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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

vendredi 18 juillet 2014

Chapitre VI

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
Denis Lespoix
 
Ce bonhomme-là, outre l’humour involontaire de sa mère quand il a s’agit de le prénommer, c’est un cas, une sorte de mutant, si on peut dire.
Un type qui a tout loupé dans sa vie, sauf, sauf… sa vocation !
Il est « moche », du style des petits-gros, chauve-sur-le-dessus et myope, la voix éraillée et la démarche mal assurée.
Quand il rit, ce qui lui arrive rarement, c’est pour découvrir ses dents jaunies au tabac de mauvaise qualité : alors il évite.
D’autant que rien ne l’amuse vraiment dans la vie, jusqu’au jour où…
Il faut dire aussi que son cartable, d’une taille normale, traîne presque par terre tellement ses jambes n’ont pas fini de grandir, bien qu’il ait de grands pieds malhabiles qui trébuchent à la première occasion.
Il s’habille « trop étroit », la boutonnière faisant des plis, le bouton prêt à vous sauter au visage de son vis-à-vis, ce qui en rajoute à son côté « replet », avec des vêtements tâchés sous les aisselles, des pantalons laissant apparaître des traces d’incontinence ou de précipitations à sortir sa zigounette, sans doute trop petite pour la trouver rapidement. Et une cravate, toujours la même, elle-même maculée de gras et autres restes de repas, le nœud noir de crasse de transpiration à force de le faire tous les jours au même endroit.
Le peu de cheveu que lui laisse sa calvitie, sont mi longs, sans doute brun s’il les lavait au moins une fois par semaine, ce qui n’est pas sûr.
Et pire que tout, pour couvrir ses odeurs de crasse et de sueur, il s’asperge d’une eau-de-Cologne bon marché, qui est entêtante dès la première respiration…
Un calvaire pour ses collègues de bureau qui apprécient plus que tout leurs déplacements « hors les murs », ou les siens.
 
Tout le monde ne peut pas être élégant et savoir prendre soin de soi et de son apparence. Mais lui, s’il n’avait raté que ça, ça irait encore.
Alors que c’est l’ensemble de sa vie qu’il a loupé ; jusqu’au jour où…
Fils unique, de père inconnu et de mère alcoolique, Marguerite Lespoix, aussi laide qu’une fleur est belle, alternant les cures de désintoxication et les delirium-tremens avec la régularité d’un métronome, il a été élevé en Picardie par sa grand-mère, Germaine épouse Lespoix, elle-même veuve et ouvrière agricole.
Son parcours scolaire est ponctué d’échecs (trois fois recalé au bac avant d’y renoncer) et pour s’éviter le travail dans les champs de betteraves-sucrières, il est monté « à la ville » comme stagiaire dans plusieurs entreprises d’Arras.
Jusqu’à ce qu’il se retrouve à classer des dossiers dans les sous-sols de l’hôtel des finances de la ville durant tout un été.
Tellement insignifiant, que les fonctionnaires des impôts l’ont véritablement oublié durant tout le mois de septembre, jusqu’à ce qu’il se pointe la gueule enfarinée dire son étonnement de ne pas avoir été payé de son mois de labeur souterrain, début octobre !
Qu’il a bien fallu le recaser dans le service…
 
C’est ainsi qu’il est devenu « contractuel » et a appris son métier de contrôleur des impôts sur le tas.
Au fil des années, il est devenu le champion local des procédures de redressement, se rendant indispensable auprès de ses collègues en matière de délai, de rappel, de suivi des dossiers de toute la brigade où il a été affecté, malgré ses odeurs.
Il tente à plusieurs reprises le concours, encouragé par ses collègues vérificateurs ou agents qui y verraient bien la fin de leur supplice et calvaire olfactif, concours qu’il rate tout aussi régulièrement.
Jusqu’à ce que le destin lui ouvre une porte, une seule.
Cet été-là, une stagiaire toute particulière passe ses vacances dans le service : la fille du sous-directeur, service de la fiscalité des entreprises. Le bureau en face du sien dans le couloir.
Une « chose » flasque et molle, tout aussi insipide, à l’odeur pareillement entêtante et repoussante qu’il avait su l’être, et qui tombe enceinte de ses œuvres avant la reprise des cours à la faculté de droit d’Amiens.
À peine fiancé, il se retrouve muté au grade de contrôleur par le tour extérieur : il n’était pas question que « beau-papa » laisse « sa petite » sans le sou, à condition que le jeune-papa « régularise ».
Et il ne s’est pas fait prier…
 
