Cinquième
chapitre : La jambe de Florence
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie
tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le lendemain, dimanche, c’est la séquence « tourisme » après un
petit-déjeuner copieux à base de céréales, œufs, bacon, fromages et de « Scrambled
eggs », une spécialité américaine qui n’est rien d’autre que des œufs
brouillés où les jaunes et les blancs sont battus dans le même récipient comme
pour une omelette, avant d'être versés dans une poêle. Il suffit de remuer
fréquemment avant que le mélange ne coagule. Ce plat est normalement consommé
au petit-déjeuner, mais on en trouve à toute heure.
Et après un café infect avalé, le couple, pour avoir récupéré ainsi du
long voyage éreintant, circule à la redécouverte de la ville en taxi, conduit
par un chauffeur hispanique des plus volubiles, qui monte et qui descend, sauf
« en bas ».
En effet, autant Florence qui a déjà vécu quelques années en Californie aussi
bien que Paul qui y a fait plusieurs séjours depuis le Nevada au temps de sa
formation de pilote de chasse de l’aéronavale française, connaissent déjà au
moins un peu.
D’abord repérer la clinique qui accueillera Florence pour opérer sa jambe
abîmée à l’occasion de son enlèvement (cf. épisode « Mains
invisibles », tome II, publié aux éditions I-Cube). Plus d’un an à
traîner sa guibole de travers en plus que d’avoir assumé courageusement la
grossesse de Louis, son deuxième gamin.
Ensuite, faire un tour des points remarquables de la ville-péninsule et,
après avoir mangé sur le pouce d’une pizza, histoire de ne pas être trop
dépaysé, un repas arrosé d’un vin « chargé » en tanins de Napa Valley
voisine, ils repartent pour tenter de repérer une location-meublée possible
dans un quartier pas trop désagréable à vivre.
C’est que Florence n’imagine pas de rentrer tout de suite en Normandie
pour y passer sa convalescence après le voyage « difficile » de
l’aller.
Elle préfère déjà plus l’imposer à « sa nichée » et ses parents,
au moins pour quelques semaines…
Ils dînent à l’hôtel autour d’un somptueux buffet parfaitement
représentatif des habitudes culinaires du pays : on y trouve, à volonté,
du jambon à la californienne, du Cioppino, accompagné de sourdough bread, sorte
de pain au levain inspiré d'une recette française, présenté sous la forme d'une
baguette, de la salade californienne en entrée, servie fraîche mélangeant des
oignons rouges aux poivrons jaunes, en passant par les avocats pelés, les
épices, la feta en cube et le jus de citron, le tout servi cru.
Florence opte ensuite pour une « chaudrée de palourde », un plat
traditionnel de la côte ouest qui n’est qu’un potage aux palourdes, auquel sont
ajoutées des pommes de terre, du lait et quelques légumes émincés, pour la
décoration.
Alors que Paul s’empare d’un « T-Bone Steak » saignant, une
double entrecôte, l’os de la colonne vertébrale en forme de T, de près d'un
demi-kilo, une viande passée à la « bécane », congelée pour son
transport, décongelée avant d’être cuisinée ce qui lui donne un fondant
étonnant, qui côtoyait des « BBQ Ribs », des travers de porc
délicatement grillés et bien appétissants.
Le tout accompagné d’un rosé de Napa-Valley alors que Florence goûtera de
la « Root beer », une bière brune sucrée, élaborée à partir de
racines de sassafras, avec ou sans alcool ajouté, qu’elle délaissera…
Question desserts, on trouve de tout, tartes, beignets, Donuts, fruits et
autres…, hormis des fromages qui sont exclusivement « à pâte cuite »
ou au lait de chèvre ou encore frais.
