Les
délires d’embauche…
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Et que recouvre la notion de
baronnage ? » C’est la technique qui consiste pour un croupier de casino à
faire gagner indûment un « baron » complice.
« En réalité, comme il s’agit
d’argent en cash, le casino sert de lessiveuse. Un type y apporte de l’argent
au black. Il le perd. Un autre le gagne en trichant un peu et le casino garde
un petit pourcentage : L’argent, de la menue monnaie qui peut aller jusqu’à
plusieurs dizaines milliers d’Euro ou de dollar par soirée, permet de blanchir
en toute légalité des sommes fastueuses qui nourrissent les filières de
crapulerie.
L’argent change de poche ainsi sur tous
les terrains hippiques, sur les tables de casinos, dans les cyber-cafés-casino,
avec certificats de gains estampillés. Imparable. »
Mais il faut tricher. Comment ont fait au casino ?
« On le fait plus facilement sur les
terrains de courses en enregistrant des paris après l’arrivée. Au casino, les
croupiers savent aussi y faire le « tiers du plateau » à volonté ! »
Les banques font pareil. Tu fais investir ton « baron » sur un titre peu
actif dont tu vas manipuler le cours à travers une Sicav dédiée ou un FCP,
voire un autre support. La Sicav, qui ne vaut rien, souscrit les titres de la
cible, ses actions, ses dérivés, ses créances… Ça fait monter son cours au fil
du temps et d’autres investisseurs vont noter la surperformance et y venir en
spéculant. S’il s’agit d’actions, on peut même faire circuler des rumeurs
d’OPA, ou balancer une étude sur la société support, si les montants en valent
la peine.
Puis quand les cours sont assez hauts, la Sicav se retire en faisant
chuter le cours plus ou moins fort et le baron n’a plus qu’à racheter ses
titres en encaissant la plus-value.
« À l’inverse, tu peux même préparer
le terrain, si tu connais le calendrier et les montants. Il suffit d’acheter en
avance des options à bas prix et à terme éloigné. Tu fais monter le cours en
souscrivant en direct et tu fais jouer les options en plus. Mais il ne faut pas
être trop gourmand. Les « plumés » n’aiment pas jouer les pigeons, ils te le
feront payer si tu es identifié. C’est la loi de la jungle, les marchés : Tous
les coups sont permis. »
Intéressant, intéressant.
« Je te le dis, les banquiers
vendent du temps. Ils ont parfaitement bien assimilé le précepte « Time is
money ». C’est leur pain quotidien.
Mais t’en fais pas, il y aura un moment
où ils se mordront les doigts, quand ils auront rendu insolvable tout le monde.
La crise des subprimes sur la tête des ménages américains leur a fait très
peur. Alors ils ont fait très peur aux autorités monétaires qui ont allongé la
planche à billet pour éviter la thrombose. Résultat, tout le monde va payer
sous forme d’inflation, ce qui va réduire d’autant la valeur de leurs avoirs, si
ça ne provoque pas une récession globale, qui serait l’hypothèse encore la
meilleure pour eux ! »
Ah bon ?
« Bé oui, en cas de récession
brutale et durable, qui va sauver les lourdeurs administratives et payer les
plans sociaux ? Les banquiers, naturellement, qui ressortiront leurs pactoles
pour prêter aux États. Et qui payent les États ? L’impôt versé par les
citoyens, non. Et comment ceux-ci vont-ils pouvoir payer ? Bé en empruntant. Et
d’habitude, on emprunte à qui ? Aux banquiers, qui lui, réclame des garanties.
Et quand il y a cessation des remboursements pour cause de récession, qui
devient propriétaire à vil prix des garanties offertes pour les saisir ?
Toujours les banquiers. Et qu’en font-ils ? Ils les remettent à l’exploitation
de telle sorte que tu bosses pour eux en ayant à peine de quoi survivre pour
persister à faire tourner la machine. Et si tu n’y arrives pas, y’a assez de
chômeurs pour prendre ta place !
»
Un vaste hold-up planétaire : Tout ça rappelle le discours de « Lady
Margaret », sur les maîtres du monde d’il y a quelques semaines [1].
« Oui ! C’est exactement ça qui va
se passer. Et personne n’y peut rien, sauf à tous crouler sous des inflations à
deux chiffres. Or, tu auras noté que les banques centrales, la BCE notamment,
ont pour unique mission de ne pas « voler les petites gens » avec trop
d’inflation.
Marrant comme tout, non ? »
Non, pas drôle du tout, même.
À quoi ça sert, tout ça ?
