Bienvenue !

Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

jeudi 28 décembre 2017

Limites de l’uberisation


Il y a des lectures passionnantes pour un juriste.

Par exemple cette décision-là : « L’article 56 TFUE, lu conjointement avec l’article 58, paragraphe 1, TFUE, ainsi que l’article 2, paragraphe 2, sous d), de la directive 2006/123/CE du Parlement européen et du Conseil, du 12 décembre 2006, relative aux services dans le marché intérieur, et l’article 1er, point 2, de la directive 98/34/CE du Parlement européen et du Conseil, du 22 juin 1998, prévoyant une procédure d’information dans le domaine des normes et réglementations techniques et des règles relatives aux services de la société de l’information, telle que modifiée par la directive 98/48/CE du Parlement européen et du Conseil, du 20 juillet 1998, auquel renvoie l’article 2, sous a), de la directive 2000/31/CE du Parlement européen et du Conseil, du 8 juin 2000, relative à certains aspects juridiques des services de la société de l’information, et notamment du commerce électronique, dans le marché intérieur (« directive sur le commerce électronique »), doivent être interprétés en ce sens qu’un service d’intermédiation, tel que celui en cause au principal, qui a pour objet, au moyen d’une application pour téléphone intelligent, de mettre en relation, contre rémunération, des chauffeurs non professionnels utilisant leur propre véhicule avec des personnes qui souhaitent effectuer un déplacement urbain, doit être considéré comme étant indissociablement lié à un service de transport et comme relevant, dès lors, de la qualification de « service dans le domaine des transports », au sens de l’article 58, paragraphe 1, TFUE. Un tel service doit, partant, être exclu du champ d’application de l’article 56 TFUE, de la directive 2006/123 et de la directive 2000/31. »
257 mots pour un seul point, chaque virgule est à sa place, il n’en manque pas une seule et tout est dit avec une précision d’horlogerie sub-millimétrique.
J’avoue que c’est du « caviar » pour un « juriste bien-né » !

Et vous l’avez compris, c’est la conclusion de l’arrêt (en 50 points) la Cour (grande chambre) de justice de l’Union européenne n°  C-408/01 du 20 décembre 2017 dernier (2017). Une décision qui met à bas le « modèle-Uber » : Quelle nouveauté !
Personnellement, j’attendais plutôt une décision de la chambre sociale de la Cour de Cassation réaffirmant l’existence d’un lien de subordination (horaire, tâches à accomplir, mise à disposition effective ou détournée du matériel roulant, paiement « à la tâche ») entre Uber et ses chauffeurs qui aurait pareillement étrillé le modèle (SMIC-horaire minimum et toutes charges sociales part patronales en sus) qui n’aurait pas résisté aux compagnies, type « G7 » & Cie, qui font le même métier dans les mêmes conditions et avec des applications Internet et mobiles équivalentes.
Mais non, pas encore, pas déjà : Le coup est venu des Catalans (une fois de plus !).

Car qu’est-ce que l’uberisation – du nom de l'entreprise éponyme – sinon est un phénomène récent dans le domaine de l’économie consistant en l’utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi-instantanée, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies ?
C’est d’ailleurs le « plus » de cette technologie-là par rapport à la VAD ou la VPC. La seconde exige un traitement postérieur à la commande ; la Vente à Distance (VAD) bénéficie en revanche d’un traitement automatique et « ne ferme jamais ».
L’uberisation, c’est l’immédiateté.
De plus la mutualisation de la gestion administrative et des infrastructures lourdes permet notamment de réduire le coût de revient de ce type de service ainsi que les poids des formalités pour les usagers.
Quant aux moyens technologiques permettant l’« uberisation », ce sont la généralisation du haut débit, de l’internet mobile, des smartphones et de la géolocalisation, ni plus ni moins.

Mais l’uberisation s’inscrit aussi de manière plus large dans le cadre de l’économie dite « collaborative ».
Un concept qui s’oppose en fait à celui connu depuis des générations, le monde fixe et réglementé du salariat.
Pensez bien que je suis ses développements de près, persuadé qu’hormis une part importante (le fonctionnariat et ses 5,6 millions d’agents, les services de proximité et ceux dit de « commodité » et encore… pas tous comme le montre Uber), le salariat va disparaître, lentement mais sûrement dans les prochaines décennies : La plupart des tâches, même celles à très hautes valeur-ajoutée, vont être « robotisées », les salariés se bornant à vérifier et contrôler la bonne exécution du boulot des machines.

