Jacques
Ça reste fort imprécis. « D’abord une lettre anonyme. À mon domicile, à mon cabinet, à mon bureau du Parlement. Rien de très précis sauf que le texte reste le même. « Tu es un pourri. Tu fais partie de la pourriture qui pollue ton pays. Tu seras éliminé dans quelques semaines ». Même pas une incantation, pas une seule précision. Je ne comprends même pas de quoi il s’agit. Jusqu’à ce qu’on m’ait révélé que je faisais partie d’une liste de 1.000 personnalités actuellement menacées. Ce sont les flics qui se sont présentés au cabinet, ce matin. »
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement,
totalement et parfaitement fortuite !
Il faut donc comprendre Paul : c’est la deuxième fois qu’il entend parler
de la « liste des mille », désignant des personnages publics ou privés
susceptibles d’encourir les foudres du « doigt de Dieu » comme d’une
représailles contre l’oppression du peuple, sans doute par ses élites, à
travers un groupuscule inconnu se nommant « Arrco », comme les caisses de
retraites complémentaires français.
Une action politique contre la future réforme des retraites ?
Un moyen de pression sur les élus, ministres, directeurs de cabinet et
autres haut-fonctionnaires qui se sentent visés au point que le remaniement
ministériel prévu depuis les élections régionales et qui n’en finit pas d’être
retardé, pour démontrer peut-être que « la peur » ne prend pas ?
Ils sont pourtant nombreux, dans les cabinets à se recaser par vagues
successives, depuis très peu de temps : on ne voudrait pas montrer de signe
d’affolement, qu’on ne ferait pas autrement !
L’aider, bien sûr. Mais quelles sont ces menaces qu’il évoque comme d’un
paranoïaque ?
Que dit la police ? N’a-t-il pas droit à une protection
rapprochée en qualité d’élu européen ? Ces menaces sont-elles liées à son
boulot au cabinet du Grand-père ?
Jacques hésite à répondre.
L’affaire de l’héritage du grand-père, il sait ne pas avoir été très
correct avec son frère cadet.
Normalement, la soulte qu’il aurait dû lui payer n’a rien à voir avec
celle avec laquelle il lui a fait provisoirement renoncer à l’héritage familial.
Mais il faut comprendre : « Un, je
n’avais pas l’argent et il fallait surtout ne pas disperser les compétences ni
les moyens de payer les droits de succession. Et de grand-père à petit-fils, à
l’époque, c’était lourd, les droits. Deux, il fallait un avocat ayant prêté
serment que tu n’étais pas. Trois, tu as dit à grand-père que tu voulais être
pilote d’avion de chasse, pas juriste. Tu l’es devenu, non ? »
Pas une raison. « Tu sais, un jour
nous ferons les comptes. Mais avec le peu que tu as bien voulu me refiler, je
suis devenu millionnaire en dollars quelques mois après ma majorité. Ton fric,
on en recausera le jour où j’aurai descendance. Pour le moment, tu es mon seul
héritier présomptif, car je suis encore sans descendance avérée. Et
entre-temps, c’est vrai, j’ai pris véritablement mon pied à piloter des zincs
dont tu ne peux même pas rêver ! »
Et puis avec polytechnique en poche, sa carrière n’est pas si mal
réussie.
« Moi, je suis à la tête d’une
petite PME de 40 stagiaires et avocats. Et on fait un million d’euros
d’honoraires, les bons mois. Tu gagnes sûrement mieux ta vie que moi. Et avec
moins d’emmerdements, j’imagine. »
Les « emmerdements », chacun doit avoir son lot. Mais c’est sûr qu’avec
350 personnes à gérer, il fait mieux que la « petite PME d’avocats au Conseil
».
« Là n’est pas la question. Te
connaissant un peu, si tu pousses ma porte malgré ton état d’esprit de petit
radin que tu as toujours été, c’est qu’il doit y avoir une raison majeure.
Laquelle ? C’est en rapport avec ton boulot ? T’es la cible de la mafia ou quoi
? Tu as détourné du pognon ? Des dettes de jeux ? »
Il ne sait pas.
