Chapitre quarantième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
« La Nasa le teste sur l’ISS. La
station qui va d’ailleurs être démantelée tôt ou tard. L’hôtellerie de relai se
fera à travers des structures légères et gonflables dans un avenir pas si
lointain que ça. Une porte d’accès indispensable à l’espace plus profond. Je
passe la main ensuite à vos… investisseurs ! »
Paul leur explique d’ailleurs qu’avec ses tunnels à propulsion
électromagnétique, un peu comme ce que savent faire les japonais avec leur
« Maglev » à sustentions magnétiques, il est possible de lancer des
« conteneurs » de 4,30 m de diamètre pour 10 à 12 mètres de long.
« L’alignement est de l’ordre d’un
pour mille », ce qui laisse 8,6 mm de débattement pour un tunnel
standard de 4,60 m de diamètre.
« Oui mais l’air ? Il est
sous vide, ce tunnel de lancement ? »
Non contrairement à ce que fait Elon Musk avec son Hyperloop.
« L’air est poussé devant le
module. Il est expulsé au fil des tours via des sortes « d’écopes » à
dépression… »
En orbite, le module s’ouvre en deux longitudinalement et se gonfle une
structure à double cloisonnement qui offre alors presque 100 m² pour environ 3
mètres sous ferme.
Un beau volume habitable…
« Les structures gonflables, c’est
effectivement en cours d’essai » confirme Bill Gates de son côté.
« Je vois ça plutôt comme d’une
série de gros engins semi-rigide à double peau gonflable comme autant de
compartiment par objet mis en orbite. C’est pour éviter les fuites dues aux
micros trous provoqués par de petits objets en orbite de collision. Mais ce
n’est pas l’urgence… »
Et il détaille un peu les « profils » de lancement.
Puis la discussion s’oriente, pas vraiment par hasard, sur les changements
climatiques en faisant un détour par l’IA avant de revenir sur ce qui intéresse
les trois hommes.
C’est vrai que pour l’un comme pour les deux autres, les théories du
réchauffement global n’ont pour objectif que de mobiliser les énergies et
capitaux publics vers une transition de l’économie mondiale devant assurer le
tournant du pic d’extraction du pétrole.
« L’affaire du CO2 à
effet de serre est complètement débile, mais les « gogos » y croient !
La gaz carbonique est plus lourd que l’air et plonge au fonds des océans ou les
caves à vin. C’est de plus un excellent booster pour la flore qui ne fonctionne
qu’avec du carbone comme matière-première pour en faire de la cellulose. »
La cellulose est transformée et concentrée en protéine par les herbivores
et, au bout de la chaîne alimentaire, il y a les carnivores, incapables de
fabriquer leur propre « matière-première »…
Probablement que de brandir le sort de la planète Vénus transformée en
enfer par son épaisse couche de gaz carbonique comme d’un épouvantail ressort
de l’escroquerie intellectuelle : plus proche du soleil, elle reçoit
nettement plus d’énergie de l’étoile que la Terre et les densités de CO2
dans l’atmosphère vénusienne sont des milliers de fois supérieurs que ceux que
connaît la Terre, effectivement.
« Une fois et demi plus dense
que notre atmosphère et seulement 0,18 pour mille de l’atmosphère terrestre.
Alors que sur vénus le dioxyde de carbone représente 96,5 % de l’atmosphère,
soit 5.300 fois plus ! Tout le monde sait cela sauf les imbéciles. Mais notez
que le pétrole est une matière première qu’il serait plus utile d’utiliser en
tant que telle plus tôt qu’à le détruire pour en faire de la chaleur… »
Et comme d’un autre côté, on finira par découvrir que le pétrole brut
n’est pas formé par du plancton fossilisé, mais directement depuis les couches
plus profondes du manteau terrestre qui, dans des conditions particulières de
pression, de température et de composition chimique, « recharge » à
travers des fissures dudit manteau rocheux les nappes existantes, il n’y aura
pas d’épuisement, dont la date prévisionnelle est depuis des décennies
repoussées année après année.
« En revanche, le besoin en
énergie propre ira en augmentant, c’est incontournable et la solution de
centrales nucléaires « douces », comme celles que vous financez déjà,
Bill, s’imposera comme d’une nécessité au fil du temps. Par conséquent, le
réchauffement, même léger, est bien d’origine humaine, puisque toute l’énergie
produite et consommée finit en chaleur, c’est incontestable. »
C’est le pari de GE, de Gates et de beaucoup d’autres, en Chine, en Inde
et même de quelques entreprises européennes qui orientent leurs dépenses de
R&D vers les concepts de mini-centrales.
« Bill je compte sur vous, et vous remercie de vous êtes joint à nous ce
soir. J’ai besoin de vous ou il va falloir que je réinvente une filière. »
Mais c’était prévu : « Vous
êtes arrivé à l’improviste, mais Bill était disponible ce soir. Idem, vous m’en
aviez parlé, pour Elon Musk, ça va se faire, mais il travaille surtout sur ses
voitures électriques, en ce moment… »
Et son lanceur Heavy.
