Dans
l’attente des retombées du « Pénélopegate »,
Moi, j’ai poursuivi mon petit tour d’horizon des projets qui sont l’enjeu
des prochaines présidentielles. Et il se trouve que le samedi 4 février 2017, l’ex-sinistre-de-la-phynance,
leader du mouvement « En Marche ! » a commencé à dévoiler son
programme.
Je résume : Il fait du neuf avec du vieux.
C’est en réponse à ses nombreux détracteurs lui reprochaient depuis
plusieurs semaines de galvaniser les foules en brassant du vent.
Brasser du vent, un sport où il fait très fort : Il y a un peu de
« McDonald-Trompe », un peu de Mussolini-Benitoto, un peu à la façon
des discours de Nuremberg dans sa façon de se donner en spectacle…
Ils avaient annoncé des révélations et, s’il est vrai qu’il a lancé çà et
là quelques chiffres et axes, martelés à grands renforts d’invocations du
triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité », vous savez ses valeurs Républicaines de la
droâte-&-du-Centre, il
n’en reste pas moins que ces-mêmes révélations restent bien mièvres.
Car voilà : Après une petite analyse de son discours, est-il vraiment en
marche ?
Non. Il me semble plutôt qu’il tente de faire du neuf avec de l’ancien. Il
semble que, portant les étendards du Progrès, de l’Unification, de la Liberté,
de l’Égalité, de la Fraternité, du Travail, de l’Innovation, de l’Europe, il
n’est finalement qu’une version jeune – les gens ayant perdu confiance dans les
tenants plus mûrs – du discours consensuel et balisé auquel nous sommes tant
habitués.
Son intervention s’articulait ce samedi autour de trois symboles, trois
combats à mener au cours du prochain quinquennat. Car dans un monde pétri
d’ombre et d’obscurantisme, il se veut un porteur de lumière, un peu comme « Ségololo-la-cruchitude »
invoquant le massage christique : « Laissez venir à moi les
petits-enfants ».
La liberté dans son programme :
– La sécurité
Pour lui, la liberté, c’est être libre de ne plus avoir peur, de pouvoir
sortir, se déplacer, sans s’abandonner à ce sentiment.
Pour lui, le premier des combats à mener est celui contre le terrorisme –
qui prend ses racines à l’Extérieur – par le truchement de la diplomatie et de
l’armée.
On ne saurait faire plus « classique » dans la « continuité ».
Fort de ce constat, il propose d’augmenter le budget de la Défense
progressivement jusqu’à atteindre 2 % du PIB – sans toutefois donner d’échéance
–, renforcer la défense européenne notamment par un partenariat avec
l’Allemagne, et recruter 10.000 fonctionnaires de police et de gendarmerie au
cours du prochain quinquennat.
La protection des gauloisiens et du territoire doit être assurée,
l’autorité de l’État respectée. Partout.
Hein ? C’est-y pas « conforme » !
À cet effet, il propose de réorganiser les services de renseignement pour
qu’ils soient territorialement plus efficaces et présents, de recréer une
police de sécurité quotidienne au contact des citoyens, de continuer à
renforcer la sécurité publique et la police judiciaire.
– La laïcité
Je ne sais pas ce qu’ils ont tous à prendre à bras le corps un sujet
qui a été réglé en 1905… Passons.
Pour le candidat, la liberté comprend également la liberté de conscience
qui permet de vivre avec les autres. Elle permet de débattre, d’échanger, de
dialoguer, d’être tolérant, pour sortir d’un discours de haine réciproque.
Il relève toutefois que la liberté de conscience ne peut être conçue comme
permettant de stigmatiser certains vis-à-vis de leur religion car cela revient
irrémédiablement à diviser le pays à nouveau.
Que, par ailleurs, il est inacceptable que certains refusent de serrer la
main d’une femme ou que le regard d’autres hommes puisse interdire à une femme
de s’installer dans ou à la terrasse d’un café car, chaque fois que l’on laisse
faire, nous abandonnons un bout de notre liberté.
Pour lui, la laïcité est un bouclier permettant la liberté de tous.
Pour moi c’est l’inverse : D’abord la Liberté et ensuite vient la
tolérance (qui accepte même les intolérants, quitte à les « éduquer »).
