Chapitre troisième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Justement à Pyongyang, quand la nouvelle de la
disparition de Paul de Bréveuil a été confirmée, chacun se souvenait encore de
la purge qui avait eu lieu à l’occasion de sa visite au dictateur local.
Le bonhomme, déchaîné, c’était le cas de le dire
puisqu’il était couvert de chaînes au moment d’être présenté au maître du pays,
avait réussi l’incroyable prodige de se libérer et de mettre hors de combat la
garde rapprochée de Kim-Jun-Un en son propre palais des environs de la
capitale, mais également à s’échapper jusqu’à l’aéroport et voler un avion de
tourisme arrivé la veille [1]
!
Tous les officiers et sous-officiers de la garde
présidentielle auront été exécutés. Ainsi que leur général.
Le ministre de la défense, le général commandant
l’armée de l’air et les hommes de troupes ainsi que les responsables de
l’aéroport ont été limogés mais ont échappé au peloton d’exécution et finissent
leurs jours en camps de concentration, à casser des cailloux et faire
repentance sept fois par jour pour leur « immense faute » envers leur
« chef bien-aimé »…
Et contrairement à ce qui a été anticipé, Kim-Jun-Un
est rentré dans une colère dont il a le secret en apprenant la nouvelle de la
disparition de cet « agent impérialiste » qui lui avait collé une
trouille pas possible tel qu’il s’en est cassé la voix à hurler de peur :
il n’avait pas eu « sa » vengeance personnelle et ça l’a rendu
furieux pour la journée.
À Jérusalem et Tel-Aviv, la nouvelle a également fait
l’effet d’une bombe. Ce n’est pas que « Charlotte » soit un
« agent du Mossad », ni même un coreligionnaire, mais il avait laissé
des traces dans les mémoires – et dossiers – à l’occasion de la traque
« d’Ahmed-le-diabolique » ([2]).
Ahmed était pisté de loin en loin depuis le Pakistan comme d’un djihadiste
dangereux d’Al-Qaïda. On venait de le repérer au Nigeria où il avait fait une
brève escale pour changer l’hélice de son rafiot et surtout à Lisbonne où il
avait laissé dans sa fuite une charge nucléaire parfaitement opérationnelle.
Et « Charlotte » avait été croisé par le
service à Lyon au siège d’Interpol en juin 2012, moment où les actions d’une
cellule autonome de la CIA posaient déjà beaucoup de questions à
pourchasser/protéger le terroriste qui venait très probablement de provoquer
les attentats de Toulouse commis par Mohamed Merah [3]
pour couvrir sa folle équipée vers son but ultime. Et l’efficacité de
« Charlotte » n’était plus à démontrer à l’occasion du vol
« d’Ahmed-le-diabolique » vers Londres le soir d’ouverture des JO de
2012.
C’était également eux qui avaient suggéré plus récemment
aux américains de faire appel à ses services pour exfiltrer un chercheur
iranien de sa prison aux abords de Téhéran.
Une mission qui avait échoué parce que le gusse
n’avait pas pu être extrait de sa cellule à temps, mais l’équipe au sol avait
pu être récupérée depuis la pièce d’eau d’un club nautique de Téhéran et évacuée
en rase-mottes jusque sur les bords de la mer Caspienne en Azerbaïdjan. Pas
beaucoup de pilote aurait pu réussir un coup pareil à travers les vallées
encaissées du nord du pays tout en déjouant la surveillance aérienne et la
chasse iranienne qui s’est faite blousée pour l’occasion…
Mais il en avait fait tellement d’autres : une
valeur sûre qu’on allait regretter.
Au Koweït également : le cheikh Sabah al-Ahmed
al-Jabir al-Sabah, émir du Koweït, qui a récupéré pour près de deux milliards
de dollar de pierres précieuses volées en 1991 à son prédécesseur lointain
Jaber III (décédé en janvier 2006), remis gracieusement au consulat de Genève,
projetait de l’élever au rang de général de son armée de l’air en
reconnaissance de son geste, qui a permis d’un autre côté le financement de
l’achat d’hélicoptères neufs à livrer par l’industrie française (une commande
récente) et de l’élever au rang de grand-officier de l’ordre du mérite local.