« Ce gars-là va se planter. Il
coure trop de lièvres à la fois. Mais je ne veux pas qu’il puisse me bloquer
avec ses brevets, c’est tout. »
Pas de souci : « Un brevet
déposé, s’il est décidé qu’il est d’intérêt pour la défense nationale, peut toujours
être exploité même sans licence, dans mon pays », précise Junior n° 5.
Ah lala, les intérêts de la défense nationale et le droit de propriété
intellectuelle, dans ce pays de la libre-entreprise, décidément…
Paul se rappelle que l’extinction des puits de pétrole en feu au Koweït en
1991 s’est faite en 6 mois sur le dos d’un brevet détourné par l’industrie
pétrolière (et son ministre d’alors, « DLK » en charge du dossier en
France) au détriment et dans le dos de l’inventeur du procédé [1]…
Une manie bien commode.
« Peut-être, mais je ne suis
pas citoyen américain et de toute façon pas en odeur de sainteté dans la future
administration républicaine de votre président… »
Qu’il ne parle pas de cet imposteur à Junior n° 5 ! Une claque à
toute sa clique et ses « frères-maçons » !
L’échange passe au-dessus de la tête des femmes qui s’impatientent de
passer à table : Karen et Vanessa (les deux veuves de Harry Harrison
junior quatrième du nom) avaient fait préparer un buffet « hawaïen »
et Melinda et Shirley ont les crocs. Alors les discussions d’homme, aussi
passionnantes puisent-elles être, notamment pour l’agent de renseignement
britannique… devraient passer après les priorités du moment.
Un « buffet-hawaïen », ce sont des amuse-gueules frais
privilégiant les fruits et les légumes. Mais aussi des petites brochettes
chaudes ou froides, des beignets, des tartines sucées/salées. Pour le coté
exotique, il y a certains aliments appropriés comme le poulet (grillé ou en
sauce), émincés et carpaccio de poissons du pacifique, des crevettes, du riz,
assaisonnés ou non de curry, cumin, lait de coco. Pour les dessert, rien de tel
que de bons fruits, de la glace et des gourmandises au chocolat, coco, des fruits
de la passion découpés en dés et assemblés avec goût sur des piques et autres douceurs
hawaïennes coco-ananas, verrines d’ananas, ou à la mangue et au mascarpone.
Aussi agréable à la pupille qu’à la papille…
Mais les « garçons » continuent de bavasser « business »
en sirotant leurs verres.
« Que pensez-vous de
l’IA ? » questionne Gates. « C’est un danger pour le genre humain comme le prétend Stephen Hawking
et quelques autres, dont Musk, justement, ou non ? »
Bill Gates sonde son vis-à-vis.
« Tout dépend par ce que vous
entendez par Intelligence Artificielle… » Et sans laisser répondre
Gates, Paul continue : « S’il
s’agit de système-experts capables de sonder d’immenses bases de données en
quelques fractions de seconde, ce n’est pas un danger. S’il s’agit pour ces
mêmes systèmes-experts de proposer des diagnostics avec des chances
quasi-nulles de se tromper, alors là, ce sera un véritable bonheur pour
l’humanité, une aide précieuse voire indispensable aux experts humains pour
valider leurs choix… »
Non pas seulement, mais plutôt la gestion en totale autonomie d’ensembles
complexes, sa maison californienne, par exemple…
« Même pas un danger, sauf pour
l’emploi, naturellement, du moment qu’il y a un contrôleur humain au bout de la
chaîne de robots qui contrôle aussi d’autres robots qui effectuent les tâches
déléguées, bien sûr. Histoire d’aider l’humain dans ce contrôle par des
systèmes-experts dédiés. En revanche, le jour où il n’y a plus de contrôle
humain au bout de la chaîne, celui d’un mec qui risque sa peau et son job s’il
fait une connerie, là, vous allez avoir des soucis. »
Qui contrôle les robots-tueurs qui se préparent dans les laboratoires
militaires ?
Déjà, les drones-armés…
« Les drones-armés sont déjà
contrôlés par des militaires. Et donc le pouvoir politique, démocratiquement
élu. Élu ou non d’ailleurs, peu importe, il y a un type qui prend la
responsabilité de la décision ultime. Il en sera de même pour vos
robots-tueurs : ça changera seulement la façon de mener une guerre mais ça
ne les rendra pas plus horribles que celles qui ont déjà été.
Non, derrière votre question, mon cher
Bill, il y a autre chose : que se passera-t-il quand les robots se
mettront à élaborer de nouvelles solutions à des problèmes nouveaux ou
insolubles jusque-là ? Ça, c’est poser la question de la véritable
« intelligence » au sens des anciens. »
Oui c’est ça…
Un robot peut déjà battre les plus grands maîtres aux échecs, au Go et
même apprendre à bluffer comme au poker, jouer au tennis, au ping-pong ou au
tir-au-pigeon.
« Mais il ne peut pas tirer les
bons numéros du loto ni faire des pronostics aux courses ou dans les
compétitions sportives sans jamais se tromper. On touche là à une des limites
de l’intelligence. »
Bien sûr : même l’homme n’en est pas capable !
