Chapitre trentième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
En revanche, ce que tout le monde peut savoir, c’est qu’après avoir
encaissé le premier choc pétrolier et plus facilement le second, et avant la
crise financière de 2008, l’Islande était au premier rang des pays les plus
développés au monde selon l’indice de développement humain (IDH) de 2007 et
2008.
Son économie est fondée sur un système d’économie mixte où les services,
la finance, la pêche et les industries sont les principaux secteurs. Un pays
membre à part entière de l’ONU, du Conseil de l’Europe, de l’OTAN, de l’AELE,
de l’OCDE et de l’EEE : une simple carte d’identité permet aux européens
d’y poser leurs sandales.
Les Islandais avaient déposé leur candidature à l’entrée dans l’Union
européenne le 17 juillet 2009, mais celle-ci, gelée à partir du 13 juin 2013, et
a été officiellement retirée le 12 mars 2015, bien que ce retrait soit contesté
par une minorité d’Islandais, la majorité refuse l’application des quotas de
pêche imposés par l’UE : chacun se souvient encore des accrochages entre
marins-pêcheurs islandais et la « home-fleet » anglaise à l’occasion
de la « guerre de la morue ».
Mais la vraie raison est ailleurs : Dans les années 2003-2007, à la
suite de la privatisation du secteur bancaire sous le gouvernement de Davíð
Oddsson, l’Islande s’est déplacée vers une économie basée sur les services
financiers et la banque d’investissement.
Elle est rapidement devenue l’un des pays les plus prospères dans le
monde, mais a été durement touchée par la crise financière majeure de 2008. Cette
crise a d’ailleurs donné lieu à la plus grande migration de l’Islande depuis
1887, avec une émigration nette de 5.000 personnes en 2009.
Cette crise financière de 2008 en Islande affecte le système économique et
bancaire depuis octobre 2008, dans le contexte de la crise économique mondiale.
Pour prévenir l’effondrement du système bancaire islandais, les trois
principales banques du pays (Glitnir, Landsbanki et Kaupþing) sont
nationalisées.
Toutefois, l’endettement du pays est très élevé et le remboursement de la
dette 2009 (3,8 milliards de dollars, soit 12.000 € par habitant), aura créé
une grave crise politique et sociale. Et la perfusion du FMI semblait alors
insuffisante pour résoudre cette crise.
La fronde populaire pour ne pas rembourser la dette prend dès lors de l’ampleur.
L’embarras politique est total. Les créanciers (Royaume-Uni et Pays-Bas)
exigent le remboursement.
Le dernier accord prévoit que l’Islande puisse étaler ses remboursements
de 3,9 milliards d’euros entre juillet 2016 et au maximum 2046, à un taux d’intérêt
de 3 % pour le 1,3 milliard d’euros dû à la Haye et de 3,3 % pour le reste, dû
à Londres : le président islandais y aura mis son veto.
L’Islande dépose alors en juillet 2009 une demande de candidature à l’Union
européenne, selon certains, dans l’espoir de stabiliser son économie et d’adhérer
à la zone euro. Pourtant, en 2010, d’autres, dont le prix Nobel d’économie Paul
Krugman, avancent qu’au contraire, c’est grâce au contrôle de sa monnaie, ce
qui aurait été impossible avec l’euro, que l’Islande a pu rapidement sortir de
la crise, notamment via une dévaluation (compétitive) qui a relancé ses
exportations.
Le 24 février 2010, la commission européenne a recommandé l’ouverture de
négociations concernant l’entrée de l’Islande dans l’Union européenne (le pays
figure sur tous les billets de l’euro…). Bruxelles a d’ailleurs estimé que l’Islande
était déjà à un stade suffisamment avancé de préparation, dans les domaines
politique, économique et législatif. Reykjavik applique, en effet, déjà à cette
époque-là près des trois-quarts des lois européennes nécessaires pour une
adhésion à l’UE, ce qui va accélérer le processus.
Mais après la crise de 2008, l’Islande a aussi reconnu que, parce qu’elle
avait besoin de sa propre devise monétaire, son économie étant alors très
volatile, l’adhésion à l’euro-zone n’était pas la meilleure idée du siècle.
Voilà pourquoi ses dirigeants ont adressé une demande à Ottawa afin de
savoir s’il était envisageable pour l’Islande d’utiliser la monnaie du Canada,
le dollar canadien, car le Canada est le pays ayant le mieux résisté à la crise
économique, donc celui ayant l’économie la plus stable…
En janvier 2016, les sources officielles annoncent que le taux de chômage
est retombé à un chiffre (1,9 %) proche de ce qu’il était avant la crise de
2008 (1,3 %). Et en novembre 2015, le Premier ministre Sigmundur Davíð
Gunnlaugsson a déclaré que l’Islande n’aurait pas pu sortir de la crise si elle
avait été membre de l’Union européenne et si, comme l’Irlande ou la Grèce, elle
avait été obligée de prendre la responsabilité des dettes des banques en
faillite.
