Chapitre dix-neuvième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Toutefois, avant Noël et au siège du Kremlin-Bicêtre, les choses se
compliquent un peu.
D’abord, on voit passer d’étranges visiteurs venant d’horizon divers armés
d’accents bigarrés : Irina Dichnikov, insistant pour rencontrer Paul qui
n’est jamais là quand elle arrive là où elle croit savoir qu’il se
trouve : « On dirrrait que
Pôle-de-Brrrréveuil me fuit ! »
Ce n’est pas totalement faux, disons qu’il évite les importuns qui lui
pompent du temps inutilement, la rassure Gustave comme il peut. « Il vit toujours à 100 à l’heure et dans
toutes les directions. »
Le « cousin Lev », qui prend ses quartiers chez Nathalie
sur les bords de Seine, la voisine au chat et aux yeux myosotis, et sa
colocataire, Marie-Claire, au léger strabisme divergent qui lui donne un charme
indéfinissable.
Lui est discret : il ne cherche pas le contact, mais s’inquiète des
activités de ses voisins et des visites qu’ils reçoivent.
Alors que Shirley a refait surface et s’est installée dans l’hôtel Normand
à tenir la jambe et parfois la chandelle (et réciproquement) à Matilda qui n’a
pas encore déménagé pour Rome, mais va y retourner : c’est que les
services du Vatican s’inquiètent des sorties en ligne des chapitres de
« Laudato sì… » [1]
du fameux « I-Cube » qui relatent diverses informations, sinon
confidentielles, à tout le moins « sensibles » qui n’ont pas à être
étalées sur la place publique. C’est « inconvenant ».
Pour les services pontificaux, derrière le pseudo de « I-Cube »
se cache directement Paul de Bréveuil.
Ce n’est pas tout-à-fait ça, mais ce n’est pas complètement faux, puisque
Paul sait qu’il aura l’occasion « d’inspirer » I-Cube dans le futur,
via des boucles temporelles dans le passé pour qu’avec un peu de matière il se
débrouille pour relater l’essentiel sans rien trahir, ce qui permet à Paul, encore
aujourd’hui, de prendre les « bonnes décisions ».
La première chose, c’était d’établir un « piratage » sur son
blog en 2008 : Paul est « l’auteur » de cette fiction qui
existait avant qu’il n’en prenne connaissance [2].
La seconde sera d’établir un contact avec le « Capitaine Haddock »,
l’homme-clé de sa première mission secrète pour la nation. Il y en a eu et en
aura d’autres (pour la suite), mais chronologiquement la dernière aura été de
le mettre sur la piste des « Makaronleaks » : Un simple
commentaire « anonyme » au bon moment aura suffi.
En réalité, Paul et I-Cube sont indéniablement liés par des destins qui se
croisent et se recroisent : le second se prend pour un auteur de génie,
alors qu’il est finalement « téléguidé » par le premier qui sait son
sort jusqu’à avoir lu sa propre nécrologie complète [3]
relatée dans le détail (pas tous heureusement) jusqu’au décès d’I-Cube.
C’est assez pour guider l’un et l’autre… sans que le second ne le
comprenne réellement.
Ensuite, Jean-Charles s’émeut des dépenses de Paul : non seulement il
n’a pas de vue globale sur les mécanismes d’optimisation mis en place dans son
dos [4]
qu’il ne comprend donc pas, ni pourquoi les avoirs qui normalement devaient
rentrer dans les caisses de la CISA sont cantonnés par le portugais – qu’il
supporte de moins en moins et ça devient réciproque – dans la fondation
luxembourgeoise de Paul. Mais en plus, il se rend compte que son patron
« claque » beaucoup d’argent sans espoir de retour.
N’a-t-il plus confiance tel qu’il est mis à l’écart de toutes les décisions ?
Et ce n’est pas Gustave qui peut le rassurer : lui, il ne sait même
pas où « le boss » se trouve ! Paris, la Normandie, les caraïbes
sur Eurydice ? En avion et pour quelle escale ?
Justement, la crise éclate au moment où Jean-Charles découvre que Barbara,
la encore secrétaire générale est chargée de trouver un jet-privé d’occasion à
l’achat ! C’est au bas mot 3 à 5.000 euros d’entretien pour chaque heure
de vol et entre 50 et 500 milles dollars l’achat d’un engin qui n’est pas une
épave. 50 millions pour un Falcon X flambant neuf.
« Et pourquoi pas ? »
lui répond Barbara qui ne comprend pas le courroux soudain de son voisin de
bureau. Le chef, il ne s’est payé seulement qu’une simple Discovery–Rover, la petite-grosse
de la gamme avec toutes les options, jusque-là : même pas une Ferrari, une
Maserati, une Bugatti ou une Rolls alors qu’il est pété de tunes à en crever.
« Parce que nous, on se crève le
cul à compter son pognon qu’il jette par les fenêtres et qu’il nous paye avec
un lance-pierre ! » éructe-t-il de colère.
« Moi, j’ai toujours ma vieille
polo qui n’en peut plus… ». Et elle la même Clio depuis des années.