« Le boulot, tu sais, je n’y suis
plus beaucoup ! Ce n’est pas moi qui gère le courant des affaires : j’ai des
associés pour ça. Et on ne voit que des affaires qui ont déjà été jugées deux
fois. Le cabinet ne s’occupe que des dossiers qui vont en Cassation ou devant
le Conseil d’État pour la même raison. Et avec la nouvelle procédure
d’anti-constitutionalité, la QPC, on en a maintenant beaucoup plus. Bref, pas
de bévue à craindre à ce niveau-là… »
Alors quoi ?
L’effet de l’alcool éthylique entrant doucement dans son sang et allant
nimber son cerveau, Jacques se détend au fil de la soirée et devient plus
disert.
Peut-être que ça vient de ses relations avec le pouvoir politique.
Il raconte qu’il a dû renoncer à devenir sénateur sous la pression.
« Je ne sais pas pourquoi, mais dans
certains milieux, on n’aime pas trop ma nouvelle-belle-famille. La seconde. On
dit que mon beau-père s’est enrichi trop vite. »
Un chirurgien, c’est normal pourtant, non ?
« C’est peut-être vrai qu’il a
obtenu, peut-être, un peu trop facilement l’ouverture de sa clinique, de ses
cliniques. Sa clientèle l’a sans doute aidé. Elle est aisée et a le bras long.
Mais il a aussi ses œuvres sociales. Il a ouvert des établissements spécialisés
aux USA, en Afrique, en Asie et même une clinique en Chine. La réussite, ça
fait des jaloux, tu sais ! »
Non, Paul ne sait pas : on lui a assez savonné la planche plus qu’à son
tour, mais des vrais jaloux à vouloir l’en estourbir définitivement, à part les
« affaires spéciales », il ne voit pas ce que ça veut dire.
« Il fait dans quoi ton beau-père ?
».
La chirurgie réparatrice. C’est un spécialiste des greffes d’organes. « Mais il n’opère plus lui-même depuis deux
décennies. Il ne fait que gérer les compétences et animer son groupe. Non, ce
n’est pas ça, d’autant mieux que je n’ai jamais travaillé pour son groupe,
sauf, il y a longtemps, sur une affaire de responsabilités médicales où nous
avons obtenu gain de cause sur les obligations de moyen. »
C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il a rencontré sa seconde épouse.
« Dis donc, elle s’appelle comment,
de son nom de jeune fille, ta femme ? »
Priscilla Risle, du nom de son père. « Pourquoi
cette question ? »
Risle ? Paul ne veut pas savoir des affaires de cœur, il a déjà assez avec
les siennes, alors celles des autres… Mais « Risle », il fait instantanément le
rapprochement d’avec ses conversations anglaises et écossaises du week-end
précédent.
« Un rapport avec la fondation du
même nom ? »
Elle est déléguée générale de la fondation de son père.
Le monde est bien petit, pense Paul sur le moment, mais n’en pipe mot à
son frère.
Qui t’a poussé dans la politique ?
C’est par hasard. Ils avaient besoin d’un « parisien » dans leur équipe. «
Et puis, j’y ai pris goût. De là, un
mandat départemental, puis une tentative pour aller au Sénat : on m’avait
promis la commission des lois. En bon avocat, je pouvais vraiment apporter
quelque chose de positif au pays. Et je me suis retrouvé en position éligible
sur la liste européenne en compensation. C’est comme ça que je passe un tiers
de mon temps à Strasbourg. Un peu à mon corps défendant en attendant un poste
de ministre. Le secrétariat aux affaires judiciaires, ça me brancherait bien,
tu sais. Mais c’est dur. Ma réélection n’était pas jouée, la dernière fois.
»
Et il y fait quoi à Strasbourg ? Des ennemis, par hasard ?
Non plus. « Au parlement, je
m’occupe de santé publique. Tu te souviens que Maman a travaillé pour l’Agence
sanitaire du Parlement Européen. Ils ont trouvé naturel que je co-préside leur
commission parlementaire spécialisée. En ce moment, on travaille sur l’éthique
des professions de santé. Pas le panard ! »
Alors ? « Explique. C’est quoi ces
menaces ? Et du côté de ta femme, la première ? »
Il ne sait pas vraiment. C’est sûr qu’elle n’a pas apprécié le divorce. « Mais il ne pouvait pas en être autrement.
