Chapitre trentième-huitième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
« Je t’explique : c’est
celui-là qui va coûter le plus cher. Plusieurs dizaines de milliards d’euro.
D’où le besoin de démultiplier les acquis sur les crypto-monnaies. »
Elle salive d’impatience…
« Globalement, il y a une série
d’atolls qui font une sorte de cercle d’environ 30 kilomètres de diamètre, au
ras des flots et à faible profondeur sur les bords. Or, 30 kilomètres, ça fait
à peu près 90 kilomètres de circonférence et je compte y semi-enterrer un
anneau de vitesse qui va nous servir de fronde pour lancer dans l’espace des
charges utiles avec des coûts très largement inférieurs à ce qu’on sait faire
actuellement. Même Elon Musk et sa Falcon ainsi que les lanceurs de Jeff Bezos
et de quelques nouveaux venus sur le marché, ils ne pourront pas rivaliser et
ce, pour deux raisons. »
La première c’est que l’engin lancé n’emporte pas son carburant, seulement
lui-même et sa charge utile, car il est accéléré dans l’anneau de vitesse avant
de prendre son envol : une sorte de vastes réservoirs d’énergie cinétique
en eux-mêmes qui est dispersée en énergie potentielle, pour grimper jusqu’à
l’altitude de satellisation et un peu en chaleur pour traverser à très haute
vitesse toutes les couches de l’atmosphère.
Une bonne heure à plus selon la charge avant le lancement, pour prendre sa
vitesse, plus une vingtaine de minutes pour prendre son orbite. « L’énergie est fournie par un réacteur
nucléaire en continue resté au sol, ce qui permet de faire plusieurs dizaines
de lancement dans le même tir, comme dans un canon électrique. »
Mais dis donc : « La force
centrifuge, j’imagine qu’elle va être énorme ! Elle va tout écraser dans
ton vaisseau ! »
Juste : « Tout dépend de
la vitesse de lancement et sur un pareil anneau, elle sera inférieur à 550 G en
final, ce qui correspond à ce que fournit une simple essoreuse de machine à
laver le linge ou seulement un quart d’une bonne centrifugeuse de laboratoire.
Évidemment, aucun animal, même humain avec ses masses molles, ne peut encaisser
ça sans « exploser », déchiré. Pas même un pilote de chasse bien
entraîné. D’autant que là, ça pourrait durer des plombes pour atteindre la
vitesse de lancement qui dépend, elle de l’altitude visée qui elle-même
détermine la vitesse finale à atteindre, alors même que l’accélération va
dépendre de la puissance délivrée et de la masse du véhicule lancé.
Mais deux, il n’est pas question d’y
mettre des bonhommes ou des animaux, mais des matériaux inertes de
ravitaillement, combustibles, appareils, etc. Les bonshommes, je les envoie
avec un vaisseau plus… disons, classique, sauf que lui aussi aura pour énergie
primaire une mini-centrale nucléaire mais embarquée à son bord pour fournir de
quoi faire des plasmas dans ses tuyères ! »
Ouh là-là ! « Mais tu vas
te ruiner avec tout ce tintouin ! »
Bé c’est justement pour ça qu’il faut trouver une compagnie de paquebots
qui fasse de la marge…
« Tu ne peux pas faire plus
simple et te contenter de faire gérer à millions ta fondation patrimoniale
luxembourgeoise ? »
Ça, ça arrangerait toute la clique des financiers du monde. « Mais pour eux, je suis une goutte d’eau
après les quantités de QE déversées sur les marchés, qui certes stabilisent les
cours des monnaies, renforcent la solidité des banquiers, permet de lever des
fonds à « pas cher » pour les États impécunieux, mais se retrouvent
aussi sur les marchés boursiers dans les indices-actions. Rajouter mes 18
milliards futurs n’y changera rien. »
18 ? Elle croyait qu’il s’agissait seulement que d’un, et en euro,
pas en Livres…
« Pas tout-à-fait un
aujourd’hui, mais avec les effets de levier sur les cryptos à faire d’ici un
an, on peut multiplier la mise de départ, quand tu auras fait le boulot en
novembre/décembre 2017, la compagnie des paquebots et l’acquisition des Chagos,
voire 4 fois plus avec les actions achetées en « parking » dans la
période intermédiaire. J’insiste : les crypto-monnaies ont des supports en
dollar, yen et yuan, mais tu travailleras en euro et en dollar, mais pas Livre. »
Et pourquoi donc ?