C’est Loïc (le gérant de « Prestige spirits » qui se trouvait là
pour clôturer ses dossiers de l’année) qui vient les calmer depuis son
rez-de-chaussée, accouru aux « son du canon » si inhabituel de ces soudaines
clameurs !
Dimitri, qui est à l’étage du dessous, s’en mêlera juste derrière lui.
« Merde, Jean-Charles ! Si
vous êtes mal payé, vous vous calmez et vous lui demandez une augmentation. Ou
alors, vous allez ailleurs trouver mieux ! »
Oh toi, le petit-con…
Le coup est parti sans prévenir, juste paré par réflexe par Dimitri qui
s’interpose à l’improviste, avant qu’il n’atteigne le visage de Jean-Charles.
« Cassez-vous de mon bureau, tous
les trois ! » hurle alors Barbara, devenue à son tour hystérique.
Ambiance.
Au soir, Gustave rapporte l’incident : « Ils sont à cran ! C’est quoi cette histoire d’avion ? »
Pour toute réponse il reçoit un « déjanté » : « Je vais passer vous voir. En fait, j’aurai
bien aimé acheter un F 14 bi-sonique pour aller plus vite, ou un F 35, mais
l’armée ne veut pas m’en céder… »
Une belle Ferrari, une Rolls ou une méga-moto, ça ne serait pas
suffisant ?
« La moto, ce n’est définitivement
plus pour moi et une voiture ça ne vole pas encore », fait savoir Paul
faisant référence « Requin » et au dernier assaut des tueurs lancés à
sa poursuite par William (sans T) River. « Une petite voiture, je veux bien, mais genre SUV ou 4x4 un peu
sportive : je ne rentre pas dans vos Lamborghini. »
Ou plutôt, compte tenu de sa corpulence, s’il peut encore s’y enfiler avec
un chausse-pied, il ne peut plus sortir sans se vautrer immanquablement à
terre…
D’où le choix de la Rover croit comprendre Gustave.
L’armée de l’air n’a que des Mirages ou des Rafales et il en manque depuis
les dernières ventes au Moyen-Orient. Et c’est nettement plus cher…
Déjanté !...
Le surlendemain, Paul est dans ses locaux. Il salue Gustave qui se
contente de lui faire savoir que Barbara veut lui parler. « Qu’est-ce qu’elle a à me dire ? »
Il va le savoir tout de suite.
« Paul, je suis désolée, mais
je démissionne. »
Allons bon : même s’il savait, il est surpris, pour ne pas se
souvenir précisément de la rapidité de la décision. Il ne manquait plus que
ça ! « La » Barbara arrivée dans la boutique depuis les toutes
premières heures, à un moment où ça n’allait pas très fort ?
« La » Barbara rencontrée alors qu’il cherchait lui-même du boulot
chez son ancien employeur, et où elle tenait le rôle de la RH-recruteuse lui faisant
son entretien de réintégration. Que ça s’était mal passé…
« La » Barbara qui lui avait sauté dessus une unique et
impérissable fois avant de devenir sa salariée à lui ? « La »
Barbara qui était au courant de tous les aléas vécus ici et ailleurs depuis
toutes ces années de folies ? « La » Barbara qui s’était montrée
si exquise avec Florence ?
Pas possible ! Il avait beau savoir, ça lui fait quand même un choc.
« Je vais me marier. Et lui au
moins, il ose me baiser ! »
Se marier ? Allons bon ! Quelle drôle d’idée, décidément !
À un pizzaïolo rencontré l’été dernier qu’elle va aider à ouvrir son
échoppe à Limoges. Son solde de tout compte et ses indemnités-chômage, si Paul
voulait bien lui accorder le bénéfice d’une « rupture
conventionnelle », les y aideront.
À Limoges ? Une pizzeria, ce n’est pas sûr que ce soit suffisant…
« Mais au moins, nous pourrons ensuite
devenir amants, tous les deux ! »
Non mais n’importe quoi, là : elle se marie avec son nouveau boss
pour prendre pour amant son ancien patron ? Il y a manifestement
confusion, là !
« Ok. On ne va pas faire
d’histoire. On transige en bonne et due forme. Je vous paye vos droits et je
rajoute jusqu’à 2 ans de salaire. Mais quant à passer par Limoges… je ne suis
pas bien sûr. D’autant que vous n’avez pas bien compris à la situation. »
Ah bon ? C’est pourtant sur le chemin d’Aubenas, si par hasard...
Quand Paul y va, c’est et ce sera probablement, avec son hydravion
stationné à Caen.
« Non je veux dire que je ne
suis plus le patron de rien. C’est Gustave le chef, ici. Moi je suis juste
l’actionnaire. Même plus de salaire… »
Et le portugais, alors ?
« C’est mon représentant légal…
Le patron des patrons des « boutiques ». Vous avez donc occulté qu’on
pouvait baiser tous les deux sans aucun lien de subordination. »
Bon bé alors, qu’est-ce qu’on attend ?