Alors que la laïcité soit un bouclier, c’est largement insuffisant pour
être un bouclier de papier…
– Le travail
La liberté est trahie quand trop de normes empêchent de s’élever par le
travail notamment, de créer, d’innover. Il proclame donc avec les marcheurs
(les adhérents de son mouvement) : « Nous
serons les défenseurs du travail. » Il s’oppose à ce que certains puissent
vivre dignement dans une oisiveté subie ou choisie et rapproche le revenu
universel et le RSA.
Perso, en qualité de « Corsu », le travail n’est pas un passage
forcé pour atteindre la dignité : Comme pour Rome, il y a bien d’autres
chemins qui y mènent.
Il propose la suppression du RSI et la simplification du droit du travail
pour favoriser les accords d’entreprises et de branches pour négocier des
règles plus équilibrées en matière de liberté et de protection.
Il propose également d’alléger les charges patronales jusqu’à 2,5 SMIC et
à 10 points au niveau du SMIC.
Qui ne le propose pas au juste ?
Il souhaite également alléger les cotisations payées par les salariés,
revoir le financement du chômage et de la santé, pour qu’à terme tous les
travailleurs gagnent en pouvoir d’achat – 100€ de pouvoir d’achat
supplémentaire pour une personne au SMIC.
« Je ne veux plus entendre dans
notre pays qu’il est plus intéressant de faire autre chose que de travailler.
»
Eh, et faire travailler autrui, n’est-ce pas un boulot à plein temps ?
Alors et de plus, il propose, concernant les agriculteurs, de compenser la
volatilité des prix mondiaux et des cycles pour que les paysans puissent vivre
convenablement de leur travail en en ayant le bon prix.
Serait-ce donc un choix d’agriculteur indépendant et vivant du travail de
la terre que d’être subventionné ?
Je ne sais pas…
Le candidat annonce aussi qu’avec l’ère d’innovation dans laquelle nous
entrons, il s’agit de la libérer le pays, par des aides, des politiques
pluriannuelles pour les chercheurs car « nous
devons être une terre de réussite pour l’innovation ».
Autrement dit encore de la subvention à corps perdu…
Pour lui, fatalement, les métiers évolueront, et certains disparaîtront
comme naguère les porteurs d’eau.
Ce qui n’est pas nouveau.
Il faudra protéger les individus, les accompagner dans leur reconversion
et il finit par lancer un appel à tous les entrepreneurs, les scientifiques –
œuvrant dans les secteurs de l’écologie, des perturbateurs endocriniens, des
énergies renouvelables – faisant face à l’obscurantisme aux États-Unis : « Vous aurez, à partir de mai prochain, une
terre patrie et ce sera la France. »
Ah oui ?
– Les frontières : Oui et non ?
Face au repli sur soi qui tente certains, la fermeture des frontières est
inefficace – comme l’a montrée la ligne Maginot –, car n’empêche pas les gens
de passer. Que toutefois les frontières extérieures et intérieures de l’Europe
nous sécurisent.
Bon alors, oui ou non ?
On reste sur notre faim…
L’égalité dans son programme :
– Égalité homme-femme
Pour lui, la liberté sans égalité entraîne l’application de la loi du plus
fort. Il promet l’égalité de traitement entre travailleurs hommes/femmes ainsi
qu’à l’embauche, quelle que soit l’origine du candidat.
Car chacun, faisant fi des statuts, doit avoir la chance de pouvoir
réussir dans toutes les étapes de sa vie, d’où qu’il vienne. Et pour ce faire,
il souhaite renforcer la pratique du testing pour lutter contre la
discrimination…
Le magnifique projet sociétal que voilà !
Il propose l’écriture d’une charte des droits et des devoirs pour donner
du contenu à cette notion d’égalité, définitivement différente de
l’égalitarisme. « L’égalité nous met face
à des droits et des devoirs. » Et il propose d’instaurer une vraie égalité
des chances qui consiste à faire plus pour ceux qui ont moins.
Ce qui me paraît relever du principe d’équité…
Il a pourtant pour épouse un prof de philo (ou quelque chose comme ça…)
– Égalité des chances
C’est pourquoi il souhaite diviser par deux le nombre d’élèves dans les
classes, et de payer beaucoup plus les enseignants de CP et CE1 évoluant dans
des ZEP, leur laissant plus de liberté pour conduire leurs projets.