Rappelons que durant cette crise, deux importantes banques filiales de
banques étrangères font faillite. Dans un premier temps, l’État islandais
accepte de rembourser les dettes de ces banques aux créanciers britanniques et
néerlandais. Mais les protestations populaires aboutissent à l’abandon du
remboursement après deux référendums successifs, l’un en 2010 et l’autre en
2011, et au renversement du gouvernement de Geir Haarde.
Jóhanna Sigurðardóttir forme alors un gouvernement intérimaire et devient
la première femme Première ministre d’Islande.
Des élections législatives sont convoquées le 25 avril 2009 et les
résultats lui assureront une majorité au Parlement. Toutefois, le 27 novembre
2010, les Islandais élisent une assemblée constituante formée de vingt-cinq
Islandais issus de la société civile avec mission de réviser la constitution,
jusqu’alors inspirée de celle du Danemark.
Or, malgré la stabilisation de l’économie islandaise qui connaît une certaine
croissance, de nombreux Islandais sont restés mécontents de son état et des
politiques d’austérité de leur gouvernement.
Le Parti de l’indépendance et le Parti du progrès reviennent au pouvoir
aux élections de 2013 et suspendent alors sine
die le projet de réforme constitutionnelle. L’ensemble de ces évènements
est appelé « révolution des casseroles ».
Depuis, c’est le statu quo ante.
Il y a plein de chose à voir, à découvrir et à visiter en Islande, entre
son « cercle d’or » son « lagon bleu », ses volcans, ses
geysers, ses musées nationaux, sa bibliothèque et ses fjords impressionnants
par leur étendue, mais un des plus étonnants, ça reste le musée du
phallus : un incontournable « cabinet des onze mille verges » sur
la Laugavergur – l’unique avenue commerciale –, à proximité de la gare
terminus des lignes de bus !
Un détour s’impose à quiconque pour l’édification de l’espèce et découvrir
l’invisible appendice des elfes jusqu’au monumental membre des cétacés, à
parcourir en gloussant.
Dans une vaste salle noyée de lumière, des pénis en tout genre, de toutes
formes et de toutes tailles côtoient des œuvres et artefacts figurant des
membres virils, entre totem et téléphone. On peut rester interloqué par le plus
grand spécimen du lieu : la partie supérieure du phallus d’un grand cachalot. 1,70 mètre et 75 kg…
Baptisé « baleine à sperme » en anglais (Sperm whale), l’objet affiche ses
dimensions impressionnantes de chair conservée dans du formol et présenté dans
un énorme tube de plexiglas à l’entrée du musée.
Un peu plus loin et en contre-point, on cherche à apercevoir le membre d’un
elfe, ou « homme caché », dans un tube transparent.
Ici, pas de silence policé, les visiteurs observent les curiosités
exposées avec un sourire en coin et commentent abondamment leurs découvertes
parmi les 286 spécimens biologiques exposés.
Ce musée a été ouvert en 1997, et il est dirigé par Hjortur Sigurdsson, le
fils du fondateur. Au démarrage, seulement 63 pièces avaient été réunies par
Sigurdur Hjartarson, le père, historien et collectionneur de pénis depuis les
années 70. On a les hobbies que l’on peut sous ces latitudes extrêmes…
Tout aurait commencé comme d’une blague. « Mon père, ça l’amusait de collectionner ça, faire quelque chose que
personne n’avait jamais fait avant », précise-t-il.
« C’est vrai que c’est un peu tabou,
surtout l’organe humain, mais il suffit de dire pénis et les gens sont
intéressés », dit-il malicieusement, sûr du magnétisme exercé par son
institution, unique au monde.
En 2011, cette collection familiale s’est enrichie d’un pénis humain donné
par un coureur de jupons islandais mort à 96 ans. Toutefois, « le donneur était ennuyé car les dernières
années de sa vie, son organe s’était un peu contracté », souligne le patron
du lieu.
Il montre les lettres d’hommes assurant vouloir céder après leur mort leur
sexe, qui viendra alors rejoindre les autres exemplaires, conservés « marinés »
ou « séchés » et exposés au public avec quelques 350 œuvres d’art.
« Notre mission est biologique, pas
érotique », souligne M. Sigurdsson, soucieux du respect de la morale que
les islandais ont chevillé à l’âme (pour rester luthériens).
D’ailleurs, les groupes scolaires comptent parmi ses visiteurs
préférés : « Ils n’ont pas peur de
poser des questions : pourquoi cette forme ? Cette
taille ? ».
On peut y comparer la couleur, la taille, la forme du minuscule sexe de
souris au gigantesque sexe de cachalot. Mais on apprend aussi les différents
modes d’emploi : « Les baleines
par exemple ont un muscle rétractable. Elles n’ont pas vraiment besoin
d’érection. C’est très différent de nous », constate le conservateur tout
sourire, ravi que de si nombreux touristes étrangers, et parmi eux plus de 60 %
de femmes, qui visitent ses collections.
Une chose est sûre, selon lui, « 99
% des visiteurs sont plus heureux à la sortie qu’à l’entrée ». Ils peuvent
même pousser la plaisanterie jusqu’à acheter des pâtes en forme de phallus.
Mais il y a d’autres « souvenirs » à rapporter de cette escapade dans
le monde du pénis.
