Chapitre deuxième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Au Vatican, on s’inquiète également. Non pas seulement
le Pape François, mais aussi sa Sainteté émérite Benoît XVI.
Une affaire invraisemblable : comment peut-on disparaître
d’un avion en vol sans laisser la moindre trace ? Un avion en vol à haute
altitude, c’est un « bocal » hermétique et pressurisé. Alors, par
quel miracle ?
Quant à une disparition en escale à JFK – et pourquoi
pas un rapt ? – c’est proprement inimaginable.
Il faut savoir que depuis longtemps maintenant, les
aéroports internationaux, notamment étasuniens, sont une expérience de friction
constante des nombreuses frontières internes, réelles et ressenties, qui
séparent la sécurité du danger, le droit d’entrée de l’expulsion, le noir du
blanc et le riche du reste de la société.
D’autant qu’une angoisse bien réelle monte depuis des
années dans cette espace transitoire, à mesure que les compagnies aériennes
deviennent de plus en plus pingres, le niveau de sécurité de plus en plus
strict, et que les frontières dans les sous-sols des aéroports deviennent de
plus en plus fréquentées.
Alors, un « inconnu »…
Les aéroports américains sont devenus un symbole. Il
faut comprendre cette mutation sécuritaire : en 1962, l’aéroport Idlewild
(aujourd’hui JFK) de New-York inaugura le TWA Flight Center d’Eero Saarinen,
icône aérodynamique de béton et de verre reflétant le glamour de l’ère du jet
pour une clientèle essentiellement « jet-seteuse ». Ce bâtiment
incarnait une certaine idée des trajets aériens qui s’attarde, telle une
traînée blanche, dans l’inconscient national.
Or, la vision romantique de l’aéroport se meurt au
moins depuis la crise des détournements des années 1970, au moment où les
aéroports américains se sont mis à installer des détecteurs de métaux.
Progressivement, tous les aspects de l’expérience de vol allaient être
sécurisés.
Il y a plusieurs dizaines d’années, des détecteurs de
métaux ont pour la première fois coupé le grand atrium de la TWA en deux,
marquant la fin de l’aéroport ressenti comme un vrai espace public où les
amoureux se séparaient à la passerelle d’embarquement, où les sans-abris
pouvaient dormir sans être dérangés, et l’émergence de l’ère de la terreur et
de la sécurité.
Toutefois, la façon dont les méthodes de la
Transportation Security Administration (TSA) protègent n’est pas bien claire :
dans une récente enquête de 2015, on découvre que des agents en civil ont
réussi, 67 fois sur 70, à faire passer des armes à travers les filtrages de
sécurité, et le chef de l’agence a été muté. Les contrôles nécessitent de
s’exposer, à la fois aux yeux des agents et à ceux des autres passagers, qui
vous regardent vous dévêtir. Les fermetures éclair des sacs s’ouvrent pour
exposer des sous-vêtements comme sur le fil à linge au fond du jardin, quant à devoir
se déchausser…
Les initiatives pour réformer la sécurité
aéroportuaire sont paralysées par des politiciens et des administrateurs qui
préfèrent casser les pieds de millions de personnes plutôt que de risquer d’être
pincés à faire une erreur. La normalité a remporté une rare victoire sur la
mentalité sécuritaire en 2005, lorsque les ciseaux de poche, les tournevis et
les pinces ont de nouveau été autorisés dans les bagages à main malgré
l’opposition du Congrès. Et l’exception qui confirme la règle : en 2013, la TSA
était sur le point de permettre les canifs et les clubs de golf à bord quand la
mesure a été annulée par les législateurs.
Ces protocoles, comme d’autres habitudes
aéroportuaires, étendent la portée des embarras au-delà du terminal. Aucun
voyageur ne peut régler son réveil ou mettre un tube de dentifrice dans sa
valise sans penser à la TSA. On peut mesurer les années qui se sont écoulées
depuis le 11 septembre 2001 à l’aune des flacons de 100 ml et autres
restrictions de sécurité…
Et pendant que les contrôles de sécurité quotidiens se
déroulent en surface, ne laissant « rien passer », un processus de
filtrage encore plus conséquent a lieu en sous-sol. Depuis des dizaines
d’années, les aéroports internationaux américains sont un point d’entrée de
plus en plus important pour les visiteurs et les immigrés.
En 2005, 81 millions de personnes, 19 % des voyageurs
internationaux, sont entrés aux États-Unis par voie des airs. En 2015, ce
chiffre avait atteint 112 millions, et 29 % des arrivées internationales.