Il n’en aura pas eu le temps…
La nouvelle est tombée également en France, via
l’ambassade. Mais en France – comme d’habitude – on ne percute pas très vite.
Il faut dire qu’on connaît parfaitement « Paul de Bréveuil » au
ministère des finances, pour être à la fois le cadre-dirigeant de la MAPEA,
l’usine ardéchoise d’explosif et de munition reprise puis fermée par EADS, mais
aussi parce qu’il gère un fonds qui vient souscrire aux émissions de
l’Agence-France-Trésor pour faire baisser les taux d’emprunt – une idée du
ministre l’époque qui avait reçu l’aval de la Présidence – d’autant que c’est
un excellent contribuable à à-peu-près tous les impôts du pays.
On le connaît au ministère de l’industrie pour être à
l’origine du Nivelle 001, le prototype hypersonique que même les chinois en ont
financé le suivant, le « 002 » qui aurait fait un vol suborbital
autour de la planète d’une seule traite et aider à l’occasion les équipes de
Dassault quand il s’agissait d’exporter des Rafale ; au ministère de la
défense, pour être dans les effectifs des réserves de officiers de
l’aéronavale ; au ministère de l’intérieur pour être le concepteur du
logiciel antiterroriste « BBR » ; chez le premier ministre pour
être celui qui extrait en « territoire hostile » depuis n’importe
quelle « flaque d’eau » des agents-secrets alliés, moyennant
« participation aux frais » encaissée par le ministère au titre des
« Recettes Exceptionnelles » (REX) et même à l’Élysée : c’est
l’auteur du rapatriement des fonds de la République régulièrement recyclés en
« Grand-Emprunt » et autre Programmes d’investissement d’avenir
(PIA), décoré par le Président Landau à cette occasion « pour services
rendus » quand il a pu en rajouter, sans pour autant l’avoir été pour
avoir déjoué un attentat en juillet 2014 contre le même, alors que tout le
monde est au courant au sein de l’état-major qui en profite pour obtenir tous
les budgets demandés depuis des années, malgré les difficultés des finances
publiques du pays.
Des informations éparses qui n’ont été regroupées au
moment où il a fallu retrouver son épouse enlevé jusque dans les montagnes
algériennes [4].
Il faut dire qu’il est connu soit sous son vrai patronyme, soit sous son
« nom de code », « Charlotte », par les uns ou les autres.
Même le président Krasosky croit toujours qu’il s’agit d’une femme, une sorte
de Mata-Hari française, pour ne l’avoir jamais rencontré. Pas plus que son
successeur.
Le temps que ça redescende après avoir monté tous les
niveaux hiérarchiques, il aura fallu plusieurs jours.
Et encore, parce que l’amiral Gustave Morthe-de-l’Argentière,
actuellement « associé » de Paul dans la CISA (Charlotte
Investigations Security Agency) qui venait de faire le buzz après une
démonstration très réaliste et très convaincante de son logiciel
« BBR » (pour blanc-bleu-rose) qui « trace » les signaux
électroniques faibles en faisant le tri quasi-automatiquement entre ceux de suspects
et ceux qui ne le sont pas en se basant plus exactement sur les déplacements
suspects et les trafics électroniques sur la toile qui apparaissent suspects,
sans pour autant pouvoir et devoir encore entrer dans les conversations faute
d’un cadre légal suffisant – on est en juin 2016, les attentats de juillet ne
sont pas encore d’actualité, en revanche l’état d’urgence entrée en vigueur le 18
novembre 2015 permet déjà de faire des
« expérimentations-sécuritaires » – s’inquiète et remue ses équipes.
Paul devait se rendre à Phillipsburg, capitale
néerlandaise de l’île de Saint-Martin, pour tirer des bords sur son yacht, « Eurydice »
et finir sa convalescence. Normalement, il passe l’été à bord, met à l’abri des
tempêtes tropicales la goélette vers le sud pour la saison des « moussons-locales »
(ouragans et tempêtes tropicales), et rentre travailler sur les développements
de leur logiciel en collaboration avec Huyck Maartje le hollandais d’Amsterdam
co-développeur et co-concepteur du logiciel « BBR », ainsi que la
mise en route de son exploitation autour de la notion de « sphère de
sécurité » avec notamment Dimitri, le développeur-maison de la
« CISA » qui bosse au siège de la banlieue parisienne, au
Kremlin-Bicêtre.
