Bravo les bleus : Ils écrasent l’Islande en quart de finale !
5 à 2 à ce jeu où 22 garçons en short « courent
avec des airs suffisants » après le même ballon (au moins, au rugby, ils
sont trente et plutôt baraqués… plus « sportif », quoi !) :
Un beau match, plein de buts, que j’ai vu en rewind, mais sans suspens pour
moi. Notez que le match était « plié » dès le second but : Plus aucun
suspens à en espérer !
En revanche, si contre les allemands, le pénalty a plié le match, en finale, il a fallu attendre la fins des prolongations pour sacrer les « portos » : Pénible d'inefficacité.
En revanche, si contre les allemands, le pénalty a plié le match, en finale, il a fallu attendre la fins des prolongations pour sacrer les « portos » : Pénible d'inefficacité.
L'occasion de se pencher un peu sur l'économie de
l'île située aux confins de l'Atlantique qui est en croissance, avec + 4 % en 2015, très loin de nos chiffres
anémiques, après avoir choisi une voie originale pour faire face à la terrible
crise de 2008.
Avant la crise financière de 2008, l'Islande était au
premier rang des pays les plus développés au monde selon l'indice de
développement humain (IDH) de 2007 et 2008. Son ratio PIB/habitant est en 2007
le plus élevé au monde avec un PIB/hab. ajusté en parité de pouvoir d'achat
vaut 40.000 euros.
Cette même année, la croissance du produit national
brut a été de + 2,6 %, pour un taux de chômage de 2,9 %, une inflation de 6,7
%, et un budget de l'État dégageant un surplus.
Son économie était fondée sur un système d'économie
mixte où les services, la finance, la pêche et les industries étaient les
principaux secteurs.
Pour situer les choses, le pays était déjà membre de l'ONU, du Conseil de
l'Europe, de l'OTAN, de l'AELE, de l'OCDE, de l'EEE et de l’espace « Schengen ».
L'Islande a déposé sa candidature à l'entrée dans
l'Union européenne le 17 juillet 2009, mais celle-ci, gelée à partir du 13 juin
2013, est officiellement retirée le 12 mars 2015, bien que ce retrait soit
contesté par une minorité d'Islandais, la majorité refusant l'application des
quotas de pêche imposés par l'UE.
Depuis, les 332.529 habitants dans l'île, placée sur
la route des clippers-transatlantiques aériens d’antan comme d’une escale
obligée, le PIB islandais a progressé plus de deux fois plus vite que celui de
l'UE et la zone euro, et deux fois plus vite qu'en 2014. Dans l'Union
européenne, seule l'Irlande affiche une croissance supérieure à l'Islande. En
mai, le taux de chômage était à 4,1 % (2,2 % en données corrigées des
variations saisonnières), au plus bas depuis onze ans, alors que le taux
d'activité est de 86,1 %.
En zone euro, le chômage est à 10,1 % avec un taux
d'activité de 70 %…
Vous avez tout compris ?
L'Islande est une petite économie, avec un PIB de 15
milliards d'euros. Mais c'est une économie qui se porte bien. C'est un pays les
plus riches d'Europe. En 2015, il était huitième du continent en termes de PIB
par habitant en parité de pouvoir d'achat avec un niveau supérieur de 17 % à
celui de la « Gauloisie-prospère » et de 24 % à la moyenne de l'UE.
L'île-pays revient pourtant de loin.
Elle a traversé, à partir d'octobre 2008, une des pires crises financières de l'histoire.
Elle a traversé, à partir d'octobre 2008, une des pires crises financières de l'histoire.
Dans les années 2003-2007, à la suite de la
privatisation du secteur bancaire sous le gouvernement de Davið Oddsson,
l'Islande s'est déplacée vers une économie basée sur les services financiers et
la banque d'investissement.
Elle est rapidement devenue l'un des pays les plus
prospères dans le monde, mais a été durement touchée par une crise financière
majeure. La crise a donné lieu à la plus grande migration de l'Islande depuis
1887, avec une émigration nette de 5.000 personnes en 2009.
L'économie islandaise s'est stabilisée sous le
gouvernement de Jóhanna Sigurðardóttir, et a connu une croissance de 1,6 % en
2012. De nombreux Islandais, cependant, sont restés mécontents de l'état de
l'économie et des politiques d'austérité du gouvernement. Le Parti de
l'indépendance de centre-droit est revenu au pouvoir en coalition avec le Parti
du progrès aux élections de 2013.
