Hong-Kong participation record aux élections locales
Et KO électoral des « hommes (et femmes) de pouvoir »
mis en place par Pékin !
Selon un décompte encore partiel, les candidats « prodémocratie »
ont obtenu une large majorité des 452 sièges en jeu dans les 18 conseils de
district.
Ce résultat sonne comme un camouflet pour Pékin et
pour la cheffe de l'exécutif local, Carrie Lam, dont la position devient de
plus en plus intenable.
La participation des Hongkongais aura été massive dimanche
dernier. Et s’est traduite par un raz-de-marée. Même avant même la publication
des résultats définitifs, il était acquis que les candidats prodémocratie
avaient obtenu une large majorité. Une première face aux candidats favorables à
Pékin disposant de ressources importantes et qui ont toujours dominé ce scrutin
local.
C’est dix fois plus que le camp pro-establishment
alors que lors du précédent scrutin, il y a quatre ans, les candidats
démocrates avaient obtenu seulement une centaine de sièges.
Si les élections des conseillers de district, dont la
tâche principale est de gérer des questions comme les ordures ménagères ou les
transports de bus (nous affirme-t-on), suscitent d’ordinaire peu d’intérêt,
elles faisaient cette fois office de véritable baromètre de l’état d’esprit de
la population après six mois de protestations anti-Pékin.
Carrie Lam, la « Cheffe », espérait que le
recours de plus en plus fréquent à la violence des manifestants radicaux
conduirait une majorité silencieuse à la soutenir, comme en « gauloisie-Gaulienne »
en mai 1968.
Depuis, sa position devient de plus en plus intenable,
alors même qu’elle s’efforçait, dimanche, de présenter les élections comme une
affaire de district
« Les résultats sont sans appels : les habitants de
Hong-Kong se sont prononcés en faveur des manifestants et contre le
gouvernement de Carrie Lam et le recours excessif aux forces de police pour
tenter d’opprimer les manifestants », aidée parfois par les triades locales.
Oui mais…
Le résultat du vote ne va pas manquer de conforter les
manifestants dans leurs démarches et leurs revendications, parmi lesquelles
figure la généralisation du suffrage universel dans l’ex-colonie britannique
(le chef de l’exécutif local est élu par un collège de 1.200 membres, en
majorité pro-Pékin). La réaction de Pékin ne s’est pas fait attendre : « Quoi
qu’il arrive, Hong-Kong fait partie de la Chine, dont il est une région
administrative spéciale », a martelé le ministre chinois concerné. « Toute
tentative visant à semer la pagaille à Hong-Kong ou à entamer sa prospérité et
sa stabilité est vouée à l’échec », a averti le ministre chinois des
Affaires étrangères, Wang Yi, en déplacement à Tokyo.
Lundi matin, les médias d’État chinois qui avaient pourtant
appelé les Hongkongais à voter contre la violence, ont minimisé ces résultats. Mais
« voter pour des groupes prodémocratie ne signifie pas que les électeurs de
Hong-Kong soutiennent la violence, les radicaux et les séparatistes de Hong
Kong », indique le quotidien nationaliste « Global Times ».
Dimanche, un peu partout dans l’ex-colonie
britannique, de longues files d’attente s’était formées très tôt aux abords des
bureaux de vote.
La commission électorale avait annoncé dans l’après-midi
que 47,26 % des 4,13 millions d’inscrits avaient voté à 15 h 30 : Il s’agissait
déjà d’un record de participation, alors que les bureaux de vote demeuraient
encore ouverts pendant sept heures.
L’heure n’était plus à la normalité dans un territoire
qui vit sa crise politique la plus grave et la plus longue depuis son retour
dans le giron de Pékin en 1997, avec des manifestations et actions de plus en
plus violentes pour exiger notamment des réformes démocratiques.
Les conseils de district ont toujours été dominés par
des élus favorables à l’exécutif aligné sur Pékin. Après un semestre de colère
dans les rues, le camp prodémocratie voulait profiter de cette rare occasion de
s’exprimer dans les urnes pour entamer la domination des « pro-Pékin »
et donner un nouveau souffle à la contestation : C’est fait !
