Surprise
sur les bords du Cher
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
À Paris, le « cabinet-noir » jubile, exulte même : Il était temps que «
Charlotte » fasse parler la poudre et les « petits-messages » subliminaux à
l’adresse des Services s’étaient fait de plus en plus nombreux et pressants.
On avait bien suivi la trajectoire de « Paul » jusqu’en Chine, puis au
Japon et aux USA, mais ça « tardait » pour la rencontre d’avec le « futur-ex »…
Alors évidemment, quand la nouvelle tombe dans la nuit, personne n’y croit
plus, sauf quelques-uns : Pourquoi une « black » ?
« Charlotte » avait pourtant sur place deux acolytes spécialement
mobilisées, pour lesquelles il avait même fait faire des faux papiers…
Encore un coup tordu ?
« Monsieur Albert » est réquisitionné pour savoir ce qui s’est vraiment
passé. Même l’amirauté : Or, « faux-cul » à souhait, celle-ci veut rester dans
l’ignorance de tout !
Et quand « Monsieur Albert » parvient à joindre Paul, il ne comprend rien
à « l’aventure foireuse », sauf de lui rapporter qu’au « cabinet-noir », ils
sautent de joie.
Que faut-il qu’il rapporte à son tour ?
« Vous leur dites que ça a marché
comme sur des roulettes, sauf que personne n’y est pour rien de nos services.
C’est authentique. Même pas moi !
J’ai juste fait un film de 8 minutes
mais qui restera vraisemblablement au secret pendant des années, sauf si j’en
passe une copie à Wikileaks, parce que le fait de montrer ces images attestera
indubitablement d’un « complot » préparé à l’avance pour avoir « piégé » sa suite
! »
Ce qui innocentera le
bonhomme aux yeux de l’opinion mondiale, alors que c’est vraiment un malade du
sexe doublé d’un pingre…
Pas d’initiative hasardeuse, surtout pas, n’est-ce pas : On laisse le
cours des choses faire leur œuvre.
Comiques, va !
Mais au moins, on peut donner consigne au « château » que les services
français sont totalement hors du coup.
Surtout si le film ne sort pas, ce qui attesterait effectivement de
l’existence d’un complot : Il est entre les mains des juges et de la CIA, il y
a donc assez peu de chance.
Parce que des caméras de sécurité, il y en a partout dans le Sofitel, mais
pas dans les chambres ni dans les couloirs, hors, les portes des ascenseurs
principaux.
On peut donc affirmer tranquillement et sans mentir qu’il s’agit d’une
affaire strictement privée qui ne regarde pas la vie politique du pays.
Reste quand même à espérer que les américains ne relâchent pas trop vite
l’ex-candidat avant les primaires de son parti.
Un mois à tenir alors même que ledit parti se déchire déjà sur les causes
et les conséquences, mais sans résultat : Le délai passe.
Le « futur Président » n’est même pas éligible.
D’ailleurs, une fois rentré au pays, il aura l’audace d’annoncer qu’il a
manqué à son rendez-vous d’avec le peuple : Son seul regret !
Magnifique.
Même son épouse, qui a payé tous les frais au passage, en sera élue «
femme de l’année », heureusement avant l’année internationale de la femme, et
recrutée pour diriger l'édition française de l'Huffington Post, un site
américain, créé en 2005 par la flamboyante Arianna Huffington, ayant bâti sa
renommée sur un savant mélange d'information, de divertissement et surtout
d'opinions, avec une fréquentation du site qui fait rêver : Près de 37 millions
de visiteurs uniques par mois. C'est même Matthieu Pigasse - directeur général
de la banque Lézard, propriétaire des Inrockuptibles, actionnaire du quotidien
Le Monde - qui lancera la version française en janvier 2012.
Finalement, Paul rentre à Paris en passant par Londres et Glasgow : Il
s’agit de mettre un point final à l’opération de cession des titres du trust le
Lady Joan qui les portaient jusque-là, avant de rentrer jusque sur les bords du
Cher.