La gestion de cette crise est souvent présentée comme
un exemple, parfois caricatural. Une chose est cependant certaine : Cette
gestion n'est pas entrée dans les canons de la théorie économique et s'est
pourtant soldée par un succès.
Indépendante du Danemark depuis 1944, l'Islande a
beaucoup souffert de la crise de la pêche, alors sa principale ressource, dans
les années 1980-90.
En 1991, un nouveau gouvernement est formé, dirigé par
Davið Oddson, chef du parti de l'Indépendance qui lance le pays dans une vague
de libéralisation avec, en tête, le modèle irlandais.
Dix ans plus tard, la finance islandaise est largement
dérégulée.
Le but de cette politique est d'attirer les
investisseurs étrangers pour augmenter la richesse du pays.
L'Islande devient alors un pôle financier mondial que
l'on utilise pour le carry-trade, cette technique qui consiste grosso modo à emprunter dans des pays à
taux bas (comme la zone euro) pour les placer dans des pays à taux élevés
(comme l'Islande).
L'argent abonde, la Bourse s'envole, les crédits se
multiplient, la croissance atteint des rythmes astronomiques.
En 2007, les actifs du secteur bancaire islandais
représentent 1035 % du PIB de l'île et le secteur bancaire pèse 10,3 % du PIB
islandais, trois fois plus qu'en 1997.
Résultat, lorsque la crise financière mondiale éclate
en septembre 2008, l'Islande est en première ligne.
Les trois grandes banques du pays, Kaupthing, Glitnir
et Landsbanki, ne peuvent plus se refinancer. Elles sont virtuellement en
faillite.
Partout, les États renflouent les banques.
En Irlande, le gouvernement décide le 30 septembre
2008 de garantir l'intégralité des dettes bancaires du pays, soit 235 % de son
PIB (440 milliards d'euros).
Mais Reykjavik choisit une autre voie : Le
gouvernement islandais se contente de garantir les dépôts des Islandais dans
les banques islandaises.
Le reste des actifs est abandonné à son propre sort.
Les trois banques sont nationalisées et scindées en
une partie saine et une toxique.
Mais ces « bad banks » ne bénéficient pas de la
garantie de l'État.
En revanche, les banques « saines » ont été
recapitalisées par l'État à hauteur de 30 % du PIB et ont souvent géré
directement le nombre incalculable d'entreprises en défaut de paiement.
Contrairement à ce que l'on entend souvent, l'Islande
n'a donc pas refusé de sauver les banques, elle a choisi ce qu'elle voulait
sauver dans son secteur bancaire.
Le pays a choisi de préserver sa demande intérieure
plutôt que ses créanciers internationaux. Elle a réduit un fardeau qui, de
toute façon, eût été intenable pour l'économie islandaise. Un choix qui était
donc inévitable.
L'élément remarquable, c'est que le gouvernement et la
population se sont tenus à cette politique. Lorsqu'il a été question de
rembourser les déposants britanniques et néerlandais clients de la structure
islandaise Icesave, les Islandais ont, par deux fois, repoussé l'option d'un
remboursement par référendum.
Pourtant les créanciers du haut de leur splendeur (Royaume-Uni et Pays-Bas) exigeaient le
remboursement. Le dernier accord prévoyait que l'Islande puisse étaler ses
remboursements de 3,9 milliards d'euros entre juillet 2016 et au maximum 2046,
à un taux d'intérêt de 3 % pour le 1,3 milliard d'euros dû à la Haye et de 3,3
% pour le reste, dû à Londres.
Le président islandais y a mis son veto.
Notez également qu’à partir de janvier 2009,
l'organisation des pouvoirs en Islande est bouleversée à la suite de
manifestations populaires (la « révolution des casseroles ») notamment envers
le système financier, les Islandais refusant de payer les dettes de leurs
banques.
Ces manifestations se soldent par la démission du
gouvernement de Geir Haarde, suivie d'élections législatives qui donnent une
majorité de gauche au Parlement.
Celle-ci décide de faire élire une assemblée
constituante afin de rédiger une nouvelle constitution, mais le processus
achoppe sur des questions juridiques et en raison de l'obstruction de
l'opposition qui, une fois revenue au pouvoir en 2013, suspend sine die le projet de réforme.
Ce choix dans les créanciers à sauver n'a pas permis
d'éviter l'austérité. Pour renflouer la partie « saine » des banques et la
banque centrale du pays, l'État a dû emprunter 3,2 milliards d'euros au FMI et
à ses voisins scandinaves comme il est dit ci-avant.
La dette publique est passée de 28,5 % du PIB en 2007
à 96,4 % en 2015.