Priscilla accueille mes enfants quand j’en ai la garde. Mais elle a ses
exigences. »
Puis après avoir vidé son verre, Jacques reprend.
« Tu sais, les gosses je ne les vois
plus qu’aux vacances. Et encore, pas toutes. Priscilla les accueille pourtant
gentiment. Mais c’est eux qui ne se plaisent pas avec elle. »
Et les menaces, elles sont venues comment ?
Ça reste fort imprécis. « D’abord une lettre anonyme. À mon domicile, à mon cabinet, à mon bureau du Parlement. Rien de très précis sauf que le texte reste le même. « Tu es un pourri. Tu fais partie de la pourriture qui pollue ton pays. Tu seras éliminé dans quelques semaines ». Même pas une incantation, pas une seule précision. Je ne comprends même pas de quoi il s’agit. Jusqu’à ce qu’on m’ait révélé que je faisais partie d’une liste de 1.000 personnalités actuellement menacées. Ce sont les flics qui se sont présentés au cabinet, ce matin. »
Oui mais… de là à venir en pleine nuit réveiller son frère pas vu depuis
des années, il a dû se passer quelque chose, depuis.
Un billet trouvé sous sa porte, chez lui, qu’il remet à Paul : « Ton tour
approche ! ».
Paul glisse avec précaution le billet chiffonné, où sont collées des
lettres d’imprimerie découpées dans un journal ou des revues de presse, dans
une pochette plastique format A4.
« Une mauvaise blague. Tu as reçu ça
quand ? »
Ce soir, glissé sous sa porte. Et il a pris peur. « Je suis en 957ème position, sur la liste. »
« Ne me dis pas que tu as laissé ta
femme toute seule ? »
Elle est aux États-Unis, à un congrès d’oncologues. « Elle est toubib aussi ? »
Non, biologiste. Elle accompagne « beau-papa » qui y participe et fait du
shopping de ses journées, à Los Angeles depuis le week-end dernier. « Je ne pouvais pas louper la session du
Parlement. On est payé à la présence… L’hebdomadaire s’est terminée seulement
hier soir. Elle rentre après-demain. »
Et maintenant, on fait quoi ? Paul se pose la question comme il la pose à
Jacques.
« Faut que je disparaisse !
Vraiment. »
Et comme Paul est un magicien qui sait faire disparaître les gens, là
comme ça, c’est de notoriété mondiale, n’est-ce pas, à qui s’adresse-t-on dans
ces cas-là ?
« Ta femme, elle va s’inquiéter, non
? »
On la rassurera. Mais c’est maintenant qu’il faut faire : il ne retourne
pas chez lui ce soir. Ni au cabinet demain.
« T’es marrant toi ! Tu débarques à
l’improviste et il faut que je te trouve une solution abracadabrante et dans la
minute, juste sur un claquement de doigt ! »
« Tu as bien reçu une formation
militaire. Tu dois savoir faire disparaître quelqu’un dans la nature ? »
Planquer un parachute, des explosifs, des armes, des cadavres, peut-être.
Et encore, il a oublié tout cela depuis fort longtemps. Mais un mecqueton qui
fuit ses obligations conjugales, c’est plus du ressort de Charlotte et de « CAP
investigation ».
Ils en discutent ensemble un long moment. Il y a bien la solution de le
larguer dans une de ses nombreuses planques, mais ça va faire jaser.
Fox, c’est exclu : Trop de monde.
Saint-Florent aussi : Trop isolé.
La péniche de Mylène aussi. Elle va se faire un sang d’encre et il ne va
pas tenir en place.
Reste la paillote de Dumè à Girolata, ou bien le nouvel hôtel ouvert
récemment au creux de la baie de Kotor.
En basse saison, la première solution peut passer, mais il n’y a aucun
soutien logistique pour une planque longue. Et Paul n’est pas sûr que Jacques
apprécie l’isolement du maquis Corse.
Quant au Monténégro, l’hôtel vient juste d’être fini de rénovations. Mais
il y sera tranquille. Reste à organiser tout ça, si ça reste faisable et agrée
ce frère revenu à l’improviste.
« Je peux t’y emmener discrètement.
