Vendredi 11 septembre 2009.
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
1535 Broadway, New York, New
York 10036 USA ; Astor Ballroom, Hôtel Marriott.
Le professeur Edmond Risle, l’actuel beau-père de Jacques de Bréveuil,
ouvre la « conférence annuelle du souvenir » en sa qualité de Président
d’honneur de « l’Institut de recherches biologiques E. Risle » devant la cinquantaine
de représentants de chacune des « fondations filles », venues d’une vingtaine
de pays différents, adhérentes à ses activités, plus une dizaine de mécènes.
Souvenir d’un autre « 11 septembre », un mardi celui-là, qui vit
l’impétueuse Amérique entrer de plain-pied dans le terrorisme, et… la moitié du
Conseil d’administration de l’Institut de disparaître dans les ruines du «
World-Trade-Center ».
Le professeur Edmond Risle, le teint un peu cireux sous le maquillage de
circonstance, prend la parole :
« Mesdames, Messieurs,
Mes biens chers collègues,
Je suis absolument ravi et très honoré
de vous accueillir une fois de plus pour cette soirée.
À la fois en raison du souvenir,
toujours aussi cuisant, de la disparition tragique de nos collègues en cette
date anniversaire, également parce que votre présence assidue témoigne à l’envi
de toute l’importance de nos activités et des travaux de nos équipes de par le
monde, et tout autant parce que je vous avais annoncé ma disparition prochaine
l’année dernière.
Effectivement, il y a un an, je n’aurai
pas parié un kopek sur ma présence ce soir parmi vous.
Et, en conséquence, vous savez tous
combien, durant le dernier trimestre 2008, nous avons œuvré pour consolider
notre organisation, qui se doit de survivre aux « hommes qui passent ». Hommes
et… femmes, tous dévoués à notre cause.
Pour l’heure et en ce qui me concerne,
je ne peux pas être rassurant sur mon état de santé.
La chirurgie et la chimiothérapie ont
eu raison de mon cancer du pancréas.
Ce n’est qu’un répit et Dieu sait
combien nos travaux en ce domaine sont loin d’être aboutis. Car je vous
confirme que les « poisons » qui ont tué « mon crabe », ont par ailleurs abîmé
mon foie. Atteint désormais d’une cirrhose inguérissable.
À moins d’une greffe dans l’année – et
vous savez combien ces opérations sont difficiles et hasardeuses – je ne serai
vraiment plus là l’année prochaine. »
Rumeurs compassionnelles dans l’assistance…
« Mon propos du jour n’est pas
d’être alarmiste, mais plutôt confiant.
Personne ici n’est éternel.
En revanche, nos travaux scientifiques
doivent continuer d’être utiles au plus grand nombre et continuer de
progresser.
Nous avons entrepris de nous
réorganiser dès la fin de l’année dernière. Vous avez toutes et tous été tenus
au courant de cette espèce de « refondation » qui en a résulté au fil des
semaines après avoir adoubé ma fille, Priscilla ici présente, en qualité de «
Chief executive » et qui a eu pour tâche de mener à bien cette « prise en main
».
Je crois, et ce n’est pas seulement
parce que c’est ma fille unique, qu’elle a fait preuve de ses qualités de «
boss » à l’occasion de cette réorganisation, durant le premier semestre de
cette année.
Avant de faire un tour d’horizon des
activités de nos divers « departements », le point sur nos activités de
recherche, et de passer la parole à chacun, j’aimerai simplement que nous nous
posions la question du renouvellement de cette assemblée.
Non pas qu’aucun de nous n’a pu
démériter de quoique ce soit, ni même qu’il s’agisse de remplacer les uns ou
les autres : loin de là cette idée dans mon esprit ; vous m’êtes trop tous
chers au cœur, tous et chacun !
Simplement, peut-être faudrait-il «
enrichir » nos cénacles de responsables par l’adjonction d’esprits neufs, pas
forcément compétents dans le domaine de la biologie ou des techniques de
greffe, mais capables de nous ouvrir vers d’autres données ou priorités.
Trop longtemps peut-être, et même si
cela a été jusque-là parfaitement efficace, nous ne sommes finalement que des spécialistes-experts,
travaillant ensemble.
Je ne conduirai pas ce changement, dont
je pense qu’il doit être « soft » et poursuivi sur un très long terme. Je ne
serai plus parmi vous, mais la relève ce doit d’être assurée.
