Des hélicoptères cloués au sol !
Dans mes nouvelles fonctions monégasques, j’ai un « chauffeur »
un peu particulier : Il est pilote d’hélicoptère.
Si le soir (et le matin) des journées de semaine (et
de labeur) j’use de mes deux pieds pour aller du « petit-deux-pièces-cuisine »,
avec terrasse donnant sur le Port Hercule mis gracieusement à ma disposition
par « mon boss », aux locaux de la boîte où je bosse depuis le mois
de septembre dernier, en revanche, j’use d’un « tas de boue à roulettes »
de location pour aller et venir de l’hôtel qui m’héberge à Vintimille, en
revenant de « mon mouillage » situé à Portoferraio où je passe mes
week-ends.
Il s’agit pour moi de comptabiliser 183 jours par an de
résidence en Italie.
Cette année 2014, c’est foutu, mais en 2015, j’y
arriverai !
Pareil le vendredi, où il s’agit de ne pas louper le
dernier ferry de 20 h 30, sans ça je reste à Piombino à la recherche d’une
piaule correcte…
Je sais, ce n’est pas très pratique, que je fouine à
la recherche d’un anneau italien plus proche du Rocher de sa sérénissime
principauté.
En revanche, quand il s’agit de décoller de Nice ou de
Gênes avec ou sans « mon boss » du moment pour aller au chevet d’un
de nos clients et autres investisseurs partout en Europe, on prend l’hélicoptère
qui assure la navette à la demande (ou presque).
Et la dernière fois, le pilote et néanmoins « chauffeur »,
apprenant que nous devions être à Bruxelles pour déjeuner, il nous a entretenu
de « ses petits-problèmes » à lui.
Qu’ils sont vraiment trop drôles figurez-vous.
Je résume : Tu prends un fonctionnaire européen, assuré
de toucher sa grasse solde largement méritée à la fin du mois, en recyclage des
droits de douane sur ton « i-machin-phone » (qui ne fait toujours pas
la vaisselle), que tu lui donnes le pouvoir de pondre un règlement quelconque, et
il va te coller des amendes pour compléter ses bonus !
Là-dessus, tu prends quelques anglais, qui font du
porte-à-porte avec leurs plates-formes pétrolières en mer du Nord, milieu
parfois très hostile, et il en ressort que 85 % du trafic héliporté jusque-là
restera désormais au sol…
Car, depuis désormais et la fin du mois d’octobre, la
réglementation « IR-OPS de l'Agence européenne de la sécurité aérienne
(AESA) » interdit, pour le transport public, les survols en hélicoptères
monomoteurs de zones habitées « ne
disposant pas d’aires de recueil immédiat ».
Seuls les hélicoptères équipés de deux moteurs «
performants » pouvant assurer « des
opérations en classe de performances 1 » sont autorisés à décoller !
Sont interdits « tout
décollage ou atterrissage d'hélicoptères monomoteurs dans un « environnement
hostile habité ». »
Exclus d’office tous les monomoteurs « anciens »,
c’est-à-dire plus de 85 % des 450 appareils en service en « Gauloisie
héliportée »…
Trop drôle, non ?
Mon « chauffeur » s’en contre-cogne le coquillard
quand il nous conduit à Nice avec son mono-turbine brinquebalant : Monaco
n’est pas concerné, il vole au-dessus de la méditerranée (même qu’il nous casse
les pieds avec ses gilets de sauvetage à chaque fois qu’on monte à bord de son
engin) et l’aéroport de Nice a des couloirs d’approche contrôlés.
Même si pour lui, solidaire de tous les brevetés héliportants,
la bureaucratie européenne, c’est finalement un bien plus grand danger que tous
les fléaux bibliques.
La directive est « économiquement
inacceptable et opérationnellement injustifiée ».
L'utilisation d'un engin avec deux moteurs coûte deux
fois plus cher à l'achat (5 millions d'euros au bas mot) et en exploitation (3.000/3.200
euros).
« La facture
carburant doublerait et le coût de la maintenance serait plus élevé ».
« Nos clients
sont-ils prêts à payer deux fois plus cher un service identique ? ».
« Mon boss » oui, pas de doute : Il
refacture à ses clients…
Eh oui, qui dit deux moteurs dit plus de consommation
de carburant et aussi plus de pollution…
Qu’en est-il de la sacro-sainte sécurité au nom de
laquelle la nouvelle réglementation a été prise à Brussels ?
« En cinquante
ans d’exploitation, il n’y a jamais eu d’accident d’hélicos monomoteurs à
l’héliport de Paris. » Sachant que les hélicoptères d’il y a un demi-siècle
n’avaient pas grand-chose à voir avec ceux d’aujourd’hui.
« Nous
subissons l'impact de la baisse des missions pour le compte de gros chantiers
de BTP et de l'interdiction de l'épandage agricole par hélico ».
C’est sans compter l'impact pour « Airbus
Helicopters » (et ses partenaires) qui voit « deux appareils pourtant best-sellers et à la fiabilité reconnue
mondialement, condamnés en Europe ».
« Cette
réglementation condamne une profession qui réalise 280 millions d’euros de
chiffre d’affaires par an et emploie quelque 1.800 personnes. »
La soudaine méfiance envers les hélicoptères
monomoteurs est d’autant plus absurde qu’à l’inverse d’un avion, un hélicoptère
peut atterrir en douceur en cas de panne-moteur en usant de l’autorotation : Utiliser
la descente de l’engin pour redonner de la vitesse au rotor et ensuite
effectuer un posé en douceur, c’est d’autant plus simple qu’un hélicoptère n’a
pas besoin d’une piste d’atterrissage. Cette manœuvre fait d’ailleurs partie de la formation
standard des pilotes.
