Rêves
avec des ailes !
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le 4 octobre 2004, il remporte le prix de « l’Ansari X Prize » et ses dix
millions de dollars après avoir financé et mis au point le « SpaceShipOne »,
premier vaisseau spatial civil privé envoyé dans l’espace, à plus de 100 km
d’altitude et à deux reprises en moins de 15 jours. Il a personnellement
participé à son vol inaugural.
5 ans plus tard, le 16 novembre 2009, Jody Allen, sœur de Paul, annonce
publiquement que son frère s'est vu diagnostiqué un lymphome non-hodgkinien
pour lequel il a commencé une chimiothérapie.
Ce qui n’empêche pas le célibataire endurci et sans enfant, de s’être
passionné depuis sa prime jeunesse pour le monde aéronautique et pour la
conquête spatiale. De là est issu son intérêt pour les « warbirds », ces avions
de combat de la seconde guerre mondiale, dont il entretient en état de vol une
riche collection ouverte au public, la « Flying Heritage Collection ».
C’est comme ça que tout naturellement il s'intéresse au devenir de
l'aviation, devient ainsi actionnaire de la société « Scaled Composites ».
Son nom est aussi donné au radiotélescope « Allen Telescope Array » qu'il
a financé en tant que mécène et qui permet entre autres, de surveiller un
million d'étoiles à la recherche d'émissions radioélectriques d'origine
extra-terrestre.
Le « Capitaine Haddock » aurait été là, ils auraient causé d’Ummo,
d’ummistes, d’ovni, d’ufo, etc.
Mais comme c’est sans doute par des connaissances communes du type «
Almont » de la CIA qu’il est poussé à faire un court passage par Le Bourget
cette année-là, c’est naturellement pour héler Paul de Bréveuil, le recordman
du vol circumterrestre à allure hypersonique !
Qui lui fait les honneurs du stand de la MAPEA.
Les trois hommes se présentent et se félicitent pour leurs exploits
aériens respectifs et c’est tout naturellement que les deux américains causent
de leurs fantasmes en les recollant à ceux de Paul… L’un d’eux sort même un
I-pad pour que Paul y mire une magnifique vidéo en images de synthèse d’un
avion gros comme un 747, à deux fuselages aussi et que Paul Allen diffusera en
fin d’année lors d’une conférence de presse [1]. Mais il insiste sur le fait
qu’il faudra au moins encore 4 ans pour la sortie de son premier prototype issu
de la planche à dessin de sa nouvelle entreprise « Stratolaunch Systems ».
Dans son esprit, il s’agit de révolutionner le transport spatial en
couplant une fusée à un avion. Le même principe, donc, que SpaceShipTwo, mais à
une échelle… gigantesque.
Ce qu’a envisagé de son côté Paul de Bréveuil pour son « Nivelle 002 ».
Un hexa-réacteur de 118 mètres d’envergure, pesant 545 tonnes au
décollage.
Le plus gros, le plus grand, le plus lourd avion du monde : L’Airbus A
380, avec ses 80 mètres n’affiche que 480 tonnes.
Installé sous l’avion super-géant, une fusée, de type Falcon 9, développée
par la société « Space X » qui cherche de son côté à faire revenir à la
verticale ses lanceurs, capable de satelliser en orbite basse un satellite, ou
une petite capsule habitée de 6 tonnes. Hauteur 55 m, diamètre 3,6 m, masse au
décollage 333,4 tonnes, nombre d'étages 2, charge utile en LEO de 10,4 tonnes,
charge utile en GTO de 4,5 tonnes, poussée au décollage environ 448,9 tonnes
avec un vol inaugural ayant eu lieu le 4 juin 2010 depuis la base de lancement
de Cape Canaveral, son premier vol de qualification s’étant déroulé le 8
décembre 2010.
Pas une performance pas très affolante : Une Ariane 5 ECA satellise 21
tonnes…
Burt Rutan, retraité de « Scaled Composites » indique qu’il travaille avec
Gary Wentz et Michael Griffin, deux retraités de la Nasa… disponibles, faute de
crédit.
Michael Griffin, en tant qu’Administrateur de la Nasa de 2005 à 2009 s’est
particulièrement distingué, en héraut de la colonisation du système solaire (et
au-delà, dixit !) par l’homme.
Griffin, en plus d’avoir supervisé le programme Constellation de retour
sur la Lune, était aussi chargé de la direction que les projets JIMO (Jupiter
Icy Moon Orbiter) TPF (Terrestrial Planet Finder) et SIM (Space Interferometry
Mission).
Que des programmes annulés : Ils se reconvertissent donc tous dans le
privé !
Paul Allen annonce à Paul de Bréveuil le premier vol de son gigantesque
engin pour 2015 (qui n’aura pas lieu) et que s’ils sont là, c’est qu’ils
cherchent un concepteur de vaisseau habité capable de revenir sur Terre.
Parce que bon, il faut reconnaître que depuis le début de la conquête
spatiale dans les années 1950, après une culmination en pleine Guerre-froide à
130 lancements/an en 1982, le nombre de lancements spatiaux n’a jamais cessé de
baisser.