Pour se dépayser gastronomiquement, il faut franchir les portes des snacks,
se laisser alpaguer par les marchands de rue, et là, c’est un festival : Les
biscuits and Gravy, en principe servi au petit-déjeuner, des sortes de petit-beurre
arrosés d'une sauce épaisse à base de lait, farine et saucisses ou bacon, de la
tarte à la citrouille, le « pumpkin pie », du « Hash Browns »,
un mets nourrissant élaboré à partir de pommes de terre coupées en dés et
poêlées pour obtenir une sorte de galette, servie aussi bien au petit-déjeuner
que lors des repas.
Des burgers, l’ingrédient de base de l'alimentation aux États-Unis,
décliné à toutes les sauces dans les fast-food, des cheesecake, gâteaux légers en
dessert, composés d'une généreuse couche de fromage frais et d'une base faite
de biscuit ou de ce que les Américains appellent le « gâteau-éponge »,
un mélange de farine de blé, de sucre et d'œufs.
Des brownies, cuits au four et découpés en petites portions rectangulaires
qui ne contiennent, hormis le chocolat, que des noix et du sucre. Ils y ajoutent
parfois un glaçage, quand ils n'incorporent pas à la pâte du chocolat blanc ou
de la crème chantilly. Les cookies, les donuts, qui sont eux des beignets frits
en forme d'anneaux que l'on peut consommer tels quels ou accompagnés d'une
garniture sucrée (crème à la vanille, chocolat fondu, confiture...), voire
salée, les « cup cakes », de minuscules gourmandises servies dans des
petites coupelles de papier ou d'aluminium et décorées d'un glaçage, de
morceaux de fruits ou de vermicelles colorés.
On peut aussi se rassasier de hot-dog, à consommer seulement dans les rues
ou les snacks équipés de machines dédiées à cet effet et élaborés à
l'artisanale.
Voire de « Corn dog » qui sont des « hot-dogs »
améliorés servis sur des bâtonnets de bois, prenant l'apparence d'un esquimau.
Au côté des vins et bières, on y sert aussi des « smoothies » servies
fraîches, boisson sucrée de fruits ou de légumes mixés qui peuvent être additionnées
de chocolat, de glace pilée ou encore de tout produit à la texture sirupeuse,
mielleuse.
Les « Milk-shake » aussi appelés au Canada « lait frappé »,
sauf qu’il n'est pas question de les secouer, pour éviter de les faire cailler.
On leur adjoint simplement de la crème glacée souvent aromatisée à la fraise, mais
d’autres parfums sont proposés sans limite, fait sous votre nez au robot
électrique ou au shaker.
Parfois des sceaux à Pop-corn sont sous une machine qui en délivre en
continue, où, quelques cuillères d'huile et du maïs suffisent à en produire une
infinité. Une fois la matière grasse chauffée, on verse dans une machine dédiée
(ou dans une simple casserole) quelques poignées de ces grains de maïs. Dès
lors, le couvercle est indispensable : il suffit de laisser faire Mère Nature
pour obtenir du pop-corn.
Plus loin les « Muffins », souvent cuits dans leur petit moule
de papier, les « Bagel », encore des beignets mais en forme
d'anneaux, accommodés aussi bien de délices mielleux que d'amuse-gueules salés.
En salé, il y a aussi des « burritos » qui sont des tortillas à
base de farine de blé, roulées autour d'une garniture qui constitue l'essentiel
du plat : des haricots, du riz, de la viande, du poisson... tout fait le bon
burrito !
Des « nachos », à l'origine une spécialité mexicaine créée durant
la seconde Guerre Mondiale, des chips à base de maïs souvent servies en guise d'apéritif, parfois
recouvertes de fromage fondu et d'une sauce tex-mex.
Les « pancakes » faits à partir d’une pâte à crêpes à laquelle
on ajoute de la levure. À défaut, certains utilisent un mélange fermenté qui
dispense de levain pour aider la pâte à gonfler. Plus épais et d'un diamètre
inférieur aux crêpes, les pancakes se dégustent aussi bien tels quels
qu'additionnés d'un peu de confiture, de pâte à tartiner, de miel ou de sirop
d'érable.
