Encore une information passée presque inaperçue.
L’Irlande, ce pays où la bière supporte 23 % de TVA,
renonce à son régime fiscal le plus controversé, nous avait-on affirmé à la
mi-octobre dernier.
Ce qui ne changera pas grand-chose au niveau de ses
recettes fiscales.
Je vous explique pourquoi un peu plus loin.
Car pour le budget pour 2015, les irlandais mettent fin
à leur régime fiscal le plus controversé, dit aussi du « double irlandais ».
Ce régime permettait notamment aux multinationales
américaines telles « Groβ-Apple » ou « Big-Gogol »
et quelques autres d’optimiser leurs impôts voire de l’éluder totalement.
Et de nous présenter cela comme d’une véritable
révolution fiscale pour un pays qui avait fait de l’accueil des multinationales
un axe de politique économique…
Les pressions internationales exercées sur l’Irlande,
notamment celles des États-Unis, vent debout contre la perte de recettes
fiscales, et de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement
économiques), auront conduit le pays à réviser sa position.
L’action de l’Union européenne, qui a récemment engagé
des enquêtes sur plusieurs pratiques fiscales assimilables à des aides d’État
envers les entreprises (en Irlande mais aussi aux Pays-Bas et au Luxembourg), a
également pesé.
Concrètement, pour le budget pour 2015, le
gouvernement de coalition du premier ministre Enda Kenny, met fin aux « sociétés
hybrides » qui sont aujourd’hui utilisées de façon rigolote par les
grandes entreprises sur le sol irlandais, pour délocaliser ensuite leurs
profits dans des paradis fiscaux.
(Il en existe encore…)
Ce sont ces sociétés qui permettent le recours à la
technique du « double irlandais ».
En clair, le droit de l’Irlande permet à une
multinationale étrangère de créer sur son sol une société dite « hybride »,
qui est de droit commercial irlandais sans en être résidente fiscalement.
Sa résidence fiscale est établie ailleurs, dans un paradis
encore plus avantageux que ne l’est déjà l’Irlande avec son taux d’impôt sur
les sociétés de 12,5 %. Autrement dit, une mesure qui n’a strictement aucun
impact sur leurs comptes publics …
Avec cette décision prise dans un contexte de forte
pression, l’Irlande anticipe en réalité la mise en place du fameux plan
d’action de l’OCDE contre l’optimisation fiscale agressive des multinationales
dit « BEPS » (de l’anglais « Base Erosion and profit shifting »
la bien-nommée), qui suscite une levée de boucliers des grands lobbies
industriels et financiers, notamment américains.
Et cette décision prise par Dublin aura pour
conséquence immédiate de mettre sous pression les multinationales établies à
Dublin mais aussi dans tous les autres pays dotés de régimes fiscaux
controversés tels le Luxembourg et les Pays-Bas qui ne pourront plus y échapper.
En bref, il ne s’agit surtout pas de la fin du dumping
fiscal irlandais, avec son taux d’IS de 12,5 %.
Tu penses : Au contraire, il est sauvé !
Parce que ce taux a été mis en place dans les années
1990 et depuis ce pays n’a jamais cessé d’attirer les entreprises.
Ce sera évidemment le cas quand tous les autres pays
de l’OCDE en feront autant, mais pas avant (et de toute façon, j’ai « la »
solution pour mon futur « administrateur de la finance publique et des
taxes & impôts » à venir… tôt ou tard).
De plus, et pour ne rien gâter, les rentrées fiscales
à travers cet impôt ont largement augmenté et sont plus élevées qu’en « Gauloisie-impécunieuse »
ou en « Germanie de la rigueur », où les taux d’imposition des
entreprises sont largement plus élevés qu’en Irlande.
34,4 % pour l’un (seule Malte fait mieux avec 35 %) et
29,8 % outre-Rhin. Autrement dit, avec une imposition des sociétés trois
fois plus importante qu’en Irlande, les rentrées fiscales pour les Gaulois ne
représentent que 3 % du PIB contre 3,9 % dans le pays celte en 2010 !