« Mais l’homme a inventé Dieu,
ou s’il existait avant, l’a redécouvert et a rapporté son histoire. Vous croyez
qu’un robot intelligent y aurait trouvé une quelconque utilité pour en
faire autant ? »
Bien sûr que non…
« Le jour où une intelligence
artificielle inventera quelque chose d’inattendu, qui n’existe nulle part
ailleurs et qui soit « beau » et reconnu comme tel par une large
majorité qui découvrira cette création, un bâtiment, une symphonie, une statue,
une peinture, une nouvelle façon de se casser la gueule sur des skis, alors
oui, là on pourra commencer à s’inquiéter. »
Ça arrivera tôt ou tard…
« Non je veux dire que votre
intelligence artificielle aura dû au préalable apprendre par elle-même le
programme qui lui permettra cette création. Pour l’heure, l’inventeur, le
créateur dudit programme, ça reste l’homme, l’humain dans tous les cas. »
Pertinent, mais pas forcément rassurant : l’homme peut se laisser
dépasser par sa création.
C’est arrivé tant de fois…
Le monde change à une telle allure. Ce qui n’était même pas pensable il y
a seulement une décennie devient courant un peu plus tard.
« Et il en sera probablement
encore ainsi durant des siècles et des siècles. L’humanité n’en est pas morte pour
autant… »
« Car comme partout, il y a des
choses utiles et puis d’autres qui ne le sont pas et qui vont disparaître.
Monsieur Gates, personnellement je m’inquiéterai beaucoup plus de l’usage que
font secrètement de leurs fonds les GAFA. Notez, je ne vous mets pas dedans,
mais vous pourriez l’être. »
C’est-à-dire ?
Ils ont inventé des « usines à cash », des montagnes de cash, à
partir de rien. Du virtuel, mais du virtuel utile. « C’est la cas de Google et de Facebook. Amazon et Apple, comme Microsoft
d’ailleurs, même si Amazon livre des objets et vous des programmes qui vont sur
des machines. Les supports programmatiques qui se développent autour de ses
objets – beaucoup moins chez Amazon – représente l’essentiel du cash dégagé.
Qu’en font-ils ? »
Tout le monde, en tout cas dans les milieux autorisés, le sait : rien
d’illégal…
« Certes : les uns, comme
vous, veulent faciliter l’activité humaine, voire « améliorer » le
sort de l’espèce humaine et de ce point de vue-là je m’interrogerai sur le sort
de l’eau, la potable, alors que d’autres s’interrogent seulement et directement
de prolonger la vie, rendre les hommes immortels, ou seulement quelques-uns, à
« l’augmenter », n’est-ce pas, sans même envisager les dégâts insoutenables
à l’environnement ainsi provoqués… Alors que Musk veut l’envoyer vivre sur Mars
sans même calculer qu’avec des rationnements exigeants, pour un million de
colons sur Mars, il faudra 30.000 m3/jour d’eau à peu-près
utilisable et qu’on n’est pas prêt à envoyer des citernes tous les jours, alors
qu’il faudra quand même la recycler sur place. C’est ça ? »
Oui, c’est globalement ça.
« Eh s’il y a danger de l’IA,
il viendra uniquement de là, soyez-en certain : de ce qu’en feront
quelques-uns qui en ont les moyens. »
Paul indique à cette occasion que c’est justement l’eau potable qui va
poser des problèmes de « longévité » de l’espèce humaine, bien plus
que la disparition des matières premières.
« La planète, bien gérée, a les
moyens de nourrir 12 milliards de personnes, c’est la FAO (Organisation des
Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) qui l’affirme. »
Il y a encore énormément de zones désertiques habitables et « nous avons encore la place pour une
croissance démographique raisonnable, le problème est une question d’État de
droit et de mode de consommation. »
Mais il est évident qu’on ne pourra pas continuer à consommer l’eau comme
nous le faisons aujourd’hui : « On
manque déjà d’eau et si l’on veut en réduire la consommation, il faudrait très
certainement devenir tous végétariens. Nos modes de vie doivent changer. C’est
maintenant que ça se prépare. Les jeunes générations l’ont bien compris et
trouvent leur bonheur dans autre chose que l’accumulation des biens matériels.
Des révolutions sont en train de se faire, comme le passage à la voiture
partagée. Le milliard de voitures existant sur la planète n’a plus de raison d’être
: voilà un énorme pan qui va disparaître. »
Justement, « il va falloir non
seulement refaire la plupart des réseaux, apprendre à rendre potable l’eau ou à
la réutiliser, et tout ça va demander beaucoup d’énergie pas chère et propre en
dessalant assez d’eau de mer dans un futur proche », réplique Gates.
« À condition d’être assez
proche de la mer… » conclut à son tour Paul.
Sous-entendu, ce n’est pas le cas de Mars et sur
Terre, pas vraiment partout.
(1) Cf. « Les milliards disparus de la Division Daguet » par JC Duboc
(https://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/1503038017/haddock-21)
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