Chapitre vingtième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
« On arrête la CISA ? »
Non, pas du tout.
« La société vous doit de
l’argent. Et celui-là est mérité, même si je persiste à penser qu’on aurait pu
en tirer le double. Vous ne savez pas, mais ils étaient aux abois question
délai. Enfin passons, j’ai dit que nous ne reviendrons pas dessus.
J’ai offert à Huyck de lui verser ses
50 millions en « plus-values » de sortie du capital de la CISA. Il a
accepté et va se rapprocher d’Anjo pour lui gérer provisoirement ses avoirs
qu’il va conserver un temps en compte-courant rémunéré à 3 % dans nos livres.
Je vous propose la même chose. À vous
de me dire comment je vous les verse. »
Pourquoi nous pousser dehors ? « Je suis pas si mal en qualité d’associé. »
Et de CEO officiel, avec émoluments qui vont avec et un œil sur sa fille
naturelle, « Nathalie-la-rouquine ».
« Merci de votre confiance,
amiral, mais je vais dépenser beaucoup d’argent dans les mois et années qui
viennent.
D’abord, il nous faut
« recréer » un logiciel « BBR 2.0 » sur les acquis passés.
C’est une proposition de Huyck : il n’est pas satisfait de son travail et
considère qu’il y a mieux à faire avec nos bases de données. Plus rapide, plus
fiable, plus performant. Ça va lui demander une bonne paire de dizaine de mois,
voire plus avec Dimitri. Ce qui veut dire qu’on ne pourra pas sortir de
dividende avant très longtemps sur cette activité-là.
Ensuite, je vais lancer trois autres
projets qui vont me prendre beaucoup de temps et d’argent. Je ne serai pas très
disponible dans les mois et les années qui viennent. Avec Barbara et
Jean-Charles, plus vous en CEO-gourou, ça pouvait le faire. Mais sans eux, et
seulement votre fille pour assister et contrôler Loïc, ses équipes,
l’hôtel-restaurant de Normandie, il faut que j’anticipe y compris votre départ.
Vous comprenez ? »
Non : il reste. Il trouvera toujours quelle que chose à faire,
peut-être les enquêtes avec la CIA de Charlotte (la vraie, celle dont le nez
bouge quand elle parle) et le développement de la « sphère de
sécurité ».
Et l’amirale, son épouse, supporte très bien ses absences de leur domaine
de Marciac. En revanche, l’avoir sur le dos toutes les journées à venir… c’est
moins sûr que ce soit confortable pour l’un et l’autre.
« Comme vous voulez. J’en
touche un mot à Anjo ? »
Pas nécessairement.
« Je vous préviens comme Huyck,
Anjo va nous quitter d’ici l’été prochain. C’est acté. »
Remplacé par qui ?
Paul a bien une idée pour déjà le savoir, mais il n’a pas encore avancé
sur le sujet. Pour ça, il faut qu’il passe d’abord à Londres.
« Ceci dit, on va quand même
verser un dividende au début de l’année prochaine. Vous êtes usufruitier de vos
parts et c’est normal. La plus-value à faire restera affectée à votre fille
Nathalie, la nu-propriétaire. Personnellement, je la vois bien patronne
exécutive de la CISA quand vous décrocherez, ce qui arrivera bien un jour ou
l’autre, à condition que vous me la formiez correctement entre-temps. Prenez
votre temps. »
Oui mais le secrétariat général ?
On va d’abord recruter une comptable qu’on fera cornaquer par une
contrôleuse de gestion également à recruter.
« Pourquoi des femmes ? »
Soyons sérieux, amiral. « Parce
que si ça fonctionne comme je le sais que ça va fonctionner, la future patronne
de la fondation luxembourgeoise sera une femme. Et que pour les tenir toutes,
il vaut mieux les mettre en concurrence. Or, comme j’ai déjà été l’amant de
cette dernière et que j’ai besoin d’elle pour mes projets futurs, il s’agira
donc de mettre des dames qui se détesteront les unes les autres pour de bonnes
raisons et du coup se contrôlerons mutuellement. »
Oh punaise, l’ambiance… !
« Vous comptez toutes les
coucher dans votre lit pour ça, ou quoi ? »
Et puis quoi encore ?
Ok, et… « et Florence dans tout
ça ? » questionne Gustave, un peu interloqué.
« Florence reste à part. Elle
aura besoin d’avoir l’esprit libre pour sa prochaine activité, je veux dire
débarrassée des contingences matérielles « d’intendance » par
l’équipe mise en place en soutien et initiée par Jean-Charles. Mais vous le
savez bien, elle a une place à part. »
D’autant que les effets de son sex-appeal restent intacts dans le cerveau
reptilien de Paul, mais c’est aussi la mère de ses deux gamins, Annabelle et
Louis, les futurs héritiers.