« Le pouvoir, le pouvoir, sur la vie
de tous et de chacun. Le pouvoir pour exploiter encore plus, pour avoir encore
plus d’argent pour avoir toujours plus de pouvoir, et ainsi de suite ! »
Un cercle infernal et suicidaire.
« Oui mais c’est ça le mythe
originel de Kronos ! Roi des titans qui mange ses enfants. De peur d’être détrôné
par eux, ce que fera Zeus qui survécu.
Cronos, comme par hasard, c’est aussi
le dieu du temps, fils d’Ouranos le dieu primordial, le ciel, et de Gaïa, la
terre. Tu suis la symbolique, là, le polytechnicien ? »
Paul suivait…
« Maintenant une question. Tu me
cites dans ton roman [2],
heureusement sous un pseudo, publié sur ton blog, Comment tu as eu ces
renseignements-là sur mon compte ? »
M’enfin, ils m’emmerdent tous avec leur « infreequentable » à la con !
« Je suis désolé, mais ce torchon n’est
pas de moi et ne je connais pas ce mec. À mon sens, c’est un plagiaire
quelconque et sans intérêt qui s’est inspiré de mon rapport final sur la dite
opération. Il a dû broder autour ! »
Parce que ça c’est vraiment passé comme ça ?
Coincé !
« C’est nettement plus compliqué et
ce n’est pas tout à fait ça. Il n’a jamais été question de détournements de
quiconque ni de sommes aussi astronomiques. Juste une petite escroquerie qui
n’a jamais inquiété personne et dont un de mes clients a voulu que je dénoue
l’ensemble, c’est tout ! »
Dommage, ça respirait tellement « le vrai »…
« Maintenant, je peux te proposer
une autre version, celles de malfaisants manipulateurs qui ont voulu porter
cette « petite affaire » sur un terrain politique. »
Qui ? Pas le Capitaine haddock, il le connaît et l’apprécie !
« Je penche plutôt pour des fadas du
type WikiLeaks ou des mecs manipulés par un service secret quelconque, soit de
notre propre pays, soit d’une puissance étrangère. Je ne sais pas. »
Mais toi, tu existes.
« Au moins autant que toi, mais je
ne suis pas un trousseur de jupon. Je suis marié, j’ai des mômes qui vont à
l’école, je paye mes traites comme je peux et je suis au chômage, alors tu
sais, les âneries de l’autre con ! » ment-il.
Qui t’as donné mon adresse mail. « Tu
as fait état d’un ami commun ! Haddock ? »
Non ! « Un commissaire de police qui
m’aime bien et apprécie ta prose, je suppose, mais qui ne te connaît que de
nom. Cherche !
Et comme j’ai un peu de temps pour te
répondre, j’ai donc pris contact avec toi sur ses conseils… Je crois que lui
aussi me prend pour « l’infréquentable ». Et il a pensé que nous avions des
choses à nous dire entre romanciers ou un truc de ce genre.
Mais bon, si tu as un boulot
d’ingénieur agronome pour moi, ça m’arrangerait. »
Non, lui c’est un « voileux », ex-banquier.
Paul ne saura jamais si son mensonge a pris.
Parce qu’entre-temps, un type d’EADS veut le voir, suite aux différents
appels au secours à la recherche d’un boulot. Après tout, il s’était mis en
disponibilité. D’autant qu’EADS, c’est bien pour lui, ça. Ce sont des
avionneurs, des missiliers, des équipementiers. Un gros conglomérat dirigé par
une flopée d’X, de mines, de centraliens et de sup-aéro, dans laquelle il avait
fait un séjour après son retour à la vie civile et son équipée depuis Bora-Bora
en voilier en 2005 [3]. Il n’y était pas resté longtemps, pour avoir été envoyé
en audit à la MAPEA [4] où il était resté un peu plus de 5 ans.
Un retour au bercail en perspective ?
Le problème avec les « grosses » structures du type d’EADS, c’est qu’il y
a des « sièges » un peu partout en Europe, sans compter ceux des filiales.
Et leurs filiales sont nombreuses, à commencer par Airbus, d’abord un GIE
avant que d’avoir été une société commerciale dès 2001.
C’est d’ailleurs par cette « porte » d’entrée dans le groupe à Toulouse
que Paul s’est retrouvé à l’effectif chez EADS-France en 2005.
Directement au siège du boulevard Montmorency pour aller « auditer » un
peu les comptes et projets d’Astrium, partenaire d’Eutelsat, mais aussi
co-filiale de Thalès, avant de filer à Aubenas pour remettre un peu d’ordre
dans l’activité de la MAPAE, sous-co-filiale et fournisseur de Safran et de
SNPE, elle-même également co-filiale d’EADS via la CDC…
On lui avait fait passer de multiples tests, divers entretiens avec
parfois des « nabots du neurone », parfois avec des ingénieurs véritablement
passionnés ou carrément géniaux et contagieux.