L’inauguration de Mylène est en fait aussi la réception définitive du
chantier de restauration du « Château-sur-Cher », avec paiement des soldes, et
a lieu sur deux jours à la fin-mai. Elle y met les petits plats dans les grands
pour l’occasion, invitant presse et VIP locaux, le ban et l’arrière-ban, y
compris les équipes des bâtiments de France qui auront enquiquiné Florence
durant de longues semaines, les officiels de la préfecture en charge du dossier
et même quelques « compagnons » qui auront participé au chantier,
Et l’opération de promotion aura réquisitionné pratiquement tous les
hôtels et chambres d’hôte entre Vierzon et Bourges.
Quant à Paul, propriétaire du site à travers sa SCI à capital variable, il
aura fait le tour de son carnet d’adresse des anciens de sup-aéro et de l’X,
dont finalement assez peu auront fait le déplacement.
Seront présents Mozart, Bach, Vivaldi, Beethoven, J-M. Jarre, Moby, un
groupe folklorique local, les « gais bourréyeux » avec leurs binious, leurs
vielles à roue et leurs sabots pour l’ambiance musicale. Et aussi Dominique Gijou,
sa « garde du corps » durant la fin d’année 2009, toujours aussi accorte, les
époux Rémarde, Lydia en parfaite poufiasse tout de cuir vêtue, son pote Jean
Vecchia et sa femme, ceux-là chargés de l’entretien du sémaphore de
Saint-Florent, venus spécialement de Corse, Isabelle Nivelle et sa fille
Sophie, Joëlle Lidoire la hackeuse de la cour des comptes et ses rejetons.
Jean-Charles Huisne revenu de sa retraite et sa collègue Gabrielle Choisille
toujours en activité qui peine à vendre les bijoux de famille de la Nation
récupérés par Paul, Sandrine la première épouse de Jacques et leurs enfants, l’ex
de Jacques, la belle-sœur de Paul, avec ses gamins lui collent aux trousses, la
juge Hélène Trois-dom, l’œil pétillant, mais pas Scorff retenu sur la capitale.
Nathalie Lévy, la belle voisine aux yeux myosotis et son cousin Lev qui
persiste à entretenir des liens de pseudo-amitié avec Paul espérant le
débaucher pour le compte d’une université israélienne, sa colocataire
Marie-Claire Gouët et son œil de travers, la cuisse toujours aussi légère qui
se fait draguer par quelques bellâtres. Barbara la secrétaire générale de la
SAS de distribution de liqueur de Paul, sage comme une image derrière son
sourire niais, Cécile et Stéphanie avec de nouvelles identités, helvétiques
cette fois-ci, Miho, au moins aussi discrète, Lady Catherin venue vérifier que
leurs accords tenaient toujours. Marc avec ses polices d’assurance en poche,
Jean-Luc et ses caméras en bandoulière qui fera des paquets de « rush », « DD »
et sa marmaille « boule-de-suif » et « Monsieur Albert » et ses « riririris »
insupportables.
Il manque Emily Lison retenue à L.A. pour un enregistrement. Charlotte la
vraie et Aurélie, elles-mêmes surbookées. Jacques son frère, Eva, la fille de
Mylène, quelle que part par monts et par vaux avec on ne sait qui. Lady Joan et
Sir Martin qui n’ont pas répondu à l’invitation pour être en voyage de noces
aux Îles Caïman. Quelques « militaires » de promo, alors que d’autres ne sont
surtout pas invités, y compris ni Carine & Claudine, les deux sœurs déjà à
pied d’œuvre dans le lit de Philippe Lacuistre (des rapides !).