En Allemagne, c’est 2,1 % du PIB.
L’Irlande fait même mieux que la moyenne européenne
(EU 15) qui se situe à 3,4 % du PIB pour la même période.
Et quand on compare les prévisionnels 2014, la
collecte d’impôts sur les sociétés représentera 2,6 % du PIB en Irlande, contre
1,7 % du PIB en « Gauloisie-soce »…
Les dirigeants teutons et gaulois, ainsi que les hauts
fonctionnaires européens ont-ils eu connaissance de ces chiffres, confirmant
ainsi la « Courbe de Laffer » et l’adage « Les taux hauts tuent l’impôt » ?
Je répare leur ignorance avant de partir « festoyer »…
Vous allez me dire que « corrélation n’est pas
coïncidence », que j’extrapole à partir de pas grand-chose, mais je trouve
la situation cocasse : La TVA est plus faible en « Gauloisie-TTC » et
rapporte un peu plus rapportée au PIB, alors que l’IS y est bien plus élevé mais
rapporte beaucoup moins.
Appelez-ça comme vous voulez, mais au final l’Irlande
est un pays dans lequel les entreprises contribuent plus aux recettes de l’État
que dans l’hexagone et ça, c’est très, très drôle.
Un jour, il faudra bien comprendre qu’un taux faible
attire peu ou prou des assiettes plus larges.
Et inversement, un taux « fort », même
assorti de tellement d’exceptions, de dérogations et de compensations (au titre
de diverses « niches » et autres crédits d’impôt), n’est pas assez
sexy pour mettre en érection quiconque.
Au contraire : C’est la dé-bandaison et l’évasion qui
priment !
Il suffit de savoir compter pour comprendre…
Mais vous vivez dans un pays où personne n’apprend
plus à compter.
Remarquez, moi non plus je n’ai pas appris, mais j’ai
des machines qui connaissent tous les résultats de toutes les opérations arithmétiques
possibles et imaginables avec n’importe quel chiffre…
(Merci à Bill Gates !)
Et puis quand tout le monde sera à 12,5 % de taux d’IS,
il suffira de n’imposer que les dividendes et assimilés à la taxe pour être
encore plus compétitif que les voisins : Un vrai océan d’abondance à venir !
Bon d’accord, avant il faudra réduire le niveau des
dépenses publiques – ou alors les rendre « attractives » ou
produisant de la valeur ajoutée aux citoyens – au lieu de massacrer le
péquenaud de chaland qui passe, jusqu’à l’assommer : C’est qu’on tue plus
d’entreprise que jamais et on peut déjà compter 300.000 chômeurs de plus en 12
mois.
Autrement dit plus de destructions que de créations :
Schumpeter n’y avait pas pensé, mais « François III » l’a fait !
Qu’on se rappelle aussi du contexte : L’Irlande a
connu une croissance moyenne du PIB de 6,8 % par an entre 1986 et 2000 contre
2,4 % pour celui de l’ensemble de l’Union européenne.
Les raisons ? En 1987, le PIB par habitant de
l’Irlande ne représentait que 63 % de celui du Royaume-Uni, aujourd’hui il dépasse
de 3.200 $ et quelques celui des Anglais.
Et, dans un « autisme-comique » chacun de préférer
attribuer les succès économiques de l’Irlande aux aides européennes.
En réalité et au contraire, la croissance économique
irlandaise a été plus forte au fur et à mesure que les aides ont baissé.
Les « aides » distribuées, vous rappelle-je,
détruisent peu ou prou la valeur des choses – on y reviendra – tuant l’initiative
individuelle et profitable…
Attribuées dès 1973, année de l’entrée de l’Irlande
dans la Communauté européenne, les aides en provenance de Bruxelles ont
représenté 4 % du PIB entre 1973 et 1986 et 3 % entre 1990 et 2000, lorsque le
pays a connu la plus forte croissance de son histoire : Plus de 8 % en moyenne !