Alors, devoir remplir une fiche basique devant une nana méprisante juchée
sur haut-talons et nippée pour plus de 2.000 euros de « fringues et
d’accessoires » dérisoires, qui vous liste son QCM à devoir répondre par oui ou
par non, il y’a rien de tel pour le mettre en rogne !
Paul est en « disponibilité », ils le reprenaient tel quel ou ils iraient
se faire voir.
Mais alors quand il aurait fallu repasser le test-machine de personnalité
avant de se tamponner celui sur le QI, d’une banalité désarmante l’un et
l’autre, qu’il avait déjà passés, il craque.
« Jolie Madame ! Vous savez que vous
me faites hautement caguer avec vos âneries de potache boutonneuse ? Votre
test, je le connais par-cœur pour lui avoir déjà cassé les compteurs. Regarder
votre dossier ! »
Elle ne veut pas en démordre : C’est la procédure, même pour rempiler. Et
de toute façon, il n’est plus à l’effectif : Ses archives en attestent.
Manquerait plus que ça, tiens !
« Vous voyez ce qu’on va faire :
Vous allez rechercher dans la poussière de votre cave les dites archives, pour
mettre à jour votre dossier et quand il sera complet, nous pourrons papoter
utilement ! »
Mais Monsieur, etc.
Et pour mettre fin à l’entretien, Paul se lève et lance un : « Je ne cause pas avec des gens qui ne font
pas leur travail correctement ! Ils font perdre un temps précieux à tout le
monde », pour mieux justifier de s’en aller.
Pas sûr que ce soit la meilleure façon de se faire réembaucher par le
conglomérat. Ils n’allaient quand même pas le remettre en situation face à un «
grand-jury » : Il a déjà donné dans le harcèlement-humiliant !
Exit une reprise : Décidément des macaques primitifs. Et elle, Barbara,
pas mieux qu’une guenon, accorte tout de même, à l’esprit aussi court que sa
jupe et que ses talons sont hauts.
« Guenon » n’est pas tout à fait le terme idéal. En fait, de profil, elle
ressemble un peu plus à cette actrice du « Grand Bleu » jouant le rôle de «
Johanna », alias Rosanna Arquette, croit se souvenir Paul après s’en être fait
la réflexion : Un bas du visage un peu avancé par rapport au front, un nez en
trompette, qui lui donne plutôt l’air d’un grand singe.
De face, ça va : « Acceptable », mais dans d’autres circonstances.
C’est à cette occasion qu’il file à Caen passer à l’improviste faire la
fin de journée chez Jean-Luc. Le bonhomme est en plein… « tournage » quand il
passe la porte. L’occasion de se rincer l’œil.
Marrant comme les « hardeurs » sont assez moches et « petits », une fois
le maquillage et les « accessoires » ôtés, de ceux qui font illusion parfaite
sur les appendices sexuels du titulaire. Surtout les « hardeuses » : On ne se
retournerait même pas sur leur passage dans la rue !
Et pourtant, la petite planète du « porno » sexe tourne autour de « ses
héros » et de quelques volontaires anonymes qui, moyennant quelques picaillons,
se butinent le fion sans conviction sous les « sunlights » et quelques caméras
numériques : Des images à retoucher pour les rendre plus « performantes ».
« Et ça se vend toujours, ce genre
de choses ? »
Et oui, et oui…
Paul apprend qu’avec une séance de prises de vue d’une matinée et une
cinquantaine de séquences, il décline ainsi une trentaine de format « 5 minutes
», deux ou trois formats de « 20 minutes » et parfois un long métrage de « 52
minutes ».
« Il suffit de changer l’arrière-plan,
de mélanger un peu les scènes, ou de mixer avec d’autres prises de vue
antérieures ou à faire. Avec un bon ordinateur, c’est une journée de boulot. Ça
ne coûte pas très cher et ça se vend encore moins cher, mais tout de même pour
une bonne centaine de boîtes payantes qui diffusent sur internet et se payent
en abonnements ! Du bon business, même si la concurrence est rude ! »
Bref, il en vit depuis la disparition du « Newvox », où il faisait de
vrais scénarios avec des images volées de coïts plus délirants les uns que les
autres : Faut dire qu’il avait une faune particulièrement bigarrée sous
l’objectif, à cette époque-là !
