Suite des
échanges avec Blaucher
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Tout cela est très recherché par le monde criminel du terrorisme et de la
corruption qui se ressemble et qui s'assemble.
Une complicité secrète inavouée s'installe entre ces deux royaumes, ces
deux cartels dont les différences s'amenuisent de plus en plus.
« Ces deux mondes ont en commun
l'appât du gain rapide, la corruption endémique, l'utilisation de la menace, et
le souci de « débiliter » les volontés des masses.
Ces deux mondes ont tous les deux une
organisation économique financière de type capitaliste structurée selon les
mêmes paramètres avec le même but qui est de maximaliser le profit avec un
contrôle vertical de productivité.
La hiérarchie de ces deux mondes est
militaire.
La violence est la même soumise à la
volonté d'accumulation monétaire pour la domination territoriale et la conquête
des marchés.
Ces deux mondes qui finissent par se
mêler, ne craignent ni les sanctions judiciaires ni les commissions de
contrôle. Ils agissent dans une liberté quasi-totale en traversant de leur fric
mal gagné souvent, les cyber-frontières de la planète sans aucun obstacle. Ils
trichent à la vitesse de la lumière sur le marché du comptant, au jour le jour,
puis sur celui du terme plus dangereux encore car spéculatif.
C'est le même rêve pour un banquier et
un truand d'avoir cette vitesse d'accumulation doublée d'une fabuleuse liberté
dans une totale absence de transparence pour des profits sans taxes. »
« L'argent n'exprime plus la valeur
des choses et ne sert plus uniquement comme moyen de paiement des marchandises.
Des sommes astronomiques qui ne correspondent plus à rien de productif
circulent sans assurer des gains de productivité ni à assurer une augmentation
des véritables richesses économiques.
Si bien que les profits réalisés dans
ces opérations doivent être pris au détriment de l'économie productrice
provoquant un appauvrissement de l'économie réelle et un véritable vol
totalement impuni et commis par nos plus grandes banques.
Cela convient particulièrement bien aux
capitaux occultes qui peuvent se blanchir ainsi bien facilement.
La faute revient aux produits
financiers dérivés qui représentent plus de 10.000 milliards de dollars ! »
Et tout peut faire l'objet de spéculation dans les produits dérivés : Du
pétrole, du blé, du fric etc. même d'autres contrats de produits dérivés...
Tout est bon comme support !
Comment fait-on ?
« C'est simple on convient par
contrat ferme l'achat à une date fixe mais ultérieure d'une quantité de fric
(par exemple) à une échéance parfois lointaine à un cours déjà fixé à l’avance
sachant qu'il va évoluer (c'est le change à terme parfaitement sain si on couvre
un risque quand on doit recevoir une devise étrangère). Ceci est « hors bilan
».
On peut attendre l'échéance et si le
cours a augmenté on revend immédiatement le bien acheté moins cher à terme et
on prend la différence sans recevoir le capital ou le bien.
On peut aussi, avant l'échéance,
acheter pour cette même échéance quand le cours est favorable, n’importe quand
avant.
À l'échéance, les capitaux ou les
biens, titres, etc. vendus et achetés se compensent et seule la différence est
gagnée ou perdue si les cours ne vont pas dans le sens prévu.
Mais il y a toujours un gagnant et on
peut très bien, dans la même banque être des deux côtés et n'encaisser que les
profits en laissant les pertes à sa boîte ou à des clients... »
« Le plus marrant est de commencer
dans l'autre sens et de vendre à terme une devise ou un produit que l'on a pas
en jouant sur la baisse des cours soit l'inverse du schéma ci-dessus : En
l'achetant moins cher plus tard.
Pour avoir le droit de faire cela il
faut avoir une autorisation de change à terme de la banque.
Les conditions sont simples, on n’exige
bien souvent qu'un dépôt égal à 5 % du montant de l'opération de vente à terme
rien pour les achats à terme. »
« Le problème peut s'amplifier, car
quand une perte de cet ordre survient les nouveaux produits reportent le
dénouement du contrat par un autre en repoussant parfois éternellement le
résultat négatif des opérations... et cela fait chez Barings, ou chez Kerviel,
quand on en s’en est rendu compte longtemps après. Imagine les cadavres dans
les placards des banques. La BDF le sait mais n'a pas les moyens de vérifier
ces opérations qui sont hors bilan et compensées... »
« Les artisans de ces opérations
sont les traders qui sont motivés par des revenus insensés dépassant de loin
ceux de leurs dirigeants qui ne les contrôlent plus.
Ils sont pris de passion et d'une
volonté incroyable à écraser le concurrent enivré de faire de l'or avec du vent
: La violence de leurs actions se retrouve dans les marchés et dans la vie
quotidienne.
Les bénéfices pipés sont, au début,
astronomiques mais les réveils sont parfois difficiles quand le trader part en
congés et que le marché se retourne par exemple… »
« Il existe une criminalité
financière que vous devrez raconter un jour, celle qui pousse plus de gens à se
révolter, à poser des bombes et se faire shooter dans des buildings.