Il y a encore du travail à fournir pour mieux cerner
les « Z » pour zombie, ces citoyens qui ne laissent aucune trace
électromagnétique, même « faible », sur les réseaux tel qu’ils en
deviennent suspects. Dont « Requin » le dernier tueur à gage mis sur
la route de Paul par William River, le commanditaire. Même si ce dernier
n’était pas si « transparent » que ça, puisqu’il a été repéré par
l’équipe des filles (« ADN » pour Anaïs, Delphine et Noeline) sur les
bords du Lac Léman (les « signaux faibles ») et mis hors d’état de
nuire par Paul.
C’est l’occasion de « tester » à son tour
l’équipe des garçons, plus « garde-du-corps » qu’enquêteur,
« HLM » (pour Henri, Laurent et Marion) nouvellement recrutés. De les
confronter au terrain et de filer aux USA sur les traces d’un patron
(« Charlie ») qu’ils ne connaissent pas encore.
L’affaire prend un tour inattendu quand il voit
débarquer la juge Hélène Trois-dom, devenue procureure qui s’inquiète elle
aussi, escortée de son flic préféré le contrôleur-général Christophe
Scorff : un « vieux couple » que, ces deux-là. Ils s’inquiètent
d’autant plus qu’ils font état de rumeur de rachat de la CISA par l’américain
« Pamentir » dont chacun suppute qu’il s’agit d’une vitrine légale de
la CIA ou de la NSA. Bref, des américains intéressés par le logiciel
« BBR ».
« Mais il
n’est pas question de vendre. On leur a proposé une licence d’exploitation,
exactement la même que celle qui a été faite au ministère. »
Ça ne leur convient pas.
« Je pense
qu’ils redoutent surtout que parmi les « suspects » que votre logiciel
serait capable d’identifier, vous y retrouviez des agents à eux en pleine
mission suspecte », lâche le contrôleur-général de la police judiciaire.
Oui, peut-être…
« Ce qui
compliquerait leur petites affaires d’espionnage un peu partout où le système
serait déployé… ». D’où leur volonté de le contrôler pour mieux le
neutraliser.
Les russes n’ont pas encore été approchés ni même
contactés de leur côté : eux aussi devraient pourtant être inquiets de
l’exploitation de ce logiciel.
« C’est que
vous l’envisagez, alors ! »
Pas du tout.
« De toute
façon, je ne fais rien sans Paul. Je reste très minoritaire dans l’affaire et
je cornaque seulement ce lieu. On cherche plutôt des clients richissimes à qui
vous faites des misères avec leurs propres gardes prétoriennes porte-flingue pour
leur refuser les ports d’arme indispensables à leurs missions de protection de
leurs patrons. On aimerait s’y substituer avec un « plus ». Le fameux
logiciel susceptible de repérer des menaces autour des personnes à protéger. »
Intelligent…
« C’était
l’objectif initial… Pas la lutte antiterroriste. Même si la machine lance
parfois toute seule des alertes « oranges » que je suis chargé de
valider ou non et de transmettre ou pas à vos services. »
L’intervention humaine de contrôle indispensable
exigée par la CNIL quand il s’agit de l’activité de « robots »…
« J’espère
que vous filtrez correctement, qu’on ne soit pas submergé de fausses
alertes ! » plaisante le contrôleur-général.
Il y veille.
« Mais pour
Paul », s’inquiète celle qui ressemble si fort, en plus élégante, à
une candidate évincée à la mairie de Paris, ex-ministre du président Krasosky
et depuis recasée dans le privé, dans une boîte qui n’embauche que des
« X » ?
« J’ai
envoyé une équipe à New-York. Ils me font un rapport quotidien par Skype, mais
pour l’heure, même le FBI patauge. Et je redoute que leur intérêt ne s’émousse
sous peu, même si on sait que le président américain suit cette affaire de
près. »
Il doit lui aussi avoir d’autres chats à fouetter, en
ce moment, celui-là.
Certes. « Je
ne suis pas très optimiste, parce qu’on ne comprend pas comment il a pu filer
entre les pattes des contrôles de JFK. »
Si ce n’est pas un enlèvement, c’est donc un coup
monté par Paul lui-même ?
