Chapitre vingt-neuvième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
« Oui ! Super sympa, bonne
ambiance, bonne musique, bon DJ, pas trop de « tordus ». Le plus
intéressant n’était pas là, il y en avait déjà d’autres à Paris et en banlieue,
notamment du côté de Longjumeau. Mais ça imposait la voiture et le risque de se
faire contrôler par les flics à la sortie. Pas au « Newvox ». »
Des « tortionnaires » à la CRS n° 5 autoroutière et la
gendarmerie locale…
Alors quoi ?
« Les filles, imaginez un ring,
qui servait de plateau de danse surhaussé, autour duquel tout le monde peut
circuler, entouré de canapés et de fauteuils dans une ambiance sonore et
musicale déchaînée. Sur le ring, des couples, homos pour la plupart et assez
exhibitionnistes pour copuler sous les spots-lights, quand les danseurs
laissaient la place, une fois les couples formés ».
Quelle dégueulasserie !
« Oui, je l’avoue pour ce qui
est des fins de soirée. Qui commençaient rapidement d’ailleurs. Tous ces mecs
velus qui se vautraient les uns sur les autres, ça avait un aspect Sodome et
Gomorrhe des plus diaboliques. Superbe d’interdits pour une jeune-fille comme
moi à l’époque. Et je ne vous raconte pas ces lesbiennes qui se broutaient le
minou en hurlant de plaisir : vraiment indécent !
Ceci dit, en première partie de soirée,
le « Grand-Michel » lançait l’ambiance avec un couple hétéro des plus
sensuels. Toujours les deux mêmes partenaires. Vraiment impressionnant la façon
dont ils accompagnaient la musique, notamment le Boléro de Ravel. Irrésistible.
J’en garde un excellent souvenir ».
Qu’elle raconte, enfin quoi !
« Tous les deux étaient masqués
et habillés de cuir. Le gars était attaché à un mât central et elle s’occupait
de rechercher son propre plaisir dans des positions parfois extravagantes. Le
tout en musique, hein. Ça durait le temps de trouver son orgasme ou le quart
d’heure du morceau de musique et ensuite, une femme tirée au sort parmi les
spectatrices, seulement les femmes – le type était hétéro – pouvait la
remplacer à la vue de tout le monde pour un autre quart d’heure de folie sur de
la musique de J-M. Jarre.
Mais là, le gars était détaché et s’y
prenait vraiment très sensuellement que ça faisait rêver même les lesbiennes
les plus endurcies. Je n’ai jamais eu le plaisir d’être tirée au sort. En
revanche, ce type-là, beau comme un apollon, surnommé « le
six-coups de la rive gauche », il était inépuisable et en semaine,
moyennant le graissage de la patte au concierge de l’hôtel, le fameux «
Michel », on pouvait passer la soirée avec lui si on louait une chambre…
Et là, j’en ai usé plusieurs fois, croyez-moi bien, tellement il savait être
tendre et attentif. »
Quel rapport avec leur enquête et « l’actionnaire » de
Gustave ?
« Je ne sais pas… De toute
façon, l’endroit a été fermé au décès du « Grand-Michel », emporté
par le sida. C’était une époque où on ne savait pas le soigner. Le « six
coups » a disparu et de mon côté, et je… j’ai…. accompagné ma sœur dans sa
carrière sans jamais trouver à me marier. La vie, vous savez…
Nos parents sont morts, elle a fait sa
vie, a rencontré un jeune officier des terres exotiques, s’est mariée, a eu ma
nièce et j’en suis sa marraine. Tout va bien. J’étais jeune et j’ai assez
profité à cette époque pour être redevenue raisonnable et avoir une vie des
plus plaisante, mais désormais rangée et sans excès. »
Du lard ou du cochon, cette histoire de « Newvox » ?
« Encore cette histoire de
« six-coups » ! » éructe Gustave au téléphone.
Parce qu’il connaît ?
« Bien sûr, les
mignonnes ! J’en ai déjà entendu parler. Du pur délire ! »
Il en avait dit trop ou pas assez…
Et ce n’était pas du délire dans le dire de la dame, manifestement
pas !
« Laissez tomber ! Vous
rentrez demain et on referme ce dossier », fait-il en colère.
La communication cryptée ne passant pas durant le vol de l’hydravion de
Paul, ce n’est que le lendemain qu’il parvient à lui faire un rapport : il
avait eu le temps de se calmer.
« Vous avez bien fait de les
ramener : on n’a plus rien à faire avec cette histoire-là, Gustave.
Mission accomplie, vous pourrez facturer. »
Oui, mais qu’il attende : « Maryse,
la tante, était une de vos clientes de gigolo, oui ou non ? »
Comment peut-il se souvenir de ces détails ?