Le « Cheese Steak » est une recette originaire de
Philadelphie : c’est un sandwich pour le moins nourrissant qui a fait le
tour du pays. Les deux ingrédients principaux sont le steak de bœuf et le
fromage. Un peu de moutarde et c'est la recette gagnante.
Le « Macaroni and cheese », en abrégé en « mac and
cheese », un plat des plus gras servis dans un bol : des macaronis
cuits sont additionnés d'une sauce au fromage.
Et dans le désordre, côté sucré, les incontournables « Marshmallows » :
un peu de sucre, d'eau et de gélatine et l'on n'est pas si loin de la barbe à
papa ou de la guimauve. À ceci près que du dextrose a été ajouté pour ramollir
ces confiseries qui se mangent sans fin.
On trouve également un peu partout de la « salade Caesar » où l’ingrédient
de base n'est rien d’autre que la laitue romaine, à laquelle on ajoute des
croûtons de pain, du parmesan et une rasade d'huile d'olive. On y ajoute
parfois, en complément, du jus de citron, des œufs ou du poivre en grains. Un
mets rafraîchissant et pauvre en calories.
On peut dénicher aussi du « corn bread », du pain à base de
maïs. La levure y est proscrite en faveur d'une texture plus compacte que celle
de notre bonne vieille baguette. Enfourné, grillé ou frit, parfois même
bouilli, le pain de maïs est de sortie sur les tables de convives lors des
barbecues.
Le « coleslaw » également, quand le thermomètre s'affole, car cette
salade est rafraîchissante. La recette est basique : il s'agit de chou vert
râpé, parfois accompagné de carottes elles aussi râpées. De multiples variantes
ont vu le jour, incluant chacune des ingrédients bien précis, comme de l'ananas
ou du poivron rouge.
Des « carrot cakes » : une bonne dose de farine, quelques
verres d'eau ou de lait, deux ou trois œufs, et l'on obtient une préparation
universelle. En y ajoutant des carottes qui se ramolliront durant la cuisson et
on obtient un gâteau léger à la texture ferme et au goût original.
Le « Funnel Cake », très populaire lors des foires, des
événements sportifs et des célébrations annuelles comme le Carnaval, ces
gâteaux sont élaborés grâce à un entonnoir ou une douille. On y fait s'écouler
une pâte faite de farine, de lait et d'œufs. Un mélange passé à la friteuse et
recouvert, au choix, de sucre blanc, de confiture ou encore de pâte à tartiner.
Enfin, le « spam » est le lointain ancêtre de vos courriels
non-désirés qui encombrent votre adresse internet. C’est « le » plat
incontournable, plus pour son histoire tourmentée que pour son intérêt
gastronomique très discutable.
En effet, après des campagnes de pubs incessantes, les Américains en
eurent par-dessus la tête des slogans les exhortant à adorer le Spam :
cette viande en conserve est alors passée à la postérité, en tant qu'élément
gênant et inutile... comme le spam de nos messageries !
Et puis l’incontournable « beurre de cacahuètes », même si la nourriture
de base est composée d'arachide concassée et d’ailleurs quasiment vénérée aux
USA, le beurre de cacahuètes est en quelque sorte l'équivalent incontournable de
notre pâte à tartiner française, sur une recette italienne, mais au goût plus
prononcé.
Au petit-déjeuner, sa texture plus ou moins crémeuse est la garantie d'un
peu de tonus pour bien commencer la journée.
Globalement, la cuisine californienne est caractérisée par l'utilisation
d'ingrédients frais et locaux et les menus proposés évoluent en fonction des
saisons.
Certains ingrédients moins communs en dehors de la Californie sont
désormais associés avec la cuisine de l'État : fromage de chèvre, avocats,
artichauts, figues, dattes, persimmons, amandes et tourteau rouge du Pacifique.
Les huîtres, l'ail et le saumon sont également des ingrédients souvent
associés avec le nord de l'État.
La mention de « California » devant le nom de certains mets dans
les menus des restaurants américains signifie généralement la présence
d'avocat.