Mais mon problème, c’est le retour. Faut quand même que j’enquête un peu sur «
les vilains » qui te veulent du mal, non ? »
Pour sûr : il n’osait même pas espérer que Paul le lui propose.
L’idée première, c’est de partir dans la nuit. Un petit coup d’hydravion.
Il le pose là-bas et retour à l’usine d’Aubenas en début de matinée : c’est
faisable.
Et puis au fil de la conversation, ça devient plus compliqué.
« On ne fait que gagner du temps…
»
Oui ! Déjà cette rencontre plus qu’improbable entre les deux frères. Si
poursuivants il y a, avant qu’ils ne trouvent le lien entre eux et qu’ils
imaginent une rencontre, va y avoir des délais.
« Mais pas si je me mets à enquêter.
D’ailleurs, je ne vais pas le faire moi-même : j’ai des équipières pour ça !
» Et qui vont apprécier, puisqu’elles ont opéré sans lui en dire un mot, sauf
un coup de fil dimanche dernier qui a fait l’objet de leur conversation de
mardi matin. Depuis, plus rien.
Et puis, il faudra qu’ils « captent » la manœuvre du vol de nuit. « J’ai l’habitude de voler souvent, même de
nuit, avec mon propre appareil. La difficulté sera plutôt de trouver la
destination de ce vol. Du temps en plus. »
Ce qui ne résout pas le problème si l’enquête piétine. « Oh, j’ai des amis dans la police. Ils
aideront… De toute façon, la seule façon qu’on cesse de te poursuivre, c’est
qu’on retrouve ton cadavre. Là au moins, on ne t’ennuiera plus ! »
Si on pouvait éviter d’avoir à présenter son cadavre…
« D’autant que si ce n’est pas le
tien, avec tes empreintes dentaires à toi, je ne te dis pas ! »
Et si les circonstances de son décès obligeaient à ne pas retrouver de
cadavre tout de suite ?
« Et tu fais ça comment, Paul ?
»
« Imagine qu’on fasse un tour en
adriatique. Tous les deux : je te montre le nouveau casino de ma filiale. Au
retour, l’avion a une panne. Amerrissage forcé. On attend les secours et ils ne
te trouvent pas. Qu’en penseront les flics italiens ? »
Ils enverront les flics du Monténégro vérifier que nous sommes bien passés
à l’hôtel-Casino.
« Tu risques de te faire choper
là-bas. Sauf si tu n’es pas si con et que tu te glisses dans l’effectif du
petit personnel avec un bon déguisement. »
Et le directeur, sur place ?
« Pour le moment, il me doit bien
ça. Il ne dira rien. Et te fournira même des papiers. »
Jacques sait que son frère est un bon pilote, mais n’est-ce pas dangereux,
un amerrissage en pleine nuit ?
« Pourquoi la nuit ? Ce n’est jamais
une partie de plaisir que d’atterrir sur le ventre, mais on a vu pire. Non, il
nous faut un avion qui ne paye pas de mine et ne soit pas l’hydravion. Parce
que lui, je te le pose même sur une flaque d’eau. L’accident ne sera pas
crédible un seul instant. »
De fil en aiguille, il est convenu de partir le lendemain matin,
destination Fox. Changement d’appareil sur place et partance pour Límnos, une
île grecque aux confins de la mer Égée à portée de canon des côtes turques.
Paul y a des amis sûrs qu’il suffira de prévenir pour rendre l’affaire
crédible. Après, c’est assez simple : sur le trajet, Paul n’aura qu’à simuler
une panne et plonger en mer, le long de la côte bosniaque de l’Adriatique.
Entre-temps, il aura largué Jacques sur la côte, pas trop loin de Kotor où
on pourra le récupérer discrètement.
À moins qu’il ne revienne vers la côte en volant au ras de l’eau jusqu’à
proximité de l’hôtel où il s’agira pour son directeur de récupérer Jacques
déposé sur une plage, et redécollage en vitesse pour aller planter l’avion en
un point pas trop éloigné de l’endroit « de la panne » afin que les secours
puissent le récupérer assez vite.
C’est jouable, à condition de déjouer les radars du coin, notamment ceux
de l’approche de l’aéroport de Dubrovnik.