Jeunes-gens, je sais cela pour avoir été un des premiers à avoir convaincu mon « boss-du-moment » à intégrer des robots dans son entrepôt de marchandises emballées en carton… À l’époque, j’ai vu des robots préparateurs de commande de pharmacie tourner à une cadence de fou 24 heures sur 24, 365 jours par an si nécessaire, sans jamais se tromper. Délai de livraison depuis la commande : moins de 6 heures ouvrables ! C’était en Bretagne et le volume traité dépendait de l’heure d’arrivée du mek qui allumait la machine et repartait casser la croûte.
Mon boss-du-moment ne m’a pas suivi jusqu’au bout de la logique – il livrait à J+2 –, se contentant de mettre des robots pour bouger des palettes-fournisseurs (même qu’il a fallu que je le traîne jusqu’en Laponie extérieur pour qu’il voie comment ça marchait), pas les cartons, mais en revanche j’ai eu carte-blanche pour acheter une logiciel « d’assistance à l’approvisionnement » à IBM-Solution qui décidait tout seul des approvisionnements de la boutique et de leur timing auprès des fournisseurs (livraison J + 8, paiement le 15 à 30 ou 90 jours).
Ça eu été un de mes premiers boulots d’indépendant que d’aller faire de l’audit d’achat pour aller récupérer les « marges-arrières » conditionnelles ou non sur facture et selon accord de centrale d’achat : 2 % des factures émises par quiconque (même des notaires) sont fausses (on atteignait 45 % en matière de taxe professionnelle…).
Fausses, mais dans les deux sens.
Tu prends 98 % (parce que toi aussi tu fais 2 % d’erreur) de la moitié de 2 % et que tu prends une com’ de 50 % de ce qui de toute façon aurait été perdu pour ton client si tu ne faisais pas le boulot, pour des erreurs de l’ordre de 4 à 5 % : Avec un CA-achat milliardaire, ça te fait quand même 200.000 balles dans la poche pour te payer un séjour dans les archives de ton client : Du bon boulot (s’il n’y a pas trop de poussière et un peu de lumière).

Ceci dit, le robot, il devient nettement plus pertinent que n’importe quel humain et son taux de 2 % d’erreur. Et ce sont ces 2 % qui coûtent une blinde dans la chaîne des décisions et exécutions d’autant mieux quand ton taux de bénéfice est justement de 2 points de marge brute.
Alors Uber, c’est bien, le serveur ne se trompe pas, mais il ne faut pas qu’il tombe en panne comme les sondes Pitot du Rio-Paris, car dès que tu mets un mek derrière un volant, tu es sûr et certain que ça va merder à un moment ou à un autre : D’où la course actuelle au développement des « voitures autonomes », voitures, cars, bus, camions, métros, tram, trolleybus, trains, drones, etc.

Globalement Uber, qui a généralisé à l'échelle planétaire un service de voiture de tourisme avec chauffeur entrant directement en concurrence avec les taxis, a voulu être incontournable avant l’heure, prendre une position de leader. Les caractéristiques de son service sont en premier lieu les gains financiers importants liés à l'évitement des contraintes réglementaires et législatives de la concurrence classique (l’acquisition d’une licence de taxi dans le cadre d’Uber) qui vient de tomber pour cause de catalans-barcelonais. Mais aussi la quasi-instantanéité, la mutualisation de ressources et la faible part d’infrastructure lourde (bureaux, services supports, etc.) dans le coût du service, ainsi que la maîtrise des outils numériques. Là, la concurrence a du boulot en retard.
« L’Uberisation, tout le monde en parle aujourd’hui : tous les business models des grands groupes seraient sur le point d’être disruptés, ubérisés, désintermédiés, commoditisés, en un mot pulvérisés par une multitude de startups beaucoup plus agiles et innovantes. »
Pas sûr : C’est la commodité qui fera, demain, la différence avec l’amplitude horaire d’accès… Le prix, tout le monde sera obligé de s’aligner à moins de proposer du « haut de gamme » bien différencié et identifié comme tel.

Parmi les services cités comme initiant l’uberisation de l’économie, on cite généralement Airbnb, Booking.com ou Amazon, etc. Mais en fait la SNCF, Opododo, tripavisor, Air-Transe, la FNAC, tous les autres se sont adaptés et font désormais la même chose. En réalité, le fonctionnement d’un service ubérisé comprend des éléments caractéristiques communs : Une plateforme numérique de mise en relation entre client et prestataire ; une réactivité maximisée par la mise en relation immédiate du client et du prestataire, par proximité géographique ; le paiement du client à la plateforme qui prélève une commission ; le paiement du prestataire par la plateforme et l’évaluation croisée du service : Le client évalue le service reçu et le prestataire évalue le client.
Il est de toute façon question d’uberiser de nombreux domaines de l’économie. Après les domaines pionniers de l’hôtellerie (Airbnb, Booking.com) et des transports de personnes (Uber, Blablacar, Drivy), c’est par exemple le cas des petits travaux de rénovation et du dépannage en bâtiment (Hellocasa, Mesdépanneurs, AlloMarcel, Expert-rémunération) mais l’on pressent l’arrivée proche de grands groupes, par exemple une version Gauloisienne d’Amazon Home Services, au grand dam des artisans-locaux.
On cite même la lutte antiterroriste pour des actions de type hackathon ou « incubateur à but non lucratif ». L’ubérisation est un phénomène prenant tellement d’importance qu’il commence même à toucher les secteurs économiques les plus traditionnels, et réputés intouchables, comme mon secteur du droit, où certaines plateformes comme Cma-Justice proposent la mise en relation entre avocats et justiciables, (la médecine, les laboratoires d’analyses-biologiques, la pharmacie et j’en passe…) voire même la rénovation énergétique des bâtiments.

