Traité transatlantique :
Parlementaires européens enfermés …
Habituellement, je suis plutôt « pour » une
planète ouverte, aux hommes (et autres « aliènes »), notant pour ma
part que des peuples qui échangent, font du commerce entre eux n’ont pas trop
l’occasion de se faire la guerre.
Plus leurs intérêts sont « intriqués », emmêlés,
soudés, moins ils ont proportion à s’entre-déchirer.
Je peux me tromper, mais la libre circulation des personnes,
des capitaux et des marchandises & services, du moment que c’est pour faire
de « bonnes affaires » (et une « affaire » n’est bonne que
si elles l’est pour les deux parties, sans ça on ne la fait pas) qui
enrichissent tout le monde, je suis preneur !
C’est d’ailleurs ce qu’essaye de réaliser le futur traité
transatlantique entre UE et USA, en marge des traités commerciaux bilatéraux ou
chapeautés par l’OMC (ex-GATT).
Autrement dit lever tous les obstacles, fiscaux, douaniers,
normatifs pour de sains échanges…
Une sorte de transparence ultime.
Et voilà qui est curieux : Si ce type de traité doit
être clair pour tous et tout le monde, on a bien conscience qu’il s’agit d’un
lourd travail qui nécessite quelques précautions pour le mettre à l’abri des
lobbies.
Quoique… justement !
D’ailleurs, ils ont commencé au milieu des années 90 et
doivent aboutir d’ici le début de l’année prochaine, sans que jusque-là rien
n’en filtre.
Rien, pas tout à fait : Les négociateurs européens ont
reçu « mandat de faire ».
Un texte lui-même âprement discuté par les ministres des pays
de l’Euroland, voulant ne pas se retrouver devant « le fait accompli »
qu’ils ne pourraient pas vouloir soutenir.
Exemple pour la « Gauloisie-des arts » : Sa
fameuse « exception culturelle ».
Pour ceux que ça intéresse, il est là : http://www.contrelacour.fr/marche-transatlantique-le-mandat-definitif-de-negociation-de-la-commission-europeenne-traduit-en-francais/
Notez que ce texte a mis plus d’un an après sa signature
pour être mis en ligne…
Mais alors… qu’ont-ils à cacher de la sorte ?
Parce que tôt ou tard, il faudra bien valider (ou non) le
fruit de tous ses efforts à la lumière des débats à venir, non ?
Le problème, c’est que quelques « eurodéputés »,
une quarantaine seulement, ont accès au texte à ratifier, « d’un
bloc » ou sinon rien selon une exigence américaine.
Et encore, sans pouvoir examiner les documents de travail
qui vont avec !
Étonnant que d’enfermer « nos élus » dans une
salle sous haute surveillance.
Que là, figurez-vous que je me méfie comme de la peste de
genre de « rareté » du « travail démocratique », même et
surtout dans cette « enceinte de la démocratie », fut-elle
européenne.
Qui veut y entrer doit être au préalable inscrit dans un
registre spécial et faire partie du cercle restreint de ceux qui ont vraiment
besoin de savoir.
À l'intérieur, des hommes et des femmes parlementaires
scrutent avec attention des documents où figure en haut à droite, en gras et en
majuscule, la mention « CONFIDENTIEL UE ».
Bizarre, non ?
Ces pages, les plus sensibles du traité transatlantique – le
fameux TTIP – en cours de négociation
entre l'Union européenne et les États-Unis, ce qu'on appelle dans le jargon
commercial « les textes consolidés », contiennent en principe les
propositions communes faites par les négociateurs de part et d'autre de
l'Atlantique.
Le nombre de députés qui ont accès à ces documents est si
restreint, que cela en devient éminemment suspect…
Une quarantaine, vins-je de dire, sur … les 751 parlementaires
de l'institution européenne !
Y’aurait-il « démocratie » et …
« démocratie » dans ce Parlement supranational ?
En plus, ces lecteurs obéissent à des règles strictes.
Les portables sont confisqués à l'entrée de la salle.
Il leur est impossible de scanner ou de photocopier les
documents, et même interdit de prendre des notes.
Et tous doivent déclarer sur l'honneur ne pas diffuser les
documents consultés.
Gare à celui qui enfreint les règles : Les eurodéputés
risquent la perte de leur immunité parlementaire et les agents du Parlement
leur poste.