La Californie est également un gros producteur de vin, avec près de 100
régions viticoles.
En 2005, l'État a produit 3,1 millions de tonnes de raisins destinés à la
production de vin, qui représente la troisième denrée la plus exportée par la
Californie.
Et les techniques de vinification valent désormais bien les séculaires
savoir-faire bordelais ou bourguignon.
Le lendemain en fin d’après-midi, Florence « entre en soins »,
quelque peu stressée et on peut la comprendre : elle sera opérée le surlendemain
matin.
Une longue séance de plusieurs heures qui mettra les nerfs de Paul en
pelote, à coup de SMS transatlantiques et d’attente interminable.
Elle sort finalement de sa salle de réveil à l’heure du déjeuner et
réintègre sa chambre, bardée de capteurs, de sondes et
d’intraveineuses posés en tous sens !
Une véritable usine à tricotage…
Et « armée » d’un plâtre qui lui immobilise la cheville et le
genou. Sans doute pour que la colle autour des rivets de sa prothèse en titane
prenne mieux, en plaisante Paul.
Ça va ! Elle ouvre même les yeux et marmonne.
Ça s’est bien passé, le chirurgien est content de lui, même s’il a eu un
peu de mal à « régler » la longueur de la jambe réparée avec
« sa prothèse », après avoir scié les tibia et péroné mal remis, mais
il estime le résultat… « parfait » : elle fera désormais s’affoler
tous les portiques de sécurité dans les aéroports du monde, assure-t-il,
trouvant la perspective fort drôle à son goût !
Et il prévient tout de suite que sa patiente ne sortira pas avant ses
premiers pas et seulement pour n’envisager qu’une longue période de
rééducation, avant de se libérer de ses cannes-anglaises…
Charmante perspective.
Elle est encore à moitié dans les vap’ et elle a soif. Or, pas question
d’ingérer quoique ce soit avant le soir : le goutte-à-goutte lui
suffit !
Et quand elle parle, c’est pour tenter d’expliquer à Paul qu’elle a
quelque chose d’important à lui dire.
Drôle de moment pour faire une déclaration, même historique.
Impossible de savoir si elle a rêvé ou non, puisqu’on ne rêve pas sous
anesthésie générale, ou si elle a fait un collapsus vagal, une sorte de syncope
neuro-cardiovasculaire durant l’opération, mais elle ne parle que de Matilda,
l’agent du SIV croisée par Paul au Portugal (cf. épisode « Parcours
olympiques », publié aux éditions I-Cube) et qui les avait suivis
encore un peu, jusqu’à passer des vacances à bord d’Eurydice (cf. épisode
« Mains
invisibles », publié aux éditions I-Cube).
« – Qu’est-ce qu’elle a ?
– Elle a besoin de toi ! Et c’est
urgent. »
Si c’est pour une partie de jambe en l’air, elle a déjà eu son compte… Et
là, Paul est au chevet de la mère de sa descendance…
« Elle a des problèmes graves et
elle t’appelle à son secours ! Elle implore ton aide. Elle me suppliait de
te le dire. Dépêche-toi et fais ce que tu peux. »
Tu parles d’un message pour un réveil…
D’autant que dès le lendemain, Florence avait complètement oublié cet
épisode de son réveil, de quoi faire douter sérieusement qu’il ne s’agissait
pas d’autre chose que d’un délire post-opératoire.
Les effets secondaires de l’anesthésie, peut-être.
L’infirmière-chef, qui interroge l’anesthésiste sur le sujet, répond que
ce n’est pas impossible, mais alors, ce serait particulièrement rarissime.
Paul verra ça plus tard.
Car, débarque à l’improviste et jusque dans la chambre de Florence, une
immense gerbe de fleurs fraîches précédant de quelques pas « Junior
n°4 », Harry Harrison soi-même et son éternel blaser de bonne coupe, montés
sur un pantalon en flanelle blanc !
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