Cent dix en 1990, quatre-vingt en l’an 2000, soixante-quinze en 2010…
Le marché des satellites n’est pas extensible à l’infini, en témoigne la
difficulté avec laquelle les différents opérateurs ont du mal à vendre leurs
lanceurs.
Là, l’objectif, c’est de faire du tourisme spatial, du vrai avec
satellisation dans un « hôtel-spatial » en orbite…
De quoi faire rêver Paul de Bréveuil, lui qui le voit déjà en caoutchouc
gonflable semi-rigide (type Zodiac) à double parois, amarré à un complexe
rigide et articulé pour les parties techniques, d’amarrage et de survie.
« Mais il n’est pas prêt non plus.
Le « 001 » est juste un démonstrateur pour les céramiques ».
Et de re-décrire une fois de plus sa façon de faire autour des céramiques.
« J’ai un problème de financement
pour un engin plus complet. Le premier, j’ai pu le faire sur fonds propres
personnels (en fait sa « petite-prime » touchée grâce à ses efforts
couronnés de succès dans la recherche des « fonds perdus [2] » par la
République). Mais là, s’agissant d’un
engin au moins deux fois plus gros, il va falloir tripler au minimum le budget !
»
Ce n’est pas un problème.
Bon.
« Le problème est de savoir quelle
envergure il aura, pour savoir s’il tient entre les deux fuselage de notre «
porteur » en toute sécurité dans toutes les phases de vol. »
Et si le devis poids est compatible.
« Pas de problème pour la masse :
Moins de 180 tonnes pour les deux modules, sans doute 50 tonnes pour le 002
seul. Pour l’envergure, j’envisageais même de le faire entrer dans la soute
d’un C5-Galaxie ou d’un Iliouchine 76 en repliant les ailes d’une façon ou
d’une autre si le lanceur était trop complexe à réaliser. Sans doute en les
faisant rentrer dans le fuselage sous protection thermique. »
Et Paul d’expliquer une nouvelle fois son idée de retourner l’avion en
phase d’atterrissage pour porter le train sur le dos.
« Dès lors le 002 peut devenir assez
compact en phase de vol hypersonique ou spatial. Il suffit de ressortir les
ailes repliées en phase d’approche subsonique, celles-ci ayant un profil
inversé tel que l’extrados se retrouve « en bas ». On retourne l’avion, elles
jouent alors leur rôle de sustentation sans problème : C’est un calcul ! »
Étonnant et astucieux fait Rutan le chevelu : « Une idée à retenir ! »
Plan de développement ?
« Les deux années qui viennent de
passer ont été très chargées pour moi. Je compte d’abord faire un tour du globe
à la voile par les trois caps et rentrer l’année prochaine avant Pâques : Je
m’y collerai à ce moment-là. Seulement si j’ai les financements. »
Pour les financements, ça ne pose pas de problème répètent-ils, si Paul
accepte de venir à Mojave, California airport pour rejoindre l’équipe.
Ça, c’est moins sûr…
« En revanche, je peux parfaitement
y faire les vols d’essai et faire la première satellisation habitée quand votre
SpaceShipTwo sera en état de voler avec une charge. En 2015, donc.
Et puis si ça marche, envisager de vous
céder ou de vous louer les plans du « 002 ». Tout dépendra des accords que je
pourrais éventuellement passer avec mon gouvernement à ce moment-là et des
partenaires qu’on aura bien voulu me refiler.
Je vis dans un pays libre, mais c’est
quand même plus compliqué que chez vous… »
Il peut se déplacer, quand même ?
« Même chez vous, pour y travailler,
il faut une carte, vous le savez bien, quand on vient de l’étranger. Ou des
accords inter-gouvernementaux. »
En tout cas, Burton reste vivement intéressé par les croquis du « 002 ».
« Ils ne valent rien sans les
céramiques. Et si j’ai bien compris, chez vous c’est la société « Rockwell
Fabrication » qui a capitalisé son savoir-faire sur les tuiles carbone-carbone
renforcé de la navette. »
Il faut savoir que le système de protection thermique de la navette est
constitué de divers matériaux appliqués à la surface externe de l'Orbiteur pour
le protéger des températures extrêmes, rencontrées surtout durant la rentrée
dans l'atmosphère.
Ces matériaux protègent la coque d’aluminium, graphite et époxyde.
Pendant la rentrée, les matériaux TPS affrontent des températures allant
de – 250 F° de l'espace et jusqu’à des températures de rentrée dans les hautes
couches de l’atmosphère qui atteignent près de 3.000 F°.
Le TPS est donc un système passif composé de matériaux sélectionnés pour
leur stabilité à hautes températures pour une densité la plus faible possible.
On y retrouve le « Carbone-Carbone Renforcé » (RCC), utilisé sur les bords
d’attaque des ailes, le nez, et d’autres zones à proximité, et tout autour de
l'orbiteur vers l'avant sur l’intrados.