À la brigade, on le surnommait « brasse-bouillon », tellement il donnait l’impression de désordre à brasser plusieurs dossiers de contribuables en même temps : des dizaines.
Il n’empêche, il avait des résultats… Notamment parce qu’il avait compris qu’un contrôle fiscal, c’est finalement assez facile à faire, même pour lui.
Et puis, on le faisait tourner sur toutes les spécialités de la fiscalité, y compris à la fiscalité immobilière des marchands de biens. Ces contrôles sur pièces rendaient toujours des résultats, quel que soit le secteur d’activité contrôlé, à tel point qu’il est monté à la capitale quand son épouse a dû suivre un cursus dans une banque du quai de la gare.
Lui, il est allé se planquer dans une direction territoriale de la rive droite de la Seine, avec le grade de contrôleur principal et tout un quartier où s’y faire les dents…
C’est là qu’est née sa véritable vocation : « Faire pleurer le contribuable ! »
Et du même coup, il a enfin trouvé son « utilité sociale »…
 
Un vrai « petit-flic », très à l’aise dans les fichiers informatiques de la maison pour aller y dénicher les vies parallèles des citoyens des beaux-quartiers, « reniflant » des liaisons extra-conjugales rien qu’aux notes de débit des banques, examinant et notant les jours et les heures des tickets de carte-bleue, la nature des dépenses, les débits, les crédits.
Devenu capable de dégotter des abus de toutes sortes rien qu’en lisant un relevé de compte bancaire.
Quasiment infaillible.
 
Une tactique qu’il avait pris l’habitude de résumer assez simplement : « Tout passe par la caisse ! » Il lui suffisait de rapprocher « toutes les caisses », de faire des balances d’encaissement/décaissement et de mettre en concordance avec les déclarations idoines.
Pas très compliqué, effectivement.
Même si pour être complet, dans une comptabilité d’engagement, il fallait aussi rapprocher les comptes, avec les mouvements « de caisse » (et de banque) après avoir réuni, les devis éventuels, les bons de commande, les bons de livraison quand il y en a et les factures.
Facile de repérer les anomalies dans ces conditions-là et de poser les bonnes questions, celles qui mettent en émoi… Parce qu’évidemment, trois ans plus tard, plus personne ne sait pourquoi il y a eu un subit accroissement de consommation d’eau, d’électricité ou de n’importe quoi d’autres … que lui n’expliquera que par une activité au « black » après avoir rejeté sur quelques détails ou erreurs (il y en a toujours) l’ensemble de la comptabilité présentée, permettant une procédure de taxation d’office…
Autrement dit d’évaluer les recettes imposables « au doigt mouillé » comme l’autorise la loi et la procédure de contrôle : au contribuable de se justifier…
Sinon, le redressement porte imparablement sur les différences d’avec les déclarations.
Facile, assume-t-il en toutes circonstances !
 
Mais son meilleur moment, c’est quand il convoque, en cas de contrôle sur pièce, le fraudeur dans les locaux de la direction et de poser la question qui tue : « Qui est-ce donc cette entreprise d’acupuncture ? »
Pourquoi elle a été payée sur le compte de l’entreprise ?
« Qu’est-ce que cet encaissement de 198,26 euros sur votre compte ? »
S’il savait d’où venait cet argent pour être capable de remonter les compensations en usant de son droit d’information et des fichiers du ministère, on ne la lui faisait pas à lui, notamment de l’étranger ou d’une région différente des affaires habituelles du contribuable. Forcément, c’est une « fraude ».
Alors, il « coinçait » le bonhomme. Ce fric venait de la vente à un particulier, éventuellement via e-Bay ou un autre, d’un bijou, d’un manteau, d’un bibelot, d’un meuble qui n’a pas pu être acheté en France puisque le gars n’a plus la facture. C’est donc qu’il y a une garçonnière au Luxembourg, en Suisse ou ailleurs, et une double-vie.
De quoi déclencher un EFSP dont il savait que les redressements seraient déjà acceptés sans aucune autre contrainte, et de « faire pleurer » le gusse qui sortirait ruiné de l’opération pour sauver son couple encore quelques semaines.
Sur pièce, il fallait le faire et tous ses collègues pouvaient s’en étonner !
Alors sur place, il excellait encore plus…
 