Un taux asiatique…
Durant ces dix années, la contribution de l’Irlande au
budget européen est passée de 359 millions d’euros en 1990 à 1,5 Md€ en 2000.
Si les aides européennes sont à l’origine du boom
économique celtique, pourquoi d’autres États ayant reçu encore plus d’aides
n’ont-ils pas connu le même essor, au juste ?
La Grèce et le Portugal reçoivent en moyenne des aides
qui s’élèvent à 3,8 – 4 % de leur PIB. Sans pour autant connaître les mêmes
succès, n’est-ce pas…
Non, les raisons qui ont fait que l’Irlande a pu
vaincre un chômage à 17 %, un déficit public à 14 % du PIB et une dette
publique à 129 % du PIB (en 1987) tiennent aux mesures structurelles prises par
les autorités.
Après sa victoire électorale de 1987, le nouveau
gouvernement dirigé par le centriste Charles Haughey lance le « Program for
National Recovery » et, sous l’impulsion du ministre des Finances, Ray
McSharry, décide de faire des coupes considérables dans les dépenses publiques
qui passent de 52 % du PIB en 1987 à 40 % en 1989 (elles étaient à 35 % en
2004).
Douze points de moins en deux ans !
Pour cela, on a baissé les impôts et le nombre de
fonctionnaires tout en libéralisant le plus possible l’économie.
L’horreur chez nos autistes-trisomiques…
Un symbole de cette libéralisation (qui a continué
sous le gouvernement de gauche de Mary Robinson élue en 1990) est que les aides
publiques au développement économique gérées par l’institution étatique IDA
(Industrial Development Agency) ont diminué régulièrement durant cette période.
En même temps, les prélèvements obligatoires sont
passés de 45 % à 29 % du PIB (contre 45,4 % en « Gauloisie-spoliatrice »
à la même époque) et le chômage de 17 % à 4 % (contre bientôt 10 % chez vous).
Avant la crise de 2008, le PIB/habitant de l’Irlande
était deuxième au niveau européen après le Luxembourg (là où la « Gauloisie-Bling-bling »
était douzième sur quinze).
Demeure le déficit public, qui a atteint l’an dernier
le pourcentage astronomique de 32 % du PIB (soit dix fois plus que la norme
de Maastricht qui prescrit 3 %).
Il a eu pour origine le sauvetage des banques
irlandaises, notamment l’Anglo Irish Bank.
Comme les banques américaines, elles se sont lancées
dans des prêts immobiliers déraisonnables.
Le gouvernement irlandais, pas comme les islandais qui ont refusé de payer, a donc pris sur le budget de quoi
boucher les trous, d’où ce niveau de déficit.
Euh, je rappelle, aucunement en « Gauloisie-vertueuse »
(en tout cas, pas encore).
Et les irlandais ne sont ni les Grecs ni même les
Portugais.
Ils ont déjà diminué leurs dépenses publiques et ils
comptent bien sur le dynamisme de leur économie pour compenser à moyen terme la
dette des finances publiques.
Ils ne croient pas qu’une hausse des impôts soit la
solution, bien au contraire. Leur fierté nationale est atteinte : Ils sont sûrs de
pouvoir rembourser, et ils en viennent à ne plus accepter que très difficilement
l’ingérence des Européens, d’autant plus que leur adhésion dans l’Union a été
pour le moins hésitante !
« Prenez
l’argent et sauvez l’Europe ! »
C’est ce que les membres de l’Union Européenne auraient dit aux
Irlandais, qui ne voulaient absolument pas de cette aide.
Car ils savaient ce qu’on va désormais exiger d’eux :
Augmenter un taux d’imposition aujourd’hui le plus faible d’Europe, mais qui a
fait la prospérité du pays depuis 20 ans.
Sous la pression de l’Union européenne, le
gouvernement irlandais a quand même dû accepter une aide financière. Cette une situation
tellement incroyable de voir un ministre des Finances, Brian Lenihan, se faire
prier d’accepter plusieurs dizaines de milliards d’euros qui a inspiré le Wall
Street Journal qui a titré un de ses articles le « Prenez l’argent et sauvez l’Europe ! ».
En effet, les insistances européennes ne sont pas
innocentes : En injectant de l’argent dans le système bancaire irlandais,
on évite une contagion d’une grande ampleur qui aurait pu faire chavirer
l’euro.
Plus encore, l’Union profite de cette aide pour faire
pression sur Dublin afin de revoir à la hausse la fiscalité sur les
entreprises.
Et c’est là que le bât blesse !
Le gouvernement irlandais ne veut pas en entendre
parler. Et il sait pourquoi. Tout juste a-t-il accepté de modifier sa législation
sur les multinationales dites « BEPS » (de l’anglais « Base
Erosion and profit shifting »).
Qui ne coûte ni ne rapporte le moindre radis…
Un pis-aller, tout au plus.
Il était normal que je rappelle ces « faits »,
puisqu’un fait ne se discute même pas pour être « hors du champ des
opinions ».
Pour le reste, je vous laisse en gloser (ou en rêver)
dans vos commentaires ou ailleurs.
Tu es sûr qu'on a forcé l'Irlande à accepter l'aide européenne ? En tout cas, dans ton tableau, il manque la raison pour laquelle l'Irlande s'est lancée dans cette frénésie de prêts immobiliers. Frénésie qui a un temps soutenu la forte croissance. En France, nous avons évité cette frénésie, qu'on connue aussi l'Espagne et le Royaume Uni, ce qui est une chance.
RépondreSupprimerVlad
Je te rappelle que tout le monde faisait pareil, sauf chez les "déjà proprio" de leur logement (Allemagne, NL, Belgique, Gauloisie) au moins en une large majorité.
SupprimerMais on a échappé belle à l'initiative de "Bord-l'eau" de la maison à 100 K€, 1 euro jour, et aux fameux prêts in fine et hypothécaires sur les terrains à construire.
Ce qui a justement plombé les "subprimes"...
Les Irlandais les ont acceptés, ces prêts de l'Europe, quand ils allaient très mal. Dans les années 90 : On avait acheté leur adhésion avec ça.
Depuis, hein, ce n'est plus la même chose.
Là, ils ont de nouveau accepté, mais à reculons.
Joyeuses fêtes, Vlad.
I-Cube
Marrant Google: il a lancé son nouveau système contre les. robots. Il suffit de cliquer ( avec le doigt, sur tablette, je risque pas de passer pour un robot). La question me fait tjrs marrer: veuillez prouver que vous n'êtes pas un robot. Non, je ne suis pas un numéro, ai-je envie de répondre, comme dans le feuilleton! Allez, joyeuses fêtes l'exilé.
RépondreSupprimerIls viennent même de racheter la boîte qui a conçu le système...
SupprimerCa permet de mieux "pister" les liens internetiques.
Il paraît même que les codes à taper sont issus à ton insu de ta propre machine...
Et de tes pages visitées en amont (l'affaire des cookies à accepter sans retenue) !
Fabuleux, n'est-ce pas ?
Joyeux Noël à toi !
Moi, je viens de rentrer faire coucou avant de repartir dimanche soir !
Il faut remarquer qu’avec « Moscou-vicié » nommé commissaire chargé des affaires économiques, l’Union européenne a recruté une "pointure" qui a fait ses preuves en Gauloisie !...
RépondreSupprimerIl continue son travail à Bruxelles.
Quel manque de lucidité de la part de nos décideurs européens !...
C'est qu'au "prochain coup", si on y met Spitakis ou "Mélangeons", on va rigoler encore plus "fumeux" !
SupprimerVous savez, ces "bêtes" qui jouent les "idiots utiles", même la CIA et le FSB n'y ont pas encore pensé...
Mais les européens-béats, eux ils savent faire !
Fabuleux, non ?
12 h 34 : Pas encore allé à la messe de Noël ?
C'est vrai que l'office est prévu à 16 heures, pas chez vous, où toute une collectivité "locale" va se réunir juste pour le fun (et la lumière !)