Chapitre vingt-sixième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
« Quand même pas par le tuyau
des chiottes non plus » annonce Delphine dans un mouvement de tête
agacé qui balance ses longs cheveux blonds et raides à travers toute la salle
de bain.
« Curieux, tout de même… »
note Noeline qui inspecte la même pièce.
Quoi ?
« Il manque un shampoing et une
brosse à dent. »
Oui, on sait : « Non mais
allo quoi ! Une fille sans shampoing, c’est une fille sans cheveux… »
Et sans son dentier, puisqu’il manque une brosse à dent ?
« Tu crois vraiment que ses
ravisseurs ont pu penser à ces détails ? » questionne Anaïs.
« On ne peut pas dire qu’il y
ait eu non plus bagarre. Soit elle s’est faite surprendre dans son sommeil,
soit elle a été immédiatement neutralisée. Probablement sous la menace d’une
arme. »
La pauvre chérie : « Elle
devait être terrorisée, alors. Pas le moindre murmure à signaler. »
Bon d’accord : « Mais ça
n’explique pas comment ils sont entrés et comment ils sont ressortis sans se
faire remarquer. Pas de trace d’effraction sur la porte, ils devaient avoir un
passe… »
Probable. Les hôtels modernes sont équipés de serrures à carte magnétique.
L’avantage, c’est que tu ne peux pas refermer « à clef » si tu
laisses ta carte dans la serrure intérieure. « L’autre avantage, c’est qu’il doit bien y avoir une centrale de
sécurité qui garde en mémoire les heures de manœuvres du loquet des serrures… »
Après vérification, c’était le cas sitôt après être rentrée de la soirée à
l’Opéra de la ville en fin de soirée. La serrure n’a pas joué avant l’arrivée
de la « carte-pass » du directeur de l’hôtel convoqué par le
garde-corps lui-même inquiété par la carmélite qui s’étonnait de l’absence du Kurjey
pour le petit-déjeuner.
« C’est une grande fille. Elle
pouvait pioncer, non ? »
Non, l’avion pour Londres s’envolait en début d’après-midi, ce qui ne leur
laissait même pas le temps de visiter la ville.
« Dommage. J’espère qu’on aura
cette opportunité. En attendant, ça veut dire que personne n’est passé par là.
Il ne reste plus que la fenêtre et le balcon… »
Totalement impossible !
Quatre étages, aucune trace d’échelle ou de corde ou de tout autre
dispositif du même ordre et de toute façon, toute la façade est illuminée et surveillée
dès le second étage. « Alors ils
sont montés du troisième étage par les balcons, ont empaqueté la fille, son
collier, sa brosse-à-dent et son shampoing, l’ont descendu jusque-là et sont
sortis par les cuisines. »
Toutes les chambres de cette aile-là étaient occupées. Et personne n’est
manquant ni n’a rien vu ni entendu. De plus, l’enquête précise au fil du temps
les profils des touristes occupant ces vastes pièces et aucun n’est ni
« suspect » ni manquant.
Pour bien faire, il aurait fallu jouer au trapéziste depuis l’autre aile…
Impossible avec une fille pesant plusieurs dizaines de kilos : faut être
raisonnable.
« Alors ? » C’est
le général avec son épouse, la magnifique diva Hélène Ladiva, alias de Gabriella
Silune à la naissance, entourés de la carmélite et du garde-du-corps.
« Rien. On est comme tout le
monde : on ne comprend pas comment les choses ont pu se passer. »
Peut-être que « Charlie-l’actionnaire » a raison. « Il se pourrait que ce soit une fugue ! »
Impossible : « Et
puis Anaïs, ça n’explique pas le procédé d’évasion. On n’a aucune trace de
quoique ce soit ! »
Charlie-l’actionnaire, c’est qui ça ?
« L’actionnaire de la boîte où
nous travaillons sous les ordres de l’amiral Morthe-de-l’Argentière. »
Je le connais, interroge le général ?
« Nous-mêmes, nous ne l’avons
jamais croisé », répond Noeline avec un soupir qui en dit assez long.
« Mais il paraît qu’il vous
aurait croisé à la Sorbonne lors de vos études, Madame. »
Gabriella plisse le front, soucieuse. « La Sorbonne, dites-vous ? À Paris. C’est possible, mais c’était il
y a si longtemps et je fréquentais surtout le conservatoire. Il doit y avoir
une confusion… »
Peu importe, ça n’explique rien et ne met sur aucune piste sérieuse.