Environ 400.000 personnes de plus se sont inscrites
cette année sur les listes électorales, en raison notamment d’une campagne de
mobilisation organisée par les prodémocratie. Des formulaires vierges d’inscriptions
sur les listes avaient ainsi été distribués par les manifestants lors des
grands rassemblements de juin.
Certains politologues estimaient déjà qu’une forte
participation pouvait servir la cause des prodémocratie, qui ont fait de ce
scrutin un référendum contre la cheffe de l’exécutif Carrie Lam et de son
gouvernement aligné sur Pékin se refusant à toute concession aux manifestants.
Dès lors, on peut considérer que cette élection n’a
pas qu’une valeur symbolique car six sièges du Conseil législatif (« LegCo »,
le Parlement hongkongais), qui sera renouvelé l’an prochain, se joueront entre
des candidats provenant des conseils de district. Et les conseils enverront en
outre 117 de leurs membres au collège électoral de 1.200 personnes, contrôlé
par Pékin, chargé de désigner le chef de l’exécutif.
Pas de quoi, toutefois, de renverser le régime en
place.
Notez que le gouvernement local n’avait cessé de faire
planer ces dernières semaines la menace d’un report du scrutin si les violences
de rue persistaient, mais Hong-Kong a connu ces derniers jours un répit dans
les manifestations pour ne pas hypothéquer sa tenue. Une pause relative puisque
se poursuit le siège de l’Université polytechnique (PolyU), où sont retranchés
des protestataires radicaux, théâtre le week-end dernier de la plus violente
confrontation depuis juin avec les forces de l’ordre.
Dimanche matin, des policiers étaient déployés aux
abords de certains bureaux de vote, en effectifs relativement limités. Aucune
violence n’a été signalée durant les premières heures du vote. « Je
suis heureuse de dire que nous avons un environnement relativement calme et
pacifique aujourd’hui pour la tenue de l’élection », avait déclaré
Carrie Lam après avoir voté.
Question connexe : Quelle opinion a-t-on de Hong-Kong
en Chine ?
Aucun sondage n’a été réalisé sur ce sujet, mais de
toute évidence, la ville est un sujet de profonde irritation pour le peuple
chinois.
Le statut spécial qui lui a été accordé pour cinquante
ans lorsque les Britanniques l’ont rétrocédée en 1997 est généralement
considéré comme un privilège infondé. En Chine, on s’offusque du fait que la
population hongkongaise réclame le maintien de ses libertés : « Ils se
battent pour leur situation et pas pour celle de l’ensemble des Chinois »,
peut-on entendre à Pékin ou à Shanghai.
De manière générale, la Chine considère que les
manifestations hongkongaises font l’objet de manipulations de la part des
États-Unis. Dans ces conditions, il est mal vu aujourd’hui, pour la population
chinoise de Chine, d’aller faire du tourisme à Hong-Kong.
Les personnes qui s’y rendent, beaucoup plus rares qu’autrefois,
courent le risque d’essuyer des critiques à leur retour, la probabilité étant
grande que leur voisinage ait eu vent de leur voyage dans l’ex-colonie
anglaise.
Et à Hong-Kong la situation ne cesse de se compliquer.
La contestation avait commencé en juin par une vaste protestation contre un
projet de décret qui aurait permis des extraditions vers la Chine continentale.
Or, ce texte a tardé à être suspendu.
Depuis, les manifestants ont de nouveau demandé des
élections libres ainsi que la création d’une commission d’enquête sur les
violences policières. Aucune réponse n’a été obtenue, si bien que la
mobilisation s’est installée dans la durée tout en se durcissant. La stratégie
la plus répandue est désormais résumée par le slogan « éclore partout »,
qui consiste à multiplier les actions afin d’épuiser la police.
Une tactique d’épuisement qui aura amené nos forces du
l’ordre au bord du « burn-out » avec les Gilets-jaunes en « Gauloisie-impériale ».