Et c’est probablement une des premières limites : Tant qu’il s’agit de se contenter d’une « mise en relation » entre un client et un fournisseur, c’est un métier qui peut s’affranchir des réglementations existantes agissant comme une sorte de « barrière à l’entrée ». Mais dès que la vente devient directe, on retombe dans le domaine des activités réglementées, donc à accès réduit : Votre banquier en ligne reste un banquier, votre assureur également. Ils s’obligent à avoir des fonds propres suffisant pour couvrir les risques de leurs métiers, avoir des professionnels diplômés, toutes choses consacrées par la délivrance d’une « licence », une « permission d’exercer ».
Quand Amazon vous vend un bouquin, il est commerçant : Il achète ce que vous venez de lui commander (que vous lui payez immédiatement et qu’il ne paiera à son tour que dans 90 ou 120 jours-fin de mois : C’est de la vente à découvert, car il n’a pas le produit), c’est de la VAD. Mais quand on vous vend un séjour à l’étranger (voyage et hébergement), il s’agit d’un produit conçu par un voyagiste (avec licence et garanties), la plateforme ne fait qu’éventuellement sous-traiter via des accords commerciaux qui tiennent compte des spécificités de la réglementation propres à ces métiers.
Et on est en plein « foutoir » quand les réglementations se chevauchent : On encourage le covoiturage en « Gauloisie-routière », mais « Blablacar » n’est-il qu’un intermédiaire ? Probablement que oui… Vous avez un statut d’hôtelier qui cohabite avec celui de loueur en meublé. Et encore, il y a deux statuts fiscaux de « louer en meublé » : Professionnel et « non-professionnel », avec des obligations déclaratives différentes. « B&B » fait quoi au milieu ? Si c’est juste l’intermédiaire, pas de problème (comme pour leboncoin.com), mais s’il achète pour revendre, il change de métier comme Uber.
C’est le sens de la lecture de la décision de la Cour Européenne…

Je vois une seconde limite : La logistique. Le commerce traditionnel d’échange de biens et de services s’organise jusque-là entre « vendeur-debout » et « vendeur-assis ». Le premier va au-devant de son client, le second est assis derrière le comptoir de sa boutique : C’est le client qui vient à lui.
Une vente n’est « parfaite » (au sens juridique du terme) qu’au moment de la livraison au client (du bien ou service acheté et payé). Le vendeur debout livre, le vendeur assis laisse emporter.
Mais dans la vente « ubérisée », les deux acteurs sont « assis » (une façon de parler…). Et qui livre ?
Dans le cas de la VAD l’entreprise a en général un service en interne qui fait le boulot. Chez Uber, le client attend devant le point de RDV pour se faire conduire là où il a commandé d’aller. Mais quand il s’agit de se faire livrer une pizza, un sushi ou un repas (delivreoo), la plate-forme « achemine » en interne (donc avec des salariés appointés) ou sous-traite à la poste (ou en messagerie avec coursiers) sa livraison.
Et là ça devient une catastrophe : Il n’y a pas de RDV qui se respecte (sauf service dédié pour que la pizza n’arrive pas froide), ou alors vous êtes tenu de rester coincé chez vous toute une demi-journée comme quand vous attendez le releveur de votre compteur électrique (et pourtant, Dieu sait si l’électricité reste de la vente dématérialisée par essence… !).
Et vous partez à la quête de votre colis à travers toute la ville, ce qui va vous bouffer pas mal de temps, accroître votre signature carbone et vous coûter pas mal d’énervements…

La prochaine révolution, ce ne sera pas la livraison par drone-aérien (sauf à la campagne et encore…), mais le moment où les plateformes trouveront plus intelligent d’avoir des « dépôts-relais », éventuellement avec consignes automatiques en « centre-ville », accessibles facilement à pied, donc dans des environnements « denses » : La « commodité » qui manque encore à bien des services pas réellement « uberisé ».
Le client ne sera plus « contraint » pour prendre livraison de sa commande. Il le fera quand bon il lui semblera, comme quand il va quotidiennement chez son boulanger – la livraison à domicile restant l’apanage des malades ou handicapés, pour leurs repas et médicaments par exemple – et le « dessaisissement », la mise à disposition pourra se faire à n’importe quand, de nuit et de jour quand le trafic routier est le plus fluide.
n SMS plus tard, on aura le numéro du coffre et son code actif en possession. Celui-ci activé, la vente sera « parfaite » au moment de l’ouverture…
Mais on n’en est pas encore là : Les dépôts sont partout et nulle part, pas nécessairement commodes d’accès, comme d’une activité « annexe » d’un type qui a du mal à survivre à rester « vendeur-assis » sur son « micromarché ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire