Chapitre dix-septième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Naturellement, Charlotte, la vraie, celle dont le nez bouge quand elle
parle, n’aura pas tardé à faire son apparition accompagnée d’Aurélie, la géante,
sa « moitié » à elle. Curieusement, la première aura grossi depuis la
dernière fois où ils s’étaient vus pour régler leur « contentieux »
relatif à la marque commerciale « Charlotte », alors que la seconde
aura maigri jusqu’à en devenir efflanquée : plus aucun charme apparent, la
pauvrette…
« Il paraît que tu es devenu
milliardaire, mon cher Paul ! Bravo ! Je suis contente pour toi. »
Ce n’est pas dans la même phrase, mais juste dans la suivante :
« Tu vas pouvoir nous
dépanner ! »
Incroyable…
« Oui bien sûr. Mais je fais
désormais « banquier » : je prête 50 % sur projet et avec des
garanties. C’est valable pour tout le monde ! »
Pas contente la minette… Il va falloir qu’elle bâtisse aussi un
« projet ». Et lequel ?
« Peu importe. Un truc que tu
sais faire. Tes enquêtes. Monte donc un bidule de généalogiste en plus de tes
affaires d’assurance. »
Mais elle aime bien les enquêtes scabreuses… Ce qui lui jouera des tours
plus tard. Mais c’est une autre histoire.
Le généalogiste, c’est celui qui pompe 40 % des héritages en déshérence
quand il dégote un héritier…
« À propos d’assurance, il faut
que je raconte la dernière affaire sur laquelle tes logiciels nous ont été
utiles. L’affaire « KK », pour Kim Kardashian et ses bijoux
envolés. »
Celle-là, elle aurait mieux fait de souscrire une mission de « sphère
de sécurité » auprès de la CISA.
« Tu ne retrouveras jamais ses
bijoux. Tu perds ton temps. Ils ont déjà été retaillés à Antwerpen. Anvers, en
Belgique. En revanche, tu peux bosser pour la CISA, si ça te tente : on va
avoir besoin d’une bonne commerciale… »
C’est le premier cas des trois cas « KK » qui vont se succéder
dans les semaines à venir et jusqu’à Noël.
Une histoire intéressante.
Ce jour-là, Gustave reçoit un appel en urgence de « Charlotte »
– celle dont le nez bouge quand elle parle – alors qu’il est toujours sans
nouvelle de Paul.
« Salut l’Amiral ! Une
urgence ce matin et après je vous laisse travailler tranquillement. »
C’est « matinée du lundi », avec l’équipe « ADN » (Anaïs,
Delphine, Noeline).
De quoi s’agit-il ?
« Vous avez entendu parler du
cambriolage de Kim Kardashian ? »
Non. C’est qui cette « chiante » ?
« Kim ?
« KK » ? La superstar internationale de la téléréalité aux USA.
Vous ignorez vraiment le minimum, dans votre foutu trou de banlieue. Faudrait
envisager d’en sortir, ou de vous abonner à la presse, amiral. Elle est à Paris
pour assister à la Fashion-Week et s’est fait voler ses bijoux cette nuit. »
Quelle raconte.
« Ça met en transe mon client
assureur, parce qu’il y en a pour plusieurs millions de dollars… »
Et alors ? C’est une affaire pour les flics de la BRB (Brigade de
Répression du Banditisme), non ?
« Oui, mais c’est tellement
abracadabrant au premier abord, qu’on soupçonne immédiatement une tentative
d’escroquerie à l’assurance. »
Tu parles, s’il s’agit de la « Kadar-chiante » qui affole toutes
les minettes du web, celle qui est mariée à un rappeur, elle a assez de pognon
pour éviter ce genre de sport, non ?
« Peut-être, peut-être… Pour
l’heure, je manque de personnel qualifié. Vous pourriez me prêter une
équipe pour confirmer votre auguste point-de-vue ? »
Pas de problème. « Mais racontez un peu ce que vous en savez à
la « CIA ». »
« CIA », comprendre « Charlotte Investigations Agency » à ne pas
confondre avec son homonyme américaine sise à Langley, dans la banlieue de
Washington.
Elle raconte alors que le 29 septembre, Kim Kardashian postait aux 89
millions d’abonnés de son compte Instagram une photo d’elle laissant apparaître
un décolleté plongeant, comme souvent car elle a une « nature »
à damner un moine et tous les saints du paradis.
« On a ça dans les fichiers du
serveur BBR ! »
Parfait.
« Mais jusque-là, c’était pour
me rincer l’œil… sur les bijoux volés, bien sûr, des fois que j’en croise
un dans mon trou ! »
Gustave est d’humeur badine…
Et joignant le geste à la parole, il fait apparaître des photos de
décolleté profond, d’une brune quadragénaire très bien refaite, aux allures de
bimbo sur son écran. Sur les images qui suivent, l’œil est aussi attiré par la
bague qu’elle portait à l’annulaire gauche. Sertie d’un diamant de 20 carats,
elle lui a été offerte par son mari, le chanteur Kanye West, et à elle seule,
cette bague est estimée à 4 millions de dollars.