Un nouveau cap a été franchi en début de semaine,
quand les groupes d’action – essentiellement estudiantins – ont décidé d’occuper
l’université Polytechnique (PolyU). La police a aussitôt entouré le bâtiment,
qui se situe à l'entrée d’un tunnel reliant l’île de Hong-Kong à la péninsule
de Kowloon, sur le continent.
Conséquence : Des réseaux routiers encombrés et un
trafic de plus en plus paralysé.
C’est mieux que d’envoyer des « black-blocs »
casser des vitrines et du mobilier urbain…
Chez les membres des groupes étudiants, les fortunes
ont été diverses. Une partie a réussi à s’enfuir grâce à une corde les menant
jusqu’au siège arrière de motos qui démarraient immédiatement. D’autres
(environ 700) ont fait l’objet d’arrestations au moment de leur sortie du
bâtiment. À l’intérieur, les plus téméraires ont continué à lancer des
cocktails Molotov et à tirer à l’arc sur la police, qui a répliqué avec des gaz
lacrymogènes sans toutefois arriver à les déloger.
Selon des statistiques réalisées par les autorités
hongkongaises sur les cinq derniers mois, la police de la ville a arrêté 4.491
personnes âgées de 11 à 82 ans, dont l’immense majorité a ensuite été relâchée.
10.000 cartouches de gaz lacrymogène ont été utilisées. Les heurts ont fait au
moins deux morts et blessé plus de 1.500 personnes, dont plusieurs sont dans un
état grave.
Face à la montée du chaos, Pékin se montre aussi
immobile que possible. Des troupes de la police armée de la République
populaire sont massées à Shenzhen, non loin de Hong-Kong. La télévision
centrale de Pékin diffuse régulièrement des reportages sur leur présence, le
principal objectif semblant être de faire savoir que l’intervention militaire
chinoise est parfaitement envisageable.
Le 16 novembre dernier, des soldats chinois résidant
dans une caserne à Hong-Kong sont sortis pour aider à déblayer les rues après
une série de manifestations. L’opération s’est déroulée en moins d’une heure et
dans une grande discipline. L’intention était double : Montrer que l’armée
chinoise est capable de rendre service et indiquer qu’elle peut être activement
présente dans le territoire.
Pour l’instant, les opérations liées au maintien de l’ordre
dans la ville restent aux mains de la police de Hong-Kong, qui agit en
concertation toute relative avec les autorités du continent.
À ce jour, Pékin n’a pas encore décidé de déployer ses
forces à Hong-Kong. Les raisons sont multiples. Les dirigeants chinois ont en
mémoire les effets désastreux pour la réputation de la Chine qu’avait eu en
1989 l’évacuation de la place Tian’anmen après l’occupation étudiante du lieu.
Il avait fallu des années pour effacer le souvenir de
cette répression sanglante…
Les responsables actuels, à la tête d’un pays devenu
la deuxième économie au monde, ne tiennent pas encore à renouer avec l’image d’un
pouvoir violent et brutal.
Autre préoccupation, plus actuelle : Pékin ne veut
surtout pas fournir un argument antichinois aux États-Unis. Depuis que Donald
Trump, en début d’année, a décidé de mettre en place toutes sortes de taxes et
de mesures de protection afin de bloquer la montée en puissance économique de
la Chine, une négociation complexe est engagée entre les deux pays.
Si la Chine décidait de faire usage de la force en
envoyant son armée rétablir l’ordre « Démocratique et populaire » à
Hong-Kong, cela ne simplifierait évidemment pas son dialogue avec les
États-Unis.
À Pékin, on pense même que l’administration Trump
espère que cette intervention chinoise ait lieu afin de pouvoir la dénoncer
haut et fort.