« Probablement. Je me souviens
effectivement de deux nanas qui passaient alternativement de temps-en-temps et
qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau telle qu’on s’y méprenait à
chaque fois. À un détail près que j’ai découvert par la suite : une petite
tâche de naissance, comme d’un grain de beauté, sur la cuisse intérieure. Pour
l’une elle était à gauche et pour l’autre à droite et située un peu plus bas.
Que j’ai pu croire à un moment que c’était un détail « variable » de
maquillage… »
Précis pour un souvenir « vague », on ne peut pas dire.
« Les deux sœurs ? »
Ça, il n’aurait pas su dire sur le moment, puisqu’il ne les avait jamais
vues ensemble. « Et puis elles ont
disparu. »
Il y a un autre problème.
Lequel ?
« Le logiciel « BBR »
a retracé la vie des deux filles Silune et, sauf s’il s’est embrouillé, celle
qui a été enceinte, ce n’est pas la cantatrice-soprano, mais l’autre. Les
séjours en clinique seraient formels. »
Un silence à l’autre bout du fil…
« Laissez tomber, amiral. Ce
n’est pas notre problème. La fille Kurjey, est manifestement la fille du
général Khromaktuthang. Pas celle d’un européen, ni d’un chinois ou d’un
africain. Maintenant, quant à savoir qui est la mère, de la tante et marraine
ou de sa sœur, ce n’est pas notre souci mais leur secret de famille. S’il y en
a un. Ça ne nous regarde pas ! »
Paul de Bréveuil a raison : il ne faut pas gratter plus avant.
Mais il n’empêche, c’est la deuxième fois qu’il entend parler du
« six-coups » de la rive-gauche et du « Newvox ». Il ne
voulait pas y croire, tellement ça paraissait invraisemblable, mais là…
Paul est arrivé à Reykjavik à la rencontre du troisième cas « KK »
de la série. Littéralement « baie des fumées », la capitale de l’Islande est
située à environ 250 km au sud du cercle polaire arctique, ce qui en fait la capitale
la plus septentrionale d’un État souverain, la capitale du Groenland, Nuuk,
étant située quelques kilomètres plus au nord.
Une ville qui s’étale entre deux fjords, dans une zone comptant de nombreuses
sources chaudes, le long d’une baie (« vik » en islandais).
Pas le pied pour installer une salle d’ordinateurs devant
« faire-mémoire » de sauvegarde discrète pour le logiciel « BBR
2.0 ».
D’autant que toute l’île chevauche la faille tectonique qui écarte la
plaque européenne de sa sœur américaine dans atlantique du nord au sud, et que
les volcans y sont actifs jusqu’à chauffer les nappes aquifères qui alimentent
le « lagon bleu » à quelques kilomètres de là, une pure invention touristique
qui permet de se baigner dans une eau à 40° alors qu’il gèle alentour !
Reykjavik, la ville la plus peuplée du pays, avec environ seulement 120.000
habitants et son agglomération, qui regroupe pratiquement les deux tiers de la
population de l’île, soit environ 200.000 habitants.
Il y aurait tellement de chose à en dire… Son emplacement se situe à
l’endroit même où s’installèrent en 874 les premiers colons conduits par
Ingólfur Arnarson. Un groupement de 302 habitants ayant eu lieu en 1786 est à
l’origine de la municipalité d’aujourd’hui. La légende raconte qu’ils auraient
en fait atterri à Vik, au sud, sur une longue plage de sable noir et qu’un
chargement de bois aurait dérivé autour de l’île jusqu’à la « baie des
brumes ». Des esclaves l’aurait repéré et finalement c’est là que ces
vikings ce seraient installés.
C’est à Reykjavik que sont concentrées les activités politiques,
industrielles, commerciales, et culturelles de tout le pays.
La plus grande partie de la ville gît sur la péninsule de Seltjarnarnes,
entre deux fjords : le Kollafjörður au nord, et le Skerjafjorður au sud. Mais les
faubourgs s’étendent au sud et entourent l’ancien aéroport international.
Si le nom du pays veut bien dire « terre de glace » (« Iceland »
en anglais), il a été colonisé par les Vikings à partir du IXème siècle,
bien que vraisemblablement découverte auparavant par des moines irlandais
connus sous le nom de « Papar ». En 930, les chefs islandais décident
de créer une assemblée commune, l’Althing, le plus vieux Parlement au monde.
S’en suit une longue période d’indépendance connue sous le nom « d’État
libre islandais », durant laquelle intervient notamment la
christianisation de l’Islande.
Cependant, des luttes internes connues sous le nom « d’Âge des
Sturlungar » affaiblissent le régime dès 1220, qui s’effondre en 1262 lors
de la signature du « Vieux Pacte » qui lie l’Islande au Royaume de
Norvège.
Après la fin de l’Union de Kalmar en 1536, l’île passe sous domination danoise
et l’Althing est abolie par le Roi en 1800. Et il faut attendre le milieu du
XIXème siècle pour que le mouvement indépendantiste, mené par Jón
Sigurðsson, se développe.