Et ce malgré les laborieux efforts de Washington pour
repousser les fonctions frontalières hors de leurs aéroports, par le biais
d’une série de négociations internationales de partage de données, d’envoi de
capteurs biométriques aux sites de délivrance de visas à l’étranger et
d’exigences de sécurité supplémentaires pour les vols à destination des
États-Unis : « Avec l’instauration
d’une frontière virtuelle », écrit l’experte en sécurité Gallya Lahav, « le vrai douanier est censé devenir le
dernier point de défense plutôt que le premier. »
La crise d’Ébola de 2014 a montré que ça n’avait pas
exactement fonctionné comme prévu. Cet été-là, au Newark Liberty International
Airport, dans le New Jersey, le gouverneur Chris Christie a pris la décision de
détenir Kaci Hickox, une infirmière américaine qui avait soigné des malades
d’Ébola en Sierra Leone, et de la placer en quarantaine de force dans un
hôpital de Newark. Trempe, pas encore élu, avait twitté sur l’épidémie d’Ébola
plus de 50 fois, en appelant à une interdiction d’entrée sur le territoire et
s’était opposé au retour de deux travailleurs humanitaires contaminés.
« Les États-Unis
ne peuvent permettre le retour de personnes atteintes par ÉBOLA » avait
écrit le futur président. « Les gens qui
vont dans des pays lointains pour aider sont super, mais doivent subir les
conséquences. »
La vision de l’aéroport en tant qu’espace austère,
taylorisé, où même l’architecture est calculée mathématiquement (14 m² par
passager d’heure de pointe, en général), a disparu pour révéler une frontière
profondément humaine dans ce qu’elle a de pire. Un rapport de 2005 élaboré par
la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale a déterminé
qu’il existait des variations « extrêmes
» dans la manière dont les demandes d’asile étaient gérées dans différents
aéroports : un historien français spécialiste de la Shoah a été détenu
pendant dix jours à Houston ; un auteur de livres pour enfants australien
de 70 ans a été détenu et interrogé à Los Angeles ; des agents des douanes
ont vérifié les documents d’identité directement sur la passerelle d’un vol
intérieur qui venait d’arriver ; Muhammad Ali Jr., le fils du champion
poids lourd, a été détenu dans un aéroport de Floride et interrogé sur sa
religion, l’islam.
Alors que l’offre de jets et de salons privés ont
détourné à leur profit les luxes d’autrefois, les voyageurs sont de plus en
plus nombreux à traîner eux-mêmes leurs effets dans les aéroports.
Une expérience pour le moins stressante.
Tout le système, depuis l’entrée par les postes de
sécurité jusqu’à la sortie, en passant par les agents des douanes, est un
rappel du peu de contrôle que vous exercez, et il ne s’agit pas seulement de
pouvoir économique, mais de pouvoir sur vos propres mouvements.
Imaginer un « Paul de Bréveuil »
disparaissant dans ces cohues de marées humaines sans laisser la moindre trace
sur les caméras de vidéo-surveillance, sans aucun passage à un poste de
contrôle est proprement impossible.
L’imaginer s’évaporer en plein vol au-dessus de
l’océan Atlantique, qui plus est sans provoquer une catastrophe aérienne est
pourtant tout autant impossible.
Le SIV est donc mobilisé, d’autant plus que l’agent
« Matilda » avait ramené la voiture qui avait conduit Paul de
Bréveuil jusqu’à son lieu d’envol de Roissy-Charles-de-Gaulle depuis son lieu
de d’origine en Normandie.
Il s’agit de se tenir au courant, rien de plus :
l’oiseau reviendra bien un jour ou l’autre en son nid, selon les prières des
prélats. S’il doit revenir…
Le Père José-Gabriel est envoyé aux USA. Une vieille
connaissance – puisqu’il avait assuré avec brio la sécurité de Paul, titulaire
du grade de chevalier de l’Ordre du Christ – à l’occasion d’un attentat sur sa
personne en 2012, fomenté par des agents « dissidents » de la CIA [1].
Pas si dissidents que ça, puisqu’en réalité ils
étaient « sous contrôle » du directeur de l’agence de l’époque,
le général américain héros du Pakistan, un temps potentiel vainqueur de
primaires présidentielles chez les Républicains.
Lui avait été « écarté » et tous les membres
de la cellule suspecte, « effacés » au fil du temps. Ce qui avait
d’ailleurs coûté la vie à l’ambassadeur US à Tripoli : un dommage
collatéral irréparable [2].