Comme à son habitude, la star partageait publiquement son quotidien fait
de fastes et d’excentricités, offrant par ailleurs une idée concrète de son
envergure financière.
Dès son arrivée dans la capitale, de nombreux paparazzis s’étaient donc
opportunément installés devant l’Hôtel de Pourtalès, situé rue Tronchet, dans le
8ème arrondissement, où elle séjourne.
« Y’a un hôtel, là ?
C’était un quartier de putes, dans le temps… »
Gustave se méprend.
« Vous confondez dans vos
souvenirs d’ado pervers. La rue Tronchet part de la Madeleine, dans l’axe de la
rue Royale, et remonte vers le Printemps-Haussmann et la gare Saint-Lazare. Vous
faites référence à la rue Godot-de-Mauroy qui est parallèle. Et puis ça fait bien
longtemps qu’elles ont déménagé, vos putes.
Ce n’est pas un palace, c’est une
résidence-hôtelière de luxe, certes discrète, mais de luxe. »
Ah bon… si elle le dit…
« Cette nuit, plusieurs
malfaiteurs sont repartis de sa suite avec un butin de bijoux estimé à 9
millions de dollars, dont la fameuse bague elle-même assurée pour 4 millions. »
Le préjudice global est estimé à environ 10 millions de dollars.
8, 9, 10, faudrait voir à voir et savoir, à la longue…
« Ce qu’on sait et selon le
témoignage que le réceptionniste de l’hôtel particulier a fait aux policiers,
c’est que vers 2 heures du matin, cinq personnes encagoulées et gantées,
portant des blousons floqués « police », sont entrées en demandant, en français
et sans accent, où se trouvait « la femme du rappeur ». Faut dire qu’il n’y
avait que deux locataires. »
Sous la menace d’une arme de poing, le réceptionniste les a conduits dans
le duplex qu’elle occupe avec son assistante. Deux d’entre eux y ont pénétré,
les ont braquées puis les ont ligotées avec du ruban adhésif.
Avant de lui coller de l’adhésif sur la bouche pour étouffer ses cris…
« À 2 h 56, après avoir réussi à
enlever ses liens, Kim Kardashian a appelé son garde du corps, un certain Pascal
Duvier qui s’était absenté pour accompagner sa sœur et une amie en discothèque,
et les caméras de vidéo-surveillance saisissaient les cambrioleurs repartant
avec une apparente sérénité, à pied ou à vélo. »
Punaise ! Et ils ne l’ont même pas violée ?
« … Vraiment, vous êtes
décidément qu’un vieux con, doublé d’un obsédé… »
Pas très diplomatique, mais bien raisonné, comme à son habitude.
« Ah moi, si elle avait été
dans mon lit, je n’aurais sûrement pas dormi dans la baignoire »,
conclut Gustave alors que sur l’écran défile les photos de la dame piquées sur
internet par le serveur « BBR ».
« Je voudrais également un topo
complet sur les traces électroniques de ces cocos-là, si c’est possible. »
Pas de problème : « Au
tarif habituel ? »
Quel tarif ? Il n’a pas encore été arrêté, depuis le temps…
« Ce sera fait, je vous mets
l’équipe « HLM » (pour Henri, Laurent et Marion) à disposition. Ils vont prendre contact
avec vous », puisqu’ils sont rentrés bredouille depuis longtemps de
leur enquête américaine à la recherche de « Charlie ».
L’affaire fera grand-bruit dans la presse et les réseaux.
Peine perdue : jamais les bijoux volés ne seront retrouvés, jamais
Charlotte (de la « CIA ») ne touchera sa prime d’aviseur contractuelle
promise par les assureurs et ne paiera du coup les honoraires de la mise à
disposition d’une équipe de la CISA et de l’usage de la base de donnée
« BBR ».
En revanche, l’équipe des braqueurs sera mises sous les verrous durant de
nombreuses années : des « papys-cambrioleurs », pas bien
méchants, mais qui avaient préparé leur coup depuis plusieurs semaines, tel que
pendant longtemps, on a cru que le garde-du-corps de la star était leur
complice.
En fait, il s’agissait d’un chauffeur-coursier qui aura joué le rôle de
l’indicateur final.
Effectivement, Kim Kardashian aurait peut-être dû s’adresser à la CISA,
voire à la boutique de Charlotte pour assurer sa protection.
Ce sera d’ailleurs un thème de publicité récurrente en direction de la
« Jet-set » fortunée, même celle originaire des pays du golfe, qui se
promènent souvent, celles-là, avec des quantités astronomiques de liquide pour
leurs menus-achats parisiens.
Un excellent point d’accroche, d’autant plus quand il y a eu un puis deux,
puis trois holdups autoroutiers dans les semaines qui ont suivi.