Les autres tuiles utilisent un isolant (RHIS) partout dans l'orbiteur, il
y en a près de 20.000 qui ne résistent pas aux très hautes températures mais
doivent absorber la chaleur résiliente.
Les tuiles RHIS protègent les zones où les températures restent en-dessous
2.300 F°.
Quant aux tuiles FRCI, appelées « fibreuses », elles remplacent certaines
tuiles RHIS de la protection thermique, pour avoir été utilisées un peu plus
tard.
Il y a ainsi près de 3.000 tuiles FRCI sur la Navette, dans des zones de
fortes chaleurs.
Mais les ingénieurs de la Nasa ont aussi utilisé des isolants
basses-températures (les LRSI) elles sont blanches et protègent les zones où
les températures sont inférieures à 1.200 F°.
Enfin, des « couvertures » AFRSI tissée en feutre Nomex, composent un
isolant matelassée et sont prises en sandwich entre la structure et les tuiles
de protection.
Bref, les américains eux-mêmes ont préféré des solutions techniques
complexes, maîtrisant le « carbone-carbone » tissé-fritté [3], cuit au four
pour en faire sortir l’eau ou les résines, là où Paul s’est contenté d’utiliser
des carbures de titane (TiC) réduite en poussière, quelques kaolins purs, avec
des matrices de nickel et molybdène réduites en poudre fine, bref, des choses
assez courantes, dont la température de décomposition avoisine les 3.100 C°.
Toute l’astuce a été de rechercher et de trouver une résine qui tienne le
« choc de cuisson » sans se dilater ni se déformer à la température de cuisson
de la céramique pendant toute la durée de la cuisson, ensachée sous presse pour
encaisser la pression.
Reste à les tester en condition réelle d’utilisation, et non pas en labo,
autour de 2.700/2.800 C° : Pour l’heure, elles ont tenues impeccablement
jusqu’à 1.300 C°. Pas vraiment une performance extraordinaire.
Et puis il faudra aussi calculer une trajectoire de descente qui génère
des « points-chauds » pas plus élevés que les 2.500/2.700 C°, soit environ Mach
7 alors que la vitesse de satellisation est de l’ordre de Mach 25 et qu’il faut
aussi « chuter » de 250 à 300 km d’altitude sans rebondir sur les hautes
couches de l’atmosphère…
La bonne question est : Faut-il réduire à Mach 3 la vitesse en orbite à en
faire chuter le « 002 », ce qui demande quand même une grande quantité de
carburant à mettre en orbite, même si l’ensemble est nettement moins lourd qu’au
décollage, ou se contenter d’un Mach 15 et laisser l’engin ricocher sur les
couches d’air ?
Mais ses interlocuteurs n’en sont pas encore là quand ils se séparent.
C'est alors qu’en fin d’après-midi, se présente au comptoir une grosse
blonde aux joues rondes et roses, l’agent de chez Sukhoï en visite au Salon :
Miss Irina Dichnikov, la probable agent-double des services de la nation !
Un fort accent, un sourire jovial, des yeux bleus éclatant, un «
blonditude » absolue aux cheveux courts et un cul… comme une mappemonde !
Mappemonde façon « Charlie Chaplin » dans « Le dictateur »… Mais pas aussi
légère.
Sitôt les présentations faites, c’est elle qui « attaque » dare-dare : « Vous m’invIter dîner ce sOIrrr ! Je
rrrrrepArrrrrs demain matin Moscou ! »
Médusée, Françoise, la secrétaire au visage ravagé par ses allergies aux
produits de beauté !
-> Retour au sommaire <-
[1] Le mardi 13 décembre 2011 : http://www.youtube.com/watch?v=tc6c8i9q2IE
[2] Cf. Opération « Juliette-Siéra », paru aux éditions
I-Cube.
[3] Le frittage est un procédé de fabrication de pièces
consistant à chauffer une poudre sans la mener jusqu’à la fusion. Sous l'effet
de la chaleur, les grains se soudent entre eux, ce qui forme la cohésion de la
pièce.
Dans ce cas de figure ("un cul comme une mappemonde"), on ne dit pas "Dare, dare" mais "Dard, dard!" ...
RépondreSupprimerC'est certainement ce qu'aurait fait le commissaire San Antonio!
RépondreSupprimerA n'en pas douter !
SupprimerC'était d'ailleurs un clin-d'œil, mais vous êtes le seul à l'avoir relevé.
D'autant que la dame existe vraiment, puisque je l'ai rencontrée, dans d'autres circonstances (vous le savez, je n'ai aucune imagination : Il faut que je prenne modèle sur ce qui existe déjà).
Et ça n'avait franchement rien de bandant au premier coup d'œil, je vous assure.
D'où la version telle quelle.
Mais je note avec plaisir que vous lisez même ma prose du dimanche ... le lundi.
Ils ont pourtant été nombreux hier à ne venir jusqu'ici à leur moment de loisir uniquement pour ces "posts" du dimanche.
Plus que pour les "histoire d'en rire" du vendredi.
En tout cas, bien à vous !
I-Cube