Chapitre trentième-quatrième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Bon alors pourquoi elle doit se taper, elle la
« Grande-Charlotte », deux fois trois heures d’avion, s’ils savent
déjà tout ça ?
« Si ce n’est ni la femme de
ménage ni vos deux putes, c’est qu’il s’agit de quelqu’un d’autre.
Logique ! Probablement une personne capable d’ouvrir la porte sans en
forcer la serrure. Simple comme affaire ! »
Vu que les portes sont rarement verrouillées dans ce pays-là, ça pourrait
être tout de même un peu plus compliqué que ça…
Mais il faut vérifier. Et trouver le mobile de cet homicide odieux pour
mieux en identifier l’auteur.
« Comment est-il mort ?
D’étouffement avec son bâillon, d’un arrêt cardiaque, d’empoisonnement ou du
fait d’une arme à feu ? »
Probablement d’un objet contondant ou d’un marteau planté dans le crâne au
niveau de la tempe. L’objet n’a pas été retrouvé sur place.
« Ou du talon d’une chaussure,
alors ! Cherchez donc dans son entourage. Probablement une femme. »
Une intuition ou une déduction logique ?
« Déduction : si vous
n’avez pas retrouvé l’arme, c’est qu’elle n’est plus sur place. S’il ne manque
pas non plus d’objet dans l’inventaire que vous avez dû faire, c’est que la
personne est venue avec, a découvert le porc entravé et bâillonné et est
repartie avec. Facile de laisser œuvrer sa rancœur et de lui piétiner le visage
sur un coup de rage, non ? »
Peut-être, mais qui alors ? Et les traces de blessures, la tentative
d’éventration, et l’émasculation post-mortem
des organes génitaux ?
« Un simple cutter peut faire
l’affaire et ça tient dans une poche. Ne cherchez pas bien loin : la femme
ou la maîtresse. Le Chevalier de l’Ordre du Christ a raison : il s’agit
d’un crime de femme et d’une femme proche, révoltée de constater la dépravation
de la victime et qui aura profité de l’occasion de la trouver entravée et sans
défense pour lui faire payer ses outrances. Cherchez, vous allez trouver ! »
Car, si la chaussure a pu pénétrer à le casser, l’os du crâne, c’est qu’il
est assez étroit : « Ce n’est
donc pas une chaussure d’homme. Vous en concluez quoi si ce n’est celui d’une
femme ? »
Dans ce pays, les femmes portent aussi des chaussures à talon large :
question d’adhérence sur les sols gelés en pareille époque.
« Sauf quand elles sortent en
soirée, je suppose : ça leur affine les jambes ! Cherchez donc une
fête, probablement familiale, qui s’est terminée entre 4 et 5 heures du matin.
Vous aurez alors un panel plutôt étroit de suspectes… »
Le quatuor escortant Gustave repart sur ces conclusions.
« Charlotte, vous pariez sur la
femme ou la maîtresse ? »
Elle ne sait pas : « Je
parierai volontiers sur celle qui a un alibi… »
Ah bon ? Et pourquoi justement celle-là ?
« Parce que c’est un crime
impulsif, Gustave. Celui qui n’a pas d’alibi, dans ces coups-là, il se fait
piéger par celui qui s’en est fabriqué un. »
Si c’est « impulsif », ce n’est pas très logique… On n’envisage
pas nécessairement de se fabriquer un alibi pour pouvoir « passer à
l’acte » sur une pulsion subite ensuite : contradictoire !
« Si c’est logique ! »
n’en démord pas Charlotte. « C’est
juste l’occasion qui a fait le larron. Réfléchissez, si on met de côté le
cambriolage qui a mal tourné et qui n’effleure même pas les poulets locaux,
l’invasion d’un cloporte quelconque, ce gars-là ne serait pas mort si, et
seulement si, le criminel n’avait pas d’alibi vérifiable. Bancal, peut-être,
mais probablement retenu comme valable par les flics. Peu importe les faits,
réels ou fictifs, reprochés par son assassin à sa victime, le mobile, finalement.
C’est juste l’occasion qui a fait le larron. Il aurait très bien pu être tué
avant ou après. Cherchez les raisons dans sa vie privée, et vous trouverez. »
Si on veut.
« Les filles, vous en prenez de
la graine et nous on reprend le premier avion. Vous, vous restez sur place pour
accueillir « Huyck-le-batave » et le ramènerez dès qu’il voudra
rentrer. »
Tu parles d’une plaie : se coltiner « la
barbe-poussiéreuse » qu’on y trouve au moins les traces des trois derniers
repas sans chercher « trop fort »…
Et ça se complique quand Huyck fait savoir qu’il veut rester encore un
peu, juste pour rencontrer le personnel de la boîte de son copain Kristbjörn Kirkjubæ,
le prédécédé.
Mais ce qui les taraude, c’est de savoir qui est vraiment
« Charlie-l’actionnaire ». Un flic, un curé, ou un évêque ?