L’Althing, où se réunissaient les grandes familles pour discuter de leurs
affaires et trouver parti à marier pour leurs enfants, est rétablie en 1843 et
l’Islande obtient l’autonomie du Danemark en 1874.
On ne vous dira dans aucun guide pour touristes que les islandais sont
tous cousins-issus de germain. Et que quand une fille et un garçon se plaisent,
avant « d’aller plus loin », ils consultent chacun leur répertoire familiale
qui retrace leur arbre généalogique. Au-delà de la 13ème génération
en ligne directe, c’est bon…
Mais sept suffisent parfois à convoler en « justes-noces ».
En 1918, le pays devient ensuite juridiquement un État distinct, le
Royaume d’Islande, bien que lié au Danemark par un Acte d’union qui lui confère
le même roi. Le pays devient pleinement indépendant et souverain en 1944 lors
de la fondation de la république.
Ce que personne ne dira non plus, c’est qu’ils ont tous des pneus cloutés
à leurs véhicules (parfois des 4x4 Mercédès haut comme un pavillon de banlieue),
même les vélos – il n’y a pas de moto, hors les « motoneiges », trop
inconfortable –, qu’en hiver il fait nuit-noire 15 heures par jour, que l’aube
et le crépuscule sont anormalement longs et inversement, qu’en été, on en
devient fou à oublier de dormir tellement il fait jour quasiment toute la
journée.
Que ce sont des luthériens – religion d’État oblige, doublé d’un
humour-noir qui peut surprendre, comme pour compenser – capables d’enguirlander
les croix de leurs tombes dans les cimetières de différentes couleurs, rouge, bleu,
vert, jaune ; qu’il faut avoir 20 ans révolus pour acheter et boire de
l’alcool, du vin ou de la bière, vendus exclusivement dans des magasins d’État
– les bières qu’on trouve dans les supermarchés titrant à peine 0,5° d’alcool – ;
qu’ils ont une passion des livres pour être pratiquement tous
« publiés » ; que la lumière coule à flot même en plein
jour : le pays entier est assis sur un chaudière sous pression, qui fait
de beaux geysers. Alors, depuis la crise de 1974, ils développent des solutions
énergétiques à base de géothermie telles que le chauffage – même électrique –
des logements ne leur coûtent pratiquement rien. Quand il fait trop chaud dans
leurs intérieurs, ils ouvrent tout simplement les fenêtres en grand sur un
climat tempéré océanique rendu relativement doux pour la latitude extrême,
grâce aux eaux de Gulf-Stream, même si « ça pince » dès que le vent
souffle un peu.
C’est simple, pour aguerrir leurs gamins, sitôt « 4 mois/4
kilos », ils les foutent dehors… Bien couverts, toutefois. Des
« trous du cul » : l’humour islandais…
Ils sont capables de faire pousser – hors-sol – toute sorte de légumes et
de fruits, y compris des fraises et des bananes dans de gigantesques serres,
préservent leur race de chevaux typique du pays, trapus, puissants et bien
adaptés au climat, tel que quand l’un d’eux sort du territoire, il ne reviendra
jamais : interdit.
Pour le reste, ce sont des gens normaux, qui causent l’Islandais où le
vouvoiement a disparu (d’ailleurs ils s’appellent tous par leur prénom :
Tristan, fils d’Iseult), en fait le langage originel des vikings norvégiens,
tel que les gamins peuvent lire et comprendre les vieux textes moyenâgeux écrits
en norrois. Ils apprennent le danois à l’école et l’anglais dès le collège.
Résultat, ils sont tous trilingues et échangent entre eux la plupart du temps
en anglais.
D’ailleurs, leurs télés supportent presque un millier de canaux, dont deux
chaînes d’État qui n’émettent pas tout le temps mais sans jamais diffuser
d’émission sous-titrée.
Autre particularité similaire à d’autres pays nordiques : il n’y a
pas de volet aux fenêtres, pas même de rideau aux carreaux, juste un store
intérieur pour atténuer les lumières de l’été. De toute façon, en estives, ils
dorment tous avec un masque sur les yeux pour trouver le sommeil, sans ça… ils en
deviennent fous !
Le taux de criminalité y est de toute façon quasi-nul – un ou deux
meurtres par an et encore, pas tous les ans – tel que les 600 policiers (Lögreglan)
ne dressent que 80.000 contraventions par an pour justifier de leur paye
grassouillette, dont les trois-quarts concernent des infractions au code de la
route, dont seulement 30 % du réseau est goudronné avec des vitesses limitées à
un maximum de 90 Km/h (sur les rares deux fois deux voies), 30 km/h sur les
chemins de terre : il peut y avoir des animaux errants à chaque détour de
la route…
De toute son histoire, la police islandaise ne s’est servie qu’une seule
fois d’une arme à feu. C’était en 2013 pour arrêter un forcené dans son élan
meurtrier…
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