Naturellement, la même Laugavergur rassemble la plupart des lieux de vie
nocturne de la capitale et se prolonge par la Bankastæli où se situe un
étonnant musée « punk » sous-terrain à deux pas de la maison du
gouvernement - tous ces lieux ont plusieurs activités : musée, bar,
restauration, boutique, boîte – et la Austurstræti débouche au détour d’un
coude sur le port maritime très actif.
C’est d’ailleurs au Höfnin (port), à l’étage, que Paul fera son unique
dîner islandais à 8.350 couronnes par tête de pipe avec au menu dégustation,
après avoir sifflé chacun un verre de Ballantines à 1.990 couronnes mouillé de
quelques glaçons. Au menu de ce soir-là, du grafið hreindýrafille, grillaður
aspas avec des eggjakrem autrement dit du filet de renne affiné avec ses asperges
grillées et ses « œufs régalant ».
Pour poursuivre avec de la skelfisksúpa Hafnarinnar með humri, bláskel,
hörpudisk, fenniku og þeyttum rjóma qui est une soupe de crustacés aux
langoustines, moules, pétoncles, fenouil et crème fouettée absolument délicieuse.
Suivi d’un « Rifið agneau », langtímaeldaður lambsbógur og
kóróna á tröllahöfrum og pólentu með ristuðum gulrótum et stökkum gulrófum,
traduisible textuellement par un « Agneau tiré », ou agneau à cuisson
lente et côtelettes avec avoine et polenta accompagné de ses carottes rôties et
d’un navet croustillant.
Délicieux et ambiance bon-enfant.
Le tout accompagné de deux bouteilles pour trois de Pouilly-Fuissé de
bonne facture à 12.850 couronnes chacune.
Pour finir par un heit súkkulaðikaka með hindberjum et sa lakkrísís qui
n’est autre qu’un gâteau au chocolat chaud fondant avec sa glace à la framboise
et son coulis au réglisse suivi de trois verres de Martell Grand Extra à 5.950
couronnes la dose.
1.000 couronnes valent globalement 9 euros…
La tournée des grands-ducs… Les chiffres ont valsé sur la
MasterCard !
Mais la cuisine islandaise, ce n’est pas forcément ce raffinement
gustatif. En réalité, et d’une façon
générale, la cuisine islandaise est avant tout rustique, pour s’être développée
au fil des siècles en prenant en compte la pauvreté du pays en matière de
nourriture. Elle est donc beaucoup moins élaborée que la cuisine française ou
italienne, par exemple, mais étonnante à plus d’un titre !
Quand on entend parler de la nourriture en Islande, on pense souvent à
certaines spécialités islandaises comme le macareux fumé, l’aileron de requin
ou les steaks de baleines, la morue ou le loup de l’Atlantique qui se mangent
avec de la chapelure et frits à la poêle. Mais il existe d’autres façons de
cuisiner le poisson en Islande : mariné cru et tartiné sur du pain sucré, cuit
à la braise ou alors séché en filets.
C’est le cas du harðfískur, du poisson séché dont la chair contient
beaucoup de protéines.
Globalement et hors les serres, le dur environnement islandais réduit
considérablement les possibilités de culture sur l’île. On retrouve tout de
même la culture de l’orge et des pommes de terre, en particulier, qui font
partie de la culture de base en Islande. Ici, on se repose donc très fortement
sur la culture sous serres afin de garantir une certaine indépendance
alimentaire.
L’élevage est plus propice, avec le mouton et l’agneau. La viande de ces
animaux fait en effet partie des plats du quotidien en Islande, même s’il
existe également des élevages de chevaux, de bovins et de volailles.
La soupe d’agneau ou kjötsupa (soupe de viande), par exemple, est un
excellent exemple de plat typique islandais consommé au quotidien et qui se
repose sur les produits cultivés sur place.
Autre invariant, c’est le skyr, un fromage frais épais qui se déguste avec
des fruits frais ou de la confiture, comme du fromage blanc. C’est leur yaourt
grec.
Mais on retrouve assez fréquemment le þorramatur, le plat islandais
traditionnellement consommé en janvier et en février qui fait en revanche fuir
plus d’un touriste : en effet, ses ingrédients peuvent faire peur ! On
y retrouve justement de l’aileron de requin, des testicules de mouton, des
nageoires de phoque, des saucisses de foie, des têtes de mouton, du gras de
baleine et du pain de seigle !
Il s’agit d’une sorte d’apéro dinatoire où on déguste les différents
aliments avec du pain. Le kjötzupz est une autre recette islandaise de poisson
qui ne se refuse pas ! Elle sort de l’ordinaire tout en étant reconnaissable
dans son assiette creuse : ici, pas de tête de mouton ou de nageoires de phoque,
mais des filets et des légumes mijotés durant deux heures à feu doux avant d’y
rajouter du riz.
En ville, on peut toutefois encore trouver des pizzas et des
burgers/frites à « dose-solide » pour leurs estomacs et les
pâtisseries regorgent de gâteaux appétissants et même de glaces parfumées avec
extravagance…
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