Tout simplement…
Où est donc l’exigence de démocratie dans ces procédés de « preneur
d’otage » ?
De leur côté, les Américains renâclent. Leur mandat à eux n'a
toujours pas été publié, tout comme les autres documents de négociation qui
tous sont confinés dans des salles de lecture restreintes.
Si restreintes que même les ministres européens au Commerce,
directement concernés et réunis à Bruxelles en novembre, se sont plaints à
demi-mot de ne pas avoir suffisamment accès aux offres de négociation
américaines.
Cela n'empêche pas Washington de vouloir influer sur les
dispositifs européens. C'est donc sous haute surveillance américaine que de
nouvelles salles de lecture vont voir le jour dans les prochaines semaines au
Parlement européen.
Elles permettront aux 751 députés d'accéder enfin à tous les
documents « RESTREINTS » de la négociation.
Tandis que les documents de négociation conjoints – les plus
sensibles – resteront toujours à la
discrétion de cette quarantaine de députés, déjà inscrits au registre.
Du jamais vu…
Ce manque de transparence du processus et le caractère
asymétrique des informations sont manifestement une atteinte à la démocratie et
au travail des peuples et de leurs représentants-élus.
Pour quelle fantastique raison impérieuse ?
D’autant que certains mettent en avant qu'un tel accord
nécessiterait un travail d'anticipation afin de préparer la transition
professionnelle des salariés des secteurs qui cesseront d'être compétitifs.
Par exemple l'économiste Thomas Porcher a mis en doute que
le traité transatlantique profite à l'emploi en Europe.
Une professeure d'économie de l'Université de Sofia a de son
côté dénoncé l'asymétrie du partenariat transatlantique, affirmant qu'il était
fait à l'avantage des États-Unis et qu'il pénaliserait l'UE.
Des fantasmes ?
Tant que nous ne pourrons pas en juger « sur
pièce », quoi d’autres ?
Il est clair également qu’il y a des points de
« friction » identifiés, notamment sur le recours à l'arbitrage pour
régler les contentieux à naître dans l’application des futurs textes de droit
positif.
Compte-tenu de cette procédure prévue de recours à
l'arbitrage (auquel la Commission européenne « n'entend pas renoncer [...] mais
promet de tout mettre en œuvre pour éviter des abus ») et de la prééminence
attendue du traité sur les lois nationales en vigueur (dont les lois pénales),
des craintes ont été exprimées que l'accord conduise à une perte de
souveraineté des États.
Et des peuples…
Le mécanisme d'arbitrage offre ainsi comme conséquence la
possibilité aux entreprises de poursuivre des États sur la base du traité.
Ainsi, Lori Wallach, une « activiste britannique »
et experte des questions de commerce international, souligne le risque
d'utilisation de ce mécanisme par des entreprises estimant que la politique
d'un État entrave leur activité commerciale, y compris s'il s'agit d'une politique
de santé publique ou de protection de l'environnement.
Les mécanismes de règlement des différents entre
investisseurs et États ont notamment été utilisés par l'industrie du tabac pour
freiner ou empêcher l'adoption de lois de protection contre le tabagisme.
Philip Morris International a par exemple engagé une
procédure contre l'Uruguay (affaire « Philip
Morris c/o Uruguay ») au nom d'un accord entre …
la Suisse et l'Uruguay et une autre contre l'Australie à propos de l'adoption
des paquets de cigarettes neutres au nom d'un accord … entre Hong Kong et
l'Australie et quelques
autres.
Un tel mécanisme pourrait donc in fine réduire le pouvoir politique des citoyens au profit des
entreprises en empêchant les États d'édicter des lois défavorables aux intérêts
des grandes entreprises.
Notez que mon pays (celui que j'aime tant...) a pu être condamné dans le cadre de l'affaire des frégates de Taïwan par un tribunal arbitral international (Lire : http://infreequentable.over-blog.com/article-solde-de-tout-compte-pour-les-annees-mythes-errant-84039805.html).
La Directrice Générale de l'Organisation Mondiale de la Santé,
Margaret Chan, a même exprimé ses inquiétudes à propos des effets
potentiellement néfastes sur la santé publique des accords régionaux de libre-échange
tels que le TTIP.
Du coup, l'opacité des négociations fait craindre une
harmonisation vers le bas des normes sociales, sanitaires et environnementales
existantes, ainsi que des règlements affectant le commerce.