Regards croisés de Charlotte et Gustave qui éclatent de rire dans la même
seconde.
« Charlie un curé ? Mais
alors je suis nonne et papesse, dans ces conditions ! »
Gustave va mettre un peu plus longtemps à se reprendre.
« Jeunes-filles, vous êtes
adorables ! Mais Charlie est tout ce que vous voulez, sauf un clérical. »
Oui, mais alors, ce passeport diplomatique qui aura étonné les flics de
Reykjavik ?
« Si vous saviez… »
Qu’il s’explique.
« Charlie a été un de mes
officiers pilote de chasse quand je commandais l’escadre du Charles-de-Gaulle au
large de l’Afghanistan. Un héros, décoré par les américains pour avoir désobéit
à mes ordres et sauvé un des leurs alors que j’ai été obligé de le mettre aux
fers dans sa cabine pour la même raison. »
Un pilote de chasse ? Vraiment ? « Woaou ! Top-Gun ! »
« Un type d’exception que la
marine a laissé filer. C’est là qu’il se conduit une nouvelle fois en héros
dans l’atlantique tropical en portant secours aux passagers d’un avion de ligne
en perdition. Je le retrouve plus tard alors qu’il a déjà sauvé Londres d’une
attaque nucléaire djihadiste en 2012 [1] et
ensemble, nous avons maté un attentat contre le président Landau et ses invités
le 14 juillet 2014. Depuis, on ne se quitte plus, figurez-vous. » [2]
Bé dites-donc, c’est « super James Bond », alors…
Oui mais le passeport du Vatican ?
« Je crois que c’est son action
décisive lors de la soirée d’ouverture des JO de Londres qui lui a valu la
reconnaissance éternelle du Saint-Siège et qui l’a élevé au grade de Chevalier
de l’Ordre du Christ ce qui lui vaut probablement son passeport de Saint-Pierre,
en même temps qu’il a été élevé à la pairie anglaise et au grade de chevalier
de GCOV. Avec les USA qui l’ont décoré des deux médailles du Congrès et de la
Liberté, il n’y a guère que notre pays qui n’a pas encore reconnu ses grands
mérites. Il est juste décoré de la légion d’honneur, mais pour d’autres
affaires relatives à l’élection du Président Landau d’après ce qu’il m’en a
dit, et reste seulement capitaine de frégate de réserve dans notre marine
nationale… »
Bé ça alors ! Elles en sont sciées…
Pour une surprise, c’est une grosse surprise pour les membres du groupe
« ADN ».
« Et vous Charlotte, vous avez
beaucoup enquêté avec lui ? »
Assez pour savoir qu’il ne se trompe pas trop souvent. « Mais il ne s’intéresse désormais qu’aux
affaires « hors-normes ». Dommage on aurait pu faire fortune… »
Mais il a fait fortune, rappelle Gustave. « Et sans vous, mais avec moi ! » s’enorgueillit Morthe-de-l’Argentière.
« Et ce n’est sûrement pas fini. »
Avec des enquêtes sur le soir d’un pauvre taré qui consomme de la pute des
bordels européens, questionne Anaïs ?
« Sans doute pas. Il est sur
autre chose, mais je ne sais pas encore quoi », conclut Gustave.
Une fois rentrées pour poser leurs sacs, les filles débriefent de la
tension accumulée.
« C’est un incroyable, notre
boss ! »
Ça rassure Noeline qui est bien d’accord avec Delphine : « On se posait des questions, et ce dès
l’origine, mais avec des calibres pareils… »
Elles ne sont pas vraiment de la même catégorie. « Je comprends presque pourquoi il semble nous
fuir… »
Ça reste à voir. « Car ça
explique aussi toutes les précautions qui l’entourent telles que justement on
ne l’a pas encore vu. »
Celui-là, « dès que je le
croise, il faut absolument que je le passe à la casserole » rajoute
Noeline.
Prétentieuse, va !
« Soyons sérieuses les filles,
s’il vous plait. Vous y croyez, vous, à cette « intuition » ? »
Vu tout ce qui a été disserté autour… difficile d’être contre.
« Ce n’est pas le sujet. Et
« la grosse », la Charlotte, vous croyez aussi à ses …
« déductions logiques » ? »
Elle peut se tromper. N’importe qui a pu commettre cet homicide :
« Un maraudeur, un mari jaloux… »
Un mari de pute, jaloux ? « Ça
tuerait le « petit-commerce » de l’épouse ! »
Va savoir… « Il découvrait
peut-être comment sa femme faisait bouillir la marmite ! Je te rappelle
que la prostitution est interdite dans ce pays, alors se retrouver dans la peau
d’un mac, ça doit être pire encore ».
Un mari jaloux, mais alors pourquoi pas une épouse jalouse, bafouée ?