Si agir ainsi est évidemment stressant en cas de panne
moteur cela n’a rien à voir avec les conséquences que subit un avion dans la
même situation…
Le véritable danger en hélicoptère vient d’un contact
du rotor avec un obstacle (câble à haute tension ou arbre) ou d’un problème
mécanique au rotor de queue qui rendrait l’appareil ingouvernable.
Et dans ces circonstances, deux turbines ne
changeraient rien.
Notons que les avions monomoteurs, eux, pourront
continuer à faire du transport public de passagers au-dessus des zones
habitées.
La nouvelle réglementation IR-OPS ne les concerne pas.
Pourtant, tomber brutalement n’importe où quand ils sont
victimes d’une panne, c’est bien ce qui est visé par le règlement.
Tant pis pour les « terriens-riverains » qui
gisent déjà en-dessous…
Que je m’en amuse : Un hélicoptère, ce n’est ni
plus ni moins qu’un avion, mais à … « voilure-tournante ».
Je ne vois donc pas où est le problème : « Il suffit de rebaptiser l’engin, non ? »
Pas si simple, m’a-t-on affirmé en marge de « mon
patron » rendu hilare par ma proposition…
Quid, en Suisse et ses vallées profondes et enneigées ?
Elle est concernée elle aussi, puisque liée à l’Europe
en matière de sécurité aérienne.
Pour l’instant elle a carrément refusé d’appliquer la
directive.
Il sera toujours très intéressant de compter les
morts, bien réels, dus à une pénurie d’hélicoptères de secours à l’occasion
d’une saison d’hiver, tiens !
À l’héliport de Paris, on fulmine : « Ce règlement concerne 75 % des 12.000 vols
commerciaux annuels de l'héliport de Paris basé à Issy-les-Moulineaux. »
Remarque débile : L’héliport d’Issy se situe à Paris XVème, même que la rue qui sépare les deux communes s’appelle « Frères Voisin » d’un côté de la rangée d’arbres, et Colonel Pierre-Avia de l’autre côté…
Remarque débile : L’héliport d’Issy se situe à Paris XVème, même que la rue qui sépare les deux communes s’appelle « Frères Voisin » d’un côté de la rangée d’arbres, et Colonel Pierre-Avia de l’autre côté…
« Il s'agit
d'une flotte de 20 hélicoptères. Ces monomoteurs survolent une zone où se
trouvent notamment l'Aquaboulevard, le futur QG du ministère de la Défense à
Balard et le siège de Bouygues Telecom… soit des milliers de personnes ».
Microsoft y a aussi déménagé à proximité…
Partout en Europe c'est un tollé, sauf en Belgique,
seul membre des 17 pays de l'Union européenne, à appliquer le nouveau règlement :
Eux, ils resteront au sol, y compris les amiraux de l’OTAN.
C’est qu’interdire aussi les vols d’avion monomoteur
comme le F 16, ça obligerait l’armée de l’air locale à acheter des F 18… ou
à recycler des « Tomcat » F 14.
Même la Grande-Bretagne, pourtant à l'origine de la
disposition, se mobilise : « Les
exploitants, épaulés par la CAA, la DGAC britannique, se mobilisent contre
cette disposition, car ils veulent continuer à voler avec des hélicos à un seul
moteur pour desservir les aéroports de Londres. »
L'objectif des exploitants européens semble vouloir obtenir
un nouveau délai afin d'assouplir la réglementation et de mieux définir ce
qu'est un « un environnement hostile
habité ».
« On ne peut pas
mettre sur le même plan les missions en mer du Nord et la navette entre
l'aéroport du Bourget et l'héliport de Paris ».
C’est sûr que les « habitations » en mer du Nord
ne sont pas plantées de façon aussi dense que dans l’agglomération de Londres…
En attendant, il paraît que d’autres fonctionnaires, ceux de la DGCA, constatent
les infractions, dressent des PV et font mine de laisser des délais aux
entreprises pour se mettre aux normes.
Pensez bien que « François III » ne leur
fera aucune remise ultérieure, lui qui court en tous sens pour trouver du
pognon à étancher les délires budgétaires de ses ministres…
Le poids de l’État : À quoi sert-il au juste,
sinon à pondre des « interdits », même absurdes ?
Ah oui : À te piquer ton pognon et du coup flatter les fats, bien sûr !
Suis-je décidément trop kon…
Incroyable !...
RépondreSupprimerIl va falloir aussi interdire tous les avions monomoteurs au-dessus du territoire ?...
Comment détruire l’industrie aéronautique..
Une raison de plus pour créer des Régions européennes dotées d’un Parlement qui pourra légiférer
et rejeter les décisions nationales et européennes en cas d’abus de pouvoir manifeste.
... Voilà qui ne cadre pas avec la théorie de la hiérarchie des textes juridiques !
SupprimerPassons.
Disons qu'à la réflexion, ce pourrait être une bonne idée que les monomoteurs puissent voler en Normandie et en "Corsica-Bella-Tchi-tchi", mais pas en PACA, en Île de France, en Rhône-Alpes...
Ils font comment dans ce cas là ?
Ils passent par la mer jusqu'en Espagne ?
Ou au-delà de la péninsule ibérique ?
Je la vois mal, celle-là...
Bonne journée !
I-Cube