« Comment sais-tu qu’on ne
retrouvera pas ses bijoux ? »
Ce sont des pros qui ont fait le coup. « Le lendemain matin même, les bijoux volés ont déjà franchi une
frontière. Plusieurs, même ! »
On peut toujours essayer.
Naturellement. « Mais tu peux
toujours faire « mousser » l’affaire en devenant VRP de la
« sphère de sécurité ». À moins que tu ne préfères faire aussi dans
la recherche d’héritiers perdus… À toi de voir ! »
L’offre de Paul est sérieuse, même si ce qui branche Charlotte, c’est le
raisonnement indispensable pour mener à bien une enquête de police.
Paul le sait bien : « Je
te l’ai déjà dit. Tu me proposes un business-plan à la hauteur de tes ambitions
et je finance à hauteur de 50 %, ma puce ! »
C’est toujours ça, d’autant qu’elle n’a toujours pas remboursé le prêt
précédant.
Elle n’est d’ailleurs pas la seule : Mylène est toujours en retard
pour payer les loyers de son restaurant « Château-sur-Cher » et
aurait besoin d’un coup de pouce en termes de trésorerie.
« Mais dis donc, on t’a quand
même payé tes prestations pour mettre au point la carte du restaurant de
« Cuisine de filles » en Normandie ? » Oui et
alors ? Ça n’a rien à voir !
Comme elle y va…
Défilera également la « belle-famille » : André, le père de
Florence, aimerait bien équiper son jardin et aménager des chambres sous les
combles de sa maison dans le Vaucluse, histoire d’accueillir dignement tous ses
nombreux « petits-enfants ».
Madame-mère s’imagine déjà être décorée comme un sapin de noël pour … Noël
qui approche.
« Je pense, mon cher Paul,
qu’un joli petit bijou pourrait faire plaisir à Florence, sans vouloir vous
faire faire de folie… »
C’est ça : la « bague du pardon », peut-être ?
Elle ne sait pas, mais Paul considère depuis toujours, en bon chrétien, que
le Pardon et de la seule compétence-exclusive du Divin.
Et il aura l’occasion de le replacer dans la conversation.
L’aîné de la fratrie souhaiterait racheter un garage et son frère cadet créer
une entreprise de transport, cars et camions…
Ceux-là, ils n’auront pas tardé à refaire les yeux-doux à Paul, ravis de sa
« bonne fortune » et sa côte de popularité remonte dans leur estime à
mesure que Florence pousse ce dernier à « donner un coup de pouce » à
sa famille.
Et tout ce que proposera Paul, ça restera le « deal à 50 % », ce
qui limite les dégâts…
Mais pas seulement : Le site normand réclame également le financement
de quelques « aménagements » supplémentaires, une voiture de plus et
un minibus pour véhiculer les clients arrivants en train ou en avion et voilà même
Jacques, le frère aîné de Paul qui cogne à la porte.
Mais lui va jusqu’au « Collines de Cabourg » se faire recevoir
comme un pacha par le petit-personnel qui ne sait pas comment le traiter en
attendant les instructions du maître des lieux enfermé dans son bunker, sis sur
le versant opposé de ladite colline.
C’est que ses associés américains « montent en capital » et
il a du mal à suivre.
« Vend une de tes maisons… »
C’est déjà fait, mais ils en rajoutent.
« Et tes fratries, elles ne
peuvent pas ralentir le mouvement ? »
Bé, justement, il ne sait plus trop, finalement. « À mon sens, elles encouragent cette course
aux capitaux-propres. »
Un comble pour des « frères-solidaires »… indéfiniment.
« Ils te ruinent et vont finir
par te virer. »
Probablement.
« Écoute, je ne peux pas
grand-chose pour toi. Je ne vais pas mettre de l’argent dans ton cabinet, celui
du grand-père, si c’est pour sortir à vil prix d’ici quelques temps. Je veux
bien te prêter contre hypothèque sur la maison des Risle que tu as récupérée. Mais
franchement, je ne sais même pas si elle est acceptable pour être posée en zone
inondable. Tu ferais mieux de la vendre tant qu’elle ne flotte pas encore. »
Ce n’est pas ce qu’il attendait…
« Je sais Jacques. Tu te
rappelles que c’est toi qui m’as viré de l’héritage du grand-père ».
Il a reçu la maison de Normandie, en échange.
« Et je l’ai fait revivre comme
tu peux le constater, c’est vrai. Ce que je veux dire, c’est que tu m’as
absolument affirmé que je ne pouvais pas rester ton associé faute d’avoir prêté
serment et allégeance à la chancellerie. Si la jurisprudence a été modifiée sur
ce point, on peut envisager l’opération inverse : tu les vires et je me
substitue à eux moyennant un prix honnête et quelques pressions comme tu sais
pouvoir les mobiliser. »
Jacques n’en croit pas ses oreilles !
« Ça pourrait coûter chaud… »
Juste une « petite plus-value ».
Jacques va voir si c’est envisageable : Junior n° 5 avait
raison ! Ils sont tous là à tendre la sébile.
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