La « chose flasque et molle » qui lui servait d’épouse a fini par rentrer à Amiens, à proximité de papa-maman, avec le gamin sous le bras et un poste de sous-directrice d’agence bancaire locale.
Denis ne pouvait pas suivre : il était au paradis à Paris, sans « beau-papa » sur le dos.
D’abord, il remontait le week-end, puis une semaine sur deux.
Puis seulement quelques jours pendant les vacances scolaires pour voir grandir son fils sans lui, ce moment d’égarement : ce qu’il aimait avant tout, c’était de persister à « faire pleurer » le contribuable local, ses entreprises en province ou en banlieue.
Et de « faire du chiffre ».
Promus inspecteur par le « tour interne » pour le faire revenir à Amiens, il a très vite vu sa carrière s’arrêter quand il a quémandé un poste en région Paca, sur les conseils de ses collègues parigots qui en avaient ras-le-bol de l’avoir dans leurs pattes, en vue d’être nommé inspecteur principal.
« Beau-Papa » s’est opposé à ce départ alors que la « chose flasque et molle » venait de prendre amant, faisant sombrer son mariage, et était devenue directrice à Brest.
Il demeurera « inspecteur-central » tout le reste de sa vie.
D’abord à Bordeaux, puis à Toulouse et enfin dans une direction nationale, chez « les sabreurs ».
 
Cette année-là, quand il rentre de vacances en Asie, il a pratiquement bouclé son quota de l’année. Il a tout juste six rendez-vous de proposition de rectifications, dont une d’office, à signer alors que les avis finement motivés sont déjà tapés.
Il aurait pu passer son dernier trimestre à glaner quelques informations sur les clients et fournisseurs qu’il avait croisé chez les entreprises contrôlées, histoire de proposer à son IP ses propres prochains dossiers, et finir l’année en mode « café-concert » les après-midi. Quand ce n’était pas au « Pont des artistes », un rendez-vous d’amateurs de musique offert gratuitement par Radio-France aux premiers qui s’y pressent.
Sauf que le ministère, le bâtiment d’en face de la placette, de l’autre côté du métro aérien qui les sépare, à proximité du POPB, lui envoie plusieurs dossiers à traiter en urgence : La MAPEA, dans l’Ardèche, CAP-Investigations à Paris, une fondation archéologique dans le Var, avec un mandataire social commun, Paul de Bréveuil.
Et sur ce dernier, la copie classée de façon inexpliquée d’un avis de TRACFIN portant sur des mouvements de fonds plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Des dizaines de milliards, qu’il s’en frotte les yeux pour réaliser…
Un bon pigeon tout rôti dans l’escarcelle ?
Par quelle divine faveur ?
Il ne cherche même pas à savoir : il fonce et constitue son dossier préalable durant tout le mois de septembre, entre deux finalisations de dossier en cours.
 