En octobre dernier, la rencontre à Hong-Kong de quatre
parlementaires américains et de leaders de la contestation est clairement
apparue comme une façon d’encourager la poursuite du mouvement d’opposition à
Pékin. Cette contestation a reçu une approbation d’une autre ampleur le 20
novembre, avec le vote par le Congrès américain d’un texte intitulé « Hong-Kong
Human Rights and Democracy Act »…
Cette ferme résolution de soutien aux droits humains
et à la démocratie à Hong-Kong a été adoptée à l’unanimité par le Sénat
américain, avant d’être approuvée à 417 voix contre 1 à la Chambre des
représentants. Pour être promulgué, ce texte doit être signé par le président « McDo-Trompe »,
qui peut à l’inverse y mettre son veto. Sa décision ne devrait pas tarder à
être connue et elle va être importante pour la suite des négociations
commerciales toujours au point-mort…
En attendant, cette initiative du Congrès américain,
qui a bénéficié de l’accord des camps républicain et démocrate, a bien entendu
provoqué une forte irritation en Chine.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a élevé
une « protestation solennelle » auprès de l’Ambassade des
États-Unis à Pékin.
J’en aurai fait autant : De quoi les élus « ricains »
se mêlent-ils au juste ?
Dans son édition du 21 novembre, le Quotidien du
peuple, le journal du Parti communiste chinois, parle d’une « grave
provocation » américaine et menace : « Si les États-Unis persistent sur
ce chemin, la Chine prendra des mesures fortes et il conviendra aux États-Unis
d’en assumer toutes les conséquences. »
De quoi se mêlent-ils à leur tour ?
Et de quelles « mesures fortes » peuvent-ils
exciper ?
Moi j’aurai « ignoré » avec mépris…
Mais dans le cadre de cette guerre commerciale
ouverte, il semble bien que les États-Unis ont décidé de profiter de l’absence
de réaction chinoise face aux manifestations de Hong-Kong, de quoi provoquer à
Pékin un examen serré de la situation. On peut imaginer que des discussions sur
la réaction possible de la Chine sont en cours parmi les sept membres du Comité
permanent et les vingt-et-un membres du bureau politique du Parti communiste,
entourés d’experts de politique étrangère.
De ces débats qui ont lieu en ce moment au sein des
instances suprêmes du pouvoir chinois, rien ne filtre.
Et c’est là le plus inquiétant.
Il n’y a que deux solutions : Ne rien faire
(comme jusqu’alors) et laisser pourrir la situation ou imposer une sorte de loi
martiale à l’ex-colonie britannique pour un retour à « l’ordre
démocratique et populaire » qui sied au PCC tout puissant.
Après tout, HK est indéniablement chinoise, pas comme Taïwan,
véritable porte-avions « ricains » ancré en mer de Chine.
Mais ne rien faire, c’est prendre le risque d’encourager
les mêmes contestations en Chine continentale, par contagion : Une horreur
inconcevable !
Certes, il y a de la marge : Ce sera donc plus subtile
que ça, soufflant, « à la chinoise » le chaud et le froid en fonction
des circonstances.
Car de toute façon, le statut spécial de la « ville-monde »
d’Asie n’est jamais que provisoire.
Une sorte de « tumeur » accrochée au
continent.
Naturellement, la bonne idée serait de rendre
Hong-Kong à la couronne Britannique, mais elle n’en voudra pas… Pas fous, à
Londres, ils se contentent de garder Gibraltar et des centaines d’îles disséminées
dans toutes les mers et océans.
Quant à une indépendance et la création d’un État
nouveau, il n’en est même pas question…
À termes, c’est échec et mat à tous les coups…
Mon rêve personnel c’est de voir le régime de Pékin
devenir une réelle démocratie (populaire et démocratique) avec un
multipartisme et des alternances politiques.
Là, le pays donnerait une belle gifle à nos « démocratures »
européennes et occidentales.
Et finirait ainsi, dans le siècle suivant, par
conquérir le monde économique et monétaire qu’il ne domine actuellement pas.
Mais est-ce souhaitable ?
Si c’est dans le respect des générations futures,
naturellement que oui.
Or, l’hégémonie n’entraine jamais que des effets
dictatoriaux, à savoir l’emprise de la corruption qui appauvrit tout le monde,
génère crimes et délits, et réduit en « esclave » les peuples.
C’est un constat invariable de l’Histoire…
Une fois de plus, « à suivre » : Les
évolutions à venir seront de toute façon très intéressantes à observer.
Dimanche dernier, ce n’était qu’une étape.
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