Suivez mon regard, jusque vers les deux rives de la « Seine-sur-plage »…
Les dépenses publiques ont aussi été réduites en
conséquence, chez eux et pas seulement en « économies » limitées sur l’inflation
« naturelle » des dépenses : Des vraies réductions !
Il y a bien eu socialisation des risques et transfert
de la dette privée sur la dette publique, mais elle a été limitée et cela a
permis à l'économie de rebondir plus rapidement parce que le fardeau qui a pesé
sur les agents économiques a été plus faible que si l'Islande avait choisi de
rembourser davantage de créanciers de ses banques.
L'autre élément clé a été la dépréciation de la
couronne islandaise, alors que le pays s’engageait vers une intégration de la
zone Euro.
La monnaie a chuté de façon vertigineuse. Pour un
euro, il fallait 82 couronnes islandaises début 2007. Deux ans plus tard, il en
fallait 182, soit un recul de 55 %. Cette chute de la monnaie a conduit à une
inflation qui a atteint 17 % et a rongé le pouvoir d'achat des ménages qui
voyaient leurs salaires nominaux stagner.
En revanche, cette dépréciation a permis de regagner
rapidement de la compétitivité externe et, là aussi, à circonscrire les effets
de la crise.
Ce qu’on sait un peu moins, c’est qu’à défaut d’intégrer
l’Euro, après la crise de 2008, l'Islande a aussi reconnu que, parce qu'elle
avait sa propre devise monétaire, son économie était très volatile.
Voilà pourquoi ses dirigeants ont adressé une demande
à Ottawa afin de savoir s'il était envisageable pour l'Islande d'utiliser la
monnaie du Canada, le dollar canadien, car le Canada est le pays ayant le mieux
résisté à la crise économique, donc celui ayant l'économie la plus stable…
Un projet resté sans suite.
Malgré sa voie originale et sa monnaie propre,
l'Islande de 2009-2010 n’était pas un paradis, loin de là. Au troisième
trimestre 2010, après neuf trimestres de contraction en rythme annuel, le pays
revenait à la croissance.
Il faudra cependant attendre 2014 pour que le PIB
islandais dépasse son niveau de 2008. En 2015, il le dépassait de 5 %.
La « voie islandaise » était-elle plus efficace que
celle qui a été choisie dans la zone euro en 2010 ?
Pas pour l'Irlande, qui est sorti plus vite de la
crise, mais moins en raison de la politique menée que d'éléments externes.
En revanche, l'Islande semble être sortie plus
rapidement de la crise que l'Espagne, et beaucoup plus que l'Italie, la Grèce
ou le Portugal. Surtout, l'Islande semble moins menacée que la plupart de ces
pays par le risque déflationniste et par la croissance molle.
Les comparaisons sont cependant délicates dans la
mesure où ces économies sont assez peu comparables à celle de l'Islande.
Reste qu'il convient, à mon sens, de ne pas trop sur-interpréter
la « voie islandaise ».
D'abord, on l'a vu, elle était plus « contrainte » que
« choisie ». Ensuite, le prix payé par les ménages islandais a été très lourd.
Le niveau de la consommation des ménages est encore inférieur en 2015 de 4 % à
son niveau de 2007.
L'investissement en 2015 ne représentait que 63,9 % de
son niveau de 2007, malgré des accords économiques avec Pékin qui montent en
puissance.
La croissance islandaise d'après la crise est due plus
à une croissance des exportations, de biens (+ 28 % par rapport à 2007) et
surtout de services (+ 52 % par rapport à 2007).
C'est donc bien les gains de compétitivité externe par
la compression de la demande intérieure qui ont fait rebondir l'Islande.
Les deux moteurs de la croissance du pays ont été
principalement la pêche qui a bénéficié de la hausse des prix et de la demande
de poissons, et le tourisme.
Le nombre de touristes qui ont visité le pays a crû de
27 % en 2015.
C'est ici le fruit d'une politique active, avec
notamment le développement des infrastructures et du marketing public et privé.
Mais on assiste aujourd'hui à un rééquilibrage rapide
: Au premier trimestre, la consommation des ménages a progressé sur un an de + 7,1
%. En 2015, le pays a connu un déficit
commercial et c'est la demande intérieure qui a tiré la croissance.
Il semble que la page de la crise est désormais définitivement
tournée.
Après la crise, l'Islande a aussi voulu adhérer à
l'Union européenne pour bénéficier d'une certaine « protection ».
Cette démarche initiée par le centre-gauche a
cependant rapidement échoué sur l'écueil de la politique de pêche. Après le
retour de la droite au pouvoir en 2013, la demande d'adhésion a été retirée,
sans le référendum promis à ce sujet.
