mig 23 en cas de besoin, mais sur la route du retour, uniquement. 
Arrivé à la mer, cap à l’Est et descente progressive sous les zones de balayage des radars Nord-coréens, large virage au Nord en entrant dans l’espace aérien Nord-coréen, le navigateur devant de son côté surveiller les fréquences dudit pays, les centres civils du contrôle aérien de « Pyongyang » et d’« Incheon » inclus. 
Vitesse subsonique 290/300 nœuds pour économiser le carburant. À moins de 10 minutes de l’objectif, largage au large des bidons supplémentaires et virage large au Nord à droite, puis encore à droite cap sur le 28/30° par rapport au Nord géographique, en vue de se mettre dans l’axe de la zone cible. 
Arrivée à moins de cinq minutes, passage en supersonique, 450/500 nœuds au maximum de la machine et, à une minute, montée progressive à 300 pieds pour dérouler le câble de la « BENM » accrochée à son parachute : il ne fallait pas que câble qui recevrait la décharge touche l’eau avant le « tir ». 
Traversée de la zone à neutraliser en 80/90 secondes, 10 nautiques, couper le réacteur et tous les appareils électriques à H – 1 minute, tirs des condensateurs en sortie de zone, largage du câble, rallumage du réacteur et montée en chandelle de préférence en mode supersonique pour éviter les Sam 7 ou les Sam 4 à moyenne portée postés sur la côte. 
Puis redescente en mode supersonique, cap au Sud vers le Japon, et retour à Gozan à 100 pieds jusqu’à la côte sud-coréenne, cap au 270, avec un largage du matériel de la « BENM » en mer pour alléger l’avion, mais dans les eaux internationales, au grand large, seulement. 
Prise en charge ensuite par les centres de navigation militaire, à 300/400 pieds suivant la configuration du relief, au fond des vallées, petite allure, 200/250 nœuds pour économiser le reste de pétrole. 
Simple. 
 
Jusqu’à ce que l’état-major Sud-coréen dégotte un « navigateur volontaire » qui avait le mérite d’ânonner un peu de français… 
Un transfuge du Nord, qui souhaitait l’asile politique aux USA ou en Europe, s’estimant peu en sécurité en Corée du Sud et en Asie d’une façon générale, pour avoir été victime d’une tentative d’enlèvement et d’un attentat à la voiture piégée dans la banlieue de Séoul. 
Il s’agit de Miho Mahido, versée dans les communications de l’armée Sud-coréenne avec le grade de sergent. 
Une femme, pour le moins toute chétive, style mal-nourrie, maîtrisant assez mal le français, ayant un accent épouvantable en anglais, mais qui avait été débriefée il y a quelques années de ça par les services de sécurité de l’armée et par la CIA.
Depuis son passage au Sud, il fallait non seulement l’expatrier pour sa sécurité, mais en plus, la perspective acceptée par l’ambassadeur de France de Séoul de l’extrader en France si elle acceptait une mission « d’intérêt national », l’avait particulièrement motivée. 
Paul fit sa connaissance à Osan la veille au soir du jour du vol, alors que l’on se préparait pour un vol « solo », avec toutes les fameuses commandes de la « BENM » rapportées dans le cockpit du pilote. 
Rien n’y fit : Paul n’avait pas du tout envie de risquer la vie, même d’une volontaire qui pesait quand même son poids en kérosène mais, malgré le tableau dressé des risques, elle restait outrageusement partante.
Jusqu’à implorer à genoux Paul de l’emmener, archi-motivée qu’elle était par la perspective d’un asile politique à Paris, la ville lumière !
C’est tout juste si elle ne s’apprêtait pas à violer son pilote ou se laisser violer pour le convaincre.
Une histoire de fou, parce que la fille que Paul avait devant lui en pleurs, suppliante s’apprêtait aux « derniers outrages » à la bienséance, accrochée telle une sangsue à la ceinture de sa combinaison de vol, mais n’avait pas un seul poil aux fesses : ça aurait pu brancher un pédophile, mais Paul était plutôt attiré les femmes « en formes », pas du tout les imberbes à peine sortie de l’enfance !
 