« Compliqué », en juge
Gustave à voix haute.
« Pas plus que ça. Vous pouvez
vous charger de lancer les recrutements ? »
Bien sûr. « Vous les voulez
comment ? Blondes, brunes, rousses ? »
Quel con…
« Non ! Moches. Pas comme
Élodie qui est mignonne comme un cœur. Il faudrait que vous retrouviez mon
ancienne secrétaire parisienne de la MAPEA. Une fille toute rouge de visage.
Abîmée par un produit de beauté de « grande-marque ». Le logiciel BBR
devrait pouvoir la localiser. Elle-même connaît la comptable qui fera l’affaire.
En revanche, l’une et l’autre seront supplantées par la future secrétaire
générale, que je ne connais pas encore. Brune si mes souvenirs sont bons… »
Pardon ? Comment peut-il se souvenir d’une personne qu’il ne connaît
pas d’après son propre propos de l’instant ?
« Oh, ça ? Ne cherchez
pas, Gustave. Il s’est passé tellement de choses durant mon enlèvement… »
Hein ? Que quoi ?
Mais Gustave, une fois de plus, n’en saura pas plus sur le moment :
il lui faudra, comme tout le monde, attendre la mise en ligne du mois d’août
sur le blog d’I-Cube, pour prendre connaissance du contenu de cette période-là
[1].
Et encore, c’est tellement ahurissant que ça restera à jamais un
mystère-romanesque.
« … et par une contrôleuse de
gestion qui arrivera peu après. Fournissez-moi les CV et je vous dirai. »
Bien mystérieux, « l’actionnaire ».
« Ah, et n’omettez pas
d’assurer une « sphère de sécurité » autour de Florence, s’il vous
plait. Avec le groupe « HLM » (pour Henri, Laurent et Marion) quand ils seront disponibles. Ce n’est pas
qu’elle soit menacée, mais ça la rassurera. »
Comme il voudra : ce n’est pas l’argent qui manque, même s’il n’est
pas nécessaire de le jeter par les fenêtres.
Peu après, Paul repart en Normandie, escorté de Shirley, pour rejoindre
Huyck qui y séjourne pour quelques temps, le jour dans le bunker, les soirées
et nuits logés dans l’hôtel.
Un dragueur ce hollandais, ancien camarade de promotion de Polytechnique de
Paul.
Ils ont à mettre en place le projet de logiciel
« BBR 2.0 », le « rénové ».
« Les mêmes bases de données,
les mêmes « couleurs » selon les types de menace, mais sans les
entrées d’abonnés et avec les « Z » (pour zombie). L’idée, c’est de les mettre en avant.
Tu comprends Paul, depuis les affaires
de Nice, mais surtout du Rouvray, et encore avec le cas « KK », je me
suis aperçu qu’on avait les données, mais qu’elles n’étaient pas exploitées
comme il aurait convenu. »
Ce qui veut dire ?
« Que dans les quelques
milliers, une dizaine, pas plus, des blancs, il y a nos « Z ». Et ce
qui distingue les blancs des « Z », ce sont des comportements
anormaux. Par épisodes seulement. »
Tous les mecs qui vont tringler « hors mariage » ?
« Non, là, ça on les recoupe.
On peut les éliminer du cercle des menaces. On peut même éliminer tous ceux qui
ne sont pas déjà « Bleus », « Roses », « Vert »
ou « Orange ». »
Les « Purples » alors ?
« Pas plus. Ceux-là, le
logiciel « BBR » les repère sans difficulté. Non des « Blancs »
tellement transparents que le logiciel ne les « sort » pas dans le
lot de tous les autres. »
Et alors, comment compte-t-il faire ?
« Si j’ai bien compris le
chèque que tu vas nous faire paye nos milliards d’entrées et le logiciel
« BBR 1.0 » pour qu’il ne serve pas, c’est ça ? »
C’est probablement ça.
« On en est réduit à faire des
suivis sur les quelques 70 millions de personnes qui résident sur le
territoire. »
Affirmatif.
« Dans le tas, tu sais
qu’environ la moitié ne sont pas « actifs ». L’autre moitié est
classée « BBR ». Pourtant, ils bougent comme les autres dans la
journée. Ils ont des activités. Les gamins vont à la crèche, à l’école, au
collège, au lycée, à l’université avant d’aller au boulot. Mais ces derniers-là
sont équipés de puces qui nous permettent de les localiser et de les filocher.
Et ceux qui n’en ont pas, on les repère avec les trajets de leurs parents ou les
caméras de surveillance ou par leur mobile, voiture, train, avion, etc. Pas de
problème. »
Les autres non plus ne posent pas de problème, puisqu’ils sont suivis par
le logiciel « BBR ».
