Avec la République,
Avec l’avenir,
Avec votre « devoir » de citoyen !
Allez donc voter…
Ce n’est pas qu’un droit chèrement acquis par vos
propres ancêtres, certes à travers l’Histoire du peuple « Gauloisien-de-Gauloisie »,
ses révolutions, ses retournements de situation politique, avec ses trains de
sueurs, de peurs et d’espoirs, de trahisons et de flots de sang versé, mais
aussi de l’Histoire d’un peuple qui s’est battu tout au long de son existence
pour exister par lui-même et imposer cette évidence à tous ses voisins, proches
ou lointains.
Bref, une journée à ne pas perdre en billevesées, une
journée de rendez-vous historique, comme on ne nous en propose, à travers un
réel consensus de stabilité de nos institutions, au moins dans leur
fonctionnement, que tous les 5 ans…
Alors hein ne faites pas l’âne !
« L’âne de Buridan », un clin d’œil à l’excellent
« Time To Philo », l’actualité vue par
les philosophes, en moins de 200 mots, une newsletter hebdomadaire dans
laquelle Gaspard Koenig passe un fait d’actualité au crible de la pensée
philosophique.
Time To Philo c’est court, c’est compréhensible par
tout le monde et c’est gratuit.
Et le dernier numéro commençait ainsi : « Jamais le nombre d’indécis n’aura été aussi
important à la veille d’une élection présidentielle (40% selon un récent
sondage Ipsos !). Nombre d’électeurs se retrouvent ainsi dans la position de
l’âne de Buridan : Selon ce fameux paradoxe scolastique (attribué de manière
apocryphe au théologien médiéval Jean Buridan), un âne ayant autant faim que
soif, et placé à égale distance d’une botte de foin et d’un sceau d’eau, se
laissera mourir d’inanition, faute de pouvoir choisir… À cet aimable paradoxe,
les trois plus grands métaphysiciens de l’âge classique ont tenté d’apporter
une réponse. Espérons que leurs analyses aident nos indécis à mettre un
bulletin dans l’urne. »
J’avoue ne déjà pas admettre que l’âne puisse rester
indéfiniment indécis : C’est bien une hypothèse à la kon !
À un moment ou à un autre, il aura bien pipi, plus
faim que soif ou inversement, à moins que son nerf honteux se pique d’une ânesse
qui viendrait lui brouter son foin ou vider son sceau de flotte.
Peut-être même qu’un insecte lui fera lever la patte
plus haute qu’une autre et, profitant du moment, il enchaînera une avancée vers
l’un ou l’autre de ses objectifs.
Notez déjà que vous n’êtes de toute façon pas dans son
cas : Vous n’avez pas deux choix à faire, mais 12 !
13 en fait…
Le premier, y aller ou ne pas y aller. C’est déjà un
choix en soi, dans la mesure où si vous vous abstenez, vous abdiquerez votre
libre-arbitre en le délégant à d’autres. Acceptant par avance à vous conformer
à leur choix.
Notez que si vous allez voter, vous acceptez de vous
conformer à la règle d’une élection uninominale à deux tours et donc par avance
au choix des urnes.
Comme globalement, vous serez de toute façon 80 % des
participants à ce scrutin à maudire le résultat, le choix de l’abstention ne
rajoute ni n’ôte rien.
Personnellement, je vous en conjure, allez donc voter,
faite entendre votre voix en l’exprimant dans un bulletin, peu importe lequel,
ça évitera de vous faire voler à l’arrivée.
En effet, vous avez noté que contrairement aux
précédents scrutins, pratiquement tous les scrutins précédents, aucune pub n’a
été faite pour vous inciter à exercer vos droits de citoyens…
Étonnant, n’est-ce pas ?
D’autant que chacun sait que l’abstention favorise
manifestement « le poids » des « non-indécis », leur
donnant plus d’importance qu’ils n’ont, et donc les « convaincus » qu’on
retrouve d’abord chez les militants.
Et plus on va vers un extrême, plus ils sont denses,
par conséquent, l’abstention favorise l’extrémisme.
Logique.
Ensuite, si vous avez décidé d’y aller, vous avez un
choix à 11 branches à faire, à travers 11 candidats qui se présentent à vos
suffrages.
Y’en a qui prêchent pour le vote utile.
Bé oui, au premier tour, on vote « POUR » …
être utile !
Logique aussi.
Mais dans leur discours, il s’agit de déjà voter « CONTRE »
et donc pour celui qui pourra « faire barrage » au candidat que vous
ne voulez surtout pas voir élu.
Les kons, z’ont pas pigé qu’ils sont nombreux à
rassembler les « CONTRE », et vous ne disposez que d’un seul bulletin
pour les mettre tous d’accord.
Ce qui revient directement à voter « POUR »,
on n’y coupe pas.
Mais le simple fait d’aller voter, c’est déjà de voter
« CONTRE » l’extrémisme, quel qu’il soit à vos yeux.