Les textes en discussion contiennent des mesures visant à
l'harmonisation des réglementations affectant le commerce et c’est très bien en
soi.
Mais les négociations pourraient aussi affecter notamment
les règles relatives à l'alimentation, la santé publique, la vie privée et à
certaines conventions collectives dans les secteurs susceptibles d'être ouverts
à la concurrence.
De fait de nombreux secteurs seraient touchés par cet accord
et les normes et réglementations remises en cause comprendraient, notamment les
normes sanitaires pour l'alimentation et la sécurité, la protection de
l'environnement, le contrôle de l'impact carbone, la protection des données
numériques personnelles, la réglementation de la finance et l'accès des
entreprises étrangères aux marchés publics…
Le fondateur de Foodwatch a estimé que le traité
transatlantique, du fait qu'il supprimera des obstacles pour les grandes
entreprises, portera inévitablement atteinte aux droits des consommateurs, en
plus d'encourager certaines pratiques abusives.
L'adoption de normes plus restrictives par la suite, pour
répondre aux préoccupations de la société civile ou à de nouveaux enjeux,
pourrait être freinées par l'existence d'un accord si l'une des parties
s'oppose à cette modification.
Par exemple, l'Association nationale des confiseurs
américaine explique que « L’industrie
américaine voudrait que le TTIP avance sur cette question en supprimant la
labellisation OGM et les normes de traçabilité ».
Et le National Pork Producers Council (Conseil national des
producteurs de porc) affirme que « Les
producteurs de porc américains n’accepteront pas d’autre résultat que la levée
de l’interdiction européenne de la ractopamine ».
Produit qui oblige par exemple les éleveurs canadiens à
pratiquer deux élevages côte-à-côte dans leurs porcheries : Avec
ractopamine pour les exportations aux Amériques, sans ractopamine pour les
exportations en Europe…
C’est ce qu’on appelle les « barrières douanières
qualitatives », « non-tarifaires ».
Personnellement, ce qui me gêne le plus (en qualité de
juriste-non-assermenté) c’est me semble-t-il une éventuelle porte d’entrée du « principe
d'extra-territorialité », selon lequel un État peut imposer l'application
de ses propres lois sur un pays étranger, même sans lui faire la guerre, qui me
paraît le plus dangereux.
J’explique : L’article 3 (version du 15 mars 1803,
inchangée depuis) du Code civil est clair.
« Les lois de
police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire.
Les immeubles (sis dans les frontières), même ceux possédés par des étrangers, sont
régis par la loi française.
Les lois concernant
l'état et la capacité des personnes régissent les Français, même résidant en
pays étranger. »
Le reste, on s’en fout.
Ainsi, la loi « Gauloise » s’applique
exclusivement en « Gauloisie », à toute personne qui y passe ou
séjourne, autochtones et métèques ou immeubles immobiles, sans discrimination
aucune.
Et entre « Gaulois exclusivement » partout
ailleurs dans la galaxie (accessible).
Ce qui est déjà compliqué à faire comprendre à tous ceux qui
sont censés « ne pas ignorer la loi ».
Alors se voir imposer d’appliquer la loi
« étrangère » par les tribunaux gaulois, c’est la croix et la
bannière.
Ou plus simple à assimiler :
Comme quoi, ça reste possible.
Car l’enjeu n’est pas vraiment là : Quid d’une loi
fiscale « intra-muros » que
les parties s’obligent à ne pas respecter ?
Décision illégale mais par ailleurs confirmée par la
procédure arbitrale (en principe « honnête ») via le fameux
traité ?
Oui, je sais, je ramène tout à la fiscalité (qui reste à fixer
des « coûts » à toute opération)…
Les traités bilatéraux de
« non-double-imposition » devront-ils être respectés ?
Et au nom de quoi si tout d’un coup
« Tobaco-ketchup » conteste une surtaxe sur ses produits…
Bref, le contenu du futur traité peut mettre en place des solutions
aisées, simples et prévisibles, et ce sera très bien.
Mais alors pourquoi tant de précautions entourant sa
divulgation prochaine ?
Voilà qui est bien suspect, finalement.
Et jusqu’à « prendre en otage » les représentants
« élus démocratiquement » du peuple ?
Curieuse reculade de la démocratie…
La vraie reculade c'est que ces 41 ont acceptés de faire partie de cette mascarade...