La crise de civilisation est là. Dans
les crimes de ces gens-là, trop bien nourris aux stock-options et aux primes de
résultats ! »
Paul n’y comprend pas grand-chose, à vrai dire.
« C’est pourtant simple ! »
Tu prends un type qui a besoin de frégates furtives, d’avions de combat,
de systèmes de détection sophistiqués, d’obus, de canon, de pétrole, de coton
ou de blé, peu importe.
Ce qui est important, c’est que ce soit gros et qu’il y ait du temps entre
le moment où la commande est passée et le moment où la chose, des titres, des
créances, des tourteaux de soja ou des bottes de paille, seront livrées.
Ça part d’un endroit et ça arrive à un autre.
« Prenons l’exemple d’un pétrolier
qui fait le plein des cuves à Dubaï et qui va livrer à Antifer. Trois mois de
mer.
À Dubaï, le prix est payé cash par
l’affréteur au chargement en dollar à un prix donné, celui du cours pour compliquer
les choses. Mais la plupart des contrats prévoit un cours entendu d’avance.
L’affréteur n’a pas nécessairement
l’argent. Il va voir son banquier qui finance l’acquisition. Ça se passe en
amont de la commande.
Le banquier a globalement un mois pour
acheter du dollar à virer le jour J au vendeur de brut.
Il achète une option dollar à J – 30.
Si le dollar monte, il lèvera l’option. S’il baisse, il laisse tomber l’option
et achète comptant sur le marché.
De toute façon, il a fait souscrire une
autre option à cours défini à son affréteur, qui lui veut un prix fixe à la
commande.
Première marge d’intermédiaire, plus
les commissions. »
« Pour payer son achat, l’affréteur
revend son contrat, livraison à Antifer à J + 90. Le prix obtenu sur le marché
permet de payer le banquier.
En contrepartie, il rachète une option
sur le déchargement audit port à J + 90 à prix convenu, celui du marché.
Le gars qui lui vend l’option et lui
achète la livraison, il se refinance à son tour sur le marché où les «
investisseurs » spéculent sur les cours du pétrole durant 90 jours. Y’en a qui
font des plus-values et les moins-values sont couvertes par des options à
terme, mais aussi sur la valeur dollar à terme.
90 jours plus tard, le pétrole est
déchargé à Antifer, les contrats se dénouent, mais comme ils ont pu changer de
mains des dizaines de fois par jour, chacun fait ses comptes à raison des
spéculations successives. Et tout le monde se partage les gains entre l’option
la moins chère et le prix le plus élevé du cours. »
Il y a forcément des perdants…
« Bé non ! Si ce sont « les marchés
» qui perdent, mais eux-mêmes n’ont jamais engagé d’argent, parce que les
cessions se font en réel entre 1 et 5 % de commissions, qui servent à garantir
les paiements en chambre de compensation.
Le perdant, il n’est pas fou : Il se
refinance lui-même sur le contrat suivant ! Il y en a 70 par jour qui se nouent
dans chaque port de chargement… Les pertes éventuelles sont compensées par des
gains ultérieurs. D’autant mieux que comme ces cessions de contrats sont des
engagements hors bilan et que personne ne les contrôle même en fin d’année, ce
n’est pas dans la mission des certificateurs, gendarme des bourses et autres
commissaires aux comptes, ça peut durer longtemps jusqu’à ressortir avec une
plus-value. »
Et puis il y a une autre astuce qui consiste à déporter les pertes sur les
« petits-épargnants », en général des entreprises disposant de cash de par leur
activité, quand vraiment le marché est décidément à la baisse durable, ce qui
est arrivé à chaque explosion de bulle : Le prétexte est facile alors
d’expliquer que la bulle a pété, d’autant qu’on a maintenu le client dans
l’idée qu’il a fait des gains monstrueux pendant des mois et des mois !
« Et quand c’est une entreprise qui
vend une centrale nucléaire ou des avions, ça se passe de la même façon ? »
C’est un tout petit peu plus compliqué.
Le contrat est libellé par date successive : 10 à 30 % à la commande selon
l’importance du marché et des études préliminaires, la suite au commencement de
fabrication, puis aux diverses dates de livraison, par étape et tranche de 5 à
10 % pour des contrats qui s’étalent sur plusieurs années.
« La première tranche d’acompte,
paye effectivement les études, mais également les commerciaux et les
intermédiaires. Quand ce sont des contrats soumis à autorisation d’un État, le
préalable est de payer les intermédiaires qui sont garants des commissions et
rétro-commissions à verser. Souvent, ils en font l’avance sous forme de lettre
de changes à terme, escomptables.
L’avantage, c’est que quand le
destinataire escompte pour se payer de sa signature, si l’intermédiaire estime
que le contrat n’est pas tenu, il colle une opposition à la lettre de change
émise et le destinataire se retrouve en situation d’avoir tirés des chèques en
bois. Ce n’est jamais arrivé, sauf pour les frégates de Taiwan, justement.