« Parce que la fondation
patrimoniale luxembourgeoise travaille en euro, que le dollar va s’effriter,
devenir volatile, c’est ce que recherchera le président américain tout neuf
avec son « first america » et que la livre va être chahutée avec le
brexit. Le yuan, les autorités n’aiment pas vraiment les crypto-monnaies.
Pareil pour le yen. »
Qu’elle fasse attention aux échéances : « C’est précis, parce qu’après, les cryptos plongent. Et comme je sais
que tu vas en jouer toi aussi, tu n’as pas intérêt à trop déraper sur ces
supports : ta boîte n’y survirait pas. »
Bé elle qui pensait lever le pied avant le déménagement en Allemagne prévu
pour fin 2018 début 2019… même si justement, ça va devenir impératif pour
« ce client-là » avec ses futurs 18 milliards potentiels et
provisoires en attendant 4 fois plus.
« Tu sais tout ça
comment ? »
Il sait, c’est tout. « C’est du
raisonnement technico-politique. Un instrument fiable… » fait-il pour
la rassurer.
Mais derrière, toujours cette fin de non-recevoir que Paul ressert systématiquement.
« Mais dis-moi, lancer des
satellites avec des centrales nucléaires, tu ne crois pas que c’est plutôt de
la compétence des puissances publiques ? Ne vont-elles d’ailleurs pas te
l’interdire ? »
Au milieu de l’océan indien, le risque est pour le moins très faible pour
les populations alentours.
« Et puis, à un moment donné, quand
le bidule aura dépassé le stade de l’expérimentation, tes potes financiers
accourront pour « en être ». Je vois ça dès 2019/2020. La prochaine
décennie. À toi de préparer les émissions de titre : tu en seras chargée.
Et une fois que les milliardaires de la planète et quelques États seront ainsi
hameçonnés, on ne pourra plus arrêter quoique ce soit.
Au moins, j’aurai fait quelque chose
d’utile pour la planète et l’espèce humaine. À d’autres ensuite de faire
tourner le truc : les histoires d’intendance, ça m’a toujours emmerdé. »
Bon ok, elle voit le topo et pourquoi ne pas prendre ensuite une retraite
anticipée riche « aux as » ?
« Mais je ne vois pas pourquoi
tu as besoin d’un paquebot sur place ? »
Tout simplement pour loger les équipes de construction de l’anneau de
lancement.
« Avec des robots
sexuels ? »
Elle déconne, là ?
« Tu plaisantes,
j’espère ! Non, mais simplement parce qu’avec les milliers de tonnes de
bétons et d’acier que ça représente, les sous-sols iront en s’affaissant. Ça
plus la montée des eaux due au réchauffement climatique et les cyclones de la
région, il faut que tout soit « hors d’eau ». Et quoi de plus simple
à réaliser quand « ça flotte » correctement ? »
Logique…
« Même ton anneau de
vitesse ? »
Non lui sera semi-enterré, lui avait-il dit. Hors les « ouvertures ».
« Il suffira d’ajuster au fil
du temps. En revanche, toutes les autres installations flotteront –
éventuellement pour pouvoir les déménager, un bon prétexte pour nous foutre la
paix sous menace de délocalisation – ou seront posées sur des plateformes sur
pilotis, genre plateforme pétrolière. Simple, non ? »
Simple… sur le papier.
« On a deux ans devant nous
pour rassembler les pièces du puzzle et ensuite plusieurs années de boulot à
fournir. Ça va coûter un maximum. »
Banco en pense-t-elle : son « french stalion » n’est pas
seulement « bon au lit », mais dans bien d’autres domaines,
manifestement…
Une perle !
Paul rentre ensuite en Normandie, mettre quelques schémas et équations sur
le papier qu’il compte présenter lors de ses prochaines visites aux USA. Non
sans s’inquiéter du sort de Huyck resté en Islande cornaqué par le groupe ADN.
« Comment ça ils ont arrêté la Kára ?
Mais ils sont dingues dans ce pays-là ! » enrage Paul au
téléphone avec Gustave, très étonné par le courroux de Paul.
« Mais, mais… ils ont retrouvé
l’arme du crime chez elle. Une paire de chaussure à talon qui portait encore le
sang de KK. »
Quelle bande de cons ! « C’est
son sang, c’est l’arme du crime, mais ce ne sont pas ses chaussures ! Ils
ne savent décidément pas mesurer la taille d’un pied ! En plus, l’autopsie
de Kára révèlera qu’elle est enceinte de Kristbjörn son boss. Vous avez déjà vu
une femme enceinte se suicider, vous ? »
Ça s’est déjà vu, justement, à défaut d’avortement. « Mais elle n’est pas encore morte, que je
sache. Du coup… je crois qu’elle n’a pas encore pu être autopsiée ! »
« Pour avorter, il faut déjà
savoir qu’on est enceinte. Quant à son suicide, c’est pour bientôt si ce n’est
déjà fait. »
Non mais là, il débloque totalement le patron, mais alors complétement,
grave, même !