Je ne sais pas encore avec quel pognon… vous non plus d’ailleurs !
Il veut une sécurité professionnelle universelle, que les chômeurs aient
le devoir d’accepter un emploi décent proposé compte tenu de leurs
qualifications, et une formation de six mois à deux ans pour ceux qui en ont
besoin pour retrouver du travail. Qu’ainsi dans ce domaine, l’État devienne
stratège, par le biais des entreprises, des partenaires sociaux, des
universités.
Notez que c’est depuis les réformes de 1968 que l’État-stratège se plante
régulièrement et avec constance dans ce domaine (et bien d’autres)…
– Égalité de l’accès aux soins, égalité des générations devant la dette
Il propose enfin de lutter pour la Santé, contre les déserts médicaux,
pour favoriser l’égalité d’accès aux soins.
Il veut une égalité entre les générations, que celles à naître ne croulent
pas sous le poids de la dette que leur transmettent les générations anciennes.
Il s’agit alors de respecter les engagements pris en finances publiques, de ne
pas promettre de tout cesser, de déchirer ce qui a été écrit, « car ce sont cela nos engagements européens
».
Alors, il présentera à la fin du mois de février sa stratégie pour
diminuer les dépenses publiques sur cinq ans.
En tout état de cause, les politiques d’investissement doivent favoriser
les grandes priorités que sont le numériques, les énergies renouvelables, la
modernisation de l’État, et la formation des jeunes. Car « nous ne sommes pas un pays fait d’individus, nous sommes un peuple uni
par une institution invisible dont nous devons retrouver le sel. C’est la
Fraternité. »
Oui, oui…
La fraternité dans le programme :
« La fraternité n’est jamais donnée,
elle est toujours à construire, à préserver, à renouveler. C’est ce qu’on a en
commun, qui nous tient ensemble, ce que nous avons à défendre. C’est ce qui
n’appartient à aucun génération : c’est l’eau, c’est l’air, c’est la nature.
»
– L’écologie devient un moyen de fraternité !
Ainsi, pour lui l’écologisme n’est pas un frein au progrès et est un moyen
de fraternité avec nos semblables : On dirait presque le Pape François.
« Notre génération veut créer un
modèle économique durable pour que les générations suivantes aient les mêmes
chances. Nous croyons dans cette fraternité donc nous préférons une gestion des
ressources plutôt que leur exploitation. »
Car pour le candidat, nous sommes écologistes par responsabilité, par
devoir.
Qu’à ce titre, il faut poursuivre la politique menée de transitions
énergétique et environnementale pour développer de nouveaux secteurs, de
nouvelles richesses, de nouveaux territoires, de nouvelles start-up.
Poursuivre la rénovation thermique des bâtiments, la convergence accrue
entre le diesel et l’essence.
Que du « neuf » !
– La fraternité passe aussi par la culture
« La Fraternité c’est ce qui nous
fait, et nous tient, c’est notre culture, notre langue, nos références communes,
nos émotions partagées (…) et notre
culture ne peut être une assignation à résidence : il n’y a pas une culture
française, il y a une culture en France. Diverse, multiple. »
Chouette : La langue Corse enfin reconnue et imposée comme norme culturelle…
Pour favoriser la diffusion de la culture et un accès plus facile à celle-ci,
il propose l’ouverture des bibliothèques les soirs et le week-end, un
pass-culture de 500 € donné à chaque jeune pour ses 18 ans, financé par les
géants du numérique.
En voilà qui vont être contents.
Il propose bien sûr la défense de la francophonie et de la langue.
Et promeut la fraternité entre les territoires de la République, la
réconciliation de la France métropolitaine, rurale, des quartiers, des villes
moyennes, en luttant contre les déserts médicaux, pour les transports publics,
l’accès au numérique sur tout le territoire.
Quand je vous dis qu’il est très fort à brasser du vent…
– La fraternité européenne
Enfin, il met en avant son combat pour l’Europe. Car, là où « la plupart des dirigeants français sont
souvent fidèles à l’Europe, nous, nous le serons totalement car l’Europe a été
créée pour la paix, la prospérité et le progrès. »
La Liberté, l’Égalité et la Fraternité ne sont pas, pour lui, des mots usés
mais des mots contemporains : « Nos
combats pour la France, l’Europe qui a besoin de ce triptyque pour se battre
contre les injustices en son sein, contre les différences, pour rapprocher les
pays, contre l’optimisation fiscale. Car l’Europe a besoin, comme la France, de
fraternité. »
Plein-pot conforme au « système ».