La mission s’était donc bien déroulée jusqu’à ce que l’Awacs signale le décollage d’une patrouille de Mig 21 à l’Ouest du secteur : rien d’alarmant, ils étaient assez loin, mais leurs radars embarqués auraient éventuellement pu repérer l’avion de Paul en plein final de l’intervention sur site.
Puis deuxième information alarmiste de l’Awacs : le zinc de Paul émettait un signal radio non prévu ! 
À H – 3 minutes, bien dans l’axe du 28° à la boussole électronique du bord, à moins d’une minute de la critique remontée à 300 pieds, troisième alerte : une seconde patrouille arrivait à vive allure du Nord droit sur zone, la seconde coursant le zinc de Paul à l’aveugle ! 
Là, ça devenait « chaud » : la chasse au cul, c’était quand même trop tard pour renoncer. 
Et la patrouille de F 15, commandée par un camarade croisé dans le Nevada neuf ans plus tôt, commençait à s’énerver dans les écouteurs. 
Et là, en postcombustion et montée en vitesse à mach 1,5, au moment de lancer la première bouée, l’arbre de noël qui commence à s’allumer de tous ses feux : tirs multiples de Sam 7 droit devant. 2. 3, bientôt 4. Un vrai piège à con ! 
Paul met en rideau le réacteur, tire sa cargaison de leurres infrarouges, coupe toute l’électronique du bord, générateur, batteries maîtresse et de secours, et envoie de la sauce de la « BENM » en sortie de zone, toutes lumières éteintes. 
Miho qui hurle sans les écouteurs en voyant un Sam arriver par au-dessus dans le rétroviseur. Un grand coup sur le palonnier, l’avion évite le missile, et Paul tire une chandelle : Vite ! Contact-batterie, démarreur, vol en chandelle douce et vers le large. 
Il faut au moins 15 secondes pour que la bestiole reprenne du souffle, mais c’est à environ 6.000 pieds que l’appareil commence à décrocher, moteur toujours pas lancé, ailes déployées. 
Plus de missile en vue, la radio qui ne semble pas vouloir fonctionner, pour avoir grillé tous les circuits avec les restes d’ampérage dans les fils ! 
Le démarreur avait-il aussi été grillé par la « BENM » ? 
Si cela avait été le cas, c’était la fin : même le dispositif d’éjection n’allait pas vouloir fonctionner. 
Paul tente un piqué pour retrouver de la sustentation et de la manœuvrabilité, et l’instant d’après la turbine recommence à compresser. Manettes au tableau, l’avion reprend son vol, ailes en position repliée[5]. 
Crise de nerf derrière, enfin dessous et descente à vive allure au ras des flots, en « arrondissant » sévère à basse altitude et vitesse supersonique, 3 G au compteur, les combinaisons enserrant les jambes par gonflement des ballonnets incorporés, à en faire mal aux chevilles. 
Retour à la base en silence radio, morte pour l’occasion – la faute aux transistors partiellement sous tension alimentée par les condensateurs électriques – et c’est à l’atterrissage à Gozan que les choses prennent une tournure pour le moins étrange après le délice du « grand frisson ». 
 
La mission est un succès, pourtant c’est une patrouille en arme qui accueille Paul et son équipière de dernière minute. 
Sans autre forme de procès, l’officier sort son arme de service et ajuste Miho à la tête dès qu’elle est au pied de l’échelle de coupée. 
Paul parvient à détourner le bras de l’officier, mais pas assez rapidement : celui-ci tire et blesse Miho à l’épaule, qui s’effondre sous le choc dans une mare de sang. 
Lutte au corps-à-corps, les fusillés marins de la patrouille et d’autres attirés par le coup de feu parviennent à désarmer le coréen sans heurts, et le tireur et Miho sont évacués, l’un entravé, l’autre menottée. 
Explications au débriefing avant de reprendre le vol régulier pour San Francisco : le signal radio inopportun qui a guidé la chasse et déclenché l’alerte sur le navire anti-aérien laissé sur place, était une balise passée inaperçue dans la combinaison « anti-G », actionnée par Miho.
Destinée à saboter la mission au dernier moment.
Elle l’aurait enclenchée plus tôt, l’Awacs aurait annulé la mission. 
Effectivement, jamais Paul n’aurait dû être accueilli pas une salve de Sam. 
Normalement, à 30 mètres du niveau de la mer et à l’allure où il allait, en supposant que les radaristes du bord aient été particulièrement attentifs, la mise en état d’alerte et en position de tir demandait au mieux 60 secondes, le temps de dépasser le navire, pas de recevoir des missiles de face. 
Les Nord-Coréens savaient donc ce qu’il se préparait, ou pensaient à un vol de reconnaissance rapprochée, parce que sans ça ils n’auraient pas envoyé la chasse qui n’attendait que le signal convenu pour passer à l’action. 
Quant à Miho, elle a été soupçonnée de jouer sur les deux tableaux : d’un côté la promesse de l’asile politique en France, de l’autre une levée des sanctions du régime Nord-coréen. On ne sait pas trop.
D’autant qu’elle aura plaidé ne pas être au courant de la balise qu’elle portait sans le savoir.
  