Décidément, « vous êtes
adorable. Mais je vous rappelle que vous allez vous marier ce qui impose
quelques devoirs… conjugaux, au passage. Et je n’en fais pas partie. Par
définition. »
Décision dont Paul n’a pas tout de suite vraiment mesuré les effets
collatéraux immédiats, même s’il s’en souvenait encore un peu.
D’abord Jean-Charles qui emboîte le pas : lui aussi veut partir. Il a
assez donné. Et lui aussi il veut deux ans de salaire : moins gourmand que
le photographe des « Blette-encours » de chez « Boréal »,
finalement.
« Eh oh ! On n’a jamais
baisé ensemble, tous les deux ! Et puis vous avez déjà votre retraite de
fonctionnaire des impôts… »
Ça, il se le promet, il le paiera. Via une dénonciation de l’existence de
la fondation luxembourgeoise.
« Je vous rassure,
Jean-Charles : c’est parfaitement légal et connu des services, même si
vous n’y avez pas tout compris. Et puis je vous rappelle notre entretien
originel dans les locaux parisiens de feu la MAPEA. Nous avons un pacte de
confidentialité qui peut mener le premier qui le rompt sur le chemin des équipes
de tueurs à gage de la République. Et votre démission ne vous délie pas de
votre serment, que je sache. » [5]
Par ailleurs, il a quelle que part, dans les archives planquées dans le
bunker normand, son dossier personnel de curé défroqué, psychologiquement
instable, où sont détaillées ses propres frasques passées… Un choix imposé à
cette époque-là par le général Wimereux en charge de l’opération « I comme
Isidore », justement en raison de l’existence ce dossier !
Les gars du ministère savaient encore y faire à l’époque.
Jean-Charles boudera un temps dans sa datcha campagnarde, reviendra ensuite
aider à clôturer l’exercice et partira lui aussi avec sa
« transaction » en poche.
C’est assez moche, finalement.
Mais le plus dur, ça aura été la suite.
Barbara partie, même s’il y a Elodie qui s’occupe en renfort des affaires
de « Prestige spirits » de Loïc, Jean-Charles sur le départ, il faut
les remplacer : Dimitri et les équipes de Loïc ont absolument besoin d’un
support d’intendance efficace, sans même parler de Florence et de sa future activité
d’architecte d’intérieur et le « loueuse en meublé professionnelle ».
Et c’est Nathalie que propose Gustave. Elle s’y voit déjà d’ailleurs,
alors qu’elle gère aussi les équipes « ADN » (pour Anaïs, Delphine et
Noeline) et l’activité du groupe « HLM » (pour Henri, Laurent et Marion)
plus les « alertes » du système « BBR » (le logiciel
Blanc-Bleu-Rose, le « cœur » de la CISA) avec Dimitri, qui lui
continue de développer avec Huyck, le hollandais et « concepteur »
des lignes de programmation originelles dudit logiciel en vue de fournir des
« Z » (pour zombie) et d’intégrer le tout dans la version
« 2.0 ».
« Là, Gustave, vous me mettez carrément
dans le caca ! »
Et pourquoi donc ? « Ma
fille est parfaite pour ce poste ! »
Pas sûr, mais admettons : « Ce
qui revient à remplacer Nathalie à son propre poste : elle ne pourra pas
tenir les deux fonctions de front. Vous avez un candidat sous le pied ? »
Euh… non. « Mais ça peut se
trouver ? »
Dans combien de temps ?
« Ah mais là, c’est vous qui
êtes responsable du départ précipité de Barbara. Vous auriez pu la sauter de
temps-en-temps, tout de même. »
Jamais dans le boulot : « Ça
n’apporte que des emmerdements sans nom ! »
Bé il ne fallait pas le faire une première fois : « Elle y aura pris goût et s’est
retrouvée totalement frustrée ! Là-dessus, la sortie de Jean-Charles de l’autre
jour… »
Chameau ! Elle était dans une telle désespérance, ce jour-là… « C’est Jean-Charles qu’il faut pousser
dehors. Pas solide, ce gars-là. Heureusement, on le tient avec son passé. »
Il va nous faire des emmerdements…
« J’ai un dossier sur
lui : de quoi le calmer. Et puis retrouver un comptable compétent, ce
n’est pas la mer à boire. Plus facile que de remplacer Barbara ou Nathalie.
D’ailleurs, dans l’ordre des départs putatifs, il faut aussi envisager de
préparer votre propre sortie. J’en ai parlé à Huyck par ailleurs… »
Quoi ? Il veut le « démissionner » ?
(1) Cf. « Laudato
sì… » (http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/01/laudato-si-0.html)
publié aux éditions I3
(2) Cf. « Paradoxes temporels » (http://flibustier20260.blogspot.fr/2008/08/paradoxes-temporels-121.html
et suivants) impubliables aux éditions I3
(3) Cf. « Ultime récit » (http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/09/ultime-recit-chapitre-zero.html)
publié aux éditions I3
(4) Cf. « Laudato
sì… », chapitre LVIII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/11/laudato-si-lviii.html),
publié aux éditions I3
(5) Cf. « Opération Juliette-Siéra »,
chapitre XXVIII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2010/08/operation-juliette-siera-xxviii.html)
publié aux éditions I3
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