Ce qui a flanqué le boxon dans le
système des rétro-commissions et fait condamné la France à des versements
d’indemnités copieuses à en être faramineuses. »
Dans l’affaire des sous-marins de Karachi, les lettres de change ont été
frappées d’opposition. Du coup, les destinataires des commissions sur place on
fait parler la poudre.
« En vain, crois-je savoir ! Mais il
y en a eu quand même 11 qui sont restés sur le carreau. »
En revanche, là où c’est « juteux », c’est que sachant où, quand et dans
quelles devises les versements vont avoir lieu, tout le monde se couvre des
risques de change aux termes successifs.
« L’astuce du « barter-triangulaire
», c’est de croiser les contrats import-export et les échanges de devises, les
termes des contrats obligataires venant à échéance, notamment sur les dettes
publiques ou les grandes entreprises émettrices, voire les institutions. Tu
peux donc acheter à « bon cours » la contre-valeur, sur option, sur ces titres
en croisant les termes, tels qu’au moment des paiements, il n’y ait pas de
rupture.
Autrement dit, pour payer la énième
tranche d’un contrat d’armement libellé en dollar, alors que la monnaie du pays
acquéreur est le Yuan et celui du pays exportateur de sa technologies est de
l’Euro, il est assez facile de spéculer sur l’Euro, tout en spéculant sur le
dollar par rapport au Yuan ou à l’Euro en ayant en portefeuille non pas de la
monnaie, mais des obligations remboursables à ladite échéance, ou en paiement
du chargement d’un pétrolier, ou d’un cargo de blé en vrac, de thé, de
containers d’ordinateurs ou d’automobiles.
En fait, dans cette hypothèse, la
compensation est telle entre ces divers opérateurs, tu peux arriver à
équilibrer, sur des dizaines de millions de dollars ou de francs Suisse, voire
des centaines, qui ne nécessiteront que quelques milliers de dollars de plus ou
de moins.
Il faut imaginer qu’il n’y a pas de
transfert réel d’argent : Ce ne sont que des écritures ou débit égale toujours
crédit. Il s‘échange ainsi tous les jours des milliards de dollar sur toutes
les places monétaires et l’argent n’apparaît jamais en tant que tel. »
Par exemple, avec la Suisse, on en est à quelques centaines de francs/jour
à peine plus quand c’est bien fait.
Ouais, mais les payes sont bien faites en monnaie sonnantes et
trébuchantes locales.
« En chèque ou par virement. Mais tu
ne sais pas que l’argent qui sert à faire les payes, il est venu dans la minute
d’avant d’un transfert éclair, du paiement d’une commande, faite il y a trois
mois, créditée elle-même sur une somme reçue en paiement d’un camion, d’un
pétrolier ou d’un avion, elle-même créditée du détachement d’un coupon, ou de
la levée d’une option quelconque sur un titre lambda sur le marché de Tokyo et
ainsi de suite. Tout cela se passe à la vitesse de la lumière tout autour de la
planète, tout au long de la journée calendaire et tout ce qu’on demande, c’est
que le débit soit toujours égal au crédit. Simple ! »
Et comme les réserves des banquiers crapuleux, sur leurs mouvements dans
les places off-shore sont énormes à force d’avoir accumulé des plus-values,
60.000 milliards de dollars, il suffit d’un ordre.
« Je ne veux pas t’affoler, mais
quand on entre dans une salle de change et que tu demandes aux traders qui sont
les « investisseurs », ceux qui passent les ordres d’achat ou de vente, ceux
qui donnent ou ne donnent pas d’ordre de virement, aucun ne sait. Ils ne voient
jamais qu’un tout petit bout de la lorgnette, d’autant que sur les marchés à
termes, tu es habilité à travailler avec seulement 5 % de cash. Tout le reste,
ce sont des effets de levier, qui font monter un cours, le font redescendre
aussitôt ou un peu après. Parfois plusieurs fois dans la journée ou dans
l’heure. Un écart d’un dixième d’euro, quand il s’agit de dizaines de millions
d’euros, c’est tout de suite 1 millions d’euro de plus-values. »
Mais alors, si c’est possible, pourquoi ne pas le faire ?
« Parce que tes banksters, ils
payent leur monde de corrompus en cash ! Donc ils ont inventé la notion «
d’intermédiaires nécessaires » qui assurent le financement des commissions et
autres rétro-commissions, tellement entre voyous, on ne se fait pas confiance !
»
Et ceux-là ont raison, puisque même un Rackchi est capable de décider de
tout bloquer. Le grain de sable qui fait que tout l’édifice peut s’écrouler.
Et bien sûr, les tribunaux de patauger gravement là-dedans.
« Tu m’en apprends de belle. Je comprends
mieux les histoires de compensation et les manipulations hasardeuses que le
système permet quand on n‘est pas un honnête. »
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