Ce qui a beaucoup irrité le sens démocratique des
Islandais, mais les sondages donnaient en réalité une majorité de près de 59 %
contre l'adhésion à l'UE.
Membre à part entière de l'Espace économique européen, l'Islande
bénéficie de l'accès au marché unique et de la liberté de circulation, ce qui
est crucial pour le tourisme et la volonté de faire de l'île une escale entre
l'Europe et l'Amérique du Nord.
L’EEE permet aussi à l'île de développer parfois ses
propres choix, comme en 2008 ou dans l'affaire Icesave, et de bénéficier d'une
protection de ses zones de pêche. L'adhésion à l'UE et son intégration n'est
donc pas plus attirante que ça pour ce pays.
Et vous verrez que les britanniques s’en contenteront
en plus que de développer un « dumping-fiscal » qui évitera une
hémorragie de délocalisations surfant sur la dévaluation de fait de la Livre
qui est en cours…
Une des principales originalités islandaises réside
surtout dans le traitement « moral » de la crise. L'Islande a ainsi été un des
rares pays, avec l'Irlande, à établir des suites judiciaires à la crise de 2008 :
Trois patrons des trois grandes banques ont été condamnés à 18 mois de prison
et beaucoup d'autres condamnations ont été prononcées.
Même le premier ministre de 2008, Geir Haarde a été
condamné sans sanctions par un tribunal en 2012.
Désormais, la société islandaise est très sensible aux
affaires financières : Lorsque la femme de l'actuel premier ministre Davið
Gunnlaugsson a été cité dans l'affaire des « Panama-Pampers », il a
été contraint à la démission devant les manifestations géantes qui se sont
tenus à Reykjavik.
De nouvelles élections vont se tenir et le parti du
premier ministre sortant, le parti progressiste, est menacé par une nouvelle
formation, « le parti pirate », qui pourrait arriver en deuxième
position et qui prospère sur le rejet des partis traditionnels et du monde
politique en général, un peu comme ailleurs (Podemos, « 5 étoiles », « Sisi-riza »…),
un élément commun à de nombreux pays qui ont connu la crise.
Quelles leçons retenir de la crise islandaise en
quelques mots ?
– D'abord, elle permet de mettre en garde contre les
effets de la financiarisation à l'extrême d'une économie.
Ce mode de développement a un revers inévitable : Celui
de l'explosion violente de la bulle. L’argent « facile » se paye à un
moment ou un autre !
Et les conséquences de cette explosion sont rarement
positives pour la population, même lorsque, dans le cas islandais, tout est
fait pour circonscrire le plus possible la crise.
– Ensuite, l'Islande prouve que les intérêts bancaires
ne coïncident pas toujours avec l'intérêt général.
Ça, on savait déjà : Ce n’est qu’une
confirmation.
Mais aussi qu'il est possible de se libérer des
premiers au nom des seconds sans provoquer les catastrophes que les banquiers promettent
toujours initialement.
Dire « non » est parfois salutaire…
Notez, qu’à mon sens, la voie islandaise n'est pas
forcément meilleure que les autres, mais son existence prouve qu'un
gouvernement dispose toujours d'un choix concernant les mesures à prendre en
cas de crise.
De quoi en prendre de la graine.
Enfin, morale de cette histoire, un « petit
peuple » peut apprendre beaucoup aux grands.
Sauf en … foot !
Je ne sais pas quand vous avez écrit cet article mais je constate - pour m'en réjouir - qu'il est d'une toute autre tonalité que celui de la veille sur les "travailleurs détachés".
RépondreSupprimerOui, quand on veut, on peut! Et conduire une politique volontariste ne signifie pas faire n'importe quoi!
C'est que vous n'avez décidément rien compris à rien et j'en reste marri...
SupprimerJ'étais en déplacement ces deux derniers jours et les posts ont été écrits la semaine dernière et mis en ligne lundi après relecture.
Ils sont de la même veine tous les deux.
Effectivement, quand on veut, on peut, à condition de le faire sans contrainte, dont celles de vos "amis" dont il faut tenir compte.
Si vous n'y parvenez pas, vous dégagez comme les Britanniques.
Si vous ne voulez pas dégager, vous faites au mieux et négociez : Si vous avez raison contre tous, ils vont bien se rendre compte tôt ou tard que vous avez raison.
Dans le cas contraire, c'est que c'est vous qui nagez dans l'erreur.
Simple, non ?
Bien à vous !
I-Cube