Chapitre vingt-deuxième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
« Bien sûr. Sauf qu’il n’y a pas
d’ambassade du Bhoutan en Hongrie. Juste une auprès de l’UE et des Nations-Unies.
Le reste est géré par les représentations diplomatiques de l’Inde. Mais pour la
police hongroise, rien. Pas une trace, rien : évaporée, la fille… elle et un
magnifique collier de perles rares et pierreries pour être ciselées et
façonnées par les artisans du Bhoutan. »
Ah oui, tout de même ! « Vous
avez une photo, au moins, qu’on voit à quoi elle ressemble. »
Il a ça et l’affiche.
Apparaît alors sur l’écran posé en face des filles du groupe « ADN »,
l’image d’une silhouette de jeune-femme en tenue vestimentaire traditionnelle qui
lui recouvre tout le corps et le visage, bigarrée à dominante rouge et liseré
or, ornée d’un collier de plusieurs rangs de perles qui lui tombe jusqu’au
niveau du nombril…
Il doit y en a pour plusieurs kilos.
« Ah oui, c’est sûr que si elle
s’affiche de la sorte en passant une frontière, on va la reconnaître tout de
suite. »
Là, c’est Noeline qui éclate de rire la première, entraînant Delphine qui
se tient les côtes et finalement Anaïs qui participe à la curée rigolatoire.
Gustave tourne la tête de droite et de gauche, l’air ahuri, ne comprenant pas
la cause de ces fous-rires.
« Ignares que vous êtes : il s’agit
du collier qui a disparu ! »
Bé qu’il mette la photo de la fille, sans sa burqa, ça sera mieux…
« Ils sont
bouddhistes-vajrayāna (bouddhisme tibétain) dans ce coin-là du sous-continent, pas musulmans… »
Le cliché suivant montre une jeune fille souriante, pas plus de 18 ans,
radieuse, très « en forme », carrément en bikini, aux côtés de sa mère qui est
dans la même tenue, sur une plage paradisiaque quelconque.
Le binôme n’a absolument rien à envier à la Kim détroussée à Paris du mois
dépassé, mais sans les retouches de la chirurgie-plasticienne. Si l’une est de
type européen et reste « empâtée » de lourdes rondeurs autour des
hanches, l’autre a une silhouette fine, est métissée avec quelques traits
propres aux autochtones paternels, à savoir des yeux légèrement bridés et la
base du nez plus épatée, la couleur de peau plus cuivrée, plus ambrée que sa
mère.
« Ah oui, c’est nettement plus sexy,
là… Mais dites-donc, vous dites qu’elle s’appelle comment, la mère ? »
Parce que ?
« Je crois bien la connaître.
Je ne sais pas. Ça va peut-être me revenir. »
Mais enfin, s’il écoutait, aussi. « Je vous l’ai déjà dit : Khromaktuthang ! »
À vos souhaits !
Nouveaux éclats de rire des « ADN ».
« Non ça c’est lui celui de votre
prince-général. Son nom d’épouse. Vous me dites qu’elle est d’origine
française… »
Ah, ça… il ne peut pas dire…
« Là c’est simple : si elle
avait représentation à l’Opéra de Budapest, elle doit être annoncée sur leur
site internet… »
Peut-être.
Noeline est la plus prompte, à rire peut-être, mais à trouver sur sa
tablette.
Il s’agit d’« Hélène Ladiva », son nom de scène. Et après une courte
recherche sur internet, on apprend qu’elle est née Gabriella Silune.
Ça ne dit rien à « Charlie », désolé.
« Et alors, si c’est un enlèvement
crapuleux doublé d’un vol, il y a au moins une demande de rançon, non ? »
Même pas et c’est ce qui est le plus troublant… « Rien vous dis-je. D’où l’inquiétude des
parents. »
On veut bien comprendre. « On
fait quoi d’après vous ? »
Gustave comptait envoyer les filles d’« ADN » faire une petite enquête sur
place, rien que pour montrer qu’on s’occupait du second cas « KK »,
celui de son ex-élève-officier.