En volant assez bas et en débranchant de transpondeur, ça devrait le
faire.
Ce qui donnera aussi deux raisons aux flics pour enquêter sur la
disparition, en mer, de Jacques : un éventuel sabotage de l’avion et la
recherche des raisons qui l’ont poussé à fuir vers Límnos, donc les menaces de
mort et la reconnaissance tacite d’un attentat sur sa personne.
Et puis au fil de la soirée, le scénario reçoit plusieurs versions.
Paul rentré en ses locaux, il pourra faire avancer les choses.
« Mais dis-moi, il se passe quoi une
fois que l’on sait que tu es mort ? »
On ne le recherchera plus, c’est l’objectif…
« Je veux dire, on ouvre ta
succession, on te dépouille de tes fonctions et fortune, Jacques ! »
Ah oui, il n’y a pas vraiment pensé. Et en bon juriste, il se met à faire
l’inventaire.
« Globalement, j’espère quand même
que tu arriveras, toi ou d’autres, à identifier ceux qui me poussent à la fuite
et à disparaître. Mais tu as raison, on a six mois pour clôturer ma succession
à compter du jugement qui aura entériné ma disparition et donc mon décès
présumé. »
Pour ce qui est de ses mandats électifs, il sera remplacé rapidement. Et
dans sa commune, et au Parlement européen. Y compris dans la commission
parlementaire qu’il préside.
« Au cabinet, ils décideront sans
doute de liquider mes parts et de se répartir mes dossiers, qui ne sont pas
très nombreux. Non, là où tu auras de gros problème, c’est avec Priscilla. Nous
sommes mariés sous le régime de la séparation de biens, mais, malgré mes
gamins, elle exigera une grosse part alors que tu es mon collatéral qui aurait droit
aussi à la moitié de la quotité disponible… »
Encore faudrait-il qu’il en ait disposée par disposition testamentaire.
« C’est prévu. Une sorte de
dédommagement posthume au moment de ma prise de participation dans le cabinet
de Grand-père. »
« Dis-moi tout. Pourquoi ce n’est
pas l’Oncle, le frère de Papa, qui n’a pas eu la totalité ? »
Il avait la moitié avec Grand-père, par préciput et avance d’hoirie. « Et puis on l’a retrouvé dans une position
sexuellement sans équivoque avec un des clercs de Grand-père. Tous les deux se
sont faits virer dans la journée ! Et il a disparu de la circulation pour être
parti avec son amant en Californie. Peut-être qu’à l’annonce de ma disparition,
tu le reverras revenir comme héritier unique, je ne sais pas ! Ne le laisse pas
rentrer au cabinet. Grand-père n’aurait pas apprécié ! »
Ce n’est pas ce dont Paul veut parler. Revenu parmi les vivants, il n’aura
aucun mal à faire rendre gorge à tous ses « héritiers », y compris pour ses
mandats.
« Je veux dire : Pour tes dossiers,
ceux qui hors d’un sagouin de mari jaloux et cocufié (indignation de
Jacques)… éventuel, doivent être au cœur
de tes menaces ? On ne veut pas tuer quelqu’un rien qu’en le mêlant à une sorte
de vaste complot « mains propres nationales » pour l’empêcher de respirer le
même air ! Il y a forcément une raison impérieuse. Et elle se trouve forcément
dans ton travail, tes occupations actuelles, tes responsabilités. »
Jacques n’y a pas pensé.
Tous les deux se souviennent de la mort de leur père, de la paranoïa
nourrie à la recherche « d’un dossier ».
« Je vois ce que
tu veux dire ! » finit par répondre Jacques. « Il y a mon bureau à Strasbourg. J’y ai aussi un deux pièces en location
en ville pas très loin de la Cathédrale.
Mon bureau parisien, mon appartement à Neuilly. La maison de campagne
dans le Beauvaisis, mon bureau dans les locaux de la mairie, et la maison de
Grand-père à Cabourg. Il faut que je te donne les clés et les combinaisons des
coffres. Beaucoup de choses également sur mon ordinateur portable. Les
sauvegardes sont sur deux clés USB dans les tiroirs des bureaux chez moi. Mais
je doute que tu y trouves des choses qui aideront à comprendre ce qui m’arrive.
»
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