Avec le recul, normalement, la mission n’était qu’un vaste piège. Piège qui s’est refermé sur Miho et ses complices. Elle ne devait pas rentrer de cette mission – qui était suicidaire – et c’est pourquoi l’officier Sud-coréen, qui était un agent double, a fait feu sur elle pour lui éviter de parler. Mais lui plaidera qu’il voulait « punir une sale traite ».
Une histoire qui ne tient pas debout, quelles que soient les opinions divergentes…
Certes les installations ont été détruites, mais elles ont été remplacées par la suite. 
Certes, les missiles tirés sont devenus aveugles grâce à la « BENM », ce qui a permis la fuite de Paul lancé comme un boulet de canon. Mais il s’en est vraiment fallu de peu. 
Et Paul s’est bien demandé durant des années ce qui avait bien pu motiver l’agent de la DLI pour une pareille mission-suicide : ses hurlements de terreur, en voyant arriver le Sam 7, pourtant de courte portée, mais c’était peut-être un tir de Sam 4 depuis la côte, n’avaient pas été feints.
Elle n’était manifestement pas venue saborder une mission pour le bénéfice des Nord-Coréens, bien que sa force de conviction dans la chambre où casernait Paul avant le vol avait un côté assez surréaliste : il se savait irrésistible, mais de là à susciter une mise à nue ponctuée de pleurs et manquer de ses faire violer, c’était bien la première fois !
Et la seule.
Secret défense : il n’en saura pas plus jusque-là. 
 
Alors évidemment, ce jour-là, des années plus tard, la bouffée de « mauvais souvenirs » est remontée comme d’un tsunami en revoyant les yeux de Miho. 
« Direction Neuilly » fait-elle, son arme de poing pointée dans le dos de Paul. 
La délégation générale de Corée du Nord, près du boulevard Bineau, au 47 rue de Chauveau pense immédiatement Paul. 
Elle agit donc comme si elle était un « agent » en mission du DFUT, le Département du Front Uni du Travail, bras « opérationnel » de l’ex-DLI, Département des Liaisons Internationales, le redoutable service secret des Nord-Coréens. 
« Qu’est-ce qu’ils viennent foutre dans cette pétaudière ? » s’interroge alors Paul en démarrant la moto avant de s’inquiéter de savoir si le « cordon de protection » dressé autour de sa personne allait bien fonctionner…
Hélas, ce kidnapping-là n’est pas tout à fait une opération improvisée.
 
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !
[1] Cf. Épisode « Le feu », dans la série des « Enquêtes de Charlotte », à paraître aux éditions I3
[2] Cf. Épisode « Ardéchoise, cœur fidèle », dans la série des « Enquêtes de Charlotte », à paraître aux éditions I3
[3] On sait depuis 2008 qu’il s’agit en réalité de la zone de récupération des ogives des missiles à courte et moyenne portée de la Corée du Nord : ils en ont d’autres le long des côtes, mais là, il s’agit de la plus éloignée de leur côte orientale. Le « tir de précision » de leurs essais de l’époque, permettaient de ne pas fâcher leur voisin japonais, très sensibles sur ce genre d’activité. Les Sud-Coréens ont l’habitude, quant à eux…
[4] Il s’agit pour les pilotes de l’Otan de se frotter aux appareils des flottes éventuellement adverses. Tous les équipements détournés et « pris sur l’ennemi » durant tous les conflits depuis la guerre de Corée sont réunis à Nellis AB et confiés aux pilotes de guerre pour tester les tactiques et techniques, grandeur nature, des futurs combats aériens.
[5] Le Mig 23 possède une voilure à flèche variable, pour mieux voler aux basses vitesses, repliant ses ailes pour diminuer la résistance à l’avancement aux allures normales de vol, jusqu’à être supersonique…



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