Et d’ailleurs, un premier pas a été
franchi avec succès avec l’arrivée de ma fille.
À vous tous d’imaginer, chacun à son
rythme et selon vos besoins et moyens, d’en faire tout autant : c’est le gage
que notre œuvre commune ne sera pas, demain, devenue lettre-morte. »
Applaudissements.
« Merci, merci !
Je savais pouvoir compter sur votre
grande sagesse.
Avant de commencer cette réunion, je
voudrai délivrer un très vif satisfecit à nos équipes du Canada.
Vous le savez tous, les traitements
anti-rejets de greffons est une piste sur laquelle des dizaines d’équipes
scientifiques travaillent depuis des décennies. Avec plus ou moins de succès
selon la précision des protocoles et des situations rencontrées.
Nous avons investi beaucoup en effort
et argent dans le passé vers de nouvelles techniques.
Les unes consistant à envisager de
modifier l’histocompatibilité des receveurs, parfois celui des donneurs
d’organes quand la culture tissulaire était encore possible avant toute
transplantation.
L’autre consiste à cultiver des
cellules-souches jusqu’à les différencier en organes à implanter.
La grande difficulté aura été de «
donner une forme » finale compatible avec les besoins du receveur.
Et notre équipe canadienne a réussi
l’impossible dans nos laboratoires, en commençant par « dé-cellulariser » des
organes donneurs, jusqu’à ne plus garder que le « squelette » de gélatine
biologique, leur collagène. Et, après moult échecs à vouloir reconstruire avec
des nanoparticules l’architecture desdits organes, pour finir par cultiver des
cellules souches qui se différentient alors toutes seules. Une très, très
grande avancée !
Aujourd’hui, des organes complets «
vivent » ainsi dans nos bocaux, en attente d’implantation, avec des tissus
totalement compatibles avec des receveurs potentiels.
C’est vraiment un très grand progrès,
pour le moment réservée aux cobayes de laboratoire, afin de préciser les
protocoles à appliquer… »
Vifs applaudissements de l’assistance.
« … demain sur les êtres humains !
Nous touchons presque au Graal, au
point d’orgue de nos recherches vers l’autogreffe 100 % compatible !
Et il faut véritablement féliciter nos
collègues canadiens ici présents ! »
Ceux-ci se lèvent sous les applaudissements.
« Ce qui ne nous empêche pas encore
et toujours de poursuivre nos efforts dans la recherche de greffons.
Notre organisation a ainsi pu, sur les
quelques 8.000 greffes pratiquées en 2008 de par le monde, sur un total de
quelques 60.000 réalisées depuis la première en Afrique du Sud et surtout
depuis la découverte de la cyclosporine, garder sa place de leader avec 1.955
greffes réalisées par nos équipes, pour un total mondial de 8.716 au 31
décembre 2008.
Une belle performance qui est en passe
d’être dépassée en 2009 ! »
Applaudissements nourris de l’assistance.
« Poursuivons donc notre œuvre et
nos efforts pour le bien-être de l’humanité !
Car tout n’est pas rose, loin s’en
faut.
La pénurie d’organes, certes, peut-être
un jour contournée par l’autogreffe à partir des cultures de cellules-souches
telle que nous la présentera l’équipe canadienne dans quelques minutes, et que
d’autres laboratoires commencent à maîtriser aussi.
Et c’est tant mieux ;
La concurrence d’équipes tout autant
compétentes que les nôtres, mais non-adhérentes à notre organisation s’exacerbe
et doit être pour nous un aiguillon à toujours vouloir faire mieux ;
Surtout, la menace des pouvoirs
politiques qui souhaitent tour à tour libéraliser nos activités ou au contraire
les réglementer étroitement, jusqu’à les mettre sous surveillance !
Or, nous avons besoin de « liberté »
pour poursuivre nos travaux de recherche et d’expérimentation, sans avoir à
demander la permission préalable de commission soi-disant éthique : il en va de
la vie de 5 fois plus de personnes à qui est nié de « droit de vivre », faute
de ne pas progresser dans nos travaux, soit plus de 50.000 personnes dans le
monde tous les ans, qui meurent brimées par leur représentation politique, de
ne pas bénéficier de nos propres travaux et activités.
Comme si nous n’étions pas « éthiques »
!
Un comble ! »
Rires dans la salle.
« Attention à la portée de mon
propos : il ne s’agit pas pour nous de transgresser les lois de nos pays
respectifs, ni même la morale ou l’éthique ! Jamais et aucunement.