Pas seulement : Le FSB s’intéresse à cette
affaire extraordinaire. « Charlotte » est connu du service. Il a été
cornaqué par Irina Dichnikov,
ingénieure chez Soukhoï elle-même agent actif dudit service secret russe. On y sait
son rôle en Chine et on le soupçonne au Kremlin d’avoir joué un rôle inavouable
en Ukraine même au moment des événements de la place Maïdan en Ukraine.
En réalité, Paul avait exfiltrer un commando de SAS
parachuté la veille et dans l’urgence pour éliminer les snipers russes envoyés
eux aussi en catimini et en urgence pour attiser la colère populaire et tenter
une boucherie afin d’empêcher un coup d’État anti-russe…
Une action en appui des forces « spéciales »
de l’armée ukrainienne du président déchu.
Ça n’avait pas eu les effets espérés par le Kremlin,
puisque le président d’alors avait malgré tout fui les allées du pouvoir dans
lesquelles les services russes l’avaient installé.
Un Canadair de la sécurité civile habituellement basé
à Marignane avait été vu survolant Kiev. Et un hydravion se posant « sur
une flaque d’eau », c’est forcément la signature de
« Charlotte », du tout craché !
Mais on n’avait jamais pu le démontrer.
En revanche, le prototype qui est passé en rase-motte
entre deux navires de la flotte du Nord qui faisaient des repérages au large de
Toulon en représailles de l’opération sur Kiev, en limite des eaux
territoriales, pour sûr, à Mach 5, il n’y en a qu’un au monde : le sien.
Le « Nivelle 001 » !
Ça avait quand même secoué les équipages et fracassé
de la vaisselle pas bien arrimée et quelques hublots et durits en machine. Tel
que l’escorteur a dû remorquer le croiseur pour s’éloigner…
« Charlotte » disparu ? Les russes n’y
sont pour rien, mais bon débarras quand même.
Un simple regret : qu’il n’ait pas pu naître
russe. Ça aurait été une recrue fantastique…
Un patriote comme lui, qui « mouille sa
chemise » pour son pays, doublé d’un ingénieur aéronautique innovateur, ça
se respecte infiniment.
Pékin est également averti du remue-ménage du FBI
autour de cette disparition incroyable – si elle se confirme. Le gars avait
fait deux séjours dans l’empire du milieu. Une fois pour visiter les installations
qu’on mettait à sa disposition s’il décidait de venir travailler en Chine
autour de son prototype d’avion suborbital. Un séjour où on lui avait fait les
honneurs de l’académie des élèves-pilotes. Il cherchait alors des moyens…
Malheureusement, les services de contre-espionnages
avaient fait une boulette en lui faisant avaler un puissant laxatif pour
récupérer une puce fournie par eux-mêmes et envisager de le soumettre « à
la question » par la suite : ils soupçonnaient une ingénieure d’origine
américaine avec qui ils l’avaient mis en contact, de renseigner la CIA à propos
des travaux chinois sur la dernière génération de chasseur de la classe J, des
copies de leur F-35.
Ça l’avait un peu échaudé.
Mais il était revenu pour un séjour un peu plus long où
il avait eu l’occasion de mettre au point le « Nivelle 002 », le
fameux avion suborbital.
Une machine dépassant toutes les espérances, certes
incapable de se mettre en orbite – quoique, elle était surtout incapable de se
désorbiter – mais qui assumait sans frémir les hautes températures de rentrée
dans l’atmosphère grâce à un procédé assez ingénieux d’électrothermique
innovant : le « Gel Birgit ».
Qu’il convient toutefois de refaire sur les parties
chaudes du prototype après chaque vol, comme d’un enduit neuf.
La seule contrepartie que Paul avait exigé était de
rencontrer le dirigeant de la Corée du Nord : assez facile à organiser
pour Pékin, mais ça a failli tourner au désastre au cours d’une algarade,
semble-t-il assez violente, puisque le jeune dirigeant du pays de l’allié
chinois avait dû se faire refaire une rotule. Ce qui l’avait immobilisé
plusieurs mois et mobilisé une équipe chirurgicale spécialisée venue en urgence
d’Europe-occidentale.
(1) Cf. « Parcours olympiques » chapitres 57ème
et suivants (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/08/veillee-darmes.html)
publié aux éditions I3
(2) Cf. « Parcours olympiques », chapitre
63ème (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/09/debriefing.html)
publié aux éditions I3
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