Une vocation, on avait dit…
Pas loin de 1.000 à 1.500 personnes se sont relayées autour des buffets
montés par Mylène qui a dirigé les deux journées de main de maître, aidée d’une
cinquantaine d’intermittents qui œuvrent depuis le début de la semaine, où elle
présente sa carte et ses formules « menus » à venir : Et déjà des réservations…
Le « brunch » continental et copieux est à 5,50 €, le même mais anglais
est à 8,90 €, le menu de midi avec buffet de hors-d’œuvres à volonté est à
15,90 €, les menus du soir ont des prix qui varient de 18,20 € à 27,70 €,
boissons non comprises…
Des prix un peu élevés pour la région, mais avec sa carte de quelques 36
références, elle rehausse le niveau local.
Manque simplement une carte des vins un peu mieux fournie : Ça viendra
avec le temps.
Magnifique journée, d’autant qu’il fait beau et chaud.
Comme c’est aussi journée de chèque final après réception des travaux,
Paul à la surprise de taille de rencontrer le gérant de l’entreprise générale
de bâtiment sise dans le Var retenue par Florence l’architecte à la manœuvre,
tout simplement parce que c’est une entreprise habilitée « bâtiments de France
», assez grosse pour avoir une agence à Vierzon. Et ce gérant n’est autre que
Daniel Parepoux…
Certes, bien plus vieilli qu’il ne pouvait s’y attendre, le visage ravagé
par de profondes rides dues à l’âge, le teint buriné, le casque colonial sur le
ventre, quasiment chauve, le rare cheveu plaqué en mèches sur le haut du front
nettement dégarni.
Lui, d’abord au moins autant surpris que Paul, hésite entre large sourire
et fuite ventre à terre vers les antipodes jusqu’au moins Ushuaia, comme s’il avait
vu Satan en personne.
Puis ils se ressaisissent tous les deux.
« Qu’est-ce que tu ressembles à ton
père ! » fait-il d’un compliment qui sonne faux.
« Tu aurais dû me dire que c’était
toi le propriétaire, je t’aurai fait une petite remise supplémentaire ! ».
C’est dire s’il s’en est mis plein les fouilles !
Naturellement il demande d’abord des nouvelles de sa mère : Morte depuis
un bail !
Et son frère ? Il avait bien un frère : « Retenu à Paris. »
Finalement, la conversation roule rapidement sur l’épisode de Trouville
après avoir à peine évoqué les difficultés du chantier tout juste clos.
« Tu sais, j’ai toujours été
disponible pour ta mère… dans son malheur ! »
Il voulait coucher avec elle, oui !
« Non, ce n’est pas ça. J’avais déjà
couché avec elle ! »
Paul se retient pour ne pas lui foutre son poing dans la gueule façon
boulet de marine de 380 : Comment ose-t-il ainsi salir la mémoire de sa mère ?
« En attendant, elle t’a jeté et
elle a bien fait. Je vais te dire Daniel, de toute façon les frères Liamone ont
parlé et ont expliqué ton rôle ce fameux soir. »
Là, Parepoux fait la tronche, bouche ouverte, l’œil fixe, la mâchoire
crispée, tétanisée, à deux doigts de l’AVC.
L’autre commence à bafouiller quelques mensonges. « Je sais tout, pas la peine de raconter des bobards. »
« Tais-toi et écoute-moi : Je ne
savais pas que c’était toi derrière le marché de rénovation du bâtiment, sans
ça tu n’aurais pas eu le chantier. Et je vais t’expliquer pourquoi : Tu
m’écoutes ? »
Il écoute Paul lui improviser une baliverne éhontée :
« Depuis que les frères Liamone ont
causé, naturellement, j’ai cherché à mettre un contrat sur ta tête. Mais
renseignements pris, il se trouve que je sais que tu en as déjà au moins un. Un
de tes créanciers à qui tu as fait des misères récemment et qui fait dans la
fourniture de matériau d’aménagements divers de je ne sais quoi.
Donc je reste étonné que tu sois encore
vivant et bien entendu, je n’aurai pas confié mon fric à une entreprise qui est
sur le point de perdre son patron à tout moment.
Tu piges ?
Mais je te remercie d’avoir terminé le
boulot avant d’être abattu comme un chien, même si ça eut été un peu cher ! »
La tête du Parepoux !