« Pourquoi pas ? Mais elle
est bien conne alors ! Si un mec marié va voir les putes jusque dans ce
pays, c’est elle qui devrait faire un stage de remise-à-niveau ! Quand même
pas compliqué de retenir un mec quand tu lui as passé la bague au doigt. »
Elle peut parler, elle qui n’a pas su retenir le père de sa gamine…
« Eh oh ! D’abord, tu ne
sais même pas si je sais qui c’est, ni s’il n’était pas déjà marié ou carrément
décédé. Alors hein, la vieille-fille qui veut se taper le patron, la
ferme : on ne cause pas de chose qu’on ne connaît pas… »
Du calme les filles, « du
calme ! On n’est pas là pour se fritter pour des mecs. La planète regorge de
mecs célibataires ou à divorcer et il paraît qu’ils sont mêmes en nombre
supérieur à nous, les filles… »
Elle peut parler, la Delphine : « Oh toi, le seul qui t’intéresse, il est déjà marié et est incapable de
divorcer, alors hein ! »
Hein ? Et ses gosses…
« Ça grandit un môme. Tu lui sers
de poupée gonflable pour ses cinq à sept et tu ne veux pas assumer les siens un
jour sur deux, c’est tout ! ».
Humeur…
« On mange quoi ? »
Ce n’est pas l’heure de manger. Il est à peine 18 heures, heure hongroise.
Et française…
« Ah oui ! Bé c’est parce
qu’il fait nuit-noire depuis un moment… » Digression qui ne prend
pas : et Noeline, qui reste juive, ça ne la gêne pas de bosser pour le
Vatican et de vouloir baiser avec un de ces agents, là ?
Les rivalités et la tension additionnées à la fatigue ne sont décidément pas
totalement purgées…
« Ne cherche pas Anaïs. C’est
pas un agent papiste ni un curé. »
« Je vais vous dire, les
filles, » répond Noeline, « ce
n’est pas parce qu’on a une mère, deux grands-mères et quelques
arrière-grands-mères juives qu’on se sent pour autant juive à croire au dieu
des juifs ! »
« Ce n’est pas religieux
alors ? C’est donc une histoire de race ! De race supérieure, élue,
c’est ça ? »
N’importe quoi !
« Ton antisémitisme n’a rien de
fondé sur le fait religieux, alors ? Je vais te dire Anaïs. Les juifs se
pensent « le peuple élu ». Mais ils se laissent enfermer comme dans
un ghetto en Terre-Sainte. C’est du sionisme à l’état pur. S’ils étaient juifs
croyants, ils refuseraient de retourner en Terre-Promise tant que le Messie ne les
y aura pas conduits. C’est pour une de ces incohérences-là que je ne suis pas
croyante et ne me sent pas juive mais avant tout française. Et je préfère que
tu parles d’israélite que de juif. Tout le monde a une part de sang-juif dans
les veines, depuis 5.000 ans que ça existe. 15 à 20.000 générations que ça se
mélange. Et je ne me sens pas plus israélite que toi, même si j’ai été sergent
instructeur dans les rangs de Tsahal, ou que la fille que tu as porté dans tes
flancs, puisque tu ne sais même pas qui est le père, d’après tes propres dires… »
Peut-être qu’il n’avait pas la queue coupée…
« Arrête avec ça ! D’abord,
tu n’en sais rien et la circoncision est valable aussi pour les musulmans et
est pratiquée dans d’autres contrées, même jusqu’en Afrique profonde. Ce n’est
pas un critère discriminant. D’ailleurs, en Israël, il n’y a pas que des juifs,
loin de là ! Des chrétiens, coptes, protestants, catholiques, orthodoxes,
et puis plein de musulmans citoyens d’Israël et d’autres qui y viennent bosser
depuis la bande de Gaza ou de Cisjordanie. »
Oui mais les chrétiens ont reconnu Jésus comme le Messie, fils de Dieu.
« Bon les filles… les affaires
religieuses… »
« … Et Mahomet comme d’un
prophète. Le dernier étant lui-même pour les musulmans. Et puis là encore,
plein de juifs ne nient plus le caractère exceptionnel du Christ, ne l’oublie
pas ! »
Plein, mais pas tous…
« Vous me fatiguez, les filles,
avec vos histoires de religiosité et de bites écorchées. On a une enquête à
boucler, alors on commence par quoi ? »
Elle a raison. « Moi, je
propose de nous vautrer dans les draps de notre « actionnaire » pour
y dormir. Peut-être qu’il y a encore son odeur imprégnée ! »
Ah non ? « On sort Huyck
et après on va manger ! »
« Il faut aussi qu’on sache
quelle taille et quelle forme a, la blessure au crâne… »
C’est vrai, ça, après tout !
(1) Cf. « Parcours
olympiques », sommaire : http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/09/parcours-olympiques-sommaire.html,
publié aux éditions I3
(2) Cf. « Mains
invisibles », sommaire : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/11/mains-invisibles.html,
publié aux éditions I3
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