« Et toujours aucune demande de
rançon ? »
Là, c’est le général qui pète un câble : « Vu le prix du collier disparu, la rançon est déjà payée ! »
éructe-t-il.
Voilà qui peut devenir très inquiétant…
Delphine a une idée : « Si
vous nous faites une liste des endroits que vous avez fréquentés avant-hier
soir en ville, je vous propose d’aller y jeter un œil et fureter du côté des
personnes qui pourraient l’avoir reconnue. Peut-être qu’on pourrait
reconstituer son emploi-du-temps et glaner quelques témoignages de personnes
qui vous auraient vues ou nous donner le signalement d’autres qui vous
surveillaient… »
Bonne idée.
Et voilà le trio des filles qui part « en ville » avec une liste
d’endroits à visiter.
« Euh… moi j’ai faim, les
filles. On se casse une graine ? »
La vieille ville de Pest est coincée du nord au sud entre le parc de
Szabadsàg, autrement dit la place de la liberté et ses beaux bâtiments, son
musée de l’occupation en plein-air, la banque centrale et la superbe basilique
Saint-Étienne, le héros historique local, avec son marché de Noël à ses pieds
et ses illuminations nocturnes. Un quartier à touristes et à restaurants abordables
(une fois qu’on a maîtrisé les problèmes de conversion de change).
La gastronomie hongroise est probablement l’une des plus riches d’Europe
Centrale. Pour beaucoup de personnes, elle se résume à la goulache et aux
différents plats au paprika. Et c’est vrai que l’utilisation du paprika est
massive, sous ses deux formes, soit fort (csipős) soit doux (édes).
Mais ils mangent du porc et du poulet et relativement peu de légumes.
Le repas hongrois typique se compose d’une soupe, d’un plat principal et
de temps en temps d’un dessert.
Les plats hongrois sont accompagnés de pommes-de-terre, de nokedli
(petites pâtes qui ressemblent à des gnocchis) ou de pain. Il est rare de
manger des légumes cuits à la vapeur, la salade verte est quais-absente, mais
le chou, les concombres ou les tomates ne sont pas rares.
Les desserts y sont très riches et délicieux et s’il existe beaucoup de
gâteaux différents, ceux-ci sont marqués par l’influence de la pâtisserie
autrichienne. Le fromage blanc, la noix ou le pavot sont des ingrédients
fréquents. La Hongrie est également connue pour ses vins et alcool, le Tokay
est par exemple mondialement reconnu.
Les spiritueux hongrois sont également très réputés, la pálinká
(eau-de-vie) et l’Unicum (un alcool amer aux herbes) ont une réputation également
mondiale.
Elles entrent dans une gargote pour se restaurer et tenter de joindre
Gustave au Kremlin-Bicêtre, pendant qu’on leur apporte une carte des mets
proposés : en entrée, des Hortobágyi palacsinta, des sortes de crêpes
fourrées avec de la viande de poulet et nappée d’une sauce au paprika et à la
crème aigre.
Du Tepertő, qui n’est autre que de la graisse restante du lard, cuite à la
poêle. Délicieux et appétissant, mais très calorique.
De la Húsleves, qui est une soupe à la viande (en général porc ou poulet)
servie avec des vermicelles. De la aprólékleves qui est la même chose mais avec
des abats. La fameuse « Gulyásleves », du goulasch, plus liquide que
l’originale. La halászlé, une soupe de poisson très populaire où on utilise des
poissons hongrois (carpes, brochets) et beaucoup de paprika. Voire de la Szeged
(szegedi halászlé). Dans le cadre des soupes proposées, sont présentes à la
carte la palócleves, l’une des meilleures soupes de la gastronomie hongroise
constituée de viande de porc, de paprika, de haricots et de crème aigre, et la
jókai-bableves, une soupe à base de haricots de viande fumée et de paprika.
Le gulyás - le goulasch – est bien
sûr le plat le plus emblématique du pays. C’est une sorte de ragout qui
contient de la viande, des pommes de terres, de la tomate et surtout beaucoup,
beaucoup de paprika. Le meilleur goulasch est celui qui est cuit et longuement mijoté
sur le feu dans une grande marmite (bogrács).
Le lecsó est une sorte de ratatouille hongroise préparé avec des oignons,
de la tomate, du paprika et de temps en temps on y rajoute du riz.