« Charmante
idée, madame. Paul est une anguille et disparait quand il veut, où il veut,
comme il veut et avec qui il veut. Mais je suis toujours au courant dans les 48
heures : on a besoin de lui au moins deux fois par semaine pour des
opérations financières qu’il pilote avec Monsieur Pisuerga Anjo pour le
ministère des finances, et au moins une fois par mois pour lui-même. Par
ailleurs il se tient au courant des activités de « Prestige spirits »
auprès du gérant de la boîte qui fait dans les bouteilles d’alcools fins vendues
dans les grandes écoles de commerce et autres universités d’Europe, ici même,
et il est en contact avec notre secrétariat général et notre expert en
informatique au moins une fois tous les 15 jours.
Même
quand il disparaît, comme actuellement. »
Mais pas cette fois-ci : écrans blancs depuis son
départ de CDG-Airport.
Ce qui veut dire ? Que s’il ne se manifeste pas,
c’est que c’est un enlèvement ?
« Mais là,
on aurait déjà reçu sa trace de quelle que part sur le globe. Une demande de
rançon, un signe. À moins qu’il ne soit enfermé dans les soutes d’un sous-marin
nucléaire tapis au fond de l’océan, coupé de tout réseau… »
Ou dans un blockhaus.
« Même dans
un blockhaus, il y a toujours moyen de repérer une présence. »
Ça ne tient pas la route, effectivement…
« Par
ailleurs, le SIV, le service secret du Vatican, a mobilisé ses réseaux de
curés. Je suis tenu au courant tous les jours par les deux agents détachés par
Rome… » Matilda en Normandie dans les murs des « Collines de
Cabourg » – l’hôtel résidence où Paul séjourne quand il n’est pas parisien
ou caribéen – et le père José-Gabriel qui se manifeste trois à quatre fois par
semaine en téléphonant « au siège » situé sur les hauteurs du
Kremlin-Bicêtre quand il n’y passe pas de façon impromptue.
« Rien que
ça ! Le SIV de sa sainteté papale ? »
Et oui : Paul est un des rares Chevalier de
l’Ordre du Christ encore vivant. « Peut-être
le seul d’ailleurs, je ne sais pas… Alors ils s’inquiètent également comme
nous. »
Et pourquoi cette distinction particulière du
Saint-Siège, questionne Scorff ?
« Vous y
avez participé à la marge. La neutralisation d’un dangereux djihadiste
d’Al-Qaïda qui d’apprêtait à balancer une bombe nucléaire artisanale sur
Londres, au moment de l’ouverture des JO de 2012. » [5]
Hélène Trois-dom se souvient très bien, elle… Elle
était à bord de l’hydravion piloté par « Charlotte » au mieux de sa
forme, qui a réalisé l’interception et la neutralisation du terroriste au nez
et à la barbe de la gendarmerie et de la chasse de l’armée de l’air mobilisées
pour l’occasion.
Mais pourquoi le Vatican ?
« Oh alors,
là ! Vous lui demanderez. Je crois que ça à voir avec des prophéties
chrétiennes et musulmanes. Je ne sais plus trop bien : une histoire de
soleil qui se lève à l’occident, annonciateur du retour d’Allah ou d’un autre
sur Terre… » [6]
« L’occident »… de La Mecque croit
comprendre Scorff.
« C’est ça ! »
(1) Cf. « Mains invisibles II », chapitre
XIV (et suivant) (http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/08/chapitre-xiv-depart-pour-la-coree-34.html)
publiés aux éditions I3
(2) Cf. « Parcours olympiques », chapitre
47ème (et suivants) (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/08/convergences-sur-bord-du-rhone.html)
publiés aux éditions I3
(3) Cf. « Parcours olympiques », Chapitre
36ème (et suivants) (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/08/toulouse.html)
publiés aux éditions I3
(4) Cf. « Mains invisibles », chapitre IV
(et suivants), (http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/08/chapitre-iv-tractations-diplomatiques-13.html)
publiés aux éditions I3
(5) Cf. « Parcours olympiques », chapitre
62ème (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/09/interception.html)
publié aux éditions I3
(6) Cf. « Parcours Olympiques », chapitre 5ème
(et suivants) (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/08/jean-de-jerusalem.html)
publiés aux éditions I3
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