« En attendant, le groupe « ADN »
revient sur ses bases. Huyck est sorti de taule et monte un deal sur place avec
Tryggva, l’épouse et unique associée héritière. »
Paul sait cela aussi, sans que Gustave sache comment il sait : il ne
demande même pas de nouvelles de « l’empreinte corporelle », le
deuxième cas « KK » dont le retour au Bhoutan a été
« orageux » pour avoir dû affronter la colère paternelle.
« Ça le regarde que de payer
deux fois pour la même chose. Il aurait dû débaucher l’équipe pour racheter le
Datacenter ensuite. Enfin peu importe, nous aurons les outils pour le
« BBR 2.0 », comme prévu. »
Incroyable. Tout ce que veut bien rajouter Paul, c’est qu’il passe à Paris
rendre hommage à la mère de ses gosses et qu’il part aux USA.
Le pire dans tout ça, c’est que le groupe « ADN », une fois
revenu, se fera rappeler par Huyck pour un complément d’enquête : il y a
eu anguille sous roche. Miss Tryggva Vilfríður, une fois les contrats signés et
les fonds versés a disparu un avion plus tard, vers une destination inconnue
depuis une escale au Canada.
Évidemment, avec son pactole en poche…
« Ce n’est pas clair. Il faut
que je joigne Paul pour avoir des instructions ! »
Ah non ! On ne va pas recommencer à lui courir après : il est
aux USA en plongée profonde.
« Vous faites ce qui était
prévu et vous drivez la boutique de KK. »
Oui mais c’est qui son meurtrier ? « La police locale s’arrête à l’arrestation de la gamine, qui elle-même
s’est suicidée en prison. »
Ah oui, déjà ? Et de désespoir face à une ignominie, doit-on
imaginer ?
« Je n’en sais rien ! Mais
c’est le bordel, ici : ils n’ont jamais vu ça ! »
« ADN » repart, même si c’est sans Anaïs, portée pâle pour
s’occuper de sa gamine qui se tape une varicelle, telle que la grand-mère ne
peut pas assumer la mission de garde-chiourme de peur de se choper un zona (une
forme aggravée de la même maladie virale propre « aux vieux »).
Charmante perspective…
« Notez qu’il vaut mieux
qu’Anaïs reste confinée. C’est une affaire à contaminer tout l’avion et au-delà
l’île toute entière » tente de rassurer Gustave.
« Elle est pourtant mignonne,
Anaïs… »
Huyck ! « Vous faites
vraiment chier avec vos réflexions machistes. Et puis vous avez sur place la
grosse Fríða ! », l’autochtone exilée à Amsterdam, venait de
cracher le logiciel « BBR » 1.0 pour le compte de Gustave.
Huyck ne prend même pas la peine de répliquer. Sa colère est telle qu’il
raccroche au nez de Gustave dans un geste tellement rageur du pouce tel que
l’appareil lui échappe de la main pour choir sur le parquet flottant !
Ambiance…« Punaise de merde ! On
vient juste de rentrer. Et en plus Anaïs s’est démerdée pour ne pas venir. »
Oh hé, « t’as qu’à te faire
faire un gosse par ton mec, tu verras, ce n’est pas si facile que ça ! »
Qu’est-ce qu’elle en sait Noeline qui n’a pas de gosse non plus,
alors que Delphine s’occupe de ceux de son mec-à-elle, devenus certes et depuis
le temps des adolescents accomplis ?
« Euh… on ne va pas
recommencer, là ! »
Non. « Du calme. Je ne t’en
veux pas. On y va ensemble, alors on essaye de ne pas se fritter sur les sujets
qui fâchent, si tu veux bien, ma « collègue » de galère à moi. On est
payée pour ça. »
Un suicide en prison, ça ne s’était jamais vu en Islande. Mais pour la
police et la presse locale, ça pouvait se comprendre : le trouble majeur
de la culpabilité. La réaction quasiment normale dans cet environnement
puritain et luthérien à l’extrême pour une jeune fille de bonne famille,
petite-fille de pasteur (côté maternel).
Même si pour la veuve du pasteur, c’est tout-à-fait contre-nature avec
l’éducation que sa petite Kára avait reçue.
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