On y trouve aussi le pörkölt, qui ne désigne pas un plat précis mais toute
une famille de préparations, sortes de ragoût avec de la viande, de l’oignon et
du paprika qui est en général servi avec des nokedli (petites pâtes hongroises
ressemblant de loin au gnocchi) ou avec des pommes de terre.
C’est aussi le rakott káposzta qui est un fameux plat composé de chou et
de viande hachée cuit au four… La carte propose également de la székely gulyás qui
est une déclinaison de goulache au chou et au porc qui contient moins de
paprika que l’original.
Mais elles découvrent aussi le főzelék, un plat connu uniquement en
Hongrie, qui se situe quelle que part entre la soupe et la bouillie. Fort
nourrissant, les főzelék les plus connus sont fait de pommes de terre, de courges,
de petit-pois, de haricots, de chou...
Quant aux « töltött paprika », se sont des paprikas farci d’un mélange de
viande et de riz servit avec une sauce à la tomate.
De quoi ne jamais tomber d’inanition…
Elles ne goûteront pas à la carte des desserts, où l’on retrouve le
« Dobos torta », probablement l’une des meilleures pâtisseries de
Hongrie : il s’agit d’un gâteau au chocolat dont le dessus est caramélisé.
Mondialement connu, ce gâteau a été inventé par le célèbre pâtissier hongrois
József Dobos.
Les gundel palacsinta, ou crêpes « gundel », fourrées aux noix et
recouvertes d’une sauce au chocolat... tout simplement délicieux !
Le « rakott palacsinta », lui-même un gâteau aux noix et au chocolat
confectionné par des crêpes empilées les unes sur les autres.
Le « rétes », version hongroise du strudel autrichien. Il s’agit d’une
pâte très fine fourrée de fromage blanc, de pommes ou des griottes. Le rétes
est célèbre dans le monde entier. Au XIXème siècle, l’hôtel Ritz
proposait un « rétes hongrois » dans son restaurant.
Les « túrógomboc » sont de grosses boules de fromages blancs cuites puis
mangées avec du sucre et du lait acidulé, des « somlói galuska », l’un des
desserts les plus populaires de Hongrie qui sont de petits gâteaux ronds à la
confiture et aux raisins secs recouverts d’un épais coulis au chocolat et de
crème fraîche. Mais également le « eszterházy torta », l’Eszterházy
(du nom d’un célèbre comte hongrois), composé de noix et de crème qui se vend
également dans les confiseries.
Le zserbó est un petit dessert inventé par le célèbre pâtissier
budapestois d’origine suisse Émile Gerbeaud. C’est un petit gâteau composé de
différentes couches : pâte, noix et confiture le tout surmonté par un peu de
chocolat.
Riche et délicieux…
Le beigli est un gâteau enroulé d’Europe Centrale qui est consommé durant
la période de Noël. Le beigli « original » est au pavot ou à la noix mais
maintenant il existe beaucoup plus d’arômes différents.
Le « mákos guba », un dessert populaire d’Europe Centrale. Le principe est
le même que pour le pain perdu : on trempe du pain sec dans du lait, on fait
revenir à la poêle puis on saupoudre d’un mélange pavot-sucre avant de servir.
Et le túrórudi, LE dessert préféré des petits hongrois : une
friandise originaire de Russie qui se compose d’un bâtonnet de fromage blanc
enrobé de chocolat. On trouve des túrórudi dans tous les magasins hongrois, les
meilleures sont les « pöttyös » et les « mizo ».
Ce jour-là, les filles du groupe ADN se contenteront, après avoir vidé à
trois une bouteille d’Egri Bikavér, un rouge épais, sec, surnommé le « sang de
taureau » provenant de la région d’Eger dans le nord du pays, d’une
curiosité : le kürtöskalács (tresse en forme de cor, longue de presque 50
cm), un des desserts les plus populaires parmi les étrangers visitant la
Hongrie : il s’agit d’une pâte sucrée, vanillée, enroulée autour d’un
rouleau conique en bois et cuite au feu avant d’être saupoudré avec du sucre,
du cacao, de la cannelle ou de noix.
C’est cuit devant vous au charbon de bois, sur un stand du marché de Noël,
c’est servi encore fumant dans un étui alimentaire en forme de cône et ça se
mange avec les doigts.
Étonnant.
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