RépondreSupprimerIl faut désavouer ces 41 dans chaque pays respectif et refaire des élections.
Quels sont les "français" qui font partie de ces 41? Ou alors c'est un "secret"?
Dj
Je n'ai pas pu savoir DJ : C'est encore confidentiel, au moins pour les protéger.
SupprimerEt puis je ne suis pas d'accord avec toi : Au contraire, il faut que tout le monde sache, le plus tôt possible, le plus en détail possible, y compris les sous-entendus qui sont dans les documents de travail et préparatoires.
Flûte, la démocratie a une exigence évidente de transparence, sans ça c'est la dictature des "sachants" et autres "happy-few".
Et une fois signé et adopté, ça devient difficile de revenir dessus, ou alors c'est l'échec direct, au moment de la transcription en droit interne.
C'est d'ailleurs ce vers quoi on semble vouloir avancer : Tout ce travail, plus de 20 ans, fourni par des "fonctionnaires" assidus qui ne sert à rien, on aurait pu en faire l'économie via nos impôts, ne crois-tu pas ?
Bonne journée à toi !
I-Cube
J’en ai déjà fait deux notes :
RépondreSupprimerhttp://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/trait%C3%A9-transatlantique/
Cela ne s’arrange pas.
Et tout ceci avec la complicité de nos dirigeants et des médias…
Très inquiétant pour l’avenir.
Une raison de plus pour créer des Régions européennes dotées d’un Parlement qui pourra légiférer et rejeter les décisions nationales et européennes en cas d’abus de pouvoir manifeste.
Pourquoi seulement en cas d'abus de pouvoir ?
SupprimerEt puis alors, si les parlements régionaux reprennent le texte proposé, tel quel, on fait quoi ?
Pire, si seulement quelques-uns le font, on réinvente les barrière d'octroi, les frontières intérieures de l'ancien régime ?
Vous savez que c'est bien une des choses qui ont provoqué la Révolution chez nous en 1789 : Il suffit de relire les cahiers de doléances qui remontaient à Versailles dès 1788...
Mais oui, diffusez, diffusez : Il y a lieu de s'inquiéter, non pas du principe du futur traité, qui justement aboli les frontières et droits de douane (même "qualitatifs") et de circulation, mais seulement du procédé qui reste vraiment dictatorial !
Ca, c'est très inquiétant pour tous les peuples du monde, y compris américains...
Eux aussi ont besoin d'ouvrir les yeux, quand notre industrie spatiale sera meilleurs que la nôtre, par exemple (on peut toujours rêver), ou seulement l'industrie cinématographique, quand ils font des "remake" de nos succès au box office !
Imaginez-les obligés d'apprendre le "Franco-francilien", comme aujourd'hui partout en Europe (hors la la "Gauloisie-éternelle" qui double en VF toutes les productions anglo-saxones) l'anglais !
Je rigole, je rigole ...
Bien à vous !
I-Cube
Un procédé dictatorial qui est de la même facture que la façon dont nous sommes dirigés.
RépondreSupprimerDes dirigeants peuvent dérober des milliards en toute impunité !...
Que faire ?...
Faudra-t-il attendre que la rue s’exprime pour vider tous ces suppôts totalitaires ?...
Faut-il équiper les citoyens d’une arme comme en Suisse, sous le contrôle de la Défense, pour qu’ils soient craints par les dirigeants ?...
Je ne rigole pas trop…
Bien à vous !...
L’Ami-râle
J'approfondis "ma" pensée dans le post de demain...
SupprimerVous verrez, pour en fait aboutir à une sorte de surveillance collatérale.
De haut en bas, c'est déjà le cas, et avec tout l'arsenal coercitif et pénal qui va avec et que nous connaissons.
Plus le reste...
Il nous manque une "surveillance" de bas en haut, et pas seulement une fois tous les 5 ou 6 ans.
Il nous manque également l'arsenal pénal qui va avec.
Quelle que part, c'est ce qu'il faut mettre en place.
Mais comment donc, d'ailleurs ?
Epineuse question de la sanction contre Socrate : "La valise ou la cigüe"...
Mais c'est bien à ça qu'il faut parvenir tôt ou tard.
On l'entraperçoit déjà avec Internet, les wikileaks et autres sites de délation (mais aussi avec ses effets pervers sur l'organisation de nos vies et de nos sociétés ...)
A suivre !