Il s’agit seulement, d’après moi, de
prendre pied dans le monde politique pour faire valoir nos idées, nos travaux,
nos savoir-faire en vertu du serment d’Hippocrate que nous avons tous prêté
dans nos jeunes années.
Quand un patient a besoin de nous, de
la science, de la médecine, il doit pouvoir compter sur nous.
La vie est un bien trop précieux pour
être unique et le laisser à la vindicte et diktats des peurs politiques
conjoncturelles.
Cette année, et vraisemblablement les
prochaines, ce sera notre tâche : amener à une prise de conscience populaire,
mais aussi gouvernementale, de nos problèmes et de nos solutions.
Et, je ne piloterai pas cette action.
Je vous propose de laisser cela à
Priscilla et son équipe.
En leur souhaitant bon courage, car la
tâche sera rude ! »
Applaudissements nourris.
L’assemblée se poursuit ensuite par les exposés techniques des
réalisations de l’année et des projets à venir.
Le professeur Edmond Risle assiste à tous, puis au dîner offert aux
membres dans le restaurant de l’hôtel.
Au soir, il regagne sa chambre et Priscilla réunit de son côté quelques
membres honorables.
« Vous avez besoin de quoi, pour
faire du lobbying sur vos objectifs, charmante mademoiselle ? »
Elle est mariée depuis quelques années, mais peu importe.
Et d’exposer deux axes nouveaux, outre les classiques en la matière.
« L’essentiel de nos efforts seront
concentrés en Europe où notre implantation est plus dense que dans vos pays
respectifs.
Notamment en France et à travers la
France, l’Assemblée parlementaire de Strasbourg.
Nous y avons des amis sûrs, dont mon
mari en première ligne, qui feront le nécessaire, même si évidemment, ce sera
plus long que par ailleurs, comme en Chine, notamment. »
Les relations avec les autorités de Pékin sont-elle toujours aussi faciles
?
« Ils deviennent de plus en plus
gourmands, mais de grands liens de confiance réciproques existent. Ce sont eux
qui s’alarment un peu de l’opinion publique occidentale. 95 % des greffons
reçus viennent de condamnés à mort.
Ils continuent d’en exécuter plus de
5.000 par an, mais tous ne sont pas des donneurs et certains, environ 20 %,
sont porteurs du HIV.
Et eux s’inquiètent des dénonciations
de plus en plus régulières des ONG occidentales.
Leur phobie.
Mais nous avons d’autres pays
fournisseurs : par exemple un accord est en cours avec Singapour et un autre est
à venir avec l’Arabie Saoudite. Mais ceux-là en resteront à obtenir ou non un
aval préalable des autorités religieuses. »
Alors pourquoi la France ? 4.000 greffes, ce n’est pas le premier marché
et en plus, le « taux de pénétration » du groupe y est faible, la faute à une
organisation plutôt rigoureuse de la gestion des greffons.
« Rapporté au nombre d’habitant, le
premier reste l’Espagne.
La France est une porte d’entrée à la
Commission de Bruxelles qui planche sur le sujet.
Le deuxième axe reste la mise en place
d’une station opérationnelle off-shore.
J’entends par là que comme personne,
aucun pays, n’est à l’abri d’un changement de législation, la première des
précautions est d’installer nos nouveaux équipements sensibles en eau
internationale.
Ainsi, si j’ai votre aval, bien
entendu, nous pourrons continuer à la fois nos activités même avec des patients
de pays récalcitrants, mais tout autant, nos recherches pourront se poursuivre,
même si elles pourraient devenir interdites ailleurs ! »
L’idée n’illumine pas les participants.
Les uns voient très bien dans les USA un vaste territoire d’accueil
bienveillant.
Les autres trouvent qu’il est quand même plus intelligent de déplacer les
patients, s’ils doivent être déplacés, dans le pays du donneur d’organe.
Enfin, qui assurera la sécurité d’une plate-forme off-shore ?
« Pas seulement ! Nous y travaillons
» continue la fille du fondateur. « Nous
ne sommes pas à l’abri de groupes de pression. Souvenez-vous des destructions de
matériels ne serait-ce que pour pratiquer quelques avortements dans certains
États des USA, de la pression psychologique sur les praticiens qui ont conduit
quelques-uns jusqu’au suicide… »
Tous savent.