« Si vous le voulez et qu’il
n’y a rien de plus urgent, mais je vous dis tout de suite qu’elles ne
trouveront rien, les filles. » Au moins dans un premier temps.
Et pourquoi ça, demande Anaïs, piquée au vif par la remarque désobligeante
de « l’actionnaire » ?
« Simple. Sauf à retrouver son
cadavre dans le Danube – mais alors pourquoi l’enlever ? – cette affaire n’est
pas crapuleuse. Elle a quel âge, la gamine ? »
16 ans, d’après ce qu’en a compris Gustave. On lui aurait donné légèrement
un peu plus.
« Voilà, vous avez votre réponse :
un fugue rien de plus. Et un collier dans perspective de se payer du bon temps. »
Il plaisante, là ?
« Non pas du tout. Vous avez vu
sa tronche à la « l’empreinte corporelle » ? »
Quoi ? Elle a un aspect normal. Plutôt mignonne d’ailleurs.
« Une bombe vous voulez dire.
Reconnaissez-le ! Elle serait sur votre canapé, malgré votre grand-âge, vous
n’iriez pas dans la baignoire pour lui proposer votre lit… »
Toujours graveleux.
« Oui, bon si on veut… Mais je
préférerai la Kim de l’autre fois, celle de votre Charlotte… »
Les trois filles « ADN » ne savent plus où se mettre : décidément tous les
mêmes !
« Ah bé voilà d’où je la connais, la
diva ? »
Et d’où donc ?
« Quand j’étais au lycée
Louis-le-Grand, mais je ne sais plus quelle année, j’ai dû la croiser à la
bibliothèque Saint-Geneviève. »
Ouf… ! Il lui a fait peur…
« Quoi ? »
Non rien…
« Mais dites, quoi ! »
Non rien… « Si c’est en rapport
avec vos activités passées du « Newvox ». Il y a de chastes oreilles dans cette
pièce… »
Il exagère tout de suite. « Anaïs
est mère de famille, que je sache… »
Non, là il était sage avec l’étudiante en bibliothèque à cette époque-là.
En revanche, par la suite, il a été « moins sage » avec
beaucoup : « Je devais avoir 15
ans tout au plus la première fois que je l’ai croisée. En revanche, quand elle
apparaissait entre les rangées de livres ou des tables de lecture, il y avait
plus d’une tête qui se levait et la suivait du regard, c’est sûr. Ça je m’en
souviens, maintenant.
Elle venait parfois avec Steph de
Conac. Quoique cette dernière, elle se faisait rare dans le quartier latin.
Surtout en matinée.
Et notez que sa fille ne doit pas être
loin de faire le même effet sur les cerveaux reptiliens de la gente masculine,
à mon avis. »
Et alors ?
« Bé allez sur place si vous le
souhaitez, cherchez le galant du moment. Vous ne la retrouverez pas très loin. »
Paul a décidément l’esprit tordu. Ce n’est pas parce qu’on s’habille avec
des bonnets C étriqués qu’on est une petite-vicieuse. Elle n’a que 16 ans la
gamine, quoi !
« Justement. Bon autre chose ?
Parce que je me ferai bien un café, moi… »
L’équipe fait un rapide tour des affaires en suspend et des prochains
rendez-vous et la conversation s’arrêtera là.
« Ne dites jamais que je vous ai dit
ça, mais parfois… il me gonfle l’actionnaire ! »
Gustave n’admet pas qu’une fille de général puisse être une dévergondée
enlevée « à l’italienne » par un bellâtre hongrois : ça ne se fait pas.
Tout simplement.
Des malfrats locaux, à la rigueur…
Mais dans ce cas, il y aurait eu une demande de rançon comme d’un bonus à
la prise de guerre des bijoux volés.
Bon sang ne saurait mentir et un militaire ça veut dire « discipline », la
règle de base.
Enfin quoi, il avait bien réussi à transmettre cette valeur fondamentale à
tous ses enfants, lui.