En bref, il dépense 500 à 1.000 euros et en récolte 5 à 10 fois plus dans
les semaines qui suivent : « Deux séances
par semaine, c’est largement suffisant. Je passe mon temps restant à filmer des
décors et gérer les chèques et les virements !
Et toi, qu’est-ce que tu deviens, le «
petit-génie » ? »
Il cherche du boulot. Jean-Luc lui fait alors une fleur à 100 euros la journée,
s’il est capable de bander sans discontinuer, il le prend.
« Simplement, il me faut un
certificat de moins de trois mois de séronégativité ! »
Comique, ça vaut combien entre l’ordonnance du toubib et l’analyse en labo
? Au moins la moitié. Il ira loin avec deux séances par semaine maximum : 400
euros/mois à tout casser.
« Et pas de détection des MST ?
»
Pour les filles seulement. « Mes
hardeurs sont tous dotés d’orthèses qui rallongent leur pénis. Ça s’enfile
comme d’un préservatif, mais un préservatif qui est troué : Il faut que leur
jus s’extraie quand même devant l’œil de la caméra, sans ça on utilise du blanc
d’œuf cru. C’est en mousse, silicone et latex et l’illusion est parfaite !
» … Après retouches.
Intéressant, ça. Et on n’en trouve dans le commerce ?
« Non. Ça vient des USA. »
Mais, mais… « J’ai un problème avec
une femme qui a une « cheminée » démesurée et dont son mec n’arrive pas à
l’engrosser parce que sa bite est nettement trop courte. Tu crois que ça peut
les aider à avoir un gamin ? »
Oui, à condition que le monsieur prolonge le coït et que la dame reste les
fesses en l’air.
« Justement, elle n’aime pas ! »
Alors, elle prend la position de la levrette-pointue, « mais très cambrée, tout le temps et même
au-delà. Et il faut que lui soit au-dessus et qu’il gicle de haut en bas !
»
Intéressant, ça aussi ! « Parce que tu en
as besoin pour ta moitié. Je ne me souviens pas que tu fusses si mal doté que
ça par la nature. »
« Tu es gentil, mais il ne s’agit
pas de moi. Par ailleurs, on ne me paye pas pour coucher ni encore moins pour
engrosser ! »
Très bien, très bien : « Pas de
problème si tu me fais ça à l’œil ! Je te ferais une exception à mes principes…
»
Il en a encore ?
En revanche, il est preneur de bons scénarios : 1.000 à la commande après
remise d’un synopsis retenu à valoir sur les 10 % des recettes, après.
Rapide calcul : Si une journée lui coûte 1.000 pour en gagner 10 fois
plus, plus tard, 10 % de 10.000, il n’est jamais perdant du « plus après » !
Paul lui parle de ses deux histoires vécues par procuration : Celle du
violeur en série jamais identifié et celle de la maîtresse qui fait tuer son
mari par son amant pour toucher l’assurance-vie et qui lui est toujours
actuellement en prison pendant qu’elle en a vraisemblablement mis le grappin
sur un détenteur d’usines. On pourrait en rajouter une à inventer, celle du
type qui paye les amants de sa femme pour qu’elle tombe enceinte parce qu’il
est impuissant. Et comme c’est un personnage public, il les fait assassiner par
ses services secrets pour que le secret ne soit jamais éventé.
La première lui convient bien. Mais ni la seconde : « Bien trop classique et pas assez de cul ! ». Ni la dernière : Trop
invraisemblable…
S’il savait, enfin, passons !
Paul y réfléchira, si vraiment il a le temps et a besoin d’argent. Pour le
moment, il a autre chose en tête.
« Voilà ce à quoi je pense : Est-ce
que tu as toujours ces mini-caméras à dissimuler dans une chambre d’hôtel ?
»
Il a nettement mieux en plus petit et en pagaille. « Mais je ne les utilise plus, les optiques sont de qualité très
moyennes. Tu veux en faire quoi ? »
Pour le moment, il ne sait pas.
« Ça vaut combien ? »
Pour 500 euros, Paul repart avec une dizaine de ces « mini-puces-optiques
» et le DVD du logiciel qui gère tout ça sous Mac-OS, avec même une application
« iPhone » et deux orthèse en silicone.
Faudra qu’il essaye avec Miho, quand Mylène aura trouvé un point de chute
hors ses murs.
[1] Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Au
nom du père » ; Chapitre XI, Tome I, publié aux éditions I-Cube.
[2] Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : Chapitre XVI « Opération
Juliette-Siéra », publiée aux éditions I-Cube.
[3] Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Au
nom du père », Chapitre XVI Tome I, publié aux éditions I-Cube.
[4] Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Ardéchoise, cœur fidèle »,
à paraître aux éditions I-Cube.
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