« Rien que pour les essais sur des
animaux, ne serait-ce que pour des cosmétiques, il arrive parfois que des
brutes obscurantistes saccagent les labos jusqu’en Grande-Bretagne ! Et on
fauche encore des champs de cultures OGM expérimentales ici et ailleurs.
Les populations n’ont pas pris
conscience de l’importance de nos travaux. Alors, il vaut mieux être plus que
prudent, si nous devons nous inscrire sur de longues périodes. »
Ne pas faire confiance aux populations, toujours manipulables.
Le faire modérément et seulement à court terme avec les autorités locales.
« Et pour le professeur Risle, vous
avez des solutions en perspective ? »
Bien sûr qu’elle en a.
« Mais nous ne lui disons pas tout,
de peur qu’il ne s’emballe sur quelques projets qui pourraient ne pas aboutir.
Par exemple, la culture de ses propres
cellules-souches a commencé depuis quelques mois, pour lui offrir un foie tout
neuf.
Mais on peine à en re-modéliser au
moins un seul : c’est un organe fragile et complexe.
Par ailleurs, nous avons dans nos
fichiers quelques donneurs a priori compatibles que nous suivons. Mais je ne
lui en ai pas encore parlé. »
Elle ne dit pas tout sur le moment, notamment et par exemple, qu’on use de
ses propres cellules-souches à elle, prises sur son cordon ombilical et
cultivées religieusement depuis sa naissance par son père, en espérant une
meilleure compatibilité.
Ni qu’un donneur compatible, elle en a un sous la main, c’est le cas de le
dire…
« Et vous savez bien que l’aléa de
la « Grande faucheuse » n’est pas maîtrisable. »
Même si en son for intérieur, elle sait déjà qu’elle peut forcer le destin
pour sauver son père, le moment venu.
Après tout, elle doit à son père sa propre vie, ce qui est globalement le
lot commun de la totalité de l’humanité.
Mais à lui, plus que d’autres, puisque demain, elle sera la première «
immortelle » de l’humanité, capable de survivre au-delà de ses propres organes,
grâce aux cellules-souches de son cordon ombilical maintenu en vie depuis des
décennies !
Une belle ambition paternelle, même si elle sait très bien que dans les
fantasmes de son père, son subconscient à lui, est de faire revivre à travers
elle, sa très regrettée mère morte en couche.
Et les derniers développements des travaux de l’équipe canadienne restent
très prometteurs. Maintenant, c’est une question de course contre la montre.
« Il voulait dire quoi, par le
renouvellement des générations ? Faut-il que nous trouvions des nouveaux
membres parmi nos équipes ? »
Ce n’est pas tout à fait ça.
« Pourquoi pas ? Il nous faut
d’abord des gens compétents, mais pas seulement, d’après ce que j’ai pu
comprendre.
Vous savez, la « cuisine » de nos
activités, ça ne regarde pas forcément que des spécialistes. Si, bien sûr, face
à un patient ou devant une table de chirurgie, je ne le conteste pas. Mais
toute l’organisation ne repose pas seulement sur les praticiens.
Je crois qu’il nous faut des « têtes
neuves », qui pensent aussi business, intendance, stratégie, logistique,
financement, communication, lobbying, recherche fondamentale, appliquée,
politique, etc.
J’en suis un peu un archétype, puisqu’à
part mon diplôme de docteur en biologie, qui ne me sert pas à grand-chose parmi
vous, je ne connais presque rien de vos gestes ! »
Et chacun d’en rire : ils avaient confiance dans la fille de leur patron
international.
Ce qu’elle ne dit pas non plus ce soir-là, c’est qu’il s’agit aussi de «
pouvoir ».
Pouvoir sur la vie, sur la vie des gens : « Toi, tu as droit à un organe.
Toi, non. Même pas pour tes gosses ! »
Un levier extraordinaire pour collecter des fonds, pour avoir une oreille
attentive, pour un renvoi d’ascenseur le moment venu.
D’ailleurs, le lundi suivant, mais à Washington, elle reçoit une
délégation de praticiens venus en « formation » pour la semaine.
Il s’agit plutôt d’aiguiser les appétits, que d’une vraie formation aux
gestes chirurgicaux, aux protocoles nécessaires à une greffe d’organe.
Pas très cher pour l’Institut de recherche dont elle est la déléguée
générale rémunérée.