Même Nathalie, qui les cornaque – sans être présente ce jour-là (cellule «
MSN ») – et bosse avec Dimitri, sa fille naturelle, qui, sans l’avoir élevée,
est devenue toute seule une militaire aguerrie et a même reçu de graves
blessures au combat en Libye…
« Bon les filles. Il vous faut
prévoir un déplacement à Budapest. Vous visitez les lieux de l’enlèvement,
posez des questions tout autour, vous rencontrez le chef de la police et de la
sécurité. »
Bouddha-Pecht : « Mais
c’est loin, ça » fait Anaïs, un peu dépitée par la perspective…
« Deux heures d’avion tout au plus.
Prenez un hôtel pas trop moche en centre-ville, et à l’occasion, ça vous fera
découvrir le château de Sissi. Et leur Parlement. Là, je vous recommande.
Surtout la nuit. C’est vraiment splendide. »
Ils parlent le quoi, là-bas ?
« Ils parlent le magyar et payent
tout en Forint. »
En Florin ?
« En Forint, pas le Florin qui
d’ailleurs n’existe plus… »
Des visas à obtenir ? Noeline et sa double nationalité, toujours inquiète…
« Demandez à Barbara tant
qu’elle est encore là de vous confirmer qu’ils sont dans l’espace Schengen…
Dans ce cas, pas de visa, juste une carte d’identité valide.
Assurez-vous aussi qu’ils acceptent les
cartes Visa ou Mastercard, que nous n’ayons pas à vous envoyer des
mandats-postaux si votre séjour se prolonge. »
Pourquoi ? Elles partent combien de temps, s’inquiète de nouveau Anaïs
s’imaginant déjà devoir organiser la garde de sa gamine ?
« Plus vite vous la retrouverez,
plus vite vous serez de retour. »
Non-stop alors, demande à son tour Delphine ?
« Probablement pas. Voilà ce que je
vais faire : je vais rappeler le général Khromaktuthang, lui dire que vous êtes
sur place dès que possible, probablement dans la soirée ou au plus tard demain
matin par le premier vol et lui demander de prendre contact avec vous.
Normalement lui aussi est en chemin.
Vous enquêtez, vous vous mettez à sa
disposition, vous le laisser vous piloter et vous me rendez compte
quotidiennement, comme d’habitude.
Quand il n’y aura plus rien à gratter
de la situation sur place, ou qu’il vous le demande, vous rentrez. Ça vous va ?
»
Il est trop tard pour attraper le prochain vol régulier de 12 h 25 : ce
sera pour celui du lendemain à 11 h 30, celui du matin – 7 h 15 – étant complet
d’après Élodie…
Un coup de chance.
Parce que se lever avant les aurores en tenant compte des délais
nécessaires au passage des portiques de sécurité, ça n’avait rien d’évident…
Alors que là, ça laisse une après-midi pour préparer une valise, se
répartir le matériel et prévenir les proches abruptement mobilisés pour Anaïs.
« Qu’est-ce que vous en pensez, les
filles ? » demande Noeline une fois sur le trottoir.
On se fait une petite bouffe pour en parler ?
« Ah non, là, ça va être court,
surtout si je ramène Delphine chez elle. On aura le temps d’en parler dans
l’avion, avant l’arrivée. »
Ouais, sauf que Noeline aimerait bien savoir si vraiment la gamine est en
danger ou si c’est « Charlie » qui a raison ?
« On verra bien ça sur place,
tiens donc. »
En attendant, est-ce que Delphine, peut préparer des plans de la ville et
un petit cours de hongrois, qu’elles ne soient pas totalement perdues.
« Là, ça ne vas être facile. »
Juste un lexique des principales questions-réponses.
« Si j’emmène mon traducteur
vocal, on arrivera à se débrouiller ? De toute façon, ils doivent bien
baragouiner l’anglais. »
Certes, mais ce sont surtout des germanophones.
Très bien. « Moi, je m’occupe
d’en savoir plus sur le Bhoutan et la famille royale. Comment ça fonctionne
là-bas. »
Et elles se séparent, Anaïs ramenant Delphine chez elle et Noeline
enfourchant sa moto.
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