Paul suit le raisonnement…
« Requin nous a échappé parce
qu’il est arrivé depuis l’étranger
par une frontière terrestre et des chemins détournés. En revanche, il a été
suivi par nos spots-espions tout au long de ses divagations, hors communication
internétique. Sais-tu qu’ils sont à peine plus d’une centaine dans ce cas-là
quand tu élimines les grabataires ? »
Pas plus ?
« Pas plus. Dans l’affaire
« KK », les gars n’utilisaient que très peu leurs portables. Et encore, en utilisant des prépayés dans les
jours qui ont précédé leur attaque. De « Blanc » ils sont devenus
« Z » sans qu’on s’en aperçoive alors que leur inactivité
inhabituelle aurait dû nous alerter, d’autant qu’ils étaient présents sur
d’autres spots. »
C’est ce que révèlent ces dernières analyses.
« Tu proposes quoi ? »
De faire un « BBR 2.0 ». « Il s’agit de partir à l’envers. Au lieu de chercher à identifier ce qui
est repéré, il s’agirait plutôt de repérer tout le monde et d’en sortir tout ce
qui est déjà identifié. »
Le raisonnement par ablation.
« Pas de problème ! »
Bé si, justement. « Il y en a
pour plusieurs mois de programmation. Tout seul, avec tout ce que je fume et
bois, je n’y arriverai pas. Et si je dois me faire aider, c’est un budget au
moins deux fois plus gros que pour le « BBR ». Je veux bien y mettre
ma part, mais… »
Mais, comme ça ne rapportera jamais rien, pas un sou, c’est sympa, et ce
n’est pas très utile.
« De toute façon, Huyck, que je
te suive ou non, tu as envie de le faire. Alors fais-le. Dans le cadre de la CISA
et tu restes associé autant de temps que tu en as envie. Tu verras bien où ça
nous mène, d’autant que tu vas trouver du renfort, même si tu vas te faire
arnaquer : ce n’est pas grave, on aura les moyens de rebondir.
Mais je veux que tu n’en dises rien à
personne. Officiellement, le logiciel « BBR » ne fonctionne plus. Et
on ne lancera plus d’alerte « Orange » ou « Rouge ». Aux
américains de « Pamentir » de faire le boulot à notre place. Ou de ne
pas le faire. »
Et pourquoi ?
« Parce que les djihadistes
vont s’apercevoir des effets du logiciel que nous avons conçu. Et qu’ils vont
donc opérer différemment avec des attaques sans préparation. Le
« 2.0 » va les découvrir au fil du temps. Et à un moment donné, ce
sera l’occasion de les éradiquer. Mais pas tout de suite. »
De toute façon, il y aura peu d’attentat dans les mois à venir malgré le
retour des combattants de Daech dans leurs pays d’origine et, dans un premier
temps, les américains vont jouer le jeu en Europe.
« Mais ce sera sélectif en
fonction de leurs politiques étrangères. Moi, ce que j’aimerai, c’est que tu
cornaques une équipe qui pompe les données nécessaires au « 2.0 » sur
tout le territoire de l’Europe de cap du Finisterre – en Espagne – jusqu’à
Naoukan sur le détroit de Béring. On l’utilisera le moment venu. »
Ouh là ! Jusqu’au détroit de Béring… ça va demander du temps.
« Tu as un an. Et les budgets
qu’il te faudra. Après, on attaquera le reste de l’hémisphère-nord et ensuite le
reste de la planète. Tu mets le monde qu’il faut, mais attention aux
fuites : tu découperas les activités en des lieux divers pour que tes gars
ne soient pas plus de deux ou trois à se connaître et à savoir sur quoi ils
bossent. »
On centralise où ?
« Ici en sauvegarde, comme
d’habitude et selon les procédures habituelles avec des
« satellites » éparpillés. Mais je tâcherai de monter un second
centre de stockage en lieu sûr d’ici un an. Je te propose d’ailleurs de
commencer par l’Islande où tu connais du monde, histoire de se mettre à l’abri
des évolutions législatives européennes qui vont débouler. Mais le seul à être
au courant de l’ensemble, c’est Dimitri. Même pas Gustave ni sa fille et
personne d’autre, d’accord ? »
Dimitri, un « bon gars » qui bosse bien, en dit Huyck qui
approuve (normal qu’il soit bon, c’est un centralien, un « piston »),
d’autant qu’il est vrai qu’il a des potes en Islande et que le pays est au cœur
de bien des réseaux câblés-hyper-sécurisés et très développés.
Et puis ils sont allés faire la fête au restaurant de l’hôtel : une
sacrée descente le père Maartje et sa « barbe fleurie ».
Paul partira le lendemain pour Phillipsburg avec la
belle Shirley, distribuer des autographes et faire les honneurs des équipages à
bord des avions qu’ils emprunteront
(1) Cf. « Ultime récit » (http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/09/ultime-recit-chapitre-zero.html)
publié aux éditions I3
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