Paul a une folle envie d’en rire mais se retient à presque s’en pincer les
fesses.
« Et si tu veux confirmation, elle
ne te dira pas tout, bien entendu, mais il y a ici la juge qui a recueilli les
témoignages d’un des frères Liamone, l’autre ayant eu plein de semoule dans la
tête avant de crever comme un chien.
Oui, parce qu’ils sont morts tous les
deux et que oui, leur employeur commun, le professeur Risle, c’est moi qui l’ai
abattu au large du Canada. Tu peux vérifier auprès d’elle : Ça, elle te le
confirmera !
Tu vois comme je suis sérieux. Alors
planque tes miches avant que tu répandes ton sang sur mon lopin de terre : On
va encore dire que c’est de ma faute, alors que je redoute plus pour la
sécurité de mes invités !
Une balle perdue peut faire désordre en
présence du Préfet du département ! »
C’en est assez pour Parepoux : Il ne demande pas son reste et file à
l’anglaise avec sa troupe et son chèque en poche.
Paul fait signe à Cécile qui s’approche instantanément avec Miho collée
aux basques.
« C’est votre prochaine cible. Tu
notes le numéro de sa voiture, tu prends un appareil photo et un chéquier, du
fric, et tu le retrouves à Vierzon. »
Paul ramasse le duplicata de la facture pour qu’elle ait l’adresse.
Elles font quoi ?
« Vous le filochez discrètement
jusqu’à sa tanière et vous me faites un topo complet sur ses activités et ses
habitudes : Je lui ai mis la trouille de sa vie au ventre. On avisera plus
tard. Pas d’initiatives crapuleuses, hein ! »
Quand même curieux les détours du Destin se dit Paul en regardant partir
discrètement sa troupe, ravie de redevenir utile.
Puis les agapes se poursuivent, comme si de rien n’était. Il faut dire
aussi qu’avec une bonne partie de ses « ex » sous la main, plus quelques
nouvelles venues, Elsa et Virginie par exemple, Paul a de quoi faire pour avoir
l’embarras du choix, ce qui ne plaît pas du tout, mais alors pas du tout ni à
Florence, pas partageuse pour un sou, ni à Mylène, trop crevée pour protester :
Elle n’avait qu’à pas mettre tant de chambres à disposition, aussi !
(Apartés n° 38 à 41)
C'est aussi cette nuit-là qu’il rêve de son père entre-deux parties-fines.
Ils sont sur une plage de sable blanc. Il fait beau. Son père devise avec
son grand-père qui tourne d’abord le dos à Paul approchant d’eux.
Le grand-père (enfin il l’imagine) se retourne et semble ravi de la
présence de son petit-fils.
« Viens ! » fait son père, tout
aussi radieux.
Et Paul est fou de joie à cette idée.
« Ah non ! Pas encore ! »
intervient le grand-père à ce moment-là, quand il se retourne.
« Ce n’est pas le moment. Fini donc
ce que tu as à faire. »
Il sera toujours temps.
Et le rêve s’évanouit, laissant Paul en extase.
Le lendemain, « la fête » se poursuit avec un sanglier en broche, alors
que chacun met la main à la pâte pour remettre un peu d’ordre dans les chambres
et les abords du « Château-sur-Cher » : Une bâtisse qui revit après de longues
décennies d’abandon.
Elle aurait dû devenir un centre aéré pour les gamins de la ville d’Orléans
et du Val-de-Loire avant que le projet soit toujours suspendu et reporté par la
mairie locale, faute de crédit.
La cession à Paul aura permis un refinancement d’autres infrastructures
municipales et départementales, qui avait avancé les fonds de travaux
conservatoires, les mêmes qui ont donné tant de mal à Florence pour ne pas être
conformes au cahier des charges des « bâtiments de France » : Il a fallu casser
pour refaire à l’identique, mais selon les normes.
De quoi alléger durablement les factures d’impôts futures de Paul à
travers la loi Malraux, même si « la niche » a dû être rabotée entre-temps.
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