Paul de Bréveuil ? Une belle canaille, oui !
Le dossier TRACFIN fait bien mention d’un total de quelques 35 milliards d’euros transitant par un FDD constitué à la va-vite dont il est l’éphémère gérant, et qu’il dissout aussitôt, en moins d’un trimestre, sans même un compte bancaire resté ouvert à identifier.
D’où vient cet argent et qu’en a-t-il fait ?
Le redressement du siècle qui chauffe ! 35 milliards, vous rendez-vous compte !
Il peut faire rentrer au moins 21 milliards d’impôt fraudé, sans même compter les pénalités d’assiette et celles de retard… Un record absolu dans la maison pour une seule « touche ».
La MAPEA ? Une usine dans l’Ardèche, un siège à Paris, un logement de fonction dans la capitale. Sous-sous-filiale d’EADS via le motoriste Safran.
Une bonne raison d’aller « faire pleurer » ces matamores du CAC 40.
CAP-Investigations ? Liquidée, sans doute frauduleusement, après avoir encaissé 3,5 millions d’euros. Vraisemblablement la rapine d’un détournement…
Évidemment au profit du même bonhomme ne doute-t-il aucunement, d’autant mieux quand il sort les extraits de ses comptes bancaires personnels : là, il est une cible parfaite pour un ESFP saignant.
Celui-là n’a pas fini de pleurer !
Mais en creusant au-delà, il retrouve Paul de Bréveuil dans les fichiers de police et un certain « Newvox ».
Le dossier fait mention d’anciennes plus-values sur un hôtel particulier sis en la capitale où il fait un détour un soir pour se rendre compte qu’il s’agit d’un hôtel-appartement de long-séjour.
Une activité réglementée : le dossier des autorisations est-il complet ?
Il ne trouve pas le permis de construire…
L’hôtellerie ? Il y a des traces de virements de sommes importantes en Yougoslavie qui vont sur une SCI locale, ou ce qui en tient lieu…
Et puis, l’achat d’un voilier, un autre signe extérieur de richesse ostentatoire, ces mouvements de devises plus récentes avec l’Écosse, qui paraissent des plus suspects.
Pourtant, les déclarations du citoyen semblent correctes et régulières, en tout cas cohérentes.
Puis plus récemment, trois autres SCI à Paris Vème, au Kremlin-Bicêtre et dans le Cher…
Qui achètent des biens, et avec quel argent donc ?
Il sait aussi d’expérience qu’il y a toujours à gratter sur les FDG (frais divers de gestion selon l’ancienne définition comptable), sur les achats, sur les transports, les « missions », les locations d’hôtel, de voiture, les déplacements en train, les frais téléphoniques.
Denis jubile après plusieurs jours de recherche quand il découvre un hydravion, autre signe ostentatoire de richesse, l’outil indispensable pour réaliser des fouilles pour la fondation de Fox-Amphou, dans le haut-Var, dont son contribuable est Président intérimaire, des frais de bouche à Saint-Florent et à Calvi en Corse.
La, les garçonnières cachées du quidam ?
Et encore la trace de ses déplacements aux USA, au Canada, via les billets d’avion et jusqu’à Hong-Kong et Tokyo.
Un beau dossier qui « va faire pleurer ».
 
Fin septembre, il envoie donc un avis de vérification au siège parisien de la MAPEA et à celui de CAP-Investigation : IS, TVA, Taxes locales et enregistrement…
Le tout en lettres recommandées avec AR. Il déclenchera l’ESFP plus tard, quand il aura recoupé tous les éléments de ses vérifications sur place.
Et il se pointe 8 jours plus tard au siège de la première. Pour trouver porte close.
La concierge finit par laisser tomber que « le monsieur, il est plus là » et que la société a déménagé.
Dossier, pas à jour ? Il n’a même pas reçu l’avis de réception, ni même le retour de ses envois : on est dans le timing habituel de La Poste.
Il ira à l’usine en Ardèche : une sous-sous-filiale d’EADS ne se déménage pas comme ça !
Dans la matinée, de dépit, il se rend dans le quartier des Halles, siège de CAP-Investigation.
Il lui est beaucoup plus difficile de comprendre que si elle a été liquidée, c’est qu’elle n’est plus là et que les locaux ont été reloués dans l’intervalle à d’autres entreprises.
Ce qui le met de mauvaise humeur.
C’est tout juste s’il parvient à se retenir de débarquer à Aubenas par le train du soir : pas question qu’on lui reproche un défaut de procédure à avoir averti de sa venue à une mauvaise adresse. Un coup à casser la procédure.
Et puis il se ferait charrier par ses collègues alors qu’il tient le record du monde du redressement fiscal au bout de ses peines !
 
Alors, ce jour-là, il retourne signer de rage les avis de redressement en souffrance et recommence sa procédure sur ses fonds propres, sans que personne ne le sache en recherchant les bonnes adresses.
Il y a plusieurs de Bréveuil, avec cette particule des prétentieux. Il lui faut trouver la bonne adresse, à défaut de pouvoir utiliser celles établies par le service : le gars à la bougeotte dans ses domiciles, ce qui est plutôt un signe encourageant pour retrouver des turpitudes fiscales…
Et c’est ainsi qu’il débarque en deuxième semaine du mois d’octobre devant la porte de l’usine d’Aubenas.


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