En bref, le philosophe se goure…
Mais il explique : « Dans un célèbre scolie de son Ethique (deuxième partie, proposition
49), Spinoza tente de démontrer que la volonté et l’intellect sont une seule et
même chose. Autrement dit, il n’existe pas de volonté indépendante qui
flotterait au-dessus de nos passions ou de nos idées : celles-ci impliquent
leur propre affirmation. Conséquence : un homme placé dans la situation de
Buridan, tiraillé par des sentiments égaux, mourra bien de soif et de faim.
L’électeur, ou l’électrice puisque Spinoza a la délicatesse de féminiser
l’ânesse (asina dans le texte latin), finira par voter blanc. »
Là encore, une konnerie en barre de « philosiphailleux »
: La 13ème branche du choix permet de voter nul.
Ce qui n’est ni blanc (ni noir), ni l’abstention.
Voter nul, c’est voter, c’est participer, mais c’est
protester contre la piètre valeur de tous les candidats présentés et voter
contre tous ceux-là.
C’est dire « m… » (étron) à la racaille
politicarde, à tous ces mafieux qui se servent « du système » que
parfois ils abominent jusque dans leur propos et leur intentions présumées de
conduire les affaires du pays, et c’est bien senti !
Car le vote nul est comptabilisé.
L’abstention ou le blanc, non !
Et pour un premier tour, c’est aussi une façon de « faire
barrage » à tous et toutes.
Au second tour, pas du tout, reconnais-je…
Mais on n’en est pas encore là.
TTP poursuit : « Il faut au contraire avoir toute la foi de Descartes dans le
libre-arbitre pour postuler ce qu’il appelle, dans une lettre au Père Mesland,
la « liberté d’indifférence » : une
capacité à se déterminer « dans les actions où la volonté n’est portée par
aucune raison évidente vers un parti plutôt que vers un autre ». La grandeur de l’homme, que l’exercice de la
raison distingue de l’animalité, c’est paradoxalement de pouvoir choisir sans
raison, et de triompher ainsi de l’apathie. Si l’âne meurt de faim, l’homme se
sauve. Poutou ou Cheminade ? La dignité de notre espèce vous impose, dans le
secret de l’isoloir, de faire un geste décisif, pure expression du
libre-arbitre. »
J’aime bien Descartes, finalement…
Mais ce n’est pas tout : « La solution la plus élégante revient
toutefois à Leibniz. Penseur de la différence et de la singularité, inventeur
du calcul infinitésimal, Leibniz conteste la possibilité même de l’âne de
Buridan. S’il n’y a pas deux feuilles ni deux gouttes d’eau pareilles dans tout
l’univers, a fortiori ne peut-on
imaginer dans l’ordre de la nature que les distances soient parfaitement
égales, et les appétits de l’âne parfaitement équivalents. C’est une fiction de
métaphysicien, démentie théoriquement par l’analyse mathématique de
l’infiniment petit, et empiriquement par les sciences naturelles. « Il y
aura donc toujours bien des choses dans l’âne et hors de l’âne, quoiqu’elles ne
nous paraissent pas, qui le détermineront à aller d’un côté plutôt que de l’autre.
»
Finalement, c’est un peu ce que j’en disais en
introduction…
Pas besoin de faire du calcul infinitésimal, ou alors
c’est aussi admettre la réalité de « l’effet papillon » (le battement
d’aile d’un papillon sous les alizés qui provoque – ou non – des tornades à l’autre
bout de la planète).
Moi, j’aime bien la théorie d’une façon générale, et
même celle-là en particulier, sauf que dans la pratique, il suffit de regarder
un mouvement
Brownien à l’œuvre pour se rendre compte que c’est du « n’importe
quoi » : Si en théorie, la pratique doit se conformer à la théorie,
dans la pratique, c’est rarement le cas !
Et de finir par expliquer que : « Ce passage de la Théodicée (II, §49)
s’inscrit logiquement dans une philosophie qui s’efforce de réconcilier l’idée
d’un déterminisme divin avec celle d’un choix individuel. L’expression de mes
préférences personnelles ne fait que refléter des causes qui m’échappent,
intégrées à l’infinie complexité du calcul de Dieu. Laissez-vous guider, le
jour du vote, par vos inclinations naturelles, reflet du meilleur des mondes
possibles… »
Personnellement, je reste persuadé que Dieu n’y est
pour rien, sauf à estimer qui est à l’origine du tout : Ce sont d’infinis
contraires, créateurs de situationnismes-appliqués, qui décident de ce que vous
avez à faire.
Vous vous y conformer ou non, point-barre !
Mais on se rejoint finalement sur la conclusion :
« Alors, chers indécis, ne faites
pas les ânes, au risque de ressembler, comme le dit Spinoza dans la suite du
scolie, aux enfants, aux sots et aux déments. La démocratie, aussi décevante
qu’elle soit parfois, mérite mieux que des braiments protestataires. »
En bref, en long comme en large, allez donc voter.
On verra bien ensuite.
Bon dimanche et bon vote à toutes et à tous !
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