Globalement, à part les billets d’avion, il n’en coûte rien ni au participants,
ni à l’Institut : tout est payé par les intervenants qui présentent leurs
matériels, leurs molécules chimiques et rémunèrent quelques cliniciens qui
exposent l’essentiel.
Le tout est fédéré par l’Institut, ce qui laisse loisir à Priscilla de «
vendre sa soupe », celle de l’Institut de recherche et de la fondation qui
porte le nom de son père.
« Vous savez combien l’organisation
mondiale de gestion des greffons est anarchique : Chaque pays a son propre
organisme de contrôle et de gestion des transplantations. Le corps médical y
est parfois représenté, parfois, il s’agit de militaires au service de
dictatures. Des hommes de grandes sciences, comme vous pouvez l’imaginer,
prompts à collaborer sur un plan planétaire, bien sûr ! »
Et de vanter les mérites de « l’IRB E. Risle ».
« Son rôle est de centraliser tous
les besoins de nos adhérents, non-exclusivement. Même si ce sont eux qui sont
traités en premier.
Par ailleurs, nous disposons d’une
banque de données contenant plusieurs millions d’entrées qui nous permet de
répondre instantanément aux urgences de nos adhérents.
Dans la minute d’introduction des
attentes histologiques de vos patients, vous savez si un organe est ou peut
être ou non disponible.
Car, par ailleurs, nous cultivons en
milieu nutritif adéquate les prélèvements faits sur des personnes qui ont fait
savoir de leur vivant qu’elles consentent à des prélèvements… avant que ce ne
soit rendu obligatoire partout sur la planète !
Je crois que c’est unique au monde. »
Il faut dire que de maintenir en vie un organe après la mort cérébrale et
constatée médicalement d’un patient, c’est très délicat.
La technique usuelle consiste à le refroidir. Pas dans les labos de
l’Institut.
S’il est bien « refroidi » dans un premier temps, c’est pour le « ranimer
» dans un bain adéquat d’éléments nutritifs et suffisamment oxygéné pour le
maintenir en bon état parfois plusieurs semaines d’affilée avant que de
l’utiliser.
C’est ce qu’elle explique à la promotion.
« Bien entendu, ils peuvent se
dégrader très vite, car ils sont particulièrement fragilisés. Et finalement, la
moitié ne sera pas utilisée pour une greffe de quiconque. Alors, il faut à
nouveau compter sur la chance.
Chance dont nous demandons à nos
adhérents de la forcer un peu en pratiquant un prélèvement, de salive, de sang,
de sécrétion quelconque, sur tous les patients qu’ils hospitalisent et dont le
pronostic vital est engagé.
Ces prélèvements sont analysés par nos
propres services en moins de 24 heures. Et si par hasard le patient décède, ce
que nous ne souhaitons jamais, nous savons dans l’heure de la nouvelle de son
décès à qui peuvent aller ses organes… s’il y avait consenti au préalable.
Le système marche aussi à l’envers : si
par hasard et par la suite, sa santé se dégrade, nous savons répondre
immédiatement à ses besoins de greffon… s’il y en a de disponible !
Un grand progrès qui permet des taux de
rejet particulièrement bas et surtout des délais d’intervention
particulièrement courts.
Je crois que l’année passée, le délai
le plus long a été de 21 heures, c’est dire le service que seul l’Institut peut
rendre à vos patients. »
Bien sûr, tout cela a un coût. Limité à 1.000 dollars d’adhésion par
praticien et par an. En revanche, la logistique qui entoure ses activités,
reste onéreuse. Le prix d’un organe sain et compatible peut ainsi varier de
quelques 10.000 dollars pour une simple rate, un rein, un tube digestif, à
150.000 dollars pour un « cœur/poumons » complet.
« Pour une patientèle aisée, même
avec des taux multiplicateurs de deux pour une intervention sur place, sans
déplacement d’un clinicien chevronné, c’est hélas le prix à payer.
Et pour tout vous dire, dans quelques
pays d’Europe occidentale, ça reste accessible à presque tous grâce aux
systèmes d’assurances sociales locales, qui ne distinguent pas de la
nationalité des malades. »
Elle maîtrise parfaitement son sujet, pour l’avoir 100 fois rabâché,
répond aux questions et finit par lâcher que l’objectif de l’Institut sera
atteint quand les coûts auront été divisé par dix. « Par deux, ce serait déjà une grande victoire ! Et si nous y parvenons,
ce sera grâce à vous tous, tous ceux qui se seront inscrits au programme. »
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