Face à la défiance qui s’installe vis-à-vis de la politique et ceux qui la
pratiquent, il veut porter cette trinité républicaine et exiger transparence,
bienveillance et probité comme hygiène démocratique permettant le rassemblement
car, « la politique n’est pas un métier,
c’est une mission » : Vilà qui est beau comme un camion-neuf !
Il veut une exigence de renouvellement, pour qu’au moins la moitié des
candidats du mouvement En Marche ! soit des femmes, et que soient présentés 50 %
de nouveaux candidats pour que soit reconnue la vitalité de la société qui
puisse gouverner et légiférer comme elle est.
Pour lui, « certains prétendent
parler au nom du peuple mais ce ne sont que des ventriloques ».
Arf ! Et lui, au juste ?
Ils promettent aux gauloisiens des valeurs qui ne sont pas les leurs.
Alors, ils trahissent la liberté en restreignant le champ des possibles,
trahissent l’égalité en décrétant que certains sont plus égaux que d’autres et
trahissent la fraternité en n’aimant pas ceux qui ne leur ressemblent pas.
Quand lui, ne prétend pas parler au nom du peuple, mais faire avec le
peuple, pour le peuple…
Vladimir Illich Oulianov et Lev Davidovitch Bronstein en disaient à
peu-près autant…
Bilan ? Rien de bien novateur.
In fine, il ne se dévoile finalement que très
peu et la plupart des axes développés n’apparaissent que comme des marottes
présidentielles et un patchwork de projets et lignes idéologiques, politiques
suivies par les différents partis de référence de l’échiquier gauloisien.
Indubitablement, il n’est pas antisystème car il ne propose rien d’autre
que ce qui n’existe déjà ; rien de transgressif, rien de novateur.
Par ailleurs, il est à noter qu’il ne mentionne jamais l’Union européenne
mais parle d’Europe, uniquement.
La distinction parait importante car elle ouvre deux interprétations
possibles, deux conceptions : L’une souverainiste, selon lequel chaque pays
doit être souverain sans que cela n’empêche les échanges et les transactions en
bonne intelligence avec ses voisins ; l’autre européiste selon laquelle l’Union
européenne n’est qu’un moyen de parvenir à une Europe fédérale, dilution des
pays et peuples dans un magma européen.
Il l’a dit lui-même, il sera « totalement
fidèle à l’Europe ».
Totalement conforme au système, finalement.
Et ça reste curieux : Comment se fait-il qu’En Marche ! rassemble un
nombre impressionnant d’adhérents et à au moins le mérite d’intéresser une
jeunesse à la politique avec un « truc » aussi mièvre que ça ?
Il y a forcément une explication à ce phénomène, qui a maintes fois été
tenté par plus talentueux et « expert » que lui sans jamais réussir
pleinement, mais pour l’heure, je ne vois pas encore.
Ne vous en faites pas, la réponse doit être à rechercher non pas dans ses
propos et programmes, mais ailleurs…
Nous y reviendrons, naturellement, si l’occasion se présente.
En effet, pourquoi? Qui est derrière lui? Vous avez trouvé la réponse : LE SYSTEME!
RépondreSupprimerIl ne faut pas être grand clerc pour avoir pigé ça...
SupprimerCeci étant, pas un chiffre, pas de réforme autour des déficits, de la dette, des engagements européens, ni même du marché du travail (alors qu'il est l'inspirateur de la loi "El Konnerie") ni des marchés tout-court et financier...
Un peu plus de ceci, un peu moins de cela, il fait pire que "Bébé-Roux" qui en disait "avec moi, rien ne changera, ce sera comme avant" en 2002...
15 ans déjà !
Magnifique...
Bien à vous !
I-Cube
Qui finance?
RépondreSupprimerEuh...
SupprimerIl dit pas.
Mais on peut deviner que ce seront les "résidents", non ?
Et ce n'est pas ceux d'aujourd'hui, ce